Alexandre Jardin - Des gens très bien

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"Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois: plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera... Tu feras un livre, le nain jaune, pour le camoufler. Au même âge que toi, j'en ferai un, des gens très bien, pour l'exposer. Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne. Dors mon petit papa, dors... Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire". C'est le carnet de bord de ma lente lucidité". (A.J.).

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La femme du Nain Jaune nous donna-t-elle une leçon de réserve ou de rude indifférence ?

Les parents W. repartirent comme si de rien n'était.

J'en ai été blême, glacé, nauséeux d'être rempli de mon sang.

Je n'arrivais pas à m'opposer à mon cafard ; aussi me suis-je montré gai, alerte et plus rieur encore qu'à l'ordinaire. En faisant visiter notre parc à Nathalie, je sortis même sur la terrasse blanche les enceintes de notre chaîne stéréo afin de mettre à plein volume de la musique classique - du Strauss, il me semble - pour faire valser mon écœurement et plaquer des notes allègres sur ce décor trop Jardin. Trop pimpant. Trop fleuri.

Mme W. aurait bousculé ma grand-mère, mis en pièce notre sérénité vaudoise et insulté notre goyitude paisible, j'en aurais été soulagé. Aurait-elle crié à toute force d'être là, chez nous, que j'aurais hurlé à ses côtés.

Barricadée dans sa cécité, flottant au-dessus du monde, ma grand-mère n'eut pas, cet après-midi-là, le courage de voir. L'humanité de reconnaître enfin l'offense ; pas comme une automate du remords ou une athlète du repentir, non, avec des mots simples, dosés. Fuyante comme à l'accoutumée, elle n'eut pas le cœur d'accueillir la gêne de cette grande dame tatouée qui accompagnait sa fille en prenant sur elle ; et en lâchant de temps à autre un rire de gorge un peu rauque qui signalait son malaise. Ni assez d'âme pour présenter des excuses au nom de son mari, pour trouver les mots justes.

Vichystes nous avions été au bord de l'Allier, vichystes nous restions sur les rives du lac de Genève. Campés sur de nauséabondes fidélités.

Aussitôt, par réflexe d'asphyxié, je me suis demandé comment je pourrais raconter cette scène en l'aérant, en y mettant une drôlerie apaisante, en la saupoudrant de merveilleux. En la romançant au plus vite.

Un jour, je me ferai greffer la mémoire d'un autre.

Zac m'a dit

J'ai failli entrer en pessimisme à l'automne 1981.

Grâce à l'intermédiaire d'un garçon à qui je signe ici un gros chèque de gratitude. Même s'il commença par me désespérer.

Zac ne s'insinuait pas dans l'existence des autres. Ce soliste de la joie percutait d'emblée votre quiétude, avec une passion pour les vérités abruptes. A seize ans, il avait déjà essayé plusieurs vies en prenant le temps d'aller vite. Et s'était goinfré de toutes sortes de femmes qui lui avaient fait découvrir l'art d'aimer à la limite de soi : des mémères tentées par l'amant de leur fille, des honnêtes pressées, des folles, des qui fatiguaient leur jeunesse. Polyglotte, hautement non conventionnel et animé d'une curiosité multidirectionnelle, cet adulte en miniature possédait sur tous les sujets cent connaissances d'avance sur moi. Zac raisonnait déjà à rebrousse-poil, en se gardant comme du feu de conjuguer les croyances de l'époque. Cosmopolite et gaiement à moitié juif par son père, Zac Frank[10] appartenait à un clan de marchands de tableaux originaires de Vienne. Sa maman était allemande et trop protestante ; d'origine badoise mais très acclimatée à Paris. Elle avait divorcé de son passé familial harassant, de son pays. Au fil des persécutions, la tribu paternelle de Zac s'était éparpillée de par le globe. Les Frank parlaient l'allemand le plus pur à la maison, éduquaient leur progéniture dans des écoles françaises et palabraient en anglais pour hâter leurs affaires nord-américaines. Zac avait donc lu Nietzsche, Lacan et Byron en version originale ; en se gardant bien d'atténuer les effets secondaires de ces anticonformistes de plume.

