Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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J'avais bien sûr eu l'intention, en venant à Biarritz, de revoir Isabelle, mais après mon installation à l'hôtel j'eus l'impression que ce n'était, au fond, pas si pressé – chose assez étrange d'ailleurs, parce qu'il était déjà évident pour moi que je ne disposais plus que d'un temps de vie limité. Tous les jours je faisais une promenade sur la plage, d'un quart d'heure environ, je me disais que j'avais une chance de la rencontrer en compagnie de Fox; mais cela ne se produisit pas, et au bout de deux semaines je me décidai à lui téléphoner. Après tout elle avait peut-être quitté la ville, cela faisait déjà plus d'un an que nous n'avions plus aucun contact.
Elle n'avait pas quitté la ville, mais m'informa qu'elle allait le faire dès que sa mère serait morte – ce qui se produirait dans une à deux semaines, un mois au grand maximum. Elle n'avait pas l'air spécialement heureuse de m'entendre, et ce fut moi qui dus lui proposer une rencontre. Je l'invitai à déjeuner au restaurant de mon hôtel; ce n'était pas possible, me dit-elle, les chiens n'y étaient pas admis. Nous convînmes finalement de nous retrouver comme d'habitude au Surfeur d'Argent, mais je sentis tout de suite que quelque chose avait changé. C'était curieux, assez peu explicable, mais pour la première fois j'eus l'impression qu'elle m'en voulait; je me rendis compte aussi que je ne lui avais jamais parlé d'Esther, pas un seul mot, et j'avais du mal à le comprendre parce que nous étions je le répète des gens civilisés, modernes ; notre séparation n'avait été marquée par aucune mesquinerie, en particulier financière, on pouvait dire que nous nous étions quittés bons amis.
Fox avait un peu vieilli et grossi, mais il était toujours aussi câlin, et enjoué; il fallait un peu l'aider pour monter sur les genoux, c'est tout. Nous parlâmes de lui pendant une dizaine de minutes: il faisait le ravissement des rombières rock and roll de Biarritz, probablement parce que la reine d'Angleterre avait le même chien – et Mick Jagger aussi, depuis son anoblissement. Ce n'était pas du tout un bâtard, m'apprit-elle, mais un Welsh Corgi Pem-broke, le chien attitré de la famille royale; les raisons pour lesquelles cette petite créature de noble extraction s'était retrouvée, âgée de trois mois, agrégée à une meute de chiens errants sur le bord d'une autoroute espagnole, resteraient à jamais un mystère.
Le sujet nous retint à peu près un quart d'heure, puis inéluctablement, comme par l'effet d'une loi naturelle, nous en vînmes au cœur du problème, et je parlai à Isabelle de mon histoire avec Esther. Je lui racontai tout, depuis le début, je parlai pendant un peu plus de deux heures, et je terminai par le récit de la party d'anniversaire à Madrid. Elle m'écouta attentivement, sans m'interrompre, sans marquer de réelle surprise. «Oui, tu as toujours aimé le sexe…» dit-elle juste brièvement, à mi-voix, au moment où je me livrais à quelques considérations erotiques. Ça faisait longtemps qu'elle avait deviné Quelque chose, me dit-elle une fois que j'eus terminé; était contente que je me décide à lui en parler.
«Au fond, j'aurai eu deux femmes importantes dans ma vie, conclus-je: la première – toi – qui n'aimait pas suffisamment le sexe; et la deuxième – Esther – qui n'aimait pas suffisamment l'amour.» Cette fois, elle sourit franchement. «C'est vrai… me dit – elle d'une voix changée, curieusement malicieuse et juvénile, tu n'as pas eu de chance…»
Elle réfléchit, puis ajouta: «Finalement, les hommes ne sont jamais contents de leurs femmes…
– Rarement, oui.
