Marc Levy - Ou Es-Tu?

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Philip

Un jour de novembre 1975, je ne sais plus bien lequel

Mon Philip,

Quelques semaines depuis ma dernière lettre, mais le temps ici ne s'écoule pas de la même façon. Te souviens-tu de la petite fille dont je te parlais dans une de mes précédentes lettres ?

Je l'ai reconduite auprès de son nouveau papa. Sa jambe n'a pas pu être sauvée, j'appréhendais la réaction qu 'il aurait en la retrouvant ainsi. Nous sommes allés la chercher à Puerto Cortes, Juan m'avait accompagnée. A l'arrière de Dodge il avait disposé des sacs de farine pour lui faire une sorte de matelas. En arrivant à l'hôpital j'ai vu cette enfant qui attendait au bout du couloir, allongée sur une civière. Je me forçais à me concentrer sur son visage et à ne pas regarder la zone amputée. Pourquoi privilégier ce qui n 'existe plus au détriment de tout ce qui est là ? Pourquoi donner plus d'importance à ce qui ne va pas au lieu d'aimer tout ce qui va ?

Je ne cessais de me demander comment elle vivrait avec son handicap. Juan a compris mon silence et, avant que je m'adresse à elle, il a murmuré dans mon oreille : « Ne lui montre pas ta peine, tu devrais te réjouir, sa différence ce n'est pas sa jambe coupée, c'est son histoire, sa survie. »

C'est lui qui a raison. Nous l'avons installée sur les ballots, et nous avons pris la route des montagnes. Il a veillé sur elle pendant tout le trajet, il essayait de la distraire et, je crois aussi, de me décrisper. Pour atteindre ses fins il n 'arrêtait pas de se moquer de moi. Il me singeait au volant de ce véhicule bien trop lourd et qui semble vouloir me prouver à chaque kilomètre qu'il est plus costaud que moi, comme si ses sept tonnes ne lui suffisaient pas ! Juan se mettait en position semi-assise, bras tendus vers l'avant et il enchaînait les grimaces, parodiant les efforts que je dois faire à chaque virage pour faire tourner la direction, agrémentant ses imitations de commentaires que mon espagnol ne me permet pas d'apprécier à leur juste valeur. C'est au terme de six heures de route que cela s'est produit. Je venais de caler en rétrogradant, j'ai juré et donné du coup de poing sur le volant, mon sale caractère n'a pas disparu, tu sais. Pour Juan c'était pain bénit, il a aussitôt enchaîné une bordée de jurons, faisant mine de taper sur une caisse supposée représenter mon volant et tout à coup la gamine s'est mise à sourire.

Ce fut d'abord le son clair de deux éclats de rire, un court moment de pudeur, puis un autre jaillit de sa gorge, et tout à coup l'irrésistible instant : le camion s'est empli de ses exclamations. Je n 'imaginais pas l'importance que peut soudain prendre dans une vie le simple rire d'un enfant. Dans le rétroviseur je la regardais chercher son souffle. Le fou rire avait aussi conquis Juan. Je crois que j'ai sangloté plus encore que le jour où tu me serrais dans tes bras sur la tombe de mes parents, sauf que ce jour-là je pleurais à l'intérieur. Il y avait tout à coup tant de vie, tant d'espoir, j'ai tourné la tête pour les regarder, au milieu de leurs éclats de rire j'ai distingué le sourire que Juan m'adressait. Les barrières de la langue se sont levées... Au fait, toi qui le pratiques presque couramment, raconte-moi, en espagnol de préférence, la fin de ton dîner après le cinéma, ça m'aidera à me perfectionner...

Il avait reconnu le camion dès qu'il s'était accroché aux premiers virages en bas dans la vallée. 11 avait alors renoncé à travailler, s'était assis sur une pierre et ne l'avait plus quitté du regard pendant les cinq heures de sa lente ascension. Rolando attendait depuis treize longues semaines. Il n'avait cessé de se demander si la petite fille était en vie, si l'oiseau qui volait haut dans le ciel présageait qu'elle n'avait pas survécu, ou au contraire qu'il fallait espérer. Et plus les jours passaient, plus il transformait les choses les plus simples de sa vie en signes, se prêtant au jeu incontrôlable des augures pessimistes ou optimistes selon les humeurs du moment.

