Andreï Makine - Le testament français

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Ce roman a l’originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine, à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, «égarée dans l’immensité neigeuse de la Russie», raconte à son petit-fils et confident.
Ce roman a reçu le prix Goncourt 1995 et ex-aequo le prix Médicis 1995.
***
«Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible […]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière […]. Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas: "C'est la France… Je suis retournée en France. Après… après toute une vie."»

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Elle sourit de nouveau, me regardant dans les yeux. Mais malgré cette intonation enjouée, je devinai dans sa voix un accent profond d'amertume. Confus, je pris une cigarette, je sortis sur le balcon…

C'est là, au-dessus de l'obscurité glacée de la steppe, que je crus enfin comprendre ce que la France était pour elle.

IV

1

C'est en France que je faillis oublier définitivement la France de Charlotte…

En cet automne-là, vingt ans me séparaient du temps de Saranza. Je me rendis compte de cette distance – de ce sacramentel «vingt ans après» – le jour où notre station de radio diffusa sa dernière émission en russe. Le soir, en quittant la salle de rédaction, j'imaginai une étendue infinie, béante entre cette ville allemande et la Russie endormie sous les neiges. Tout cet espace nocturne qui résonnait, encore la veille, de nos voix s'éteignait désormais, me semblait-il, dans le grésillement sourd des ondes vacantes… Le but de nos émissions dissidentes et subversives était atteint. L'empire enneigé se réveillait, s'ouvrant au reste du monde. Ce pays allait bientôt changer de nom, de régime, d'histoire, de frontières. Un autre pays allait naître. On n'avait plus besoin de nous. On fermait la station. Mes collègues échangèrent des adieux artificiellement bruyants et chaleureux et s'en allèrent chacun de leur côté. Certains voulaient refaire leur vie sur place, d'autres plier bagage et partir en Amérique. D'autres encore, les moins réalistes, rêvaient du retour qui devrait les mener sous la tempête de neige d'il y a vingt ans… Personne ne se faisait d'illusions. Nous savions que ce n'était pas seulement une station de radio qui disparaissait, mais notre époque elle-même. Tout ce que nous avions dit, écrit, pensé, combattu, défendu, tout ce que nous avions aimé, détesté, redouté – tout cela appartenait à cette époque. Nous restions devant ce vide, tels des personnages en cire d'un cabinet de curiosités, des reliques d'un empire défunt.

Dans le train qui m'amenait à Paris, je tentai de donner un nom à toutes ces années passées loin de Saranza. Exil comme mode d'existence? Obtuse nécessité de vivre? Une vie à moitié vécue et, somme toute, gâchée? Le sens de ces années me paraissait obscur. J'essayai alors de les convertir en ce que l'homme considère comme valeurs sûres de sa vie: les souvenirs des dépaysements intenses («Depuis, j'ai vu le monde entier!», me disais-je avec une fierté puérile), les corps des femmes aimées…

Mais les souvenirs restaient ternes, les corps étrangement inertes. Ou, parfois, ils perçaient la pénombre de la mémoire avec l'insistance hagarde des yeux d'un mannequin.

Non, ces années n'étaient qu'un long voyage auquel je réussissais, de temps en temps, à trouver un but. Je l'inventais au moment du départ, ou déjà en route, ou même à l'arrivée quand il fallait expliquer ma présence ce jour-là, dans cette ville-là, dans ce pays plutôt que dans un autre.

Oui, un voyage d'un nulle part vers un ailleurs. Dès que l'endroit où je m'arrêtais commençait à s'attacher à moi, à me retenir dans l'agréable routine de ses jours, il fallait déjà m'en aller. Ce voyage ne connaissait que deux temps: l'arrivée dans une ville inconnue et le départ d'une ville dont les façades se mettaient à peine à frémir sous le regard… Il y a six mois, j'arrivais à Munich et en sortant de la gare, je me disais avec beaucoup de sens pratique qu'il faudrait trouver un hôtel puis un appartement le plus près possible de mon nouveau travail à la radio…

À Paris, le matin, j'eus l'illusion fugitive d'un vrai retour: dans une rue, non loin de la gare, une rue encore mal réveillée en cette matinée de brume, je vis une fenêtre ouverte et l'intérieur d'une pièce respirant un calme simple et quotidien mais pour moi mystérieux, avec une lampe allumée sur la table, une vieille commode en bois sombre, un tableau légèrement décollé du mur. Je frissonnai tant la tiédeur de cette intimité entrevue me parut tout à coup ancienne et familière. Monter l'escalier, frapper à la porte, reconnaître un visage, se faire reconnaître… Je me hâtai de chasser cette sensation de retrouvailles dans laquelle je ne voyais, alors, rien d'autre que la défaillance sentimentale d'un vagabond.

