Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

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Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

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« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

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« Ma mort, à moi ! qu'elle hurlait à présent la mère Henrouille, je veux la voir ma mort à moi ! Tu m'entends ! J'ai des yeux pour la voir, moi ! Tu m'entends ! j'ai des yeux encore moi ! Je veux la regarder bien ! »

Elle ne voulait plus mourir, jamais. C'était net. Elle n'y croyait plus à sa mort.

On sait que ces choses-là c'est toujours difficile à arranger et que de les arranger ça coûte toujours très cher. Pour commencer on ne savait pas même où le placer Robinson. À l'hôpital ? Ça pouvait provoquer mille racontars évidemment, des bavardages… Le renvoyer chez lui ? Il ne fallait pas y songer non plus à cause de sa figure dans l'état où elle se trouvait. Volontiers donc ou pas, les Henrouille furent obligés de le garder chez eux.

Lui, dans leur lit de la chambre d'en haut n'en menait pas large. Une vraie terreur qu'il éprouvait, celle d'être mis à la porte et poursuivi. Ça se comprenait. C'était une de ces histoires qu'on ne pouvait vraiment raconter à personne. On tenait les persiennes de sa chambre bien closes, mais les gens, des voisins, se mirent à passer dans la rue plus souvent que d'habitude, rien que pour regarder les volets et demander des nouvelles du blessé. On leur en donnait des nouvelles, on leur racontait des blagues. Mais comment les empêcher de s'étonner ? de cancaner ? Aussi, ils en ajoutaient. Comment éviter les suppositions ? Heureusement le Parquet n'avait encore été saisi d'aucune plainte précise. C'était déjà ça. Pour sa figure, je me débrouillai. Aucune infection ne survint et cela malgré que sa plaie fût des plus anfractueuses et des plus souillées. Quant aux yeux, jusque sur la cornée, je prévoyais l'existence de cicatrices et à travers lesquelles la lumière ne passerait plus que bien difficilement si même elle arrivait jamais à repasser, la lumière.

On trouverait moyen de lui arranger une vision tant bien que mal s'il lui restait quelque chose d'arrangeable. Pour le moment nous devions parer à l'urgence et surtout éviter que la vieille n'arrive à nous compromettre tous avec ses sales glapissements devant les voisins et les curieux. Elle avait beau passer pour folle, ça n'explique pas toujours tout.

Si la police s'en mêlait une bonne fois de nos aventures, elle nous entraînerait on ne saurait plus où, la police. Empêcher la vieille à présent de se tenir scandaleusement dans sa petite cour constituait une délicate entreprise. C'était chacun à notre tour d'essayer de la calmer. On ne pouvait pas avoir l'air de la violenter, mais la douceur ne nous réussissait point non plus toujours. Elle était possédée de vindicte à présent, elle nous faisait chanter, tout simplement.

Je passais voir Robinson, deux fois par jour au moins. Sous ses bandages il gémissait dès qu'il m'entendait monter l'escalier. Il souffrait, c'était exact, mais pas tant qu'il essayait de me le démontrer. Il aurait de quoi se désoler, prévoyais-je, et bien davantage encore quand il s'apercevrait exactement de ce qu'ils étaient devenus ses yeux… Je demeurais assez évasif au sujet de l'avenir. Ses paupières le piquaient fort. Il se figurait que c'était à cause de ces picotements qu'il n'y voyait plus devant lui.

Les Henrouille s'étaient mis à le bien soigner scrupuleusement, selon mes indications. Pas d'ennuis de ce côté-là.

On ne parlait plus de la tentative. On ne parlait pas de l'avenir non plus. Quand je les quittais le soir, on se regardait bien tous par exemple chacun à son tour, et chaque fois et avec une telle insistance qu'on me semblait toujours en imminence de se supprimer une fois pour toutes, les uns les autres. Cette terminaison à la réflexion me paraissait logique et bien expédiente. Les nuits de cette maison m'étaient difficilement imaginables. Cependant je les retrouvais au matin et nous les reprenions ensemble les gens et les choses où nous les avions laissés ensemble la soirée d'avant. Avec Mme Henrouille, on renouvelait le pansement au permanganate et on entrouvrait un peu les persiennes à titre d'épreuve. Chaque fois en vain. Robinson ne s'en apercevait même pas qu'on venait de les entrouvrir les persiennes…

Ainsi tourne le monde à travers la nuit énormément menaçante et silencieuse.

