Amélie Nothomb - Les Catilinaires

Здесь есть возможность читать онлайн «Amélie Nothomb - Les Catilinaires» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les Catilinaires: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les Catilinaires»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Émile, ancien professeur de latin et de grec, se retire avec sa femme Juliette dans une maison paradisiaque, éloignée de tout, avec la certitude d'y couler des jours heureux. Au bout d'une semaine d'éblouissements et de bonheur absolu, voici qu'on sonne à la porte de leur thébaïde: c'est Palamède Bernardin, leur unique voisin, qui va prendre l'habitude de s'imposer ainsi tous les jours, de quatre à six heures, sans dire un mot, ou presque. Cette présence muette, grossière et envahissante, va vite s'avérer plus dérangeante que les bavardages les plus intempestifs. Mais pour le couple, la descente aux enfers ne fait que commencer…
Ce roman très noir, à l'humour tantôt mordant, tantôt dévastateur, démontre de façon impitoyable que le précepte antique "connais-toi toi-même" est toujours d'actualité. L'écriture elle-même garde des traces de cette ambivalence: sous des dehors lisses bouillonnent les perversions et les monstruosités insoupçonnées. Amélie Nothomb poursuit ici sa création d'un univers romanesque original, mis en place dès Hygiène de l'assassin et régulièrement enrichi depuis (Péplum, Attentat…).

Les Catilinaires — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les Catilinaires», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Je commençais à me sentir bien. Le feu de l'art oratoire me remplissait d'énergie.

– Que comptez-vous faire aujourd'hui, Palamède? Je vais vous raconter votre journée: après avoir rentré les commissions, vous allez tomber dans votre fauteuil et regarder quatre horloges jusqu'à l'heure du déjeuner. Vous allez préparer de la nourriture infâme, vous en gaverez Bernadette avant de vous en gaver vous-même, alors que vous détestez manger, et particulièrement cette bouffe infecte. Puis vous vous écroulerez à nouveau dans le fauteuil et vous dévisagerez le temps qui passe et qui meut la petite et la grande aiguille. Nouvelle épreuve alimentaire, ensuite vous vous coucherez et ce sera le plus mauvais moment de votre journée: je devine que, comme moi, vous êtes insomniaque et si mes insomnies sont sordides, que doivent être les vôtres? L'insomnie d'un gros porc qui s'emmerde et qui n'espère même pas dormir puisqu'il n'aime pas ça. Car vous n'aimez rien, Palamède Bernardin! Quand on n'aime rien, il faut mourir. Vous n'allez pas me dire que vous n'avez pas dans votre trousse de médecin des pilules qui puissent vous y aider. Ce sera plus facile que les gaz d'échappement. Courage, Palamède! Il vous suffit d'ouvrir la bouche, d'avaler un tube de comprimés avec un verre d'eau, de vous coucher – et ce sera fini, l'ennui, le vide, le calvaire de la nourriture, les horloges, votre femme et les insomnies! Il n'y aura plus rien et vous ne serez plus là pour vous en rendre compte. Ce sera le salut, Palamède, le salut! Pour l'éternité!

J'avais les joues brûlantes.

Il se passa une chose monstrueuse et que je n'aurais pas crue possible: le voisin se mit à rire. On a l'hilarité qu'on peut: la sienne était pauvre et faible, mais d'autant plus atroce. On eût dit qu'il avait intériorisé la maladie de Parkinson: on voyait trembler ses tripes et de sa bouche sortaient des théories de petits cris.

C'était un spectacle révulsant. En plus, le rieur me regardait dans les yeux. Vaincu, humilié, écœuré, je retournai chez moi.

Ce fut dans la nuit qui suivit que mon dessein prit tournure.

Monsieur Bernardin possédait le rire. D'aucuns en auraient conclu qu'il était un homme, d'autres qu'il était le diable.

Pour ma part, je m'interrogeais surtout quant à la signification de ce rire. Avait-il trouvé ma harangue risible? Ceci eût suggéré qu'il fût un homme de goût: hypothèse irrecevable.

Non, ce devait être un rire ironique. Je l'interprétai en ces termes: «Ça t'arrangerait bien, que je me suicide, hein? Tu cesserais de te sentir coupable. Tout ce que tu viens de dire est vrai, mais tu m'as fait rater la seule chance de quitter cette vie de merde. Non, ce n'est pas facile, même avec des médicaments. Il m'a fallu soixante-dix années pour avoir le courage d'essayer. Il me faudrait soixante-dix années de plus pour avoir celui de recommencer. C'est encore plus dur quand on sait comment c'est. Et toi, toi qui as gâché mon évasion, toi qui as ruiné mon espérance, tu as le culot de venir me dire ça! Tu n'es pas gêné! Eh bien, mon cher, si tu veux réellement que je meure, tue-moi. Si tu veux te racheter, il n'y a pas d'autre moyen: tue-moi!»

On se trompe beaucoup sur le langage des fleurs. Désormais, je comprenais le cri de la glycine. Tout en elle était supplications; sa manière de s'accrocher au mur comme on se pend à la robe d'une reine, de laisser tomber ses grappes bleues comme des lamentations éplorées – j'entendais sa supplique menaçante: «La vie est une longue plainte, une torture insondable dont on pourrait me libérer.»

