Leïla Slimani - Dans le jardin de l'ogre

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Dans le jardin de l'ogre: краткое содержание, описание и аннотация

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« Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre. »
Leïla Slimani est née en 1981, elle vit à Paris.
est son premier roman.

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Il ne dit rien de sa découverte.

Il entre dans la chambre quand elle s’habille et remarque les griffures à la base de son cou. Le bleu, juste au-dessus du coude, la forme d’un pouce qui l’a saisi et s’est attardé. Il reste debout dans l’entrebâillement de la porte, pâle, la main crispée sur sa béquille. Il la regarde se cacher sous la grande serviette grise, enfiler sa culotte comme une petite fille.

La nuit, couché contre elle, il pense aux compromis. Aux arrangements. À celui de ses parents, dont personne n’a jamais parlé mais que nul n’ignore. À Henri qui avait loué un petit appartement en ville où il retrouvait tous les vendredis après-midi une femme de trente ans. Odile l’avait découvert. Ils s’étaient expliqués dans la cuisine. Une explication franche, presque émouvante, dont Richard avait entendu des bribes depuis sa chambre d’adolescent. Ils s’étaient arrangés, pour le bonheur de leurs enfants, pour sauver les apparences. Henri avait fini par abandonner sa garçonnière et Odile l’avait recueilli, triomphante et digne, dans le giron familial.

Richard ne dit rien. Il n’a personne à qui se confier. Personne dont il pourrait supporter le regard, sur son visage de cocu, de mari naïf. Il n’a envie d’entendre aucun conseil. Il ne veut surtout pas faire pitié.

Adèle a déchiré le monde. Elle a scié les pieds des meubles, elle a rayé les miroirs. Elle a gâché le goût des choses. Les souvenirs, les promesses, tout cela ne vaut rien. Leur vie est une monnaie de singe. Il a pour lui-même, encore plus que pour elle, un profond dégoût. Il voit tout d’un œil nouveau, d’un œil triste et sale. S’il ne disait rien peut-être que ça tiendrait quand même. Qu’importe, au fond, les fondations pour lesquelles il a tant sué. Qu’importe la solidité de la vie, la sainte franchise et l’abominable transparence. Peut-être que s’il se tait, cela tiendra quand même. Il suffirait sans doute de fermer les yeux. Et de dormir.

Mais mercredi arrive et il ne tient plus en place. À dix-sept heures, il reçoit un message d’Adèle. Elle lui dit que le bouclage se présente mal et qu’elle va travailler tard. Il écrit sans réfléchir : « Il faut que tu rentres. Je souffre beaucoup. J’ai besoin de toi. » Elle ne répond pas.

À dix-neuf heures, elle ouvre la porte de l’appartement. Elle évite de poser sur Richard ses yeux rouges et lui demande, agacée :

« Qu’est-ce qui se passe ? Tu as très mal ?

— Oui.

— Tu as pris tes médicaments, non ? Qu’est-ce que je peux faire de plus ?

— Rien. Rien du tout. J’avais juste envie que tu sois là. Je ne voulais pas rester tout seul. »

Il ouvre les bras et lui fait signe de s’asseoir à côté de lui sur le canapé. Elle s’approche, rigide et glaciale, et il la serre, prêt à l’étrangler. Il sent bien qu’elle tremble, qu’elle regarde dans le vide et il la tient contre lui, bouillonnant de haine. Dans les bras l’un de l’autre, ils voudraient être ailleurs. Leurs dégoûts se mêlent, et cette tendresse feinte prend le visage de la détestation. Elle essaie de se dégager et il resserre son étreinte. Dans l’oreille, il lui dit :

« Tu ne mets jamais ta broche, Adèle.

— Ma broche ?

— La broche que je t’ai offerte. Tu ne l’as jamais mise.

— Depuis l’accident je n’ai pas vraiment eu l’occasion.

— Mets-la, Adèle. Ça me ferait très plaisir que tu la mettes.

— Je la mettrai la prochaine fois qu’on sort, c’est promis. Ou même demain pour aller au bureau, si tu veux. Laisse-moi me lever, Richard. Je vais préparer à dîner.

— Non, reste assise. Reste là », lui intime-t-il.

Il lui attrape le bras et le serre entre ses doigts.

« Tu me fais mal.

— Tu n’aimes pas ça ?

— Qu’est-ce qui te prend ?

— Xavier ne te fait pas ça ? Vous ne jouez pas à ces petits jeux ?

— Mais qu’est-ce que tu racontes ?

— Oh, allez, arrête. Tu me dégoûtes. Si je le pouvais, je te tuerais, Adèle. Je t’étranglerais, là.

— Richard.

