François Mauriac - Le Nœud de vipères

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Dans sa propriété de Calèse, en Gironde, Louis, un vieil avocat avare et anticlérical, attend la mort. Il espère vivre asse longtemps pour achever de rédiger la confession qu'il destine à sa femme, Isa. Isa, avec qui il a vécu plus de quarante ans. Quatre décennies d'indifférence, de brouilles, de rancunes, de haine. Trois enfants sont nés de cette union. Un rêve maintient le vieil homme en vie : frustrer les siens de l'héritage qu'ils attendent, telle une meute au moment de la curée. La mort d'Isa va bouleverser tous ses plans. Entre l'affaire Dreyfus et le krach de 1929, c'est « l'histoire d'un homme aveuglé par ses passions, qui croit haïr sa femme et ses enfants et n'aimer que l'argent, alors que sa nature, s'il l'avait suivie, l'aurait conduit à l'amour de Dieu », disait François Mauriac de son chef-d'œuvre.

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— Comme vous avez de beaux sentiments, Robert ! Comme c’est bien de vouloir attendre ma mort. Mais je n’accepte pas votre sacrifice. Vous aurez tout, dès lundi ; à la fin de la semaine une grande partie de ma fortune sera à votre nom… (et comme il protestait) : c’est à prendre ou à laisser, ajoutai-je sèchement.

Fuyant mon regard, il me demanda quelques jours pour réfléchir encore. Le temps d’écrire à Bordeaux et d’y chercher des directives, pauvre idiot !

— Vous m’étonnez, Robert, je vous assure. Votre attitude est étrange.

Je croyais avoir adouci mon regard, mais mon regard est plus dur que je ne le suis moi-même. Robert marmotta d’une voix blanche : « Pourquoi que vous me fixez comme ça ? » Je repris, l’imitant malgré moi : « Pourquoi que je te fixe comme ça ? Et toi ? pourquoi que tu ne peux pas soutenir mon regard ? »

Ceux qui ont l’habitude d’être aimés accomplissent, d’instinct, tous les gestes et disent toutes les paroles qui attirent les cœurs. Et moi, je suis tellement accoutumé à être haï et à faire peur, que mes prunelles, mes sourcils, ma voix, mon rire se font docilement les complices de ce don redoutable et préviennent ma volonté. Ainsi se tortillait le triste garçon sous mon regard que j’eusse voulu indulgent. Mais plus je riais, et plus l’éclat de cette gaîté lui apparaissait d’un présage sinistre. Comme on achève une bête, je le questionnai à brûle-pourpoint :

— Combien t’ont-ils offert, les autres ?

Ce tutoiement marquait, que je le voulusse ou non, plus de mépris que d’amitié. Il balbutiait : « Quels autres ? » en proie à une terreur presque religieuse.

— Les deux messieurs, lui dis-je, le gros et le maigre… oui, le maigre et le gros !

Il me tardait que ce fût fini. Je me faisais horreur de prolonger cette scène (comme quand on n’ose pas appuyer le talon sur le mille-pattes).

— Remettez-vous, lui dis-je enfin. Je vous pardonne.

— Ce n’est pas moi qui l’ai voulu… c’est…

Je lui mis ma main sur la bouche. Il m’eût été insupportable de l’entendre charger sa mère.

— Chut ! ne nommez personne… voyons : combien vous ont-ils offert ? un million ? cinq cent mille ? moins ? ce n’est pas possible ! Trois cents ? deux cents ?

Il secouait la tête, d’un air piteux :

— Non, une rente, dit-il à voix basse. C’est ce qui nous a tentés ; c’était plus sûr : douze mille francs par an.

— À partir d’aujourd’hui ?

— Non, dès qu’ils auraient eu l’héritage… Ils n’avaient pas prévu que vous voudriez tout mettre à mon nom, tout de suite… Mais est-ce qu’il est trop tard ?… C’est vrai qu’ils pourraient nous attaquer en justice… à moins de leur dissimuler… Ah ! ce que j’ai été bête ! je suis bien puni…

Il pleurait laidement, assis sur le lit ; une de ses mains pendait, énorme, gonflée de sang.

— Je suis tout de même votre fils, gémit-il. Ne me laissez pas tomber.

Et d’un geste gauche, il essaya de mettre son bras autour de mon cou. Je me dégageai, mais doucement. J’allai vers la fenêtre et, sans me retourner, je lui dis :

— Vous recevrez, à partir du premier août, quinze cents francs tous les mois. Je vais prendre des dispositions immédiates pour que cette rente vous soit versée, votre vie durant. Elle serait réversible, le cas échéant, sur la tête de votre mère. Ma famille doit naturellement ignorer que j’ai éventé le complot de Saint-Germain-des-Prés (le nom de l’église le fit sursauter). Inutile de vous dire qu’à la moindre indiscrétion, vous perdriez tout. En revanche, vous me tiendrez au courant de ce qui pourrait se tramer contre moi.

