Сорж Шаландон - Retour à Killybegs

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Et toute la soirée, j’observais encore. Je buvais, je riais, je parlais comme les autres, mais j’avais l’alerte en tête et l’alarme au ventre. J’aimais cette tension. Et plus le temps passait, plus je me raidissais.

Quand les Britanniques entraient dans le club, les Fianna nous alertaient.

— Brits !

J’adorais leur venue. C’était un pur moment de défi. Les guetteurs avaient vu arriver leurs blindés. Les portiers les laissaient patienter un instant, sur le trottoir, sous les projecteurs blancs du pub, derrière ses lourdes grilles. On les voyait sur les écrans de contrôle, pas très fiers. Pendant que le pêne électrique claquait dans la gâche, les verres changeaient rapidement de place sur les tables. Un óglach de l’IRA en service actif, qui s’ennuyait au jus d’orange depuis le début de la soirée, jouait l’ivresse devant les bières que ses voisins venaient de glisser devant lui. Les soldats observaient tout cela. Les boissons, les gestes, les sacs posés sur le sol. Ils passaient entre les chaises, déchiffrant les visages. Ils cherchaient les évadés, les mauvais garçons. Nous ne croisions pas leurs regards. Parfois, ils s’amusaient un peu.

— Tu as rasé ta moustache, Jim ? Tu es mieux comme ça.

Et Jim O’Leary se retenait de cracher à terre.

Lorsque l’orchestre ne jouait pas, le club faisait silence. Un silence absolu. Plus une parole, plus un rire, plus aucun froissement. Juste les pas ennemis sur le sol. Mais quand la musique était interrompue par l’entrée des uniformes, le chanteur s’avançait au micro.

— Mesdames et messieurs, l’hymne national irlandais.

Et la salle se levait. Les jeunes, les vieux, le curé qui passait par là, les fillettes qui quêtaient pour la fête de leur école, les nationalistes grincheux, les républicains du dimanche, les catholiques sans autre certitude que la résurrection, les soldats de la République, les préposées aux sandwiches, les serveurs, les plongeurs, ceux qui étaient sortis et déjà sur le seuil, tous se mettaient au garde-à-vous. Nos ennemis frôlaient nos soldats. Et ils le savaient.

Une fois, j’ai heurté le regard de l’un d’eux. Un gamin écossais, avec son calot à plumet rouge et blanc. Son fusil tremblait. Il était incongru, au milieu des mises en plis argentées, des lèvres rouges, des cannes, des vestes fanées, des poings serrés, des robes du samedi soir. Le militaire m’a regardé longuement et s’est excusé des yeux. Je le sais, j’en suis certain. Il était désolé. Il a plissé le front et murmuré quelque chose en passant à ma hauteur. Il portait son uniforme comme un fardeau. Il marchait à reculons, comme les soldats le font quand ils visent nos fenêtres. Il a heurté une table. Un verre est tombé. Il l’a relevé. Il a rejoint les autres en rajustant son gilet pare-balles.

— Sale singe ! a craché une femme.

Je l’ai regardée durement. Ce soldat était noir.

Paddy Moloney m’avait offert le whiskey de sommeil, celui qu’on jette dans le fond de sa Guinness quand le patron dit qu’il est temps de rentrer. J’étais ivre. J’ai pissé dans la rue, entre deux voitures. J’avais de l’amertume en trop. Il faisait nuit. Le vent s’était levé. En passant par le parc, j’ai vu sur la pelouse les papiers déchirés qui promettaient Paris. Sheila allait gagner ce voyage, je le savais. Dans quelques jours, un coup de téléphone lui annoncerait la grande nouvelle. Elle serait en photo dans l’ Andersonstown News , radieuse, nos billets d’avion à la main. Elle ferait notre valise, s’inquiéterait de tout et tout la ravirait. Sheila n’était jamais allée à l’étranger. Moi non plus. Nous ne connaissions du monde que le bout de notre rue.

Je regardais les nuages au-dessus d’ an Sliabh Dubh , la Montagne noire. La ville n’était pas hostile, ni le ciel. C’était encore ma ville et encore mon ciel. Je pouvais croiser les regards sans baisser les yeux. Mais je savais que dans quelques jours, tout cela serait fini.

