Жан-Мари Леклезио - Alma

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Alma: краткое содержание, описание и аннотация

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Voici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :
« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d’hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s’éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d’or. Je suis dans mon île, ce n’est pas l’île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n’est pas l’île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c’est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d’or, les yeux levés vers l’intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »

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Je n’ai pas osé interrompre son verbiage pour lui poser la seule question qui m’importe.

« On se baignait dans la rivière avec mes cousins et mes cousines, pas dans la mer, c’était dangereux, les filles restaient habillées, on entrait dans l’eau jusqu’au cou, on faisait pipi dans la rivière, ça nous chatouillait, ça nous faisait rire à cause des petits poissons qui nous mordaient, mais on n’aurait jamais avoué. »

Jeanne me fait faire le tour de son salon. Sur les étagères, les livres anciens dont la reliure en cuir est verte de moisissure. Dans un vaisselier, les assiettes de la Compagnie ornées de fleurs multicolores, une soupière ébréchée. Jeanne dit qu’elle ne les utilise pas. C’est tout ce qui reste du trésor de guerre du navigateur ? Sur la table, je vois sa vaisselle de tous les jours, des écuelles émaillées, une casserole bleue, des verres à moutarde et une vache à eau en plastique terne. Des fauteuils en bois, style colonial anglais, des vases posés par terre. En équilibre sur le cadre d’un tableau, tellement immobile que j’ai cru d’abord qu’elle était empaillée, une poule Bantam. La maison est porte et fenêtres grandes ouvertes, une vieille chienne blanc sale est couchée sur le seuil. Elle ne bouge pas quand je m’approche, mais ses oreilles sont dressées pour écouter le bruit des camions qui dévalent le chemin.

« Elle s’appelle Zilie, et la poule s’appelle Zistine », dit Jeanne. A-t-elle choisi ces noms par hasard ?

Alors que je finis de boire mon thé, deux garçons viennent aux nouvelles. J’entends Jeanne qui leur parle en créole, je comprends qu’elle les rassure sur ma présence, je ne suis pas envoyé par les promoteurs de l’Harmonie pour lui faire vendre sa maison.

« Ce sont de braves petits gars, commente Jeanne Tobie. Ils habitent un peu plus loin, à côté de la Tour, ils seront aux premières loges quand les travaux vont commencer. »

Je ne pose pas de questions.

« C’est Maingam pour le plus jeune, et son copain Pierre. Ils se sont installés ici pour faire du surf, pour pêcher, ce sont les nouveaux Robinson, mais c’est fini pour eux, ils n’ont pas encore compris, ils vont devoir partir ailleurs, c’est pareil pour tout le monde, quand on n’a pas le sou ! »

Je reste encore un peu assis sur le bord de la chaise, je ne sais pas comment m’en aller. Je n’ai pas eu le courage de lui poser les questions pour lesquelles je suis venu la voir, cette plage noire où il y a deux cents ans son ancêtre, le valeureux corsaire, débarquait de son navire l’Africain sa cargaison humaine pour les planteurs de Pailles, de Beau Bassin, de Plaines Wilhems. Sans doute n’était-il même pas à bord. Dans ses bureaux de Rempart Street, ou bien même déjà retourné à Saint-Malo, pour finir ses jours dans sa ferme de Saint-Servan, sans pensée pour ce coin du monde où les hommes, les femmes, les jeunes garçons étaient jetés, titubant dans le sable, le corps couvert de plaies, les gencives mangées par le scorbut, tremblant de fièvre et de peur, roulant leurs yeux effarés devant le plus beau paysage du monde qui serait bientôt leur tombeau.

Je suis sorti de chez Jeanne Tobie. En vain j’ai essayé d’apercevoir les fantômes, âmes errantes entre la mer et les roches noires des montagnes. Après une ondée sur les hauts, le ciel s’est déchiré sur un arc déployé d’un bout à l’autre de l’horizon, et le soleil a éclairé les champs de cannes, les arbres de la forêt, comme s’il n’y avait pas d’humains sur cette île. C’était l’heure où les canots débarquaient les captifs. Dans le silence du crépuscule, avec les mêmes cris rauques des corbijous, le raclement des vagues sur le sable. Mais maintenant il n’y a que les silhouettes des garçons et des filles revenant de la glisse, vêtus de leurs combinaisons noires, un instant confondus avec les corps luisants des Africains et des Malgaches livrés par les bateaux, enchaînés deux par deux.

