Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

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Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

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« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

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Pendant les quelques semaines que dura encore la suppuration des paupières il me fut possible de l'entretenir avec des balivernes à propos de ses yeux et de l'avenir. Tantôt on prétendait que la fenêtre était fermée alors qu'elle était grande ouverte, tantôt qu'il faisait très sombre dehors.

Un jour cependant, pendant que j'avais le dos tourné, il est allé jusqu'à la croisée lui-même pour se rendre compte et avant que j'aie pu l'en empêcher, il avait écarté les bandeaux de dessus ses yeux. Il a hésité un bon moment. Il touchait à droite et puis à gauche les montants de la fenêtre, il voulait pas y croire d'abord, et puis tout de même il a bien fallu qu'il y croie. Il fallait bien.

« Bardamu ! qu'il a hurlé alors après moi, Bardamu ! Elle est ouverte ! Elle est ouverte la fenêtre que je te dis ! » Je ne savais pas quoi lui répondre moi, j'en restais imbécile devant. Il tenait ses deux bras en plein dans la fenêtre, dans l'air frais. Il ne voyait rien évidemment, mais il sentait l'air. Il les allongeait alors ses bras comme ça dans son noir tant qu'il pouvait, comme pour toucher le bout. Il voulait pas y croire. Du noir tout à lui. Je l'ai repoussé dans son lit et je lui ai raconté encore des consolations, mais il ne me croyait plus du tout. Il pleurait. Il était arrivé au bout lui aussi. On ne pouvait plus rien lui dire. Il y a un moment où on est tout seul quand on est arrivé au bout de tout ce qui peut vous arriver. C'est le bout du monde. Le chagrin lui-même, le vôtre, ne vous répond plus rien et il faut revenir en arrière alors, parmi les hommes, n'importe lesquels. On n'est pas difficile dans ces moments-là car même pour pleurer il faut retourner là où tout recommence, il faut revenir avec eux.

« Alors, qu'en ferez-vous de lui quand il ira mieux ? » demandai-je à la bru pendant le déjeuner qui suivit cette scène. Ils m'avaient demandé justement de rester à manger avec eux, dans la cuisine. Au fond, ils ne savaient très bien ni l'un ni l'autre comment en sortir de la situation. La dépense d'une pension à payer les effrayait, elle surtout, mieux renseignée que lui encore sur les prix des combinaisons pour infirmes. Elle avait même déjà tenté certaines démarches auprès de l'Assistance publique. Démarches dont on évitait de me parler.

Un soir, après ma seconde visite, Robinson essaya de me retenir auprès de lui par tous les moyens, question que je m'en aille encore un peu plus tard. Il n'en finissait pas de raconter tout ce qu'il pouvait réunir, de souvenirs sur les choses et les voyages qu'on avait faits ensemble, même de ce qu'on n'avait encore jamais essayé de se souvenir. Il se rappelait des choses qu'on n'avait jamais eu le temps encore d'évoquer. Dans sa retraite le monde qu'on avait parcouru semblait affluer avec toutes les plaintes, les gentillesses, les vieux habits, les amis qu'on avait quittés, un vrai bazar d'émotions démodées, qu'il inaugurait dans sa tête sans yeux.

« Je vais me tuer ! » qu'il me prévenait quand sa peine lui semblait trop grande. Et puis il parvenait tout de même à la porter sa peine un peu plus loin comme un poids bien trop lourd pour lui, infiniment inutile, peine sur une route où il ne trouvait personne à qui en parler, tellement qu'elle était énorme et multiple. Il n'aurait pas su l'expliquer, c'était une peine qui dépassait son instruction.

Lâche qu'il était, je le savais, et lui aussi, de nature, espérant toujours qu'on allait le sauver de la vérité, mais je commençais cependant, d'autre part, à me demander s'il existait quelque part, des gens vraiment lâches… On dirait qu'on peut toujours trouver pour n'importe quel homme une sorte de chose pour laquelle il est prêt à mourir et tout de suite et bien content encore. Seulement son occasion ne se présente pas toujours de mourir joliment, l'occasion qui lui plairait. Alors il s'en va mourir comme il peut, quelque part… Il reste là l'homme sur la terre avec l'air d'un couillon en plus et d'un lâche pour tout le monde, pas convaincu seulement, voilà tout. C'est seulement en apparence la lâcheté.

