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Alexandre Jardin: Des gens très bien

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Alexandre Jardin Des gens très bien

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"Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois: plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera... Tu feras un livre, le nain jaune, pour le camoufler. Au même âge que toi, j'en ferai un, des gens très bien, pour l'exposer. Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne. Dors mon petit papa, dors... Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire". C'est le carnet de bord de ma lente lucidité". (A.J.).

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Soudain, par la fenêtre, le Nain Jaune aperçoit dans le parc une jeune personne pétillante qui bourdonne autour de mes deux oncles ; surtout du plus âgé, Simon, qui s'en est amouraché, avec toute la pureté et l'exclusivité dont il est capable. Cette fille virevoltante, sans hanches et au corps de miel, a eu le bonheur de captiver les Jardin dans leur ensemble ; Nain Jaune compris. Mon grand-père s'est même mis en frais de la considérer et de lui offrir des marques non d'affection mais, peut-être, d'estime. Le Nain Jaune expire un nuage de fumée lente et lance à Zouzou, instinctivement, comme s'il avait trouvé spontanément le mot qui, par sa charge magique, pouvait placer cette fille le plus loin possible de notre famille et de notre goyitude helvétique :

- Tiens, voilà Simon avec sa petite Juive...

Suivent quelques qualificatifs déplaisants, formulés sans haine - chez les gens bien, on ne s'abaisse pas à médire frontalement - mais sur un ton assez désobligeant, mêlés d'admiration agacée, pour cerner la séductrice, voire lui arracher ses masques ; mots qui, tous, laissent entendre qu'elle serait bien juive puisqu'elle est intrigante, ambitieuse, un peu trop intelligente et intéressée, oui c'est cela, intéressée... et si ingénieuse.

Je suis encore un mouflet. Je ne perçois pas nettement les connotations qui suintent dans ces paroles pas dégoûtées mais presque, ou plutôt agacées, comme si le Nain Jaune était contrarié - oh, un rien ! - que son fils aîné se soit fait embobiner par une petite Juive. Et puis, je suis encore si loin de connaître l'arrière-cour politique de mon grand-père, à des années-lumière d'imaginer qu'un jour je m'interrogerai sur ce qu'il faisait de ses talents le matin de la rafle du Vél d'Hiv. Cependant, je ressens un malaise.

Pour la première fois de ma vie, j'ai froid devant cet homme-là.

Ce qui vient d'être dit en fumant, et que ne relève pas Zouzou silencieuse, ne colle pas avec la conduite du Nain Jaune lorsqu'il est face à la jeune femme. Ce qui me fait frissonner, sur le moment, ce n'est pas l'antisémitisme comprimé, disons de bon aloi, que je suis encore bien incapable d'identifier ; non, c'est la duplicité ouatée de mon grand-père, le fait qu'il sourie à la petite Juive lorsqu'ils devisent au petit déjeuner et l'animosité contenue avec laquelle il murmure, replié dans son bureau avec Zouzou, des insinuations qui ne se disent pas en public. Oh, rien de bien méchant... de l'antisémitisme « convenable », celui qui paraît acceptable et légitime entre soi, ce racisme bourgeois qui considère implicitement le Juif comme l'intrus des sociétés, des nations et des bonnes familles.

Et moi, à cet âge-là, ça me choque ; parce que j'apprécie la petite Juive, son insolence, sa drôlerie rocambolesque, son amour des chiens. Et sa singularité joyeuse.

Plus jamais je ne réentendrai de paroles - ou plutôt d'allusions - antisémites dans sa bouche. Mais, devenu adulte, j'aurai par Zouzou confirmation qu'il appelait bien cette fille aux cheveux longs, lorsqu'ils en parlaient ensemble, la petite Juive. Ce qui, compte tenu de son détour par Vichy, laisse songeur. J'en ai alors toussé nerveusement pendant deux bonnes minutes. Ceux qui ont sacrifié d'autres hommes devraient surveiller leur vocabulaire.

Mais cette année-là, je ne peux encore rien percevoir.

Je suis toujours dans l'insouciance d'une époque où le Nain Jaune - mon intouchable et si protecteur grand-père - n'a pas de passé ; seulement un présent que j'aime partager au bord des molles eaux du lac Léman parmi les gens très bien de ma famille. Cet été des années soixante-dix, gavé d'un bonheur né de choses minimes, ne résonne d'aucune tragédie. L'impensable me reste étranger. Le mal reste dans mon esprit un accessoire de cinéma, bon pour les westerns-spaghettis qui me captivent.

Professeurs de cécité

Souvent je me suis demandé comment le Zubial, en écrivant Le Nain Jaune, avait pu à ce point abolir tout discernement. Il faut dire que mