Muriel Barbery - L'élégance du hérisson

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L'élégance du hérisson: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

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Après, en réfléchissant un peu, j’ai partiellement compris cette joie soudaine quand Kakuro parlait des bouleaux russes. Ça me fait le même effet quand on parle des arbres, de n’importe quel arbre : le tilleul dans la cour de la ferme, le chêne derrière la vieille grange, les grands ormes maintenant disparus, les pins courbés par le vent le long des côtes venteuses, etc. Il y a tant d’humanité dans cette capacité à aimer les arbres, tant de nostalgie de nos premiers émerveillements, tant de force à se sentir si insignifiant au sein de la nature... oui, c’est ça : l’évocation des arbres, de leur majesté indifférente et de l’amour que nous leur portons nous apprend à la fois combien nous sommes dérisoires, vilains parasites grouillant à la surface de la terre, et nous rend en même temps dignes de vivre, parce que nous sommes capables de reconnaître une beauté qui ne nous doit rien.

Kakuro parlait des bouleaux et, en oubliant les psychanalystes et tous ces gens intelligents qui ne savent que faire de leur intelligence, je me sentais soudain plus grande d’être capable d’en saisir la très grande beauté.

Pluie d’été

1

Clandestine

Je chausse donc mes lunettes et déchiffre le titre. Léon Tolstoï, Anna Karénine . Avec une carte :

Chère Madame,

En hommage à votre chat,

Bien cordialement,

Kakuro Ozu

Il est toujours réconfortant d’être détrompée sur sa propre paranoïa.

J’avais vu juste. Je suis démasquée.

La panique fond sur moi.

Je me lève mécaniquement, me rassieds. Je relis la carte.

Quelque chose déménage en moi — oui, je ne sais pas le dire autrement, j’ai la sensation saugrenue qu’un module interne s’en va prendre la place d’un autre. Cela ne vous arrive jamais ? Vous ressentez des réaménagements intérieurs dont vous seriez bien incapable de décrire la nature mais c’est à la fois mental et spatial, comme un déménagement.

En hommage à votre chat.

Avec une incrédulité non feinte, j’entends un petit rire, une manière de gloussement, qui provient de ma propre gorge.

C’est angoissant mais c’est drôle.

Mue par une dangereuse impulsion — toutes les impulsions sont dangereuses chez qui vit une existence clandestine —, je vais chercher une feuille de papier, une enveloppe et un Bic (orange) et j’écris :

Merci, il ne fallait pas.

La concierge

Je sors dans le hall avec des précautions de Sioux — personne — et glisse la missive dans la boîte de M. Ozu.

Je retourne à ma loge à pas furtifs — puisqu’il n’y a pas âme qui vive — et, épuisée, m’écroule dans le fauteuil, le sentiment du devoir accompli.

Une puissante sensation de n’importe quoi me submerge.

N’importe quoi.

Cette impulsion stupide, loin de mettre fin à la traque, l’encourage au centuple. C’est une faute stratégique majeure. Ce fichu insu commence a me courir sur les nerfs.

Un simple : Je ne comprends pas , signé la concierge serait pourtant tombé sous le sens.

Ou encore : Vous avez fait erreur, je vous retourne votre paquet.

Sans chichis, court et précis : Erreur de destinataire.

Astucieux et définitif : Je ne sais pas lire.

Plus tortueux : Mon chat ne sait pas lire.

Subtil : Merci, mais les étrennes se font en janvier.

Ou encore, administratif : Veuillez accuser réception du retour.

Au lieu de quoi, je minaude comme si nous nous trouvions à un salon littéraire.

Merci, il ne fallait pas.

Je m’éjecte de mon fauteuil et me rue vers la porte.

Hélas, trois fois hélas.

Par la vitre, j’aperçois Paul N’Guyen qui, muni du courrier, se dirige vers l’ascenseur.

Je suis perdue.

Une seule option désormais : faire la morte.

Quoi qu’il arrive, je ne suis pas là, je ne sais rien, je ne réponds pas, je n’écris pas, je ne prends aucune initiative.

