Жан-Мари Леклезио - Alma

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Alma: краткое содержание, описание и аннотация

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Voici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :
« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d’hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s’éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d’or. Je suis dans mon île, ce n’est pas l’île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n’est pas l’île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c’est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d’or, les yeux levés vers l’intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »

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Le reste, Debussy, Mendelssohn, Schubert, Chopin, tout ça je peux jouer dans ma tête, mais Auld Lang Syne , je ne l’oublie pas. Si c’est ouvert, j’entre au théâtre de Beau Bassin, je retrouve mon vieux Hirschen, il est tout seul dans son coin, quand il pleut les gouttes passent par le toit et mouillent le clavier, mais ça ne fait rien, je joue. Les gens viennent, des enfants des écoles, ou bien le gardien, ils écoutent un instant, mais c’est toujours le même air alors ils se fatiguent et ils s’en vont. Un jour M. Jules Patel qui travaille à la mairie m’écoute, il me dit : « Tu joues bien, mais tu joues tout le temps la même chose ! » Je dis que je ne connais rien d’autre, ce n’est pas vrai, autrefois je suis capable de jouer Chopin et Debussy, mais je n’ai pas envie de parler de ma grand-mère Beth et du piano qui est toujours à nous, est-ce que ça le regarde ? Alors pour qu’il ne pose pas de questions, je ferme le couvercle et je sors du théâtre. J’attends de trouver un autre piano, une occasion, un mariage, par exemple, ou bien pour le jour de l’an, ce jour-là je peux entrer à l’hôtel Golden Tulip de Quatre Bornes, et je joue sur le grand piano noir chinois dans le hall, mais si ce n’est pas le jour de l’an, ils ne veulent pas d’ Auld Lang Syne , ils disent que cette chanson-là ça les rend malades.

Macchabée

Retrouver les traces, presque impossible. Ou bien rêver. Retourner au premier temps, quand l’île était encore neuve — neuve d’humains, au bout de millions d’années de pluie, de vent, de soleil. Après les tremblements de terre, les coulées de lave, les raz de marée, les déluges, les glaciations. Chercher les grottes, dans un sol acide il n’y a pas de place pour les ossements. La forêt, ce qu’il en reste. La première fois que j’ai rencontré Aditi, au bureau du Mauritius Wildlife Fund, elle m’a montré la carte de Maurice. En 1796, l’année où Axel Felsen débarque à l’île de France avec sa famille, la forêt couvre les neuf dixièmes de l’île. En 1860, quand les Felsen participent à l’ère industrielle, dans les plantations de tabac (tout le monde n’est pas sucrier), il reste encore quelques poches de forêt endémique, sur les hauteurs, aux gorges de la Rivière Noire, à Chamarel, peut-être à Deux Bras. Aujourd’hui, plus rien. Quelques miettes, des haillons arrachés, entourés de clôtures, tranchés par les routes. Assis avec Aditi sur une roche, au bord de la piste de latérite, nous imaginons ce qu’ils ont vu, du pont de leurs navires — tes ancêtres, dit Aditi, parce que les miens voyageaient à fond de cale, jusqu’à la porte qui les menait à la lumière aveuglante du quai, et aux charrettes qui les conduisaient au lieu de travail. Les tiens : van West-Zanen, sur le pont de l’ Enkhuizen , Cornelis Matelief, Pieter Both, depuis la dunette du Wapen van Amstelredam , et Thomas Herbert, du pont du Hart. Ou bien les matelots du Gelderland lorsqu’ils ont mis leurs pieds nus sur le sable mou de Tamarin. Les dodos étaient partout ! Silhouettes sur les côtes rocheuses — alors les explorateurs croyaient voir des pingouins — courbées comme des petits vieux entre les buissons épineux, à la recherche de graines, et leurs croupes rondes promettaient aux estomacs affamés des couches de lard délicieux, à fondre dans les baquets, pour s’enduire contre les brûlures du soleil et du sel. Ainsi parlait Willem van West-Zanen dans ses vers de mirliton :

Les hommes se nourrissent ici de la chair fraîche des créatures emplumées
de la sève des palmiers, et de la croupe ronde des dodos
ils tiennent les perroquets afin qu’ils pépient et crient
et les autres oiseaux viennent se faire tuer à coups de trique !

Aditi va quelquefois dans les bureaux du Mauritius Wildlife, à Curepipe où je copie des cartes, c’est là que nous nous sommes parlé. Par la suite j’ai compris qu’elle a un secret, elle est enceinte d’un enfant sans père, elle refuse de se marier avec n’importe qui et sa famille l’a larguée. Depuis elle vit dans la forêt. Il n’y a pas de meilleur guide.