Il savait maintenant que rien ne m’échappait et ce qu’il lui en coûterait de me trahir encore. Je lui laissai entendre que je ne souhaitais plus de les voir ni lui, ni sa mère. Ils devraient m’écrire poste restante, au bureau habituel.

— Quand quittent-ils Paris, vos complices de Saint-Germain-des-Prés ?

Il m’assura qu’ils avaient pris, la veille, le train du soir. Je coupai court à l’expression affectée de sa gratitude et de ses promesses. Sans doute était-il stupéfait : une divinité fantasque, aux imprévisibles desseins, et qu’il avait trahie, le prenait, le lâchait, le ramassait… Il fermait les yeux, se laissait faire. L’échine de biais, les oreilles aplaties, il emportait, en rampant, l’os que je lui jetais.

À l’instant de sortir, il se ravisa et me demanda comment il recevrait cette rente, par quel intermédiaire.

— Vous la recevrez, lui dis-je d’un ton sec. Je tiens toujours mes promesses, le reste ne vous concerne pas.

La main sur le loquet, il hésitait encore :

— J’aimerais bien que ce soit une assurance sur la vie, une rente viagère, quelque chose comme ça, dans une société sérieuse… Je serais plus tranquille, je ne me ferais pas de mauvais sang…

J’ouvris violemment la porte qu’il tenait entrebâillée et le poussai dans le couloir.

XVII

Je m’appuyais contre la cheminée, et je comptais, d’un geste machinal, les morceaux de bois verni rassemblés dans le vide-poche.

Pendant des années, j’avais rêvé de ce fils inconnu. Au long de ma pauvre vie, je n’avais jamais perdu le sentiment de son existence. Il y avait quelque part un enfant né de moi que je pourrais retrouver, et qui, peut-être, me consolerait. Qu’il fût d’une condition modeste, cela me le rendait plus proche : il m’était doux de penser qu’il ne devait ressembler en rien à mon fils légitime ; je lui prêtais, à la fois, cette simplicité et cette force d’attachement qui ne sont pas rares dans le peuple. Enfin, je jouais ma dernière carte. Je savais qu’après lui, je n’avais plus rien à attendre de personne et qu’il ne me resterait qu’à me mettre en boule et à me tourner du côté du mur. Pendant quarante ans, j’avais cru consentir à la haine, à celle que j’inspirais, à celle que je ressentais. Pareil aux autres, pourtant, je nourrissais une espérance et j’avais trompé ma faim, comme j’avais pu, jusqu’à ce que j’en fusse réduit à ma dernière réserve. Maintenant, c’était fini.

Il ne me restait même pas l’affreux plaisir de combiner des plans pour déshériter ceux qui me voulaient du mal. Robert les avait mis sur la voie : ils finiraient bien par découvrir les coffres, même ceux qui n’étaient pas à mon nom. Inventer autre chose ? Ah ! vivre encore, avoir le temps de tout dépenser ! Mourir… et qu’ils ne trouvent même pas de quoi payer un enterrement de pauvre. Mais après toute une vie d’économie, et lorsque j’ai assouvi cette passion de l’épargne, pendant des années, comment apprendre, à mon âge, les gestes des prodigues ? Et d’ailleurs, les enfants me guettent, me disais-je. Je ne pourrais rien faire dans ce sens qui ne devienne entre leurs mains une arme redoutable… Il faudrait me ruiner dans l’ombre, petitement…

Hélas ! je ne saurais pas me ruiner ! je n’arriverais jamais à perdre mon argent ! S’il était possible de l’enfouir dans ma fosse, de revenir à la terre, serrant dans mes bras cet or, ces billets, ces titres ? Si je pouvais faire mentir ceux qui prêchent que les biens de ce monde ne nous suivent pas dans la mort !

Il y a « les œuvres », — les bonnes œuvres sont des trappes qui engloutissent tout. Des dons anonymes que j’enverrais au bureau de bienfaisance, aux petites sœurs des pauvres. Ne pourrais-je enfin penser aux autres, penser à d’autres qu’à mes ennemis ? Mais l’horreur de la vieillesse, c’est d’être le total d’une vie, — un total dans lequel nous ne saurions changer aucun chiffre. J’ai mis soixante ans à composer ce vieillard mourant de haine. Je suis ce que je suis ; il faudrait devenir un autre. Ô Dieu, Dieu… si vous existiez !

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