Antoine de Saint-Exupéry - CITADELLE
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Et tu ne conçois plus qu'il soit un instant qui vaille la vie, aveuglé que tu es par ta misérable arithmétique.
CXCI
Me vint donc de méditer sur l'acceptation de la mort. Car logiciens, historiens et critiques ont célébré pour eux-mêmes les matériaux qui servent à tes basiliques (et tu as cru qu'il s'agissait d'eux, alors qu'une anse d'aiguière d'argent, si la courbe s'en montre heureuse, vaut plus que l'aiguière d'or tout entière et te caresse mieux l'esprit et le cœur). Voici donc que, mal éclairé dans la direction de tes désirs, tu imagines tirer ton bonheur de la possession et t'essoufles à empiler en tas les pierres qui eussent été ailleurs pierres de basilique, et dont tu fais la condition de ton bonheur. Alors que d'une seule pierre tel autre se réchauffe l'esprit et le cœur s'il y taille le visage de son dieu.
Tu es semblable au joueur qui, d'ignorer le jeu des échecs, cherche son plaisir dans l'empilage de pièces d'or et d'ivoire, et n'y trouve que l'ennui, alors que l'autre, que la divinité des règles a réveillé au jeu subtil, fera sa lumière de simples copeaux d'un bois grossier. Car l'envie de tout dénombrer te fait t'attacher aux matériaux et non au visage qu'ils composent et qu'il importe d'abord de reconnaître. C'est pourquoi il s'ensuit nécessairement que tu tiennes d'abord à la vie comme à l'empilage des jours, alors que si le temple est pur de lignes, tu serais bien fou de regretter qu'il n'ait pas assemblé plus de pierres.
Ne me décompte donc pas, pour m'éblouir, le nombre des pierres de ta maison, des pâturages de ton domaine, des bêtes de tes troupeaux, des bijoux de ta femme, ni même des souvenirs de tes amours. Peu m'importe. Je veux connaître la qualité de la maison bâtie, la ferveur de la religion de ton domaine, et si le repas s'y déroule joyeux au soir du travail accompli. Et quel amour tu as construit, et contre quoi, de plus durable que toi-même, s'est échangée ton existence. Je te veux devenu. Je te veux lire à ta création, non aux matériaux inemployés dont tu fais ta vaine gloire.
Mais tu me viens avec ce litige sur l'instinct. Car il te pousse à fuir la mort et tu as observé de tout animal qu'il cherche à vivre. «La vocation de survivre, me diras-tu, domine toute vocation. Le présent de la vie est inestimable et je me dois d'en sauver en moi la lumière.» Et tu combattras avec héroïsme pour te sauver, certes. Tu montreras le courage du siège, ou de la conquête, ou du pillage. Tu t'enivreras de l'ivresse du fort qui accepte de tout jeter dans la balance afin de mesurer qu'il pèse. Mais tu n'iras point mourir en silence dans le secret du don consenti.
Cependant je te montrerai le père qui vient de plonger dans la vocation du gouffre, à cause que son fils s'y débat et que son visage apparaît encore par intervalles, de plus en plus pâle, comme de l'apparition de la lune dans les déchirures du nuage. Et je te dirai: «Le père, donc, n'est pas dominé par l'instinct de vivre…
— Oui, diras-tu. Mais l'instinct va plus loin. Il vaut pour le père et le fils. Il vaut pour la garnison qui délègue ses membres. Le père est lié au fils…»
Et plus souhaitable, et complexe, et lourde de mots est ta réponse. Mais je te dirai encore pour t'instruire:
«Certes, il est un instinct vers la vie. Mais il n'est qu'un aspect d'un instinct plus fort. L'instinct essentiel est l'instinct de la permanence. Et celui-là qui a été bâti vivant de chair, cherche sa permanence dans la permanence de sa chair. Et celui-là qui a été bâti dans l'amour de l'enfant, cherche sa permanence dans le sauvetage de l'enfant. Et celui-là qui a été bâti dans l'amour de Dieu cherche sa permanence dans son ascension en Dieu. Tu ne cherches point ce que tu ignores, tu cherches à sauver les conditions de ta grandeur dans la mesure où tu la sens. De ton amour dans la mesure où tu éprouves l'amour. Et je puis t'échanger ta vie contre plus haut qu'elle, sans que rien te soit enlevé.»