Un matin d'octobre 1981 donc, je déambulais avec lui dans Paris lorsqu'il se racla la gorge et s'immobilisa ; ce qui arrivait rarement à ce jeune érudit - anormalement savant - aussi frétillant qu'un tronçon d'anguille. A cet instant précis, nous nous trouvions sur le trottoir de l'hôtel Lutetia, l'ancien quartier général de l'Abwehr (service de contre-espionnage de la Wehrmacht) réquisitionné par la Croix-Rouge à la Libération. C'est là que la maman de Nathalie avait été accueillie lors de son retour d'Auschwitz, en équilibre entre l'enfer et la joie, ne sachant trop où se situer. En elle, tout était détruit. Encore chaud de la lecture du Nain Jaune (chapardé sur la table de nuit de ses parents), Zac me lança :

- Il écrit bien ton père, à bout de souffle. Mais... ton Daddy a été pour de vrai directeur de cabinet de Pierre Laval à partir de fin avril 1942 ?

- Heu... oui, je crois.

- Tu sais quand la rafle du Vél d'Hiv a eu lieu exactement ?

- Non.

- Les 16 et 17 juillet 42. Le Nain Jaune était donc aux manettes depuis... deux mois et demi, calcula Zac. C'est embêtant. Les presque 13 000 raflés ont quasiment tous été envoyés à Auschwitz et gazés. Enfants compris.

- Grand-père n'avait rien à voir avec ça.

- Rien ne peut échapper au directeur de cabinet du chef du gouvernement français, précisa mon jeune ami en se tordant la lèvre de gêne.

- Tu crois ? balbutiai-je.

- Les documents concernant cette rafle ont forcément été discutés, à un moment ou à un autre, autour du bureau de ton Daddy. Et le directeur de cabinet du président du Conseil peut toujours dire non à un projet, c'est même son boulot de dégager en touche les demandes déraisonnables. Et de retoquer l'inacceptable. Tout ce qui a été signé par Laval de mai 1942 à octobre 1943 a été soit pondu soit relu mot à mot par ton Daddy. Un dircab, comme on dit, ça sélectionne les documents placés chaque matin dans le parapheur du ministre et ça oriente chaque décision. Quand il ne dispose pas carrément d'une délégation de signature.

- Tu crois ? ai-je demandé en éprouvant un froid comme je n'en avais encore jamais connu.

- Pourquoi le Nain Jaune n'a-t-il pas démissionné ? articula Zac.

- Il ne savait pas...

- ... où les trains de déportés se dirigeaient ? s'agaça alors Zac. C'était un homme brillant, pas un connard de milicien. Il n'a pas gobé sérieusement l'idée qu'on envoyait des bébés et des vieillards dans des camps de travail à l'Est !

- Si.

- Non... insista Zac. Ton grand-père n'a pas pu être frappé d'aveuglement pendant aussi longtemps. A moins qu'il ait à tout prix voulu s'en persuader. Ou refusé de s'informer.

Zac tapota sur la plaque de l'hôtel Lutetia et continua d'une voix voilée mais assurée :

- A-t-il eu la trouille que le gouvernement Laval soit remplacé par un Gauleiter (représentant personnel du Führer à la tête de certains pays conquis) pire que Vichy, sur le modèle des fripouilles qui ont brisé les Polonais ?

- J'ai déjà entendu cette thèse... à Vevey.

- C'est pourtant infondé, objecta-t-il. Aux yeux des nazis, les Français présentaient une valeur raciale très supérieure à celle qu'ils attribuaient aux Slaves. Ils n'ont jamais exterminé les prisonniers de guerre français alors qu'ils ont laissé crever de faim et de froid 3,3 millions de prisonniers de guerre russes sur les 5,7 millions qu'ils détenaient. Une deuxième Shoah... dont on se fout un peu à l'Ouest mais pas en Russie. Et Hitler n'a jamais fait fermer les hôpitaux en France alors qu'à l'Est les structures sanitaires étaient interdites pour que la race slave diminue peu à peu. En France, jamais les élites universitaires non juives n'ont été décapitées comme en Pologne. Si quelqu'un était informé à Vichy, c'était bien ton Daddy. Il connaissait les Allemands de près. La soi-disant crainte d'être remplacé par pire que soi ne tenait pas. Le nazisme obéissait à une stricte logique raciale, et ton Nain Jaune le savait mieux que quiconque.

Ces tarés biologisaient tout. S'ils se sont laissé aller à des représailles, parfois, jamais ils n'auraient décimé les Français.

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