J’ai eu envie de me rendre à l’IRA. Et puis j’ai eu peur. Mais pas de mourir. Je vivais dans la stupeur de Danny, et avouer aurait été lui demander pardon. Si j’avais eu la certitude que l’IRA était prête à me suivre, et donc à me juger, à abîmer avec moi ce symbole, à déchirer une page glorieuse de son histoire, je l’aurais fait. Mais j’étais persuadé du contraire. Nos chefs ne prendraient pas le risque de la vérité. Je me suis souvenu de la visite de l’état-major dans ma chambre d’hôpital. Danny martyr, Tyrone héros. Surtout ne pas entraver la marche de notre histoire. J’ai eu peur de cela. Peur d’avouer la vérité pour rien, d’implorer l’indulgence pour rien. Mes ennemis se servaient du mensonge ? C’était dans leur nature. Mais je ne l’aurais pas admis de mes chefs.

Je me serais alors retrouvé seul avec l’aveu, sans personne pour l’entendre. L’IRA m’aurait tenu en laisse comme les Brits vont le faire. Le Conseil de l’Armée m’aurait obligé à collaborer avec l’ennemi. Il aurait fait de moi un agent double, mentant aux uns, mentant aux autres, en danger dans les deux camps, et méprisé des deux. Ma peur était là. Ne plus servir la République par conviction mais par chantage. Passer de soldat à victime.

Plusieurs nuits, je n’ai pas trouvé le sommeil. Et un matin, au réveil, ma décision était prise. J’allais tromper mon peuple pour que l’IRA n’ait pas à le faire. En trahissant mon camp, je le protégeais. En trahissant l’IRA, je la préservais.

— Accepter l’augure de la trahison.

Je répétais cette phrase en titubant vers la maison. C’était la perle noire de mon nouveau chapelet. J’ai croisé Jim O’Leary dans le bas de Falls Road. Trois gars du 2 e bataillon le suivaient de près, comme s’ils ne se connaissaient pas. Ils étaient pressés. En service actif. Un clin d’œil en passant.

Il fallait que je pose des conditions aux Brits. Pas question d’aider à mettre Jim ou ces trois-là en prison. Pas d’arrestation, pas de victime. Je devais contribuer à la paix, pas à la souffrance. Je n’étais pas un flic, mais un patriote irlandais. Il me faudrait des garanties.

— Des garanties. Je veux des garanties.

Je parlais à voix haute. Encore envie de pisser. Je frissonnais de l’affiche du pub. Cette fois, les murs parlaient de moi. Traître. Traître. Traître. Il me faudrait aussi trouver un autre mot. Ou me dire qu’un traître était aussi une victime de guerre. Je suis passé devant notre porte, j’ai continué. Encore un tour de quartier dans la nuit. J’ai entendu le crachotement métallique d’une radio. Les soldats étaient couchés dans un jardin, derrière les haies et les nains colorés. Ils avaient passé leur visage à la crème noire, leurs mains. Juste leurs yeux dans l’obscurité. Salut les gars. Bienvenus mes nouveaux amis.

— Si tu acceptes de travailler pour nous, c’est pour sauver ta réputation, pas pour sauver ta peau, m’avait dit le flic.

Il avait raison. Je ne voulais pas saccager le grand Tyrone Meehan. Je me foutais bien de l’IRA. Cette histoire de trahir pour ne pas la trahir était une fable que je me racontais. J’ai pris peur de l’autre en moi. Je me suis dégoûté. Toute ma vie j’avais recherché les traîtres, et voilà que le pire de tous était caché dans mon ventre. Je ne l’avais pas vu venir celui-là. Je ne l’avais jamais remarqué. Avec sa gueule, sa casquette molle, sa veste élimée. Il heurtait les poteaux. Il riait de rien. Il vomissait sa soirée contre un mur. Il insultait l’ombre qui lui venait en aide. Il glissait sur le trottoir, il tombait, il se relevait avec peine. Il chantait le refrain à la gloire de Danny. Il était déjà seul. C’était devenu un salaud, comme son père. C’est-à-dire, finalement, un homme sans importance.

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