Жан-Мари Леклезио - Alma

Здесь есть возможность читать онлайн «Жан-Мари Леклезио - Alma» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2017, ISBN: 2017, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Alma: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Alma»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Voici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :
« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d’hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s’éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d’or. Je suis dans mon île, ce n’est pas l’île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n’est pas l’île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c’est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d’or, les yeux levés vers l’intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »

Alma — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Alma», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

J’écoute son bavardage, avec Jeanne Tobie je me suis habitué, mais je voudrais bien lui poser la question, la seule question qui importe. Je ne sais pas si j’ai le droit, moi qui ne suis pas d’ici, qui ne connais rien à la vie dans l’île, moi qui vis si loin, dans l’abri de mes certitudes. Je regarde son visage ancien, la peau collée aux os de son crâne, tachée de brun par l’âge et la lumière.

« Est-ce qu’il t’a raconté quand nous sommes allés au cinéma ensemble pour la première fois ? C’était juste avant son départ, tes grands-parents avaient déménagé d’Alma pour aller à Rose Hill. Lui s’était engagé dans l’armée pour échapper à cette histoire, il portait son uniforme kaki, son petit bonnet, il avait signé son engagement mais il ne l’avait dit à personne, il avait tout juste quinze ans, pour avoir l’âge légal il avait falsifié ses papiers. Il est parti rejoindre le corps colonial, pour l’exercice en forêt. Nous avons pris le train jusqu’à Curepipe, il pleuvait à verse, il m’abritait sous sa capote militaire. Nous sommes allés au cinéma voir un film muet, Œdipe roi , plus personne ne connaît ça, ensuite nous avons mangé un gâteau dans la pâtisserie à côté du Carnegie, et puis il m’a ramenée jusqu’à Saint-Pierre. C’était la dernière fois, après ça je ne l’ai plus jamais revu. »

Il me semble que j’ai trouvé un moyen. En me penchant un peu, parce que j’ai envie qu’elle fasse attention à ce que je vais lui dire :

« Tante, est-ce que vous avez connu Topsie ? »

Elle est étonnée par ma question, elle ne répond pas tout de suite.

« Tu veux dire… Topsie, le vieux Topsie qui était à Alma depuis toujours ? »

Je crois qu’elle a compris le sens de ma question.

« Moi je ne m’en souviens pas, je pense bien qu’il est mort avant ma naissance, mais tout le monde parlait de lui, quand il est arrivé à Alma, et qu’on l’a débarqué de la charrette, et qu’il s’est sauvé dans les arbres parce qu’il croyait qu’on allait le manger. »

C’est un souvenir si ancien qu’il crispe un peu son visage, comme si elle devait faire un effort pour l’arracher à l’oubli.

« Oui, on m’a raconté tout ça, à ton père, à toi aussi, Topsie perché sur son arbre, et les gens en bas qui lui criaient : Descends, personne ne va te manger, pas avoir peur, Topsie, viens nous voir ! Un vrai chat perché. Mais lui était libre, il avait été pris sur un bateau qui faisait la traite à Aden, on ne savait pas quoi faire de lui alors on l’avait donné aux Fe’sen d’Alma, c’est là qu’il a vécu, et quand il est mort, je ne sais même pas où on l’a enterré, je crois dans le petit bois près de la Mare, il avait passé sa vie à chasser les pigeons dans la forêt, tout le monde parlait de lui, il faisait partie de la famille. »

Elle réfléchit un peu, et puis les vannes de sa mémoire s’ouvrent davantage :

« Il y avait beaucoup de Noirs à Alma, dis-toi qu’à une époque ils étaient aussi nombreux qu’à Beau Vallon, cent ou cent cinquante, mais ça ne s’appelait pas encore Alma, ça s’appelait Helvetia, ou Saint-Pierre, je ne sais plus. Il y avait un camp près de chez nous, j’ai visité l’endroit avec Papa, il m’a montré un jour ce qui restait du vieux camp des Noirs, près de l’usine. Il y avait encore quelques cabanes, mais c’étaient des vieux et des vieilles qui habitaient là-dedans, bien misères. C’est très ancien, je sais. Il n’en reste plus rien, sauf les noms, Camp Veleta, Camp Kafir, et les traces dans les champs, les roches noires entassées en murailles, on appelle ça les pyramides créoles, moi je voudrais dire les monuments aux martyrs de la plantation. »

Emmeline fait un geste pour chasser ces fantômes.