CXCII
Car tu n'as rien deviné de la joie si tu crois que l'arbre lui-même vit pour l'arbre qu'il est, enfermé dans sa gaine. Il est source de graines ailées et se transforme et s'embellit de génération en génération. Il marche, non à ta façon, mais comme un incendie au gré des vents. Tu plantes un cèdre sur la montagne et voilà ta forêt qui lentement, au long des siècles, déambule.
Que croirait l'arbre de soi-même? Il se croirait racines, tronc et feuillages. Il croirait se servir en plantant ses racines, mais il n'est que voie et passage. La terre à travers lui se marie au miel du soleil, pousse des bourgeons, ouvre des fleurs, compose des graines, et la graine emporte la vie, comme un feu préparé mais invisible encore.
Si je sème au vent j'incendie la terre. Mais tu regardes au ralenti. Tu vois ce feuillage immobile, ce poids de branches bien installées, et tu crois l'arbre sédentaire, vivant de soi, muré en soi. Myope et le nez contre, tu vois de travers. Te suffit de te reculer et d'accélérer le pendule des jours, pour voir de ta graine jaillir la flamme et de la flamme d'autres flammes et marcher ainsi l'incendie se dévêtant de ses dépouilles de bois consumé, car la forêt brûle en silence. Et tu ne vois plus cet arbre-ci ni l'autre. Et tu comprends bien, des racines, qu'elles ne servaient ni l'un ni l'autre, mais ce feu dévorant en même temps que constructeur, et la masse de feuillage sombre qui habille ta montagne n'est plus que terre fécondée par le soleil. Et s'installent les lièvres dans la clairière, et dans les branches les oiseaux. Et tu ne sais plus, de tes racines, dire qui d'abord elles servent. Il n'est plus qu'étapes et passages. Et pourquoi voudrais-tu croire de l'arbre ce que tu ne crois point de la semence? Tu ne dis point: «La semence vit pour soi. Elle est accomplie. La tige vit pour soi. Elle est accomplie. La fleur en quoi elle se change vit pour soi, elle est accomplie. La semence qu'elle a composée vit pour soi, elle est accomplie.» Et de même une fois encore du germe neuf qui pousse sa tige têtue entre les pierres. Quelle étape me vas-tu choisir pour la faire aboutissement? Moi, je ne connais rien qu'ascension de la terre dans le soleil.
Ainsi de l'homme et de mon peuple dont j'ignore où il va. Closes sont les granges et murées les demeures quand vient la nuit. Dorment les enfants, dorment les vieilles et les vieux, que saurais-je dire de leur chemin? Si difficile à démêler, si imparfaitement précisé par la démarche d'une saison, laquelle n'ajoute qu'une ride à la vieille, laquelle n'ajoute que quelques mots au langage de l'enfant, laquelle à peine change le sourire. Laquelle ne change rien de la perfection ni de l'imperfection de l'homme. Et cependant, mon peuple, je te vois, si j'embrasse des générations, t'éveiller à toi-même et te reconnaître.
Mais certes nul ne pense hors de soi. Et cela est bien ainsi. Importe que le ciseleur cisèle l'argent sans se distraire. Que le géomètre songe géométrie. Que le roi règne. Car ils sont condition de la marche. De même que les forgeurs de clous chantent les cantiques des forgeurs de clous, et les scieurs de planches, les cantiques des scieurs de planches, bien qu'ils président à la naissance du navire. Mais salutaire leur est la connaissance du voilier par le poème. N'en aimeront pas moins leurs planches et leurs clous, bien au contraire, ceux qui auront ainsi compris qu'ils se retrouvent et s'achèvent dans ce long cygne ailé et nourri des vents de la mer.
Ainsi, bien que ton but ne t'épargne point, du fait même de sa grandeur, de balayer une fois de plus ta chambre au petit jour, ou de semer cette poignée d'orge après tant d'autres, ou de refaire tel geste de travail, ou d'instruire ton fils d'un mot de plus ou d'une prière — de même que la connaissance du voilier te doit faire chérir et non dédaigner tes planches et tes clous — ainsi je te veux connaissant avec certitude qu'il ne s'agit ni de ton repas, ni de ta prière, ni de ton labour, ni de ton enfant, ni de ta fête auprès des tiens, ni de l'objet dont tu honores ta maison, car ils ne sont que condition, voie et passage. Sachant que, de t'en avertir, loin de te les faire mépriser je te les ferai honorer mieux les uns et les autres, de même que le chemin et ses détours, et l'odeur de ses églantiers et ses sillons et ses pentes au fil des collines, tu l'en chériras et connaîtras mieux s'il est, non méandre stérile où tu t'ennuies, mais route vers la mer.
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