– Ils veulent des choses contradictoires, sans doute. Enfin les femmes aussi maintenant, mais c'est plus récent. Au fond, la polygamie était peut-être une bonne solution…»
C'est triste, le naufrage d'une civilisation, c'est triste de voir sombrer ses plus belles intelligences – on commence par se sentir légèrement mal à l'aise dans sa vie, et on finit par aspirer à l'établissement d'une république islamique. Enfin, disons que c'est un peu triste ; il y a des choses plus tristes, à l'évidence. Isabelle avait toujours aimé les discussions théoriques, c'est en partie ce qui m'avait attiré en elle; autant l'exercice est stérile, et peut s'avérer funeste lorsqu'il est pratiqué pour lui-même, autant il est profond, créatif et tendre immédiatement après l'amour – immédiatement après la vraie vie. Nous nous regardions droit dans les yeux et je savais, je sentais que quelque chose allait se produire, les bruits du café semblaient s'être estompés, c'était comme si nous étions entrés dans une zone de silence, provisoire ou définitive, je ne pouvais pas encore me prononcer là-dessus, et finalement, toujours en me regardant dans les yeux, d'une voix nette et irréfutable, elle me dit: «Je t'aime encore».
Te dormis chez elle la nuit même, et aussi les nuits suivantes – sans, toutefois, abandonner ma chambre d'hôtel. Comme je m'y attendais, son appartement était décoré avec goût; il était situé dans une petite résidence au milieu d'un parc, à une centaine de mètres de l'océan. C'est avec plaisir que je préparais la gamelle de Fox, que je lui faisais faire sa promenade; il marchait moins vite, maintenant, et s'intéressait moins aux autres chiens.
Tous les matins, Isabelle prenait sa voiture pour se rendre à l'hôpital; elle passait la plus grande partie de sa journée dans la chambre de sa mère; celle-ci était bien soignée, me dit-elle, ce qui était devenu exceptionnel. Comme chaque année maintenant l'été était caniculaire en France, et comme chaque année les vieux mouraient en masse, faute de soins, dans leurs hôpitaux et leurs maisons de retraite; mais cela faisait déjà longtemps que l'on avait cessé de s'en indigner, c'était en quelque sorte passé dans les mœurs, comme un moyen somme toute naturel de résorber une situation statistique de très grande vieillesse forcément préjudiciable à l'équilibre économique du pays. Isabelle était différente, et je reprenais en vivant avec elle conscience de sa supériorité morale par rapport aux hommes et aux femmes de sa génération: elle était plus généreuse, plus attentive, plus aimante. Sur le plan sexuel, cela dit, il ne se passa rien entre nous; nous dormions dans le même lit sans même en être gênés, sans pouvoir accéder à la résignation pourtant. J'étais fatigué à vrai dire, la chaleur m'accablait moi aussi, je me sentais à peu près autant d'énergie qu'une huître morte, et cette torpeur s'étendait à tout: pendant la journée je m installais pour écrire à une petite table qui donnait sur le jardin mais rien ne me venait, rien ne me paraissait important ni significatif, j'avais eu une vie qui était sur le point de s'achever et voilà tout, j'étais comme tous les autres, ma carrière de showman me paraissait bien loin maintenant, de tout cela il ne resterait nulle trace.
Parfois, pourtant, je reprenais conscience que ma narration avait à l'origine un autre objectif; je me rendais bien compte que j'avais assisté à Lanzarote à une des étapes les plus importantes, peut-être à l'étape décisive de l'évolution du genre humain. Un matin où je me sentais un peu plus d'énergie, je téléphonai à Vincent: ils étaient en plein déménagement, me dit-il, ils avaient décidé de revendre la propriété du prophète à Santa Monica pour transférer le siège social de l'Eglise à Chevilly-Larue. Savant était resté à Lanzarote, près du laboratoire, mais Flic était là avec sa femme, ils avaient acheté un pavillon proche du sien et ils construisaient de nouveaux locaux, ils embauchaient du personnel, ils songeaient à acheter des parts d'antenne dans un canal de télévision dédié aux nouveaux cultes. Manifestement lui-même faisait des choses importantes et significatives, à ses propres yeux tout du moins. Je ne parvenais pourtant pas à l'envier: pendant toute ma vie je ne m'étais intéressé qu'à ma bite ou à rien, maintenant ma bite était morte et j'étais en train de la suivre dans son funeste déclin, je n'avais que ce que je méritais me répétais-je en feignant d'en éprouver une délectation morose alors que mon état mental évoluait de plus en plus vers l'horreur pure et simple, une horreur encore accrue par la chaleur stable et brutale, par l'éclat intransformé de l'azur.
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