Muriel Barbery - L'élégance du hérisson

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L'élégance du hérisson: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

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À vingt et une heures, j’en ai terminé et je me sens soudain vieille et très déprimée. La mort ne m’effraie pas, encore moins celle de Pierre Arthens, mais c’est l’attente qui est insupportable, ce creux suspendu du pas encore par où nous ressentons l’inutilité des batailles. Je m’assieds dans la cuisine, dans le silence, sans lumière, et je goûte le sentiment amer de l’absurdité. Mon esprit dérive lentement. Pierre Arthens... Despote brutal, assoiffé de gloire et d’honneurs et s’efforçant pourtant jusqu’à la fin de poursuivre de ses mots une insaisissable chimère, déchiré entre l’aspiration à l’Art et la faim de pouvoir... Où est le vrai, au fond ? Et où est l’illusion ? Dans le pouvoir ou dans l’Art ? N’est-ce pas par la force de discours bien appris que nous portons aux nues les créations de l’homme tandis que nous dénonçons du crime de vanité illusoire la soif de domination qui nous agite tous — oui, tous, y compris une pauvre concierge dans sa loge étriquée qui, d’avoir renoncé au pouvoir visible, n’en poursuit pas moins en son esprit des rêves de puissance ?

Ainsi, comment se passe la vie ? Nous nous efforçons bravement, jour après jour, de tenir notre rôle dans cette comédie fantôme. En primates que nous sommes, l’essentiel de notre activité consiste à maintenir et entretenir notre territoire de telle sorte qu’il nous protège et nous flatte, à grimper ou ne pas descendre dans l’échelle hiérarchique de la tribu et à forniquer de toutes les manières que nous pouvons — fût-ce en fantasme — tant pour le plaisir que poui la descendance promise. Aussi usons-nous une part non négligeable de notre énergie à intimider ou séduire, ces deux stratégies assurant à elles seules la quête territoriale, hiérarchique et sexuelle qui anime notre conatus. Mais rien de cela ne vient à notre conscience. Nous parlons d’amour, de bien et de mal, de philosophie et de civilisation et nous accrochons à ces icônes respectables comme la tique assoiffée à son gros chien tout chaud.

Parfois, cependant, la vie nous apparaît comme une comédie fantôme. Comme tirés d’un rêve, nous nous regardons agir et, glacés de constater la dépense vitale que requiert la maintenance de nos réquisits primitifs, nous demandons avec ahurissement ce qu’il en est de l’Art. Notre frénésie de grimaces et d’œillades nous semble soudain le comble de l’insignifiance, notre petit nid douillet, fruit d’un endettement de vingt ans, une vaine coutume barbare, et notre position dans l’échelle sociale, si durement acquise et si éternellement précaire, d’une fruste vanité. Quant à notre descendance, nous la contemplons d’un œil neuf et horrifié parce que, sans les habits de l’altruisme, l’acte de se reproduire paraît profondément déplacé. Ne restent que les plaisirs sexuels ; mais, entraînés dans le fleuve de la misère primale, ils vacillent à l’avenant, la gymnastique sans l’amour n’entrant pas dans le cadre de nos leçons bien apprises.

L’éternité nous échappe.

Ces jours-là, où chavirent sur l’autel de notre nature profonde toutes les croyances romantiques, politiques, intellectuelles, métaphysiques et morales que des années d’instruction et d’éducation ont tenté d’imprimer en nous, la société, champ territorial traversé de grandes ondes hiérarchiques, s’enfonce dans le néant du Sens. Exit les riches et les pauvres, les penseurs, les chercheurs, les décideurs, les esclaves, les gentils et les méchants, les créatifs et les consciencieux, les syndicalistes et les individualistes, les progressistes et les conservateurs ; ce ne sont plus qu’hominiens primitifs dont grimaces et sourires, démarches et parures, langage et codes, inscrits sur la carte génétique du primate moyen, ne signifient que cela : tenir son rang ou mourir.

Ces jours-là, vous avez désespérément besoin d’Art. Vous aspirez ardemment à renouer avec votre illusion spirituelle, vous souhaitez passionnément que quelque chose vous sauve des destins biologiques pour que toute poésie et toute grandeur ne soient pas évincées de ce monde.