Robinson n'était pas prêt à mourir dans l'occasion qu'on lui présentait. Peut-être que présentée autrement, ça lui aurait beaucoup plu.

En somme la mort c'est un peu comme un mariage.

Cette mort-là elle ne lui plaisait pas du tout et puis voilà. Rien à dire.

Il faudrait alors qu'il se résigne à accepter son croupissement et sa détresse. Mais pour le moment il était encore tout occupé, tout passionné à s'en barbouiller l'âme d'une façon dégoûtante de son malheur et de sa détresse. Plus tard, il mettrait de l'ordre dans son malheur et alors une vraie vie nouvelle recommencerait. Faudrait bien.

« Tu me croiras, si tu voudras, me rappelait-il, en ravaudant des bouts de souvenirs le soir comme ça après dîner, mais tu sais, en anglais, bien que j'aie jamais eu de dispositions fameuses pour les langues, j'étais arrivé à pouvoir tout de même tenir une petite conversation sur la fin à Detroit… Eh bien maintenant j'ai presque tout oublié, tout sauf une seule phrase… Deux mots… Qui me reviennent tout le temps depuis que ça m'est arrivé aux yeux : Gentlemen first ! C'est presque tout ce que je peux dire à présent d'anglais, je sais pas pourquoi… C'est facile à se souvenir, c'est vrai… Gentlemen first ! » Et pour essayer de lui changer les idées on s'amusait à reparler anglais ensemble. On répétait alors, mais souvent : Gentlemen first ! à propos de tout et de tien comme des idiots. Une plaisanterie pour nous seulement. On a fini par l'apprendre à Henrouille lui-même qui montait un peu pour nous surveiller.

En remuant les souvenirs on se demandait ce qui pouvait bien exister encore de tout ça… Qu'on avait connu ensemble… On se demandait ce qu'elle avait pu devenir Molly, notre gentille Molly… Lola, elle, je voulais bien l'oublier, mais après tout j'aurais bien aimé avoir des nouvelles de toutes quand même, de la petite Musyne aussi tant qu'à faire… Qui ne devait pas demeurer bien loin dans Paris à présent. À côté en somme… Mais il aurait fallu que j'entreprenne des espèces d'expéditions quand même pour avoir de ses nouvelles à Musyne… Parmi tant de gens dont j'avais perdu les noms, les coutumes, les adresses, et dont les amabilités et même les sourires, après tant d'années de soucis, d'envies de nourriture, devaient être tournés comme des vieux fromages en de bien pénibles grimaces… Les souvenirs eux-mêmes ont leur jeunesse… Ils tournent dès qu'on les laisse moisir en dégoûtants fantômes tout suintants d'égoïsme, de vanités et de mensonges… Ils pourrissent comme des pommes… On se parlait donc de notre jeunesse, on la goûtait et regoûtait. On se méfiait. Ma mère à propos j'avais pas été la voir depuis longtemps… Et ces visites-là ne me réussissaient guère sur le système nerveux… Elle était pire que moi, pour la tristesse ma mère… Toujours dans sa petite boutique, elle avait l'air d'en accumuler tant qu'elle pouvait autour d'elle des déceptions après tant et tant d'années… Quand j'allais la voir, elle me racontait : « Tu sais la tante Hortense elle est morte il y a deux mois à Coutances… Tu aurais peut-être pu y aller ? Et Clémentin, tu sais bien Clémentin ?… Le cireur de parquets qui jouait avec toi quand tu étais petit ?… Eh bien, lui, on l'a ramassé avant-hier dans la rue d'Aboukir.. :. Il n'avait pas mangé depuis trois jours… »

La sienne Robinson d'enfance, il ne savait plus par où la prendre quand il y pensait tellement qu'elle était pas drôle. À part le coup de la cliente, il n'y trouvait rien dont il ne puisse désespérer jusqu'à en vomir jusque dans les coins comme dans une maison où il n'y aurait rien que des choses répugnantes qui sentent, des balais, des baquets, des ménagères, des gifles… M. Henrouille n'avait rien à raconter sur la sienne de jeunesse jusqu'au régiment, sauf qu'à cette époque-là il avait eu sa photo de prise en pompon et qu'elle était encore actuellement cette photo juste au-dessus de l'armoire à glace.

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