Trois jours passent, sur le fil. Je me convaincs que ce à quoi je décide de ne pas penser n’existe pas mais je n’arrête pas d’y penser, au point que j’en oublie une fois de nourrir Léon, qui est désormais le reproche muet félinifié.

Puis, vers dix heures, on sonne à ma porte.

2

La grande œuvre du sens

J’ouvre.

Devant ma loge se tient M. Ozu.

— Chère madame, me dit-il, je suis heureux que mon envoi ne vous aie pas indisposée.

De saisissement, je ne comprends rien.

— Si, si, réponds-je en me sentant suer comme un bœuf. Euh, non, non, me reprends-je avec une pathétique lenteur. Eh bien, merci bien.

Il me sourit gentiment

— Madame Michel, je ne suis pas venu pour que vous me remerciiez.

— Non ? dis-je en renouvelant avec brio l’exécution du « laisser mourir sur les lèvres » dont je partage l’art avec Phèdre, Bérénice et cette pauvre Didon.

— Je suis venu vous prier de dîner avec moi demain soir, dit-il. Ainsi, nous aurons l’occasion de parler de nos goûts communs.

— Euh, dis-je — ce qui est relativement court.

— Un dîner entre voisins, en toute simplicité, poursuit-il.

— Entre voisins ? Mais je suis la concierge, argué-je quoique fort confuse dans ma tête.

— Il est possible de posséder deux qualités à la fois, répond-il.

Sainte Marie Mère de Dieu, que faire ?

Il y a toujours la voie de la facilité, quoique je répugne à l’emprunter. Je n’ai pas d’enfants, je ne regarde pas la télévision et je ne crois pas en Dieu, toutes sentes que foulent les hommes pour que la vie leur soit plus facile . Les enfants aident à différer la douloureuse tâche de se faire face à soi-même et les petits-enfants y pourvoient ensuite. La télévision divertit de l’harassante nécessité de bâtir des projets à partir du rien de nos existences frivoles ; en circonvenant les yeux, elle décharge l’esprit de la grande œuvre du sens. Dieu, enfin, apaise nos craintes de mammifères et l’insupportable perspective que nos plaisirs prennent fin un jour. Aussi, sans avenir ni descendance, sans pixels pour abrutir la cosmique conscience de l’absurdité, dans la certitude de la fin et l’anticipation du vide, crois-je pouvoir dire que je n’ai pas choisi la voie de la facilité.

Pourtant, je suis bien tentée.

Non merci, je suis déjà prise , serait la procédure la plus indiquée.

Il en existe plusieurs variations polies.

C’est bien aimable à vous mais j’ai un agenda de ministre (peu crédible).

Comme c’est dommage, je pars à Megève demain (fantasque).

Je regrette mais j’ai de la famille (archifaux).

Mon chat est malade, je ne peux pas le laisser seul (sentimental).

Je suis malade, je préfère garder la chambre (éhonté).

Je m’apprête in fine à dire : merci mais j’ai du monde cette semaine quand, brusquement, la sereine aménité avec laquelle M. Ozu se tient devant moi ouvre dans le temps une brèche fulgurante.

3

Hors-temps

Sous le globe chutent les flocons.

Devant les yeux de ma mémoire, sur le bureau de Mademoiselle, mon institutrice jusqu’à la classe des grands de Monsieur Servant, se matérialise la petite boule de verre. Lorsque nous avions été méritants, nous avions le droit de la retourner et de la tenir au creux de la main jusqu’à la chute du dernier flocon au pied de la tour Eiffel chromée. Je n’avais pas sept ans que je savais déjà que la lente mélopée des petites particules ouatées préfigure ce que ressent le cœur pendant une grande joie. La durée se ralentit et se dilate, le ballet s’éternise dans l’absence de heurts et lorsque le dernier flocon se pose, nous savons que nous avons vécu ce hors-temps qui est la marque des grandes illuminations. Enfant, souvent, je me demandais s’il me serait donné de vivre de pareils instants et de me tenir au cœur du lent et majestueux ballet des flocons, enfin arrachée à la morne frénésie du temps.

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