— Tais-toi. Surtout, tais-toi. Ta voix m’écœure. Ton odeur m’écœure. Tu es un animal, un monstre. Je sais tout. J’ai tout lu. Ces messages immondes. J’ai trouvé les mails, j’ai tout reconstitué. Tout défile dans ma tête, je n’ai plus un souvenir qui ne soit associé à un de tes mensonges.

— Richard.

— Arrête ! Arrête de prononcer mon nom comme une idiote ! hurle-t-il. Pourquoi, Adèle ? Pourquoi ? Tu n’as aucun respect pour moi, pour notre vie, pour notre fils… » Richard se met à sangloter. Il pose ses mains tremblantes sur ses paupières. Adèle se lève. Le voir pleurer la pétrifie.

« Je ne sais pas si tu peux comprendre. Si tu peux me croire. Ça n’est pas contre toi, Richard, ça ne l’a jamais été. Je t’assure. Je ne peux pas m’en empêcher. C’est plus fort que moi.

— Plus fort que toi. Mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. Qui le sait ?

— Personne, je t’assure.

— Arrête de mentir ! Tu ne crois pas que tu as déjà fait assez de dégâts ! Ne mens pas.

— Lauren, murmure-t-elle. Seulement Lauren.

— Je ne te croirai plus jamais. Plus jamais. » Il essaie d’attraper ses béquilles, de se soulever mais il est si nerveux que sa jambe tremble et qu’il retombe sur le canapé, impuissant. « Tu sais ce qui me dégoûte le plus ? C’est de dépendre de toi. C’est de ne même pas pouvoir te dire de dégager, de ne même pas pouvoir me lever pour te frapper, pour te jeter tes affaires à la gueule, pour te pousser dehors comme la chienne que tu es. Tu pleures ? Tu peux pleurer, je n’en ai plus rien à faire. Moi qui n’ai jamais supporté tes larmes, j’ai envie de t’arracher les yeux. Mais qu’est-ce que tu as fait de moi ? Qu’est-ce que cette histoire a fait de moi ? Un idiot, un cocu, un pauvre type. Tu sais ce qui m’a fait le plus de peine ? C’est ce carnet noir. Oui, le carnet noir dans ton bureau. J’ai lu ce que tu écrivais, sur ton ennui, sur cette vie de bourgeoise merdique. Non seulement tu te fais baiser par une armée mais en plus tu méprises tout ce qu’on a construit. Tout ce que j’ai construit, moi, en travaillant comme un chien pour que tu aies tout ce qu’il te faut. Pour que tu n’aies à t’inquiéter de rien. Tu crois que je ne rêve pas, moi, d’un au-delà à cette vie ? Tu crois que je n’ai pas de rêves, pas d’envie de fuite ? Que je ne suis pas, moi aussi, romantique, comme tu dis ? Oui, pleure. Pleure jusqu’à en crever. On aura beau dire, tu pourras trouver toutes les explications du monde, tu es une salope, Adèle. Une vraie raclure. »

Adèle se laisse glisser contre le mur. Elle sanglote.

« Tu croyais quoi, hein ? Que tu pourrais t’en sortir ? Que je ne me rendrais jamais compte de rien ? On finit toujours par payer pour ses mensonges, tu sais. Et toi, tu vas payer. Je vais engager le meilleur avocat de Paris, je vais tout te prendre. Il ne te restera rien. Et si tu crois que tu auras la garde de Lucien, tu te mets le doigt dans l’œil. Tu ne verras plus ton fils, Adèle. Fais-moi confiance pour le maintenir loin de toi. »

Quand ils font l’amour, les hommes regardent leur sexe. Ils prennent appui sur leurs bras, penchent la tête et observent leur verge pénétrer la femme. Ils s’assurent que cela fonctionne. Ils restent quelques secondes à apprécier ce mouvement, à se réjouir peut-être de cette mécanique, si simple et si efficace. Adèle sait bien qu’il y a aussi une forme d’excitation dans cette auto-contemplation, dans ce retour vers soi. Et que ce n’est pas seulement leur sexe à eux, mais aussi le sien qu’ils contemplent.

Adèle a beaucoup regardé en l’air. Elle a scruté des dizaines de plafonds, suivi les enroulements des moulures, accompagné le balancement des lustres. Allongée, couchée sur le côté, les pieds posés sur les épaules d’un homme, Adèle a levé les yeux. Elle a détaillé le craquellement d’une peinture écaillée, constaté un dégât des eaux, compté des étoiles en plastique, une fois, dans un salon qui était aussi une chambre d’enfant. Pendant des heures, elle a fixé le vide des plafonds. Parfois une ombre, ou la projection d’une enseigne lumineuse venaient délivrer son regard, lui offrir une récréation.

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