À chaque tournant Susan faisait retentir par trois fois le klaxon au timbre enroué. Pour Rolando, c'était un bon présage, un son long aurait annoncé le pire, mais trois courts, c'était peut-être une bonne nouvelle. D'un mouvement sec du bras il fit riper le paquet marron de Pala-dines au-dehors de sa manche. Elles étaient beaucoup plus chères que les Dorados qu'il fumait tout au long de la journée. De ce paquet, il n'en prenait d'ordinaire qu'une seule par jour, après son dîner. Il porta la cigarette à ses lèvres et craqua une allumette. Une bouffée profonde, et il emplit ses poumons de l'air humide qui sentait bon la terre et le parfum des pins. Le bout incandescent rougit au grésillement du tabac. Cet après-midi le paquet entier y passerait. Il faudrait être patient, ils franchiraient le col à la tombée du jour.

Tous les campesinos étaient venus se masser le long des bas-côtés à l'entrée du hameau. Cette fois, personne n'osa escalader les marchepieds. Susan ralentit et la population se regroupa autour du véhicule. Elle coupa le moteur et descendit, tourna la tête de gauche à droite, soutenant fièrement chacun de leurs regards. Juan se tenait derrière elle et faisait rouler la terre sous son pied, cherchant à se donner une contenance. Rolando lui faisait face. Il jeta son mégot.

Susan inspira à fond et entreprit de faire le tour du Dodge. La foule la suivit des yeux.

Rolando s'approcha, rien sur son visage ne trahissait son émotion. D'un geste énergique elle souleva la bâche, et Juan l'aida aussitôt à abaisser le hayon, découvrant la petite fille qu'elle ramenait au village. L'enfant n'avait plus qu'une seule jambe, mais elle ouvrit en grand deux bras à celui qui lui avait sauvé la vie. Rolando grimpa sur le plateau arrière et souleva la petite fille. Il murmura quelques mots à son oreille qui la firent sourire. Quand il redescendit, il la posa à terre, s'age-nouillant à la hauteur de son épaule pour la soutenir. Il y eut quelques secondes de silence et tous les hommes lancèrent leur chapeau en l'air en poussant un cri qui s'envola vers les hauteurs. Susan baissa pudiquement la tête pour que personne ne la regarde en cet instant où elle se sentait particulièrement fragile. Juan la saisit par le poignet. « Laisse-moi », dit-elle. Il resserra son étreinte : « Merci pour eux. » Rolando avait confié l'enfant à une femme et s,'était approché d'elle. Sa main monta vers son visage, il lui releva le menton et héla Juan avec autorité :

— Comment l'appelle-t-on ?

Juan scruta l'homme à l'imposante stature et attendit quelques instants avant de répondre :

— En bas dans la vallée, on l'appelle la Senora Blanca.

Rolando s'avança vers lui d'un pas volontaire ; il posa ses lourdes mains sur ses épaules. Les sillons profonds gravés aux contours de ses yeux se plissèrent, sa bouche s'ouvrit généreusement, dans un immense sourire partiellement édenté.

— Dona Blanca ! s'exclama-t-il. C'est ainsi que Rolando Alvarez l'appellera.

Le paysan entraîna Juan sur la sente de pierres qui menait au village, ce soir ils boiraient du guajo.

Les premiers jours du mois de janvier 1976 succédèrent à un second réveillon vécu l'un sans l'autre. Susan avait passé les fêtes à travailler sans relâche. Philip, qui se sentait plus seul que jamais, lui écrivit cinq lettres entre Thanksgiving et la nuit du nouvel an, il n'en posta aucune.

Dans la nuit du 4 février, un effroyable tremblement secouait la terre du Guatemala, tuant vingt-cinq mille personnes. Susan fit tout son possible pour partir y porter secours, mais les roues édentées des mécanismes administratifs refusèrent de tourner dans le bon sens, et elle dut se résigner. Le 24 mars, en Argentine, le régime péro-niste était abattu, le général Jorge Rafaël Videla venait de faire arrêter Isabel Perôn ; un autre espoir s'éteignait dans cette partie du monde. À Hollywood, un Oscar tombait d'un nid de coucou sur les épaules de Jack Nicholson. Le 4 juillet l'Amérique en liesse fêtait ses deux cents ans d'indépendance.

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