Сорж Шаландон - Mon traître

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Mon traître: краткое содержание, описание и аннотация

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— Tu sais tenir un autre secret ? m’a demandé Tyrone.

J’ai dit oui. Il m’a dit que les coups de son père et puis sa haine à lui, personne ne le savait. Pat’ Meehan était un homme admirable et nous en resterions là. Il a posé le dos de sa main ouverte sur la table. J’ai posé ma paume sur la sienne. Il a fait son clin d’œil et son mouvement de tête. J’étais bouleversé par sa confiance. J’ai levé mon verre. Il a levé le sien. Dehors, la pluie avait cessé. Ce soir-là, Tyrone Meehan trahissait le général Humbert depuis déjà 17 ans.

*

On a retrouvé le corps de mon traître le jeudi 5 avril 2007 à 15 heures, dans le salon, devant la cheminée. Il était couché sur le ventre. C’est un voisin qui a remarqué la porte ouverte depuis le matin. Sheila était à Belfast. Jack aussi. La police irlandaise a dit 202 Mon traître qu’il avait été tué à bout portant de deux décharges de chevrotine de calibre 12. La première l’a frappé à l’aine, la seconde au front. Il revenait de la forêt. Des branchages étaient éparpillés autour de lui. Il portait encore sa veste. Sa casquette était tombée sur le sol. La police n’a trouvé ni revendication, ni inscription, ni trace de lutte. Les tueurs l’attendaient chez lui. Ils l’ont assassiné et sont ressortis. Les voitures de la Garda en faction au croisement n’ont remarqué aucun véhicule suspect. Selon les premiers résultats de l’enquête, les tueurs sont parvenus à la chaumière en coupant par le bois.

*

Je suis arrivé à Belfast le dimanche 8 avril, après la parade de Pâques. Un ruban noir avait été accroché sur la porte de la maison. Dans le salon, il y avait Jack, Sheila, et quelques personnes que je ne connaissais pas. Le cercueil était ouvert, posé sur des tréteaux argentés. La tête de Tyrone était bandée. Il ne restait de peau que les paupières bleues, l’arête du nez et les lèvres minces. La toile dissimulait son front jusque sous les sourcils, enveloppait son menton et son cou. Il avait les mains jointes. Je ne l’ai pas reconnu. Je n’ai rien reconnu de lui. J’ai détourné les yeux. Je n’ai touché ni le bois ni le corps. Il n’y avait que quelques cartes pieuses posées sur son linceul. Jack m’a apporté ma chope à thé, la mienne, ornée d’une tour Eiffel coiffée d’un béret. Sheila était habillée de noir, comme le tour de ses yeux. Elle avait épingle le lys de Pâques à son revers. Elle ne pleurait plus. Elle m’a proposé des biscuits. Elle allait et venait, de son homme mort à la petite cuisine. Personne ne passait la porte. Jack m’a expliqué que le corps avait été rapatrié la veille du Donegal. Avant cela, des dizaines de voisins et de républicains étaient venus présenter leurs condoléances. Des membres importants de Sinn Féin, des chefs, des combattants sans grade, un responsable de la brigade de Belfast, deux officiers du commandement du Nord et même un membre du Conseil de l’Armée républicaine. Dès que le cercueil est arrivé à la maison, les gens ont cessé de venir. C’est pour Jack et Sheila qu’ils frappaient à la porte, pas pour Tyrone. Ses amis, ses camarades de combat, ses frères d’embuscade, plus personne ne prononçait son prénom ou son nom. Quand ils l’évoquaient, ils disaient : « that man » ou « this man ». « Cet homme. » Meehan était mort, Tyrone n’avait jamais été. Le matin de mon arrivée, le Mouvement républicain avait souhaité que la population nationaliste ne suive pas l’enterrement. Il avait aussi donné à ses membres l’ordre formel de ne pas y participer. J’ai dit à Jack que je n’étais pas concerné par cette mise en garde. Alors que deux dames âgées prenaient congé de Sheila, il m’a entraîné dans sa chambre.

— Il y a eu une enquête interne. L’IRA sait que tu as vu Tyrone.

— Comment ça, une enquête interne ?

— Tu as parlé dans les pubs en disant que tu l’avais vu.

— Jamais.

— Tu étais ivre, Tony. Des amis sont passés me prendre pour que je te sorte de là. C’est moi qui suis venu te chercher au Burn’s.

— Je n’ai aucun souvenir.

— En fin d’après-midi, tu as croisé sans le savoir un membre des renseignements de TIRA et tu lui as parlé. Il t’a fait suivre. Tu allais de pub en pub en interrogeant les gens.

— Je n’ai rien dit à personne.

— Tu as parlé. Laisse tomber. Ça n’a plus d’importance.