Alors vous buvez une tasse de thé ou bien vous regardez un film d’Ozu, pour vous retirer de la ronde des joutes et batailles qui sont les us réservés de notre espèce dominatrice et donner à ce théâtre pathétique la marque de l’Art et de ses œuvres majeures.

13

Éternité

À vingt et une heures, j’enclenche donc dans le magnétoscope la cassette d’un film d’Ozu, Les Sœurs Munakata . C’est mon dixième Ozu du mois. Pourquoi ? Parce que Ozu est un génie qui me sauve des destins biologiques.

Tout est venu de ce que j’ai confié un jour à Angèle, la petite bibliothécaire, que j’aimais bien les premiers films de Wim Wenders et elle m’a dit : ah, et avez-vous vu Tokyo-Ga ? Et quand on a vu Tokyo-Ga , qui est un extraordinaire documentaire consacré à Ozu, on a évidemment envie de découvrir Ozu. J’ai donc découvert Ozu et, pour la première fois de ma vie, l’Art cinématographique m’a fait rire et pleurer comme un vrai divertissement

J’enclenche la cassette, je sirote du thé au jasmin. De temps en temps, je reviens en arrière, grâce à ce rosaire laïc qu’on appelle télécommande.

Et voici une scène extraordinaire.

Le père, joué par Chishu Ryu, acteur fétiche d’Ozu, fil d’Ariane de son œuvre, homme merveilleux, rayonnant de chaleur et d’humilité, le père, donc, qui va bientôt mourir, devise avec sa fille Setsuko de la promenade qu’ils viennent de faire dans Kyoto. Ils boivent du saké.

LE PÈRE

Et ce temple de la Mousse ! La lumière rehaussait encore la mousse.

SETSUKO

Et aussi ce camélia posé dessus.

LE PÈRE

Oh, tu l’avais remarqué ? Que c’était beau ! (Pause.) Dans l’ancien Japon, il y a de belles choses. (Pause.) Cette façon de décréter tout cela mauvais me semble outrancière.

Puis le film avance et, tout à la fin, il y a cette dernière scène, dans un parc, lorsque Setsuko, l’aînée, converse avec Mariko, sa fantasque cadette.

SETSUKO, le visage radieux.

Dis-moi, Mariko, pourquoi les monts de Kyoto sont-ils violets ?

MARIKO, espiègle.

C’est vrai On dirait du flan d’azuki.

SETSUKO, souriante.

C’est une bien jolie couleur.

Dans le film, il est question d’amour déçu, de mariages arrangés, de filiation, de fratrie, de la mort du père, de l’ancien et du nouveau Japon et aussi de l’alcool et de la violence des hommes.

Mais il est surtout question de quelque chose qui nous échappe, à nous autres Occidentaux, et que seule la culture japonaise éclaire. Pourquoi ces deux scènes brèves et sans explication, que rien dans l’intrigue ne motive, suscitent-elles une si puissante émotion et tiennent-elles tout le film dans leurs parenthèses ineffables ? Et voici la clé du film.

SETSUKO.

La vraie nouveauté, c’est ce qui ne vieillit pas, malgré le temps.

Le camélia sur la mousse du temple, le violet des monts de Kyoto, une tasse de porcelaine bleue, cette eclosion de la beauté pure au cœur des passions éphémères, n’est-ce pas ce à quoi nous aspirons tous ? Et ce que nous autres, Civilisations de l’Ouest, ne savons atteindre ?

La contemplation de l’éternité dans le mouvement même de la vie.

Journal du mouvement du monde n° 3

Mais rattrape-la donc !

Quand je pense qu’il y a des gens qui n’ont pas la télévision ! Comment font-ils ? Moi, j’y passerais des heures. Je coupe le son et je regarde. J’ai l’impression de voir les choses avec des rayons X. Si vous enlevez le son, en fait, vous enlevez le paquet d’emballage, le beau papier de soie qui enveloppe une cochonnerie à deux euros. Si vous regardez les reportages du journal télévisé comme ça, vous verrez : les images n’ont aucun rapport les unes avec les autres, la seule chose qui les relie, c’est le commentaire, qui fait passer une succession chronologique d’images pour une succession réelle de faits.

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