« Nous les filles, nous rêvions d’aller en Europe, surtout à Paris, mais ça restait un rêve à moins d’épouser un officier de marine ou un bourgeois parisien, mais ils ne venaient pas souvent de ce côté. Nous habitions Alma, mais nous n’avions rien à voir avec la sucrerie, les affaires, Papa n’avait hérité de rien, tout est allé aux autres, à ceux de Circonstance, enfin tu sais déjà tout ça, tu connais leurs noms, nous, nous habitions là par charité, c’est ce que le vieux pirate Armando avait décrété, par charité, pour que nous ne soyons pas jetés à la rue. De votre côté, ton papa et tes grands-parents, vous habitiez un joli coin, près de la rivière, avec tous les beaux arbres fruitiers, les manguiers, les pamplemousses, et la forêt de palmistes, et bien sûr les Armando guignaient tout ça, ils en voulaient bien, alors quand l’usine a fait faillite, ils ont fait valoir que vous n’aviez pas de titre, que la maison et les arbres faisaient partie de la plantation, et qu’ils allaient récupérer tout pour installer la maison des administrateurs, pour la Lonrho, la Sugar Island, et c’est ce qu’ils ont fait, alors vous n’avez plus eu qu’à partir, et c’est pour ça que ton père s’est engagé dans l’armée, pas parce qu’il était tellement patriote, mais parce qu’il ne voulait pas assister à la déconfiture… Et tu vois, nous aussi, nous sommes partis, la vie devenait impossible, ils mettaient la bagasse à sécher dans la cour, et les camions, le charivari des camions, si ce n’était pas la coupe, c’était le labourage, ou bien ils brûlaient les souches des cannes sous le vent et nous étions dans le brouillard. »

Je suis resté longtemps chez la tante Emmeline. Dans sa maison, il n’y a rien, pas un souvenir, pas un objet familier. J’aime bien, cela donne plus de force aux souvenirs, parce qu’ils deviennent imaginaires. Elle a tout donné à ses nièces, à ses petits-enfants, elle n’a gardé que les meubles indispensables, la table dont personne n’a voulu, parce qu’elle pèse des tonnes, les chaises défoncées, et les ustensiles de cuisine de l’an quarante, casseroles sans manche, verres à pied ébréchés, assiettes dépareillées. Elle s’en moque : « Tu vois, Jérémie, l’héritage a eu lieu, Alma n’existe plus, et c’est tant mieux, ces châteaux des grands dimounes c’était tout de même un peu ridicule ! »

Sur la commode, un livre relié en cuir noir, mangé par le temps et les carias : L’Imitation de Jésus-Christ , traduction par l’Abbé Lamennais. Je me souviens d’avoir vu le même sur la table de nuit de mon père.

Emmeline commente : « C’était à mon arrière-arrière-grand-mère Sibylle, elle l’avait reçu d’Axel, pour son goût de la religion, j’imagine. »

Sur la page de garde je lis en effet la dédicace : Pour Sibylle, Axel Felsen , et son ex-libris en lettres d’or, un A et un F entrelacés.

« Il m’arrive de le relire, dit Emmeline. Ça a un peu vieilli, mais certaines phrases j’aime bien, ça dit qu’il faut renoncer au monde, c’est bien pour moi, de toute façon je n’ai plus le choix, n’est-ce pas ? »

Elle se lance dans son discours favori, un discours de vieille qui n’a plus que les souvenirs les plus lointains. Je crois qu’elle oublie qui je suis, ou bien elle s’en moque. « Ils ont disparu, plus personne ne se souvient d’eux, comment dit-on en anglais ? Dead as a dodo , c’est tout à fait ça… Cossigny, Maingard, Poret, Garnier… Dufresne, Protet… Moreau de Pers, Le Fer, Tréhouart, Portebarrée… Kergaliou, Kervern… Le Roux, Le Bon, Cochet… Quoniam, Laroque, Malefille, Lacombe, Malroux… Fabre… Giron, Loriol… Épron… Le Nouvel… »

C’est une litanie. Elle marmonne, les yeux mi-clos. « Tous ces noms, toutes ces familles… Les fêtes qu’ils faisaient, les mariages, les ramées, les paniers fleuris, les tables pleines de fruits… Les festins, dans les chassés… L’oncle Ravel, toujours en costume noir, et l’oncle Pestel, l’homme fort, il portait un cerf à lui tout seul sur les épaules, il le mettait à rôtir sur le feu… Et son petit-fils sur ses genoux, l’oncle Pestel le forçait à manger la viande presque crue : Allez, mange, sois un homme ! Il lui poussait les morceaux dans la bouche, à l’étouffer, pauvre enfant ! »

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Alma»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Alma» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Жан-Мари Леклезио - Диего и Фрида
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Леклезио - L’enfant de sous le pont
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Леклезио - Смотреть кино
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Леклезио - Танец голода
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Гюстав Леклезио - Золотая рыбка
Жан-Мари Гюстав Леклезио
Жан-Мари Гюстав Леклезио - Онича
Жан-Мари Гюстав Леклезио
libcat.ru: книга без обложки
Жан-Мари-Гюстав Леклезио
libcat.ru: книга без обложки
Жан-Мари Леклезио
libcat.ru: книга без обложки
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Леклезио - Африканец
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Леклезио - Битна, под небом Сеула
Жан-Мари Леклезио
Жан-Мари Гюстав Леклезио - Битна, под небом Сеула
Жан-Мари Гюстав Леклезио
Отзывы о книге «Alma»

Обсуждение, отзывы о книге «Alma» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x