Jeanne Tobie m’a rejoint sur la plage. Elle aussi regarde la baie où la nuit s’installe. J’allais lui dire une banalité, juste quelques mots de consolation pour qu’elle oublie son obsession — après tout elle sera peut-être morte avant que le chantier soit fini —, mais c’est elle qui parle des fantômes.

« Vous voyez ce beau pays, ce coin de paradis, c’est ce qu’ils disent sur les dépliants, ceux qui arrivaient par la mer voyaient tout ceci en premier, la ligne des montagnes dessinées par les fées, ou par les démons ? »

Sa voix est assourdie, j’y perçois une note d’angoisse.

« Pas un jour sans que j’y pense. Sur cette plage, tous ces corps rejetés par les vagues. Sur eux on jetait de la poix, pour les brûler, pas par religion, pour éviter la contagion, ou pour ne pas laisser de traces. L’horreur, monsieur O’Connor », elle oublie déjà mon nom, « l’horreur quoi qu’on raconte. Les gens viennent de partout, ils vont passer leurs vacances dans les palais au bord de l’eau, ils diront : “Ah, l’Harmonie ! Quel joli nom, n’est-ce pas ? On est bien, au calme, la mer pour horizon, loin du peuple mauricien. On est entre nous.” Mais chaque soir, s’ils viennent de ce côté, ils vont comme moi entendre les morts, les pleurs des enfants, les coups de fouet, les injures des gardiens, les aboiements des chiens ! »

Allons, on ne m’a pas menti. La Surcouve est bien la descendante du corsaire, prête à sabrer tout ce qui lui déplaît, y compris l’héritage de son ancêtre. Elle ne s’est pas endormie sur son or, elle n’a pas engraissé dans des habits de cérémonie, entourée de flagorneurs et d’honneurs. Elle est debout toute seule sur sa plage noire, face aux fantômes.

« Vous reviendrez me voir, n’est-ce pas ? »

Je n’ai rien promis. La vie est courte et cette île est infinie.

Emmeline,

elle s’appelle Emmeline Carcénac, elle a quatre-vingt-quatorze ans, elle est la dernière descendante de Sibylle, la fille d’Axel. Je veux la rencontrer parce que je sais qu’elle a connu mon père dans son enfance, même si elle est lointaine dans l’histoire de notre famille je l’appelle tante. Depuis longtemps elle a quitté le domaine Alma pour vivre dans une petite hutte en bois, à côté du Mahatma Gandhi Institute. Elle vit seule, malgré son grand âge, sauf que de temps à autre elle partage son logement avec une autre vieille, pensionnaire à Bonne Terre, une certaine Olga, une ancienne chanteuse d’opéra à ce qu’on raconte, originaire de Pau, et qui a fini par échouer ici après une vie d’aventures. Par M me Pâtisson, ma logeuse à Blue Bay, j’ai eu son adresse. Pas de téléphone. Si on veut la joindre, on appelle la boutique chinois au carrefour de Moka, et M. Li envoie un garçon à vélo qui revient une demi-heure plus tard avec la réponse. Emmeline n’a pas d’argent, pas de relations, elle a coupé les ponts avec ceux d’en haut, les Armando, les Robinet de Bosses, les Escalier, ceux d’Alma. De toute façon tous ceux de sa génération sont morts. Mais les gens ont la mémoire longue, ils se souviennent du temps d’autrefois, lorsque Emmeline Carcénac était quelqu’un. La légende a survécu.

Emmeline m’accueille sur le pas de la porte. C’est une petite vieille en robe-tablier, coiffée en chignon, pieds nus dans ses savates. Elle semble robuste pour son âge, elle n’a pas besoin de canne. Son visage fripé, tanné, édenté ressemblerait un peu à celui d’une Indienne d’Amérique, sauf qu’elle a les yeux d’un vert trouble.

« Viens me voir, approche ! » Elle me tutoie d’emblée, parce qu’elle croit que nous sommes de la même lignée, ou bien peut-être qu’elle tutoie tout le monde, à la mode créole. « Tu dois ressembler à ton père, je l’ai bien connu, il a dû te parler de moi ? »

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