Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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«Il y a TV5…» dis-je avec indifférence. Elle sourit; TV5 était quand même une des plus mauvaises chaînes du monde, c'était connu. «Tu es sûr que tu ne vas pas t'ennuyer?» insista-t-elle.

Dans ma vie j'avais connu la souffrance, l'oppression, l'angoisse; je n'avais jamais connu l'ennui. Je ne voyais aucune objection à l'éternelle, à l'imbécile répétition du même. Bien entendu, je n'avais pas l'illusion de pouvoir en arriver là; je savais que le malheur est robuste, qu'il est ingénieux et tenace; mais c'était en tout cas une perspective qui ne m'inspirait pas la moindre inquiétude. Enfant, je pouvais passer des heures à compter les brins de trèfle dans une prairie: jamais, en plusieurs années de recherche, je n'avais trouvé de trèfle à quatre feuilles; je n'en éprouvais aucune déception, ni aucune amertume; à vrai dire, j'aurais aussi bien pu compter les brins d'herbe: tous ces brins de trèfle, avec leurs trois feuilles, me paraissaient éternellement identiques, éternellement splendides. Un jour, à l'âge de douze ans, j'étais monté au sommet d'un pylône électrique en haute montagne. Pendant toute l'ascension, je n'avais pas regardé à mes pieds. Arrivé en haut, sur la plateforme, il m'avait paru compliqué et dangereux de redescendre. Les chaînes de montagnes s'étendaient à perte de vue, couronnées de neiges éternelles. Il aurait été beaucoup plus simple de rester sur place, ou de sauter. J'avais été retenu, in extremis , par la pensée de l'écrasement; mais, sinon, je crois que j'aurais pu jouir éternellement de mon vol.

Le lendemain je fis la connaissance d'Andréas, un Allemand qui était installé dans la région depuis une dizaine d'années. Il était traducteur, m'expliqua-t-il, ce qui lui permettait de travailler seul; il revenait en Allemagne une fois par an, au moment de la foire du livre de Francfort; quand il avait des questions à poser, il le faisait par Internet. Il avait eu la chance de traduire plusieurs best-sellers américains, dont La firme , ce qui lui assurait déjà des revenus honnêtes; la vie n'était pas tellement chère dans la région. Jusqu'à présent il n'y avait presque pas de tourisme, c'était surprenant pour lui de voir débarquer d'un seul coup tous ces compatriotes; il accueillait la nouvelle sans enthousiasme, mais sans réel déplaisir non plus. Ses liens avec l'Allemagne étaient en fait devenus très ténus, bien que son métier l'oblige à pratiquer constamment la langue. Il avait épousé une Thaïe rencontrée dans un salon de massage, et maintenant ils avaient deux enfants.

«C'est facile, ici, d'avoir… euh… des enfants?» demandai-je. J'avais l'impression de poser une question incongrue, un peu comme si je demandais s'il était facile de faire l'acquisition d'un chien. À vrai dire, j'avais toujours éprouvé une certaine répugnance pour les enfants jeunes; pour ce que j'en savais il s'agissait de petits monstres laids, qui chiaient sans contrôle et poussaient des hurlements insoutenables; l'idée d'en avoir un ne m'avait jamais traversé l'esprit. Mais je savais que la plupart des couples le font ; je ne savais pas s'ils en étaient contents, en tout cas ils n'osaient pas s'en plaindre. Au fond, me dis-je en jetant un regard circulaire sur le village de vacances, dans un espace aussi vaste, c'était peut-être envisageable: il se promènerait entre les bungalows, il jouerait avec des bouts de bois, ou je ne sais quoi.

Selon Andréas, oui, il était particulièrement facile d'avoir des enfants ici; il y avait une école à Krabi, on pouvait même y aller à pied. Et les enfants thaïs étaient très différents des enfants européens, beaucoup moins coléreux et capricieux. Ils éprouvaient pour leurs parents un respect proche de la vénération, ça leur venait tout naturellement, ça faisait partie de leur culture. Lorsqu'il rendait visite à sa sœur à Dusseldorf, il était littéralement effaré par le comportement de ses neveux.

