Michel Houellebecq - Plateforme
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Contre le déni du réel, m'expliqua le psychiatre lors de notre dernier entretien, il n'y a pas de traitement précis; ce n'est pas vraiment un trouble de l'humeur, mais de la représentation. S'il m'avait gardé à l'hôpital pendant tout ce temps, c'était surtout parce qu'il craignait une tentative de suicide – elles sont assez fréquentes, dans les cas de reprise de conscience brutale; mais maintenant j'étais hors de danger. Ah bon, dis-je, ah bon.
3
Une semaine après ma sortie de l'hôpital, je repris l'avion pour Bangkok. Je n'avais pas de projet précis. Si nous étions d'une nature idéale, nous pourrions nous contenter des mouvements du soleil. Les saisons étaient trop marquées à Paris, c'était une source d'agitation, de trouble. À Bangkok, le soleil se levait à six heures; il se couchait à six heures; dans l'intervalle, il poursuivait un parcours immuable. Il y avait paraît-il une période de mousson, mais je n'en avais jamais été témoin. L'agitation de la ville existait, mais je n'en saisissais pas clairement la raison, il s'agissait plutôt d'une sorte de condition naturelle . Ces gens avaient sans nul doute une destinée, une vie, dans la mesure permise par leur niveau de revenus; mais pour ce que j'en savais, ils auraient pu aussi bien être un troupeau de lemmings.
Je m'installai à l’Amari Boulevard ; l'hôtel était surtout occupé par des hommes d'affaires japonais. C'était là que nous étions descendus, la dernière fois, avec Valérie et Jean-Yves; ce n'était pas une très bonne idée. Deux jours plus tard, je déménageai au Grace Hôtel ; ce n'était qu'à quelques dizaines de mètres, mais l'atmosphère était sensiblement différente. C'était sans doute le dernier endroit de Bangkok où l'on pouvait rencontrer des touristes sexuels arabes. Ils rasaient vraiment les murs, maintenant, restaient cloîtrés dans l'hôtel – qui disposait d'une discothèque, et de son propre salon de massage. On en trouvait encore quelques-uns dans les ruelles environnantes, où il y avait des vendeurs de kebabs et des centres d'appel longue distance; mais, au-delà, plus rien. Je m'aperçus que je m'étais rapproché sans le vouloir du Bumrungrad Hospital .
On peut certainement rester en vie en étant simplement animé par un sentiment de vengeance; beaucoup de gens ont vécu de cette manière. L'islam avait brisé ma vie, et l'islam était certainement quelque chose que je pouvais haïr; les jours suivants, je m'appliquai à éprouver de la haine pour les musulmans. J'y réussissais assez bien, et je recommençai à suivre les informations internationales. Chaque fois que j'apprenais qu'un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j'éprouvais un tressaillement d'enthousiasme à la pensée qu'il y avait un musulman de moins. Oui, on pouvait vivre de cette manière.
Un soir, au coffee-shop de l'hôtel, un banquier jordanien engagea la conversation avec moi. D'un naturel affable, il insista pour me payer une bière; peut-être sa réclusion forcée à l'hôtel commençait-elle à lui peser. «Je comprends les gens, remarquez, on ne peut pas leur en vouloir… me dit-il. D faut dire que nous l'avons bien cherché. Ce n'est pas une terre d'islam, ici, il n'y aucune raison qu'on paye des centaines de millions pour financer la construction de mosquées. Sans compter l'attentat, bien sûr…» Voyant que je l'écoutais avec attention il commanda une deuxième bière, et s'enhardit davantage. Le problème des musulmans, me dit-il, c'est que le paradis promis par le prophète existait déjà ici-bas: il y avait des endroits sur cette terre où des jeunes filles disponibles et lascives dansaient pour le plaisir des hommes, où l'on pouvait s'enivrer de nectars en écoutant une musique aux accents célestes; il y en avait une vingtaine dans un rayon de cinq cents mètres autour de l'hôtel. Ces endroits étaient facilement accessibles, pour y entrer il n'était nullement besoin de remplir les sept devoirs du musulman, ni de s'adonner à la guerre sainte; il suffisait de payer quelques dollars. Il n'était même pas nécessaire de voyager pour prendre conscience de tout cela; il suffisait d'avoir une antenne parabolique. Pour lui il n'y avait aucun doute, le système musulman était condamné: le capitalisme serait le plus fort. Déjà, les jeunes Arabes ne rêvaient que de consommation et de sexe. Ils avaient beau parfois prétendre le contraire, leur rêve secret était de s'agréger au modèle américain: l'agressivité de certains n'était qu'une marque de jalousie impuissante; heureusement, ils étaient de plus en plus nombeux à tourner carrément le dos à l'islam. Lui-même n'avait pas eu de chance, il était à présent un vieil homme, et il avait été obligé de composer toute sa vie avec une religion qu'il méprisait. J'étais un peu dans le même cas: il viendrait certainement un jour où le monde serait délivré de l'islam; mais, pour moi, il serait trop tard. Je n'avais plus vraiment de vie; j'avais eu une vie, pendant quelques mois, ce n'était déjà pas si mal, tout le monde ne pouvait pas en dire autant. L'absence d'envie de vivre, hélas, ne suffit pas pour avoir envie de mourir.
