Жан-Мари Леклезио - Alma

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Voici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :
« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d’hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s’éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d’or. Je suis dans mon île, ce n’est pas l’île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n’est pas l’île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c’est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d’or, les yeux levés vers l’intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »

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Ils sont nés sous ces mêmes étoiles, les gros oiseaux à la pupille agrandie, parfois ils lèvent la tête vers le ciel, leur paupière cligne quand passe un bolide, puis ils retournent à leur sommeil, assis sur leurs trous dans la terre, pour couver leur unique œuf.

Les esclaves fugitifs se souviennent de la nuit de leur enfance, ils marmonnent une incantation, une prière dans leur langue. Un ciel sans nom, sans figures, sans science. Un ciel silencieux qui boit leur vie, respire leur souffle.

À l’aube, parce que j’ai tout de même réussi à dormir, j’entends la rumeur. Cela vient de la forêt, un doux roucoulement de colombes, entrecoupé de cris plus aigus, ceux des martins, peut-être l’éclat d’une grosse cateau verte qui vole de cime en cime. Et aussi un autre bruit, que je n’avais pas écouté jusque-là, parce que j’y étais habitué sans doute, de même qu’on n’entend plus le bruit des villes. Une vibration sourde, profonde, qui vient de partout et résonne dans les ravines, frissonne sur la surface de la mare. C’est lent, doux, insistant, et je comprends que c’est la voix de la mer. Invisible, la côte est trop loin, il faudrait se frayer un passage à travers la forêt, jusqu’au mirador des gorges de la Rivière Noire, inventer un chemin de marronnage, je n’ai pas les habits qu’il faudrait, ni les chaussures, au risque d’être arrêté par la patrouille de surveillance du parc national. C’est cette rumeur qu’ils écoutaient, les marrons, et aussi les oiseaux, chaque matin, un chant d’angoisse et d’espoir mêlés, les vagues déferlant sur la barrière de corail, la rumeur poussée par le vent qui entoure l’île et l’enserre, j’écoute sans bouger, tandis que le soleil apparaît au-dessus de l’horizon et allume le faîte des arbres. Aux oiseaux sans ailes, elle disait que rien ne pouvait les joindre au reste du monde. Ils écoutaient, ils entamaient leur marche lente, roulant des hanches tels des bourgmestres sur la place du village, certains que rien ne changerait jamais dans leur vie. Aux marrons, la rumeur rappelait l’enfer des navires qui les avaient conduits jusqu’à l’île prison, le sel qui brûlait leurs plaies, l’ondulation atroce de la houle, jour après nuit après jour, et l’éblouissement quand ils avaient été jetés sur le sable de la Rivière Noire. Parfois, au petit matin, avant l’aube, les grandes pirogues qui accostaient et les emmenaient vers la terre natale, loin de leurs bourreaux.