Je n'étais qu'à moitié convaincu sur le fonctionnement de cette imprégnation culturelle; je me dis pour me rassurer que Valérie n'avait que vingt-huit ans, en général ça les prenait vers trente-cinq; mais enfin oui, s'il le fallait, j'aurais un enfant d'elle: je savais que l'idée lui viendrait, ce n'était pas évitable. Après tout un enfant c'était comme un petit animal, avec il est vrai des tendances méchantes; disons, c'était un peu comme un petit singe. Ça pouvait même avoir des avantages, me dis-je, éventuellement je pourrais lui apprendre à jouer au Mille Bornes . Je nourrissais une véritable passion pour le Mille Bornes , passion en général inassouvie; à qui aurais-je pu proposer une partie? Certainement pas à mes collègues de travail; pas davantage aux artistes qui venaient me présenter leur dossier. Andréas, peut-être? Je le jaugeai rapidement du regard: non, ça n'avait pas l'air d'être le genre. Cela dit il avait l'air sérieux, intelligent; c'était une relation à cultiver.

«Vous envisagez une installation… définitive? me demanda-t-il.

– Oui, définitive.

– Il vaut mieux voir les choses comme ça, répondit-il en hochant la tête. C'est très difficile de quitter la Thaïlande; je sais que, si ça m'arrivait maintenant, j'aurais beaucoup de mal à m'en remettre.»

16

Les journées passèrent avec une rapidité effrayante; nous devions repartir le 5 janvier. La veille au soir, nous nous retrouvâmes avec Jean-Yves au restaurant principal. Lionel avait décliné l'invitation; il allait voir danser Kim. «J'aime bien la voir danser presque nue devant des hommes… nous dit-il, en sachant que plus tard c'est moi qui l'aurai.» Jean-Yves le regarda s'éloigner.

«Il progresse, l'employé du gaz… nota-t-il, sarcastique. Il découvre la perversion.

– Ne te moque pas de lui… protesta Valérie. Finalement, je comprends ce que tu lui trouves, dit-elle en se tournant vers moi; il est attendrissant, ce garçon. En tout cas, je suis sûre qu'il passe d'excellentes vacances.»

Le soir tombait; des lumières s'allumaient dans les villages qui entouraient la baie. Un dernier rayon de soleil illuminait le toit doré de la pagode. Depuis que Valérie lui avait fait connaître sa décision, Jean-Yves n'en avait pas reparlé. Il attendit le repas pour le faire; il commanda une bouteille de vin.

«Tu vas me manquer… dit-il. Ça ne sera plus pareil. On a travaillé ensemble pendant plus de cinq ans. Ça marchait bien, on n'a jamais eu d'engueulade sérieuse. Sans toi, en tout cas, je n'y serais pas arrivé.» Il parlait de plus en plus bas, comme pour lui-même; la nuit était tombée. «Maintenant, poursuivit-il, on va pouvoir développer la formule. Un des pays les plus évidents, c'est le Brésil. J'ai aussi repensé au Kenya: l'idéal ça serait d'ouvrir un autre club dans l'intérieur du pays, réservé aux safaris, et de passer le club de plage en "Aphrodite". Une autre possibilité immédiate, c'est le Vietnam.

– Tu ne crains pas la concurrence? demandai-je.

– Aucun risque. Les chaînes américaines n'oseront jamais se lancer là-dedans, le courant puritain est beaucoup trop fort aux États-Unis. Ce que je craignais un peu, c'est les réactions de la presse française; mais jusqu'à présent il n'y a rien. Il faut dire qu'on a surtout des clients étrangers; en Allemagne et en Italie, ils sont plus calmes sur ce genre de sujets.

– Tu vas devenir le premier proxénète du monde…

– Proxénète, non, protesta-t-il. On ne prend rien du tout sur les gains des filles; on les laisse travailler, c'est tout.

– Et puis c'est séparé, intervint Valérie; ce n’est pas vraiment le personnel de l'hôtel.

– Enfin, oui… dit Jean-Yves avec hésitation. Ici, c'est séparé; mais j'ai entendu dire qu'à Saint-Domingue les serveuses montaient assez facilement.

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