— Je n’ai pas donné l’adresse de Tyrone à 1TRA. Jack a haussé les épaules. Il a dit que 1TRA savait déjà où son père se trouvait. Il a dit aussi que 1TRA chercherait à me voir. Je ne devais pas dire que Sheila m’avait conduit dans le Donegal.

Il était assis sur son lit. J’étais debout devant la porte close. Il avait tiré le rideau. Il parlait doucement, en fumant une cigarette. J’entendais le salon qui chuchotait. Et puis il m’a regardé. J’étais venu sans bagage. A Paris, j’avais enfilé une chemise blanche et mon costume noir. J’avais aussi acheté une mince cravate noire. Et j’étais venu comme ça, déguisé de raide, entre le limonadier et le sonneur de glas. Jack m’a dit que Tyrone serait enterré le lendemain, lundi 11 avril. Il a répété la mise en garde du Mouvement. Il a assuré que ma présence ici était un acte de courage, que suivre l’enterrement n’était pas obligé. J’ai répondu que j’étais là pour ça. Jack a eu l’air soulagé. Je pouvais dormir dans le salon, sur le canapé, à côté du cercueil. J’ai dit que cela m’allait. Sheila s’est couchée vers 2 heures, après avoir posé un baiser sur le front de son mari. Jack est monté dans sa chambre une demi-heure plus tard. Je me suis allongé tout habillé sur les coussins bleus, enveloppé dans un drap. La maison était humide. Il faisait froid. J’ai eu peur de l’obscurité. J’ai laissé la veilleuse sur la télévision. La table avait été poussée contre le mur. Il y avait le canapé et le cercueil, côte à côte, presque à me toucher. Deux fois, je me suis relevé à demi sur le coude, pour voir les bandages blancs et la pointe du nez. Je ne crois pas avoir dormi. J’étais tourné contre le mur, en boule, le front sur le ciment. Je ne cessais de revoir le dos de Tyrone, penché sur les fagots. Qu’est-ce que j’avais dit au pub ? Que j’avais vu Tyrone ? Qu’il m’avait parlé ? Je n’en avais aucun souvenir. Cela me semblait imbécile. J’étais un imbécile. J’aurais dû rentrer à Paris. Tout le monde devait savoir que le luthier français était l’un des derniers à avoir vu Tyrone Meehan vivant. Et alors ? Et après ? Qu’est-ce que cela changeait ? Je crois avoir dormi, en fait. Mes yeux se sont ouverts sur le bois du cercueil. Je ne me suis pas lavé. Juste de l’eau, à deux mains sur la figure avec le savon jaune au goudron de chez Wright’s. Et puis je suis sorti en attendant l’arrivée du corbillard.

Il a été convenu que la cérémonie serait rapide et simple. Une bénédiction à la maison, pas de cercueil à dos d’homme. Jack m’a dit que Tyrone ne serait pas enterré à Milltown, dans le carré où dorment les héros, mais au cimetière municipal, de l’autre côté de Falls Road. Il m’a dit aussi que la pierre porterait son nom, la date de sa naissance, celle de sa mort et ces mots de la Deuxième Epître de Jean : « Prenez garde à vous-mêmes. »

Nous étions onze derrière le corbillard. Le père Byrne, un enfant de chœur, Sheila, Jack, des parents venus de Glasgow et trois petites dames tout habillées de noir. J’étais juste après, en retrait, tête basse. Il y avait des visages derrière les vitres des maisons. Une femme s’est signée sur le pas de sa porte. Des jeunes gens nous ont regardés, bras croisés, sans enlever leur cigarette de la bouche. La rue n’était pas accueillante, pas hostile non plus. Indifférente, plutôt, comme lorsque passait une patrouille ennemie. Une file de voitures suivait notre cortège. On ne double pas un cercueil. Un taxi noir l’a fait. Le chauffeur a klaxonné à notre hauteur. J’ai sursauté. C’était étrange. Pour la première fois dans mon histoire d’Irlande, et marchant sous son ciel, je pensais à autre chose. Je n’étais pas tout à fait là. Nous sommes arrivés aux grilles du cimetière municipal. Marchant à travers tombes. Je revoyais le sourire étrange de Tyrone, à qui je demandais s’il était mon ami. Je voyais cette poignée de pauvres en noir et gris. Le cercueil descendu par des sangles. Je regardais le ciel. J’avais imaginé tellement autrement la mort de Tyrone. Le drapeau sur le bois, ses gants, son béret. Moi, qui porte le cercueil, qui refuse d’être relevé de ma charge. J’avais imaginé la salve d’honneur au-dessus de sa tombe. Moi, les bras le long du corps, et les poings serrés, comme j’avais vu les soldats faire aux premières notes de l’hymne national.

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