Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

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Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

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« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

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Enfin, nous approchâmes du port de ma destination. On m'en rappela le nom : « Topo. » À force de tousser, crachoter, trembloter, pendant trois fois le temps de quatre repas de conserves, sur ces eaux de vaisselle huileuses, le Papaoutah finit donc par aller accoster.

Sur la berge pileuse, trois énormes cases coiffées de chaume se détachaient. De loin, cela vous prenait au premier coup d'œil, un petit air assez engageant. L'embouchure d'un grand fleuve sablonneux, le mien, m'expliqua-t-on, par où je devrais remonter pour atteindre, en barque, le beau milieu de ma forêt. À Topo, ce poste au bord de la mer, je ne devais rester que quelques jours, c'était convenu, le temps de prendre mes suprêmes résolutions coloniales.

Nous fîmes cap sur un léger embarcadère et le Papaoutah , de son gros ventre, avant de l'atteindre, rafla la barre. En bambou qu'il était l'embarcadère, je m'en souviens bien. Il avait son histoire, on le refaisait chaque mois, je l'appris, à cause des mollusques agiles et prestes qui venaient par milliers le bouffer au fur et à mesure. C'était même, cette infinie construction, une des occupations désespérantes dont souffrait le lieutenant Grappa, commandant du poste de Topo et des régions avoisinantes. Le Papaoutah ne trafiquait qu'une fois par mois mais les mollusques ne mettaient pas plus d'un mois à bouffer son débarcadère.

À l'arrivée, le lieutenant Grappa se saisit de mes papiers, en vérifia la sincérité, les recopia sur un registre vierge et m'offrit l'apéritif. J'étais le premier voyageur, me confia-t-il, qui soit venu à Topo depuis plus de deux ans. On ne venait pas à Topo. Il n'y avait aucune raison pour venir à Topo. Sous les ordres du lieutenant Grappa, servait le sergent Alcide. Dans leur isolement ils ne s'aimaient guère. « Il faut toujours que je me méfie de mon subalterne, m'apprit aussi le lieutenant Grappa dès notre premier contact, il a quelques tendances à la familiarité ! »

Comme dans cette désolation s'il avait fallu imaginer des événements ils eussent été trop invraisemblables, le milieu ne s'y prêtait pas, le sergent Alcide préparait d'avance beaucoup d'états « Néant » que Grappa signait sans retard et que le Papaoutah remportait ponctuellement au Gouverneur général.

Entre les lagunes d'alentour et dans le tréfonds forestier stagnaient quelques peuplades moisies, décimées, abruties par le tripanosome et la misère chronique ; elles fournissaient tout de même ces peuplades un petit impôt et à coups de trique, bien entendu. On recrutait aussi parmi leur jeunesse quelques miliciens pour manier par délégation cette même trique. Les effectifs de la milice se montaient à douze hommes.

Je peux en parler, je les ai bien connus. Le lieutenant Grappa les équipait à sa façon ces veinards et les nourrissait au riz régulier. Un fusil pour douze c'était la mesure ! et un petit drapeau pour tout le monde. Pas de chaussures. Mais comme tout est relatif en ce monde et comparatif, les originaires recrutés du pays, trouvaient que Grappa faisait joliment bien les choses. Il refusait même chaque jour des volontaires Grappa et des enthousiastes, des fils dégoûtés de la brousse.

