Michel Houellebecq - Les particules élémentaires

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L'un est un scientifique de renom, l'autre est anonyme; l'un a choisi une solitude absolue, l'autre ne l'a pas choisie mais la subit quand même ; l'un et l'autre sont frères et n'ont rien en commun, sinon cette propension au malheur. Ou plutôt au "non-bonheur" : bonheur dont les auraient privés les débordements libertaires des années soixante-dix. Chacun de leur côté, en se traînant de fiasco en désastre, et de retraite en désert, ils vont faire de leur vie la preuve de ce désenchantement du monde et révéler enfin la clef des rapports entre les hommes: l'illusion. Lors de sa sortie, ce livre a fait couler beaucoup d'encre, suscité de vives passions et de violents débats, alimentés par la personnalité de son auteur, volontiers provocateur et irrévérencieux. Cela ne fait qu'ajouter à la fascination que provoque la lecture de ce roman, qui remet en cause toutes nos certitudes et nous oblige à réagir. Que l'on aime ou pas le style Houellebecq, il est urgent de lire Les Particules élémentaires. Karla Manuele

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J'ai marché dans la ville pendant plusieurs heures, je suis même retourné au Bar de la Plage. Je me souvenais de Caroline Yessayan, de Patricia Hohweiller; mais à vrai dire je ne les avais jamais oubliées; rien dans les rues ne me les rappelait particulièrement. J'ai croisé beaucoup de jeunes, d'immigrés - surtout des Noirs, beaucoup plus que lors de mon adolescence, ça c'était un vrai changement. Puis je me suis présenté au lycée. Le proviseur s'est amusé de ce que je sois un ancien élève, il a envisagé de rechercher mon dossier, mais j'ai parlé d'autre chose, j'ai réussi à éviter ça. J'avais trois classes: une seconde, une première A, une première S. Le pire, je m'en suis rendu compte tout de suite, ça serait la première A: il y avait trois mecs et une trentaine de filles. Une trentaine de filles de seize ans. Blondes, brunes, rousses. Françaises, beurettes, asiatiques - toutes délicieuses, toutes désirables. Et elles couchaient, ça se voyait, elles couchaient, elles changeaient de garçon, elles profitaient de leur jeunesse; tous les jours je passais devant le distributeur de préservatifs, elles ne se gênaient pas pour en prendre devant moi.

Ce qui a tout déclenché, c'est que j'ai commencé à me dire que j'avais peut-être une chance. Il devait y avoir beaucoup de filles de divorcés, j'arriverais bien à en trouver une à la recherche d'une image paternelle. Ça pouvait marcher; je sentais que ça pouvait marcher. Mais il fallait un père viril, rassurant, aux épaules larges. Je me suis laissé pousser la barbe et je me suis inscrit au Gymnase Club. La barbe ça n'a été qu'un demi-succès, elle poussait clairsemée et me donnait un air un peu louche, à la Salman Rushdie; par contre mes muscles répondaient bien, en quelques semaines j'ai développé des deltoïdes et des pectoraux tout à fait corrects. Le problème, le problème nouveau, c'était mon sexe. Ça peut paraître fou maintenant, mais dans les années soixante-dix on ne s'occupait réellement pas de la taille du sexe masculin; pendant mon adolescence j'ai eu tous les complexes physiques possibles, sauf celui-là. Je ne sais pas qui a commencé à en parler, probablement les pédés; enfin, on trouve également le thème abordé dans les romans policiers américains; par contre, il est totalement absent chez Sartre. Quoi qu'il en soit, dans les douches du Gymnase Club j'ai pris conscience que j'avais une toute petite bite. J'ai vérifié chez moi: 12 centimètres, peut-être 13 ou 14 en tirant au maximum le centimètre pliant vers la racine de la bite. J'avais découvert une nouvelle source de souffrances; et là il n'y avait rien à faire, c'était un handicap radical, définitif. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à haïr les nègres. Enfin il n'y en avait pas beaucoup au lycée, la plupart étaient au lycée technique Pierre-de-Coubertin, là même où l'illustre Defrance faisait du strip-tease philosophique et de la lèche pro-jeunes. Il y en avait juste un dans mes classes, en première A, un grand costaud qui se faisait appeler Ben. Il était toujours avec une casquette et des Nike, je suis sûr qu'il avait une bite énorme. Évidemment, toutes les filles étaient à genoux devant ce babouin; et moi qui essayais de leur faire étudier Mallarmé, ça n'avait aucun sens. C'est comme ça que devait finir la civilisation occidentale, me disais-je avec amertume: se prosterner à nouveau devant les grosses bites, tel le babouin hamadryas. J'ai pris l'habitude de venir en cours sans slip. Le nègre sortait exactement avec celle que j'aurais choisie pour moi-même: mignonne, très blonde, le visage enfantin, de jolis seins en pomme. Ils arrivaient en cours en se tenant par la main. Pendant les devoirs sur table, je laissais toujours les fenêtres fermées; les filles avaient chaud, enlevaient leurs pulls, les seins se collaient aux tee-shirts; je me branlais à l'abri de mon bureau. Je me souviens encore du jour où je leur avais donné à commenter une phrase du Côté de Guermantes: "La pureté d'un sang où depuis plusieurs générations ne se rencontrait que ce qu'il y a de plus grand dans l'histoire de France avait ôté à sa manière d'être tout ce que les gens du peuple appellent 'des manières', et lui avait donné la plus parfaite simplicité."

