Romain Gary - La vie devant soi

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Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que « ça ne pardonne pas » et parce qu'il n'est « pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur ». Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son « trou juif », elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré « des peuples à disposer d'eux-mêmes » qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.

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J’ai tout de suite vu qu’elle s’était encore détériorée pendant mon absence et surtout en haut, à la tête, où elle allait encore plus mal qu’ailleurs. Elle m’avait souvent dit en rigolant que la vie ne se plaisait pas beaucoup chez elle, et maintenant ça se voyait. Tout ce qu’elle avait lui faisait mal. Il y avait déjà un mois qu’elle ne pouvait plus faire le marché à cause des étages et elle me disait que si j’étais pas là pour lui donner des soucis, elle n’aurait plus aucun intérêt à vivre.

Je lui ai raconté ce que j’ai vu dans cette salle ou on revenait en arrière, mais elle a seulement soupiré et nous avons fait dînette. Elle savait qu’elle se détériorait rapidement mais elle faisait encore très bien la cuisine. La seule chose qu’elle ne voulait pour rien au monde, c’était le cancer, et là elle avait de la veine vu que c’était la seule chose qu’elle n’avait pas. Pour le reste, elle était tellement endommagée que même ses cheveux s’étaient arrêtés de tomber parce que la mécanique qui les faisait tomber s’était détériorée elle aussi. Finalement, j’ai couru appeler le docteur Katz et il est venu. Il n’était pas tellement vieux mais il ne pouvait plus se permettre les escaliers qui se portent au cœur. Il y avait là deux ou trois mômes à la semaine dont deux partaient le lendemain et le troisième à Abidjan où sa mère allait se retirer dans un sex-shop. Elle avait fêté sa dernière passe deux jours auparavant, après vingt ans aux Halles, et elle a dit à Madame Rosa qu’après elle était toute émue, elle avait l’impression d’avoir vieilli d’un seul coup. On a aidé le docteur Katz à monter en le soutenant de tous les côtés et il nous a fait sortir pour examiner Madame Rosa. Quand on est revenu, Madame Rosa était heureuse, ce n’était pas le cancer, le docteur Katz était un grand médecin et avait fait du bon boulot. Après, il nous a tous regardés, mais quand je dis tous, ce n’était plus que des restes et je savais que j’allais bientôt être seul, là-dedans. Il y avait une rumeur d’Orléans que la Juive nous affamait. Je ne me souviens même plus des noms des trois autres mômes qu’il y avait là, sauf une fille qui s’appelait Édith, Dieu sait pourquoi, car elle avait pas plus de quatre ans.

— Qui est l’aîné, là-dedans ?

Je lui ai dit que c’était Momo comme d’habitude, car j’ai jamais été assez jeune pour éviter les emmerdes.

— Bon, Momo, je vais faire une ordonnance et tu vas aller à la pharmacie.

On est sorti sur le palier et là il m’a regardé comme on fait toujours pour vous faire de la peine.

— Écoute, mon petit, Madame Rosa est très malade.

— Mais vous avez dit qu’elle avait pas le cancer ?

— Ça elle n’a pas, mais franchement, c’est très mauvais, très mauvais.

Il m’a expliqué que Madame Rosa avait sur elle assez de maladies pour plusieurs personnes et il fallait la mettre à l’hôpital, dans une grande salle. Je me souviens très bien qu’il avait parlé d’une grande salle, comme s’il fallait beaucoup de place pour toutes les maladies qu’elle avait sur elle, mais je pense qu’il disait ça pour décrire l’hôpital sous des couleurs encourageantes. Je ne comprenais pas les noms que Monsieur Katz m’énumérait avec satisfaction, car on voyait bien qu’il avait beaucoup appris chez elle. Le moins que j’ai compris, c’est lorsqu’il m’a dit que Madame Rosa était trop tendue et qu’elle pouvait être attaquée d’un moment à l’autre.

— Mais surtout, c’est la sénilité, le gâtisme, si tu préfères…

Moi je préférais rien mais j’avais pas à discuter. Il m’a expliqué que Madame Rosa s’était rétrécie dans ses artères, ses canalisations se fermaient et ça ne circulait plus là où il fallait.

— Le sang et l’oxygène n’alimentent plus convenablement son cerveau. Elle ne pourra plus penser et va vivre comme un légume. Ça peut encore durer longtemps et elle pourra même avoir encore pendant des années des lueurs d’intelligence, mais ça ne pardonne pas, mon petit, ça ne pardonne pas.

Il me faisait marrer, avec cette façon qu’il avait de répéter « ça ne pardonne pas, ça ne pardonne pas », comme s’il y avait quelque chose qui pardonne.