Je le revis le lendemain, juste avant son départ pour Amman; il allait devoir attendre un an avant de revenir. J'étais plutôt content qu'il s'en aille, je sentais que sinon il aurait voulu discuter de nouveau avec moi, et la perspective me donnait un peu mal à la tête: j'avais beaucoup de mal, maintenant, à supporter les échanges intellectuels; je n'avais plus du tout envie de comprendre le monde, ni même de le connaître. Notre brève conversation, pourtant, me laissa une impression profonde: il m'avait en fait convaincu d'emblée, l'islam était condamné, dès qu'on y réfléchissait cela paraissait une évidence. Cette simple pensée suffit, en moi, pour dissiper la haine. De nouveau, je cessai de m'intéresser aux informations.
4
Bangkok était encore trop proche d'une ville normale, on y rencontrait trop d'hommes d'affaires, trop de touristes en voyage organisé. Deux semaines plus tard, je pris un bus pour Pattaya. Cela devait finir ainsi, me dis-je en montant dans le véhicule; puis je m'aperçus que c'était faux, qu'il n'y avait en l'occurrence aucun déterminisme. J'aurais très bien pu passer le restant de mes jours avec Valérie en Thaïlande, en Bretagne, ou en fait n'importe où. Vieillir, ce n'est déjà pas très drôle; mais vieillir seul, c'est pire que tout.
Dès que j'eus posé ma valise sur le sol poussiéreux de la gare routière, je sus que j'étais arrivé au bout de ma route. Un vieux camé squelettique aux longs cheveux gris, un gros lézard posé sur l'épaule, faisait la manche à la sortie des portes à tourniquet. Je lui donnai cent bahts avant de boire une bière au Heidelberg Hof juste en face. Des pédérastes allemands moustachus et ventrus se dandinaient dans leurs chemises à fleurs. Près d'eux, trois adolescentes russes parvenues au dernier degré de la pétasserie se tortillaient en écoutant leur ghetto-blaster ; elles se tordaient et se roulaient littéralement sur place, les sordides petites suceuses. En quelques minutes de marche dans les rues de la ville, je croisai une impressionnante variété de spécimens humains: des rappeurs à casquette, des marginaux hollandais, des cyberpunks aux cheveux rouges, des gouines autrichiennes piercées. Il n'y a plus rien après Pattaya, c'est une sorte de cloaque, d'égout terminal où viennent aboutir les résidus variés de la névrose occidentale. Qu'on soit homosexuel, hétérosexuel ou les deux, Pattaya est aussi la destination de la dernière chance, celle après laquelle il n'y a plus qu'à renoncer au désir. Les hôtels se différencient naturellement par leur confort et leur niveau de prix, mais aussi par la nationalité de leur clientèle. Il y a deux grandes communautés, les Allemands et les Américains (parmi lesquels se dissimulent probablement des Australiens, voire des Néo-Zélandais). On trouve également pas mal de Russes, reconnaissables à leur allure de ploucs et à leur comportement de gangsters. Il y a même un établissement destiné aux Français, appelé Ma maison ; l'hôtel n'a qu'une dizaine de chambres, mais le restaurant est très couru. J'y séjournai une semaine avant de me rendre compte que je n'étais pas spécialement attaché aux andouillettes ni aux cuisses de grenouille ; que je pouvais vivre sans suivre les matches du championnat de France par satellite, et sans parcourir quotidiennement les pages culture du Monde. De toute façon, il fallait que je cherche un hébergement de longue durée. La durée normale d'un visa de tourisme n'est que d'un mois en Thaïlande; mais, pour obtenir une prolongation, il suffit de repasser une frontière. Plusieurs agences à Pattaya proposent l'aller-retour vers la frontière cambodgienne dans la journée. Après un trajet de trois heures en minibus, on fait la queue une ou deux heures au poste de douane; on déjeune dans un self-service sur le sol cambodgien (le prix du déjeuner est compris dans le forfait, ainsi que les pourboires aux douaniers); puis on prend le chemin du retour. La plupart des résidents font ça tous les mois depuis des années; c'est beaucoup plus simple que d'obtenir un visa de longue durée.
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