Je regardais Ben: il se grattait la tête, il se grattait les couilles, il mastiquait son chewing-gum. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y comprendre, ce grand singe? Qu'est-ce que tous les autres pouvaient bien y comprendre, d'ailleurs? Moi-même, je commençais à avoir du mal à comprendre de quoi Proust voulait parler au juste. Ces dizaines de pages sur la pureté du sang, la noblesse du génie mise en regard de la noblesse de race, le milieu spécifique des grands professeurs de médecine… tout ça me paraissait complètement foireux. On vivait aujourd'hui dans un monde simplifié, à l'évidence. La duchesse de Guermantes avait beaucoup moins de thune que Snoop Doggy Dog; Snoop Doggy Dog avait moins de thune que Bill Gates, mais il faisait davantage mouiller les filles. Deux paramètres, pas plus. Bien sûr on aurait pu envisager d'écrire un roman proustien jet set où l'on aurait confronté la célébrité et la richesse, où l'on aurait mis en scène des oppositions entre une célébrité grand public et une célébrité plus confidentielle, à l'usage des happy few; ça n'aurait eu aucun intérêt. La célébrité culturelle n'était qu'un médiocre ersatz à la vraie gloire, la gloire médiatique; et celle-ci, liée à l'industrie du divertissement, drainait des masses d'argent plus considérables que toute autre activité humaine. Qu'était un banquier, un ministre, un chef d'entreprise par rapport à un acteur de cinéma ou à une rock star? Financièrement, sexuellement et à tous points de vue un zéro. Les stratégies de distinction si subtilement décrites par Proust n'avaient plus aucun sens aujourd'hui. Considérant l'homme comme animal hiérarchique, comme animal bâtisseur de hiérarchies, il y avait le même rapport entre la société contemporaine et le XVI siècle qu'entre la tour GAN et le petit Trianon. Proust était resté radicalement européen, un des derniers Européens avec Thomas Mann; ce qu'il écrivait n'avait plus aucun rapport avec une réalité quelconque. La phrase sur la duchesse de Guermantes restait magnifique, évidemment. Il n'empêche que tout cela devenait un peu déprimant, et j'ai fini par me tourner vers Baudelaire, L'angoisse, la mort, la honte, l’ivresse, la nostalgie, l'enfance perdue… rien que des sujets indiscutables, des thèmes solides. C'était bizarre, quand même. Le printemps, la chaleur, toutes ces petites nanas excitantes; et moi qui lisais:

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici…

J'ai marqué une pause. Elles étaient sensibles à ce poème, je le sentais bien, le silence était total. C'était la dernière heure de cours; dans une demi-heure j'allais reprendre le train, et plus tard retrouver ma femme. Tout à coup, venant du fond de la salle, j'ai entendu voix de Ben: "T'as le principe de la mort dans ta tête ho, vieux!…" Il avait parlé fort mais ce n'était pas vraiment une insolence, son ton avait même quelque chose d'un peu admiratif. Je n'ai jamais tout à fait compris s’il s'adressait à Baudelaire ou à moi; au fond, comme com mentaire de texte, ce n'était pas si mal. Il n'empêche que je devais intervenir. J'ai simplement dit: "Sortez." Il n'i pas bougé. J'ai attendu trente secondes, je transpirais de trouille, j'ai vu le moment où je n'allais plus pouvoir parler; mais j'ai quand même eu la force de répéter: "Sortez." Il s'est levé, a rassemblé très lentement ses affaires, il s'est avancé vers moi. Dans toute confrontation violente il y a comme un instant de grâce, une seconde magique où les pouvoirs suspendus s'équilibrent. Il s'est arrêté à ma hauteur, il me dépassait d'une bonne tête, j'ai bien cru qu'il allait me mettre un pain, mais finalement non, il s'est juste dirigé vers la porte. J'avais remporté ma victoire. Petite victoire: il est revenu en cours dès le lendemain. Il semblait avoir compris quelque chose, saisi un de mes regards, parce qu'il s'est mis à peloter sa petite copine pendant les cours. Il retroussait sa jupe, posait sa main le plus haut possible, très haut sur les cuisses; puis il me regardait en souriant, très cool. Je désirais cette nana à un point atroce. J'ai passé le week-end à rédiger un pamphlet raciste, dans un état d'érection quasi constante; le lundi j'ai téléphoné à L'Infini. Cette fois, Sollers m'a reçu dans son bureau. Il était guilleret, malicieux, comme à la télé - mieux qu'à la télé, même. "Vous êtes authentiquement raciste, ça se sent, ça vous porte, c'est bien. Boum boum!" Il a fait un petit mouvement de main très gracieux, a sorti une page, il avait souligné un passage dans la marge: "Nous envions et nous admirons les nègres parce que nous souhaitons à leur exemple redevenir des animaux, des animaux dotés d'une grosse bite et d'un tout petit cerveau reptilien, annexe de leur bite." II a secoué la feuille avec enjouement. "C'est corsé, enlevé, très talon rouge. Vous avez du talent. Des facilités parfois, j'ai moins aimé le sous-titre: On ne naît pas raciste, on le devient. Le détournement, le second degré, c'est toujours un peu… Hmm…" Son visage s'est rembruni, mais il a refait une pirouette avec son fume-cigarettes, il a souri de nouveau. Un vrai clown - gentil comme tout. "Pas trop d'influences, en plus, rien d'écrasant. Par exemple, vous n'êtes pas antisémite!" Il a sorti un autre passage: "Seuls les Juifs échappent au regret de ne pas être nègres, car ils ont choisi depuis longtemps la voie de l'intelligence, de la culpabilité et de la honte. Rien dans la culture occidentale ne peut égaler ni même approcher ce que les Juifs sont parvenus à faire à partir de la culpabilité et de la honte; c'est pourquoi les nègres les haïssent tout particulièrement." L'air tout heureux il s'est renfoncé dans son siège, a croisé les mains derrière la tête; j'ai cru un instant qu'il allait poser les pieds sur son bureau, mais finalement non. Il s'est repenché en avant, il ne tenait pas en place.

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