— Mais c’est pas le cancer, n’est-ce pas ?

— Absolument pas. Tu peux être tranquille.

C’était quand même une bonne nouvelle et je me suis mis à chialer. Ça me faisait vachement plaisir qu’on évitait le pire. Je me suis assis dans l’escalier et j’ai pleuré comme un veau. Les veaux ne pleurent jamais mais c’est l’expression qui veut ça.

Le docteur Katz s’est assis à côté de moi sur l’escalier et il m’a mis une main sur l’épaule. Il ressemblait à Monsieur Hamil par la barbe.

— Il ne faut pas pleurer, mon petit, c’est naturel que les vieux meurent. Tu as toute la vie devant toi.

Il cherchait à me faire peur, ce salaud-là, ou quoi ? J’ai toujours remarqué que les vieux disent « tu es jeune, tu as toute la vie devant toi », avec un bon sourire, comme si cela leur faisait plaisir.

Je me suis levé. Bon je savais que j’ai toute ma vie devant moi mais je n’allais pas me rendre malade pour ça.

J’ai aidé le docteur Katz à descendre et je suis remonté très vite pour annoncer à Madame Rosa la bonne nouvelle.

— Ça y est, Madame Rosa, c’est maintenant sûr, vous avez pas le cancer. Le docteur est tout à fait définitif là-dessus.

Elle a eu un immense sourire, parce qu’elle a presque plus de dents qui lui restent. Quand Madame Rosa sourit, elle devient moins vieille et moche que d’habitude car elle a gardé un sourire très jeune qui lui donne des soins de beauté. Elle a une photo où elle avait quinze ans avant les exterminations des Allemands et on pouvait pas croire que ça allait donner Madame Rosa un jour, quand on la regardait. Et c’était la même chose à l’autre bout, il était difficile d’imaginer une chose pareille, Madame Rosa à quinze ans. Elles n’avaient aucun rapport. Madame Rosa à quinze ans avait une belle chevelure rousse et un sourire comme si c’était plein de bonnes choses devant elle, là où elle allait. Ça me faisait mal au ventre de la voir à quinze ans et puis maintenant, dans son état des choses. La vie l’a traitée, quoi. Des fois, je me mets devant une glace et j’essaie d’imaginer ce que je donnerai quand j’aurai été traité par la vie, je fais ça avec mes doigts en tirant sur mes lèvres et en faisant des grimaces.

C’est comme ça que j’ai annoncé à Madame Rosa la meilleure nouvelle de sa vie, qu’elle n’avait pas le cancer.

Le soir on a ouvert la bouteille de champagne que Monsieur N’Da Amédée nous avait offerte pour fêter que Madame Rosa n’avait pas le pire ennemi du peuple, comme il le disait, car Monsieur N’Da Amédée voulait aussi faire de la politique. Elle s’est refait une beauté pour le champagne, et même Monsieur N’Da Amédée parut étonné. Puis il est parti mais il en restait encore dans la bouteille. J’ai rempli le verre à Madame Rosa, on a fait tchin tchin et j’ai fermé les yeux et j’ai mis la Juive en marche arrière jusqu’à ce qu’elle eut quinze ans comme sur la photo et j’ai même réussi à l’embrasser comme ça. On a fini le champagne, j’étais assis sur un tabouret, à côté d’elle et j’essayais de faire bonne figure pour l’encourager.

— Madame Rosa, bientôt, vous irez en Normandie, Monsieur N’Da Amédée va vous donner des sous pour ça.

Madame Rosa disait toujours que les vaches étaient les personnes les plus heureuses du monde et elle rêvait d’aller vivre en Normandie où c’est le bon air. Je crois que j’avais encore jamais autant souhaité être un flic que lorsque j’étais assis sur le tabouret à lui tenir la main, tellement je me sentais faible. Puis elle a demandé sa robe de chambre rose mais on a pas pu la faire entrer dedans parce que c’était sa robe de chambre de pute et elle avait trop engraissé depuis quinze ans. Moi je pense qu’on respecte pas assez les vieilles putes, au lieu de les persécuter quand elles sont jeunes. Moi si j’étais en mesure, je m’occuperais uniquement des vieilles putes parce que les jeunes ont des proxynètes mais les vieilles n’ont personne. Je prendrais seulement celles qui sont vieilles, moches et qui ne servent plus à rien, je serais leur proxynète, je m’occuperais d’elles et je ferais régner la justice. Je serais le plus grand flic et proxynète du monde et avec moi personne ne verrait plus jamais une vieille pute abandonnée pleurer au sixième étage sans ascenseur.

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