Aucune des objections que je m'adressais à moi-même ne tenait: il n'avait pas la moindre raison de vivre, il n'avait pas la moindre raison de ne pas mourir, je n'avais pas la moindre excuse de ne pas le tuer.

Je choisis la date du solstice d'été: c'était un peu kitsch comme détermination, mais je manquais tant de courage que j'avais besoin de m'entourer d'une certaine solennité. Le cérémonial a toujours servi à se mettre du plomb dans la cervelle. Sans la grandiloquence des rites, on n'aurait de force pour rien.

Cette décision me calma, ou plutôt elle changea la nature de mon angoisse, ce qui était une forme de rémission.

Je m'exécuterais la nuit, puisque l'Emile Hazel nocturne était à la fois plus sombre et plus hardi. Je ne dis rien à Juliette.

J'attendis qu'il n'y ait plus le moindre souvenir de lumière dans le ciel. Ma femme dormait à poings fermés. Je traversai le pont. Les portes de la maison voisine étaient toutes fermées à double tour. Je cassai la vitre du garage avec mon coude, comme je l'avais fait quand j'avais cru sauver monsieur Bernardin.

Je montai à l'étage et j'entrai dans le débarras qui servait de chambre à mon bourreau. Son lit semblait un monument d'inconfort. Il faisait noir, mais j'y voyais comme un chat: je distinguai aussitôt les yeux ouverts du gros homme couché. J'ayais eu raison de le croire insomniaque.

Pour la première fois, il ne me regardait pas d'un air mécontent. Des profondeurs de son indifférence montait une sorte de soulagement: il savait pourquoi je venais.

Il ne dit rien et je ne dis rien; nous n'étions pas à l'opéra. Messager de la Grande Dame, je ne pris pas une faux, mais un oreiller. Je commis mon acte de compassion.

Personne ne peut imaginer combien c'est facile.

Quand un obèse de soixante-dix ans meurt dans son lit, personne ne se pose de questions.

Je demandai au policier si Juliette et moi pouvions prendre en charge la femme du défunt: il n'y eut pas d'objection. On nous dit même que nous étions de braves gens.

A l'enterrement, Bernadette fut une veuve très présentable.

Il n'y a rien de plus lent que les frais d'hôpital. Fin septembre arriva la note des soins que Palamède avait reçus début avril, suite à sa tentative de suicide. C'était moi qui avais inscrit mon nom sur les fiches administratives et qui les avais signées; c'était donc à moi qu'on réclamait l'argent.

Je payai avec le sourire. Il me semblait que c'était justice: après tout, si je n'avais pas commis la sottise de le tirer de son garage, il n'y aurait pas eu de frais d'hôpital.

En outre, depuis sa mort, j'éprouvais de l'amitié pour mon voisin. Syndrome connu: on aime ceux à qui l'on a fait du bien. Dans la nuit du 2 au 3 avril, je croyais avoir sauvé la vie de monsieur Bernardin. Quelle erreur – quelle égoïste erreur!

En revanche, le 21 juin, je ne m'étais pas donné en spectacle, je n'avais pas jugé le sort d'autrui avec mes propres critères, je n'avais pas accompli un exploit qui me vaudrait l'estime des gens normaux; au contraire, j'étais allé au rebours de ma nature, j'avais fait passer le salut de mon prochain avant le mien, sans aucune chance d'être approuvé par mes pairs, j'avais piétiné mes convictions, ce qui n'est pas grand-chose, mais aussi ma passivité native, ce qui est considérable, pour exaucer le désir d'un pauvre homme – pour que soit exaucée sa volonté, et non la mienne.

Enfin, je m'étais conduit d'une manière généreuse: la vraie générosité est celle que personne ne peut comprendre. Dès que la bonté entre dans le domaine de l'admirable, elle n'est plus de la bonté.

Car c'était pendant la nuit du solstice que, au sens profond de cette expression, j'avais sauvé la vie de Palamède Bernardin.

Juliette ne sait rien. Je ne le lui dirai jamais. Si elle se doutait que l'homme qui partage son lit est un assassin, elle mourrait d'horreur.

A la faveur de son ignorance, elle a estimé que le trépas du voisin était une bonne chose: elle allait enfin pouvoir s'occuper de Bernadette. La maison des Bernardin est devenue claire, propre et aérée. Chaque jour, ma femme passe au moins deux heures avec le kyste. Elle lui apporte des plats cuisinés, des fleurs, des livres d'images. Elle me propose souvent de l'accompagner; je refuse, parce que l'idée d'assister au bain de Bernadette me glace.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les Catilinaires»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les Catilinaires» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Amélie Nothomb - Riquet à la houppe
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Fear and Trembling
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Kosmetyka wroga
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Z pokorą i uniżeniem
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Stupeur et tremblements
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Le sabotage amoureux
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Hygiène de l’assassin
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Mercure
Amélie Nothomb
Amélie Nothomb - Métaphysique des tubes
Amélie Nothomb
Отзывы о книге «Les Catilinaires»

Обсуждение, отзывы о книге «Les Catilinaires» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x