Près de la mare, entre les broussailles, les oiseaux apparaissent. L’un après l’autre, précautionneusement, comme s’ils avaient senti que leur ennemi était parmi eux. Encore pris par la torpeur de la nuit, ils s’ébrouent, courent un peu, tournent sur eux-mêmes. L’un d’eux pousse un cri, une sorte de braiment d’âne, et les autres lui répondent dans les fourrés. Ils ont cette drôle de démarche chaloupée, le cou oscillant à la façon des pigeons, leurs plus proches parents, et de temps à autre ils agitent leurs moignons d’ailes dans un crépitement de crécelle. Ou bien ils font mine de se battre, l’un immobile, bec entrouvert, l’autre tournant autour de lui, claudiquant, ridicule, puis l’assaillant s’éloigne sans courir, revient sur ses pas, s’écarte. Ils vivent leurs derniers instants sur terre, ils ne le savent pas encore, mais déjà la peur est entrée en eux. Ils ont vu les silhouettes noires sur la plage, ils ont découvert les cannes garnies d’un chiffon rouge que les marins agitent devant eux pour les leurrer, et lorsque l’un d’eux s’approche sans méfiance du piège, un autre marin armé d’un gourdin frappe et l’assomme. Ils ont entendu les plaintes de ceux qui ont été capturés vivants et enfermés dans un enclos, et qui refusent de manger et pleurent en se laissant mourir de faim. Ici, à Mare Longue, les survivants se sont regroupés. À la lueur de l’aube, ils entament leur dernière danse, les adultes poussant devant eux les jeunes, pour les guider vers leur partenaire. Un peu à l’écart, en haut de la pente, près des grands arbres, les couples ont construit leurs nids : un simple trou dans la terre rouge, entouré d’une murette de brindilles sèches et de palmes. Au centre du nid se tient un seul œuf très blanc, dur et luisant. Si un oiseau ou un rat s’approche, la femelle court vers l’agresseur en faisant sonner ses ailerons contre ses flancs, les extrémités des doigts durs comme des marteaux roulant un crépitement continu, et elle claque du bec en guise d’avertissement. Mais ils ne sont pas capables d’aller plus loin. Ils ont été les rois et les reines de cette île, la terre s’écrasait sous leur poids, tout était en abondance, l’eau, les graines, les fruits doux du bois de fer. Ils habitaient partout, sur les pentes de la montagne, dans le fond des vallées, le long du rivage de la mer. Ils jouaient sur le sable des baies, ils se réunissaient dans les clairières pour pousser leurs roucoulements, ils célébraient leurs mariages avec des danses et des cris de liesse, ils se baignaient dans l’eau claire des torrents. Maintenant, ils ne sont plus qu’une poignée, réfugiés au cœur de la forêt, cachés dans les buissons. Parfois ils se souviennent du temps jadis et ils rêvent de liberté. Ils descendent vers la côte, pour courir au milieu des roches noires, pour sentir l’embrun des vagues mouiller leurs plumes, pour respirer le vent tiède et se rouler dans le sable chaud, pour picorer les baies salées des vacoas et lécher les goémons, comme si rien ne s’était passé. En étirant leur cou maigre, ils regardent par-dessus les haies les silhouettes de ces grands animaux étranges et noirs, qui marchent sur deux jambes et se dandinent comme eux. Ils clignent leur œil rond en voyant l’éclair qui jaillit du sol, là-bas, entre les troncs des palissades, suivi d’un roulement de tonnerre. Puis tout redevient calme, et l’un d’eux gît sur le sable, couché de tout son long, les pattes étendues, le bec entrouvert, le vent retrousse le plumage vert-de-gris et agite le panache crémeux de sa croupe, mais son œil reste fermé. Il est mort.

Le soleil brûle la forêt, la mare étincelle. Les oiseaux se sont cachés sous les arbres, pour fuir le danger. Ils sont silencieux, puis l’un d’eux oublie et chantonne. Sa voix fait un roulement doux d’abord, et une autre voix fait écho, le bruit enfle, recouvre la forêt. Un bruit de moteur qui peine, un ahanement aigu, aigre, qui racle et remue, un roulement de pierres dans les ravines, de mer dans les criques, un chant qui bat en côte et remonte l’île dans tous ses coins, emplit les creux et les mares, coule dans les ruisseaux parmi les blocs de lave, descend jusqu’à la mer. Encore quelques battements, quelques journées, les oiseaux se croient les maîtres de l’île malgré la mort qui approche, dans leur dooo-do, dooo-do doux et aigre ils veulent faire croire au monde que rien n’a changé et que rien ne changera, que rien ne va disparaître, qu’ils sont ici pour toujours, qu’ils vont continuer à arpenter cette terre de leur démarche grave et stupide, des « burgemeesters », dit la chronique anonyme, leur marche de pingouins sans banquise, en « rangs, aller-retour, et leur apparence est triste », écrivit Pierre André d’Héguerty en 1751, mais ils ont déjà deviné leur destinée, que les paradis ne sont pas éternels, que le mal y entre un jour ou l’autre, sous les traits d’aventuriers cupides et affamés, le mal est entré dans cette île et les tuera tous, jusqu’au dernier.

Le soir descend sur Macchabée, les gros oiseaux solitaires se sont éloignés de la mare. Peut-être qu’ils ont compris le danger qui rôde autour des points d’eau, le danger inconnu, juste quelques ombres qui passent, un porc sauvage aux défenses en spirale luisant sur sa face noire, un chat-tigre, une mangouste échappée, ou le pullulement des rats dans les herbes, à la recherche des œufs. Les gros oiseaux sont arrêtés au bord de la forêt, leur œil rond se couvre d’une taie, la fumée de la nuit pèse sur leur tête et ils enfouissent leur bec géant sous leurs moignons d’ailes, ils s’endorment. Dans la forêt résonnent des cris inconnus, des aboiements, des appels. Les miliciens redescendent vers la côte, les singes jappent. Encore quelques battements. Encore quelques nuits, avant que l’ère des oiseaux s’achève.

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