Aditi me montre le chemin de Mare Longue. Il devient étroit, boueux, la forêt se resserre, des fourrés plutôt qu’une forêt. Les arbres les plus nombreux, ce sont les goyaviers de Chine, aux feuilles rouges, et les buissons de lantanas géants. De temps à autre, un ébénier maigre, tortueux. Aditi marche vite, devant moi, elle n’a que des savates en caoutchouc mais elle court sans problème sur les pierres et les flaques glissantes. J’essaie d’imaginer les dodos ici, dans ce fouillis végétal, mais c’est plutôt la mémoire des marrons qui survit. Marrons, le nom leur allait bien, pour des humains toujours en fuite, se coulant dans la forêt, poursuivis par les meutes des chasseurs d’hommes. Ils étaient les premiers vrais habitants de cette île, avec les dodos, puisque leurs maîtres hollandais les avaient abandonnés après l’incendie du fort en 1695 par un couple d’esclaves révoltés, et le châtiment de ceux-ci, l’homme écartelé et coupé en morceaux, la femme pendue. Les marrons survivants ont construit leurs abris de branches et de feuilles au cœur de la montagne inhospitalière, loin des points d’eau. Plus bas, dans les gorges de la Rivière Noire (puisqu’elle était bien leur rivière), ils ont fermé l’entrée des grottes avec des buissons d’épines. Ils surveillaient la côte, l’immense croissant de bleu, de blanc et de turquoise. Parfois un navire mouillait près du Bénitier, ou à l’entrée de la Rivière Noire, et du haut de la falaise les marrons pouvaient voir les canots qui débarquaient les esclaves. Des colonnes de fourmis noires qui marchaient sur la plage du Morne, et qui se dirigeaient vers le nord, vers l’enfer des plantations. Parfois, la révolte grondait, les fugitifs allumaient des feux sur les hauteurs, pour signaler aux nouveaux venus qu’ils n’étaient pas seuls, que la liberté les attendait dans la forêt. Dans les fourrés, tandis que la nuit tombe, je crois entendre les cris des marrons. Ils n’ont pas des voix humaines. Ils imitent les grognements des porcs sauvages, les glapissements des aigles, ou bien ils aboient comme des chiens, aouha ! ahouha ! C’est pour semer l’effroi, pour que les miliciens à leur poursuite s’arrêtent sur la piste et rebroussent chemin vers les bivouacs, même si les lieutenants des planteurs se moquent de leur peur et les bousculent, va donc, capon ! Les milices sont installées dans la garnison, à Rivière Noire, à Tamarin. La nuit, ils racontent les choses terribles qu’ils ont vues dans la forêt, les sauvages nus le corps enduit de suie, armés de sagaies et de flèches en bois de fer, jetant des pierres du haut des ravins, creusant des pièges de lianes empoisonnées, des trappes d’épines de cactus.

Maintenant c’est le silence, au bord de Mare Longue. À peine le zinzin des moustiques, et au fond des ravines le chant des crapauds qui commence. Le soleil disparaît derrière le piton de la Petite Rivière Noire, dans un éclat doré qui emplit un bref instant le ciel, et la nuit tombe. C’est pour cela que je suis venu, c’est ce que j’explique à Aditi, avant qu’elle ne retourne vers le refuge du MWF : « Je suis ici pour écouter la nuit au centre de l’île. Le silence qui serre les arbres. » Mon ton solennel, un peu prétentieux, l’a fait rire : « Toi, tu es un enfant », m’a-t-elle dit. Je me suis enveloppé dans ma parka imperméable, la tête posée sur mon sac, et j’ai regardé les étoiles apparaître à travers la brume, jusqu’à ce que tout soit éclairé par cette lueur bleue.

Le même ciel que les marrons regardaient, nuit après nuit, dans l’angoisse de l’attente, guettant peut-être l’étoile qui les conduirait à la Grande Terre, de l’autre côté de l’océan. Cherchant celle qu’ils avaient vue enfants, au bord du fleuve, avant que les démons à cheval ne les capturent et les emmènent à travers les déserts et les marécages jusqu’à Kilwa, jusqu’à Zanzibar. Ici, à Macchabée, ils sont au milieu de l’océan, le ciel est nu, inchangé, introublé, sans rien qui menace ou pollue. Aucune lueur ici, aucune laitance. Seulement l’éclat des étoiles, les astres qui pulsent, qui les fixent, une puissance lointaine et familière.

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