La chasse ne donnait guère autour du village et on n'y bouffait pas moins d'une grand-mère par semaine, faute de gazelles. Dès sept heures, chaque matin, les miliciens d'Alcide se rendaient à l'exercice. Comme je logeais dans un coin de sa case, qu'il m'avait cédé, j'étais aux premières loges pour assister à cette fantasia. Jamais dans aucune armée du monde ne figurèrent soldats de meilleure volonté. À l'appel d'Alcide, tout en arpentant le sable par quatre, par huit, puis par douze, ces primitifs se dépensaient énormément en s'imaginant des sacs, des chaussures, voire des baïonnettes et, plus fort encore, en ayant l'air de s'en servir. Tout juste issus de la nature si vigoureuse et si proche, ils n'étaient vêtus que d'un semblant de brève culotte kaki. Tout le reste devait être par eux imaginé et l'était. Au commandement d'Alcide, péremptoire, ces ingénieux guerriers, posant à terre leurs sacs fictifs, couraient dans le vide décocher à d'illusoires ennemis, d'illusoires estocades. Ils constituaient, après avoir fait semblant de se déboutonner, d'invisibles faisceaux et sur un autre signe se passionnaient en abstractions de mousqueterie. À les voir s'éparpiller, gesticuler minutieusement de la sorte et se perdre en dentelles de mouvements saccadés et follement inutiles, on en demeurait découragé jusqu'au marasme. Surtout qu'à Topo la chaleur crue et l'étouffement parfaitement concentrés par le sable entre les miroirs de la mer et du fleuve, polis et conjugués, vous eussent fait jurer par votre derrière qu'on vous tenait assis de force sur un morceau récemment tombé du soleil.

Mais ces conditions implacables n'empêchaient pas Alcide de gueuler, au contraire. Ses hurlements déferlaient au-dessus de son fantastique exercice et parvenaient bien loin jusqu'à la crête des cèdres augustes de la lisière tropicale. Plus loin rebondissaient-ils même encore, en tonnerre ses : « Garde à vous ! »

Pendant ce temps le lieutenant Grappa préparait sa justice. Nous y reviendrons. Il surveillait aussi de loin toujours et de l'ombre de sa case, la construction fuyante de son embarcadère maudit. À chaque arrivée du Papaoutah il allait attendre optimiste et sceptique des équipements complets pour ses effectifs. Il les réclamait vainement depuis deux ans ses équipements complets. Étant corse, Grappa se sentait plus humilié peut-être que tout autre en observant que ses miliciens demeuraient tout nus.

Dans notre case, celle d'Alcide, il se pratiquait un petit commerce, à peine clandestin, de menus objets et de rogatons divers. D'ailleurs tout le trafic de Topo passait par Alcide puisqu'il détenait un petit stock, l'unique, de tabac en branches et en paquets, quelques litres d'alcool et quelques métrages de coton.

Les douze miliciens de Topo ressentaient, c'était visible, envers Alcide une véritable sympathie et cela malgré qu'il les engueulât sans limites et leur bottât le derrière assez injustement. Mais ils avaient discerné chez lui, ces militaires nudistes, des éléments indéniables de la grande parenté, celle de la misère incurable, innée. Le tabac les rapprochait, tout noirs qu'ils fussent, force des choses. J'avais apporté avec moi quelques journaux d'Europe. Alcide les parcourut avec le désir de s'intéresser aux nouvelles, mais bien qu'il s'y reprît à trois fois pour fixer son attention sur ces colonnes disparates, il ne parvint pas à les achever. « Moi maintenant, m'avoua-t-il après cette vaine tentative, au fond, je m'en fous des nouvelles ! Il y a trois ans que je suis ici ! » Cela ne voulait point dire qu'Alcide tînt à m'étonner en jouant les ermites, non, mais la brutalité, l'indifférence bien prouvée du monde entier à son égard, le forçait à son tour à considérer en qualité de sergent rengagé le monde entier, hors Topo, comme une espèce de Lune.

C'était d'ailleurs une bonne nature, Alcide, serviable et généreuse et tout. Je le compris plus tard, un peu trop tard. Sa formidable résignation l'accablait, cette qualité de base qui rend les pauvres gens de l'armée ou d'ailleurs aussi faciles à tuer qu'à faire vivre. Jamais, ou presque, ils ne demandent le pourquoi les petits, de tout ce qu'ils supportent. Ils se haïssent les uns les autres, ça suffit.

Autour de notre case, poussaient disséminées, en pleine lagune de sable torride, impitoyable, ces curieuses petites fleurs fraîches et brèves, vertes, roses ou pourpres, comme on ne les voit en Europe que peintes et sur certaines porcelaines, sortes de volubilis primitifs et sans niaiserie. Elles subissaient la longue abominable journée, closes sur leur tige, et venaient en s'ouvrant le soir trembloter gentiment sous les premières brises tièdes.

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