La vie s'épuisa rapidement. Le temps stagna, perceptible désormais uniquement à l'usure des talons sur l'asphalte humide, à la succession des bruits, bientôt connus par cœur, que les courants d'air traînaient du matin au soir dans les couloirs de l'hôtel. La fenêtre de ma chambre donnait sur un immeuble en démolition. Un mur couvert de papier peint se dressait au milieu des gravats. Fixé sur ce pan coloré, un miroir, sans cadre, reflétait la profondeur légère et fuyante du ciel. Chaque matin, je me demandais si j'allais retrouver ce reflet en écartant les rideaux. Ce suspens matinal rythmait, lui aussi, le temps immobile auquel je m'habituais de plus en plus. Et même l'idée qu'il faudrait, un jour, en finir avec cette vie, qu'il faudrait rompre ce peu qui me reliait encore à ces jours d'automne, à cette ville, me tuer peut-être – même une telle pensée devint bientôt une habitude… Et quand, un matin, j'entendis le bruit sec d'un éboulement et que derrière les rideaux, à la place du mur, je vis un vide fumant de poussière – cette pensée m'apparut comme une merveilleuse sortie de jeu.

Je m'en souvins quelques jours plus tard… J'étais assis sur un banc, au milieu d'un boulevard gorgé de bruine. A travers l'engourdissement de la fièvre, je sentais en moi comme un dialogue muet entre un enfant apeuré et un homme: l'adulte, inquiet lui-même, tentait de rassurer l'enfant en parlant sur un ton faussement enjoué. Cette voix encourageante me disait que je pouvais me lever et revenir au café pour prendre encore un verre de vin et rester une heure au chaud. Ou descendre dans la moiteur tiède du métro. Ou même essayer de passer encore une nuit à l'hôtel sans avoir plus de quoi payer. Ou, le cas échéant, entrer dans cette pharmacie à l'angle du boulevard et m'asseoir sur une chaise en cuir, ne pas bouger, me taire et quand les gens viendront s'attrouper autour de moi, chuchoter tout bas: «Laissez-moi tranquille, une minute, dans cette lumière et cette chaleur. Je m'en irai, je vous le promets…»

L'air aigre au-dessus du boulevard se condensa, s'émietta en une pluie fine, patiente. Je me levai. La voix rassurante s'était tue. Il me semblait que ma tête était enveloppée dans un nuage de coton brûlant. J'évitai un passant qui marchait en tenant une fillette par la main. J'avais peur d'effrayer l'enfant par mon visage enflammé, par les tremblements de froid qui me secouaient… Et voulant traverser la chaussée, je butai contre le bord du trottoir et agitai les bras comme un funambule. Une voiture freina en m'évitant de justesse. Je ressentis un bref frottement de la portière contre ma main. Le chauffeur prit la peine de baisser la vitre et il me lança un juron. Je voyais sa grimace, mais les paroles me parvenaient avec une étrange lenteur cotonneuse. Au même instant, cette pensée m'éblouit par sa simplicité: «Voilà ce qu'il me faut. Ce choc, cette rencontre avec le métal, mais bien plus violente. Ce choc qui fracasserait la tête, la gorge, la poitrine. Ce choc et le silence immédiat, définitif.» Quelques coups de sifflets percèrent le brouillard fiévreux qui me brûlait le visage. Absurdement, je pensai à un policier qui se serait jeté à ma poursuite. J'accélérai le pas, pataugeant sur un gazon détrempé. J'étouffai. Ma vue se brisa en une multitude de facettes coupantes. J'eus envie de me terrer comme une bête.

Ce portail grand ouvert m'aspira par le vide brumeux d'une large allée qui s'ouvrait derrière lui. Il me sembla nager entre deux rangs d'arbres, dans l'air mat de la fin du jour. Presque aussitôt l'allée se remplit de sifflets stridents. Je tournai dans un passage plus étroit, dérapai sur une dalle lisse, m'engouffrai entre d'étranges cubes gris. Enfin, sans force, je m'accroupis derrière l'un d'eux. Les sifflets résonnèrent un moment, puis se turent. De loin, j'entendis le grincement de la grille du portail. Sur le mur poreux du cube, je lus ces mots sans en saisir tout de suite le sens: Concession à perpétuité. N°… Année 18…

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