Et le fils revenait m'accueillir chaque matin avec une petite parole paysanne : « Eh bien ! voilà Docteur… Nous voilà aux dernières gelées ! » qu'il remarquait en levant les yeux au ciel sous le petit péristyle. Comme si ça avait eu de l'importance le temps qu'il faisait. Sa femme partait essayer une fois de plus de parlementer avec la belle-mère à travers la porte barricadée et elle n'aboutissait qu'à renforcer ses fureurs.

Pendant qu'on le tenait sous les bandages, Robinson m'a raconté comment il avait débuté dans la vie. Par le commerce. Ses parents l'avaient placé, dès ses onze ans, chez un cordonnier de luxe pour faire les courses. Un jour qu'il effectuait une livraison, une cliente l'avait invité à prendre un plaisir dont il n'avait eu jusque-là que l'imagination. Il n'était jamais retourné chez ce patron tellement sa propre conduite lui avait paru abominable. Baiser une cliente en effet aux temps dont il parlait c'était encore un acte impardonnable. La chemise de cette cliente surtout, tout mousseline, lui avait produit un extraordinaire effet. Trente années plus tard, il s'en souvenait encore exactement de cette chemise-là. La dame froufrouteuse dans son appartement comblé de coussins et de portières à franges, cette chair rose et parfumée, le petit Robinson en avait rapporté dans sa vie les éléments d'interminables comparaisons désespérées.

Bien des choses s'étaient pourtant passées par la suite. Il en avait vu des continents, des guerres entières, mais jamais il ne s'était bien relevé de cette révélation. Ça l'amusait cependant d'y repenser, de me raconter cette espèce de minute de jeunesse qu'il avait eue avec la cliente. « D'avoir les yeux comme ça fermés, ça fait penser, qu'il notait. Ça défile… On dirait qu'on a un cinéma dans le citron… » Je n'osais pas encore lui dire qu'il aurait le temps d'en être fatigué de son petit cinéma. Comme toutes les pensées conduisent à la mort, il arriverait un certain moment où il ne verrait plus qu'elle avec lui dans son cinéma.

Tout à côté du pavillon des Henrouille besognait à présent une petite usine avec un gros moteur dedans. On en tremblait dans leur pavillon du matin au soir. Et puis d'autres fabriques encore un peu plus loin, qui pilonnaient sans arrêt, des choses qui n'en finissaient pas, même pendant la nuit. « Quand elle tombera la bicoque, on n'y sera plus ! » que plaisantait Henrouille à ce propos, un peu inquiet quand même. « Elle finira bien par tomber ! » C'était vrai que le plafond s'égrenait déjà sur le plancher en menus gravats. Un architecte avait eu beau les rassurer, dès qu'on s'arrêtait pour entendre les choses du monde on se sentait chez eux comme dans un bateau, une espèce de bateau qui irait d'une crainte à l'autre. Des passagers renfermés et qui passaient longtemps à faire des projets plus tristes encore que la vie et des économies aussi et puis à se méfier de la lumière et aussi de la nuit.

Henrouille montait dans la chambre après le déjeuner pour faire un peu de lecture à Robinson, comme je le lui avais demandé. Les jours passaient. L'histoire de cette merveilleuse cliente qu'il avait possédée au temps de son apprentissage, il l'a racontée aussi à Henrouille. Et elle finit par constituer une manière de rigolade générale l'histoire, pour tout le monde dans la maison. Ainsi finissent nos secrets dès qu'on les porte à l'air et en public. Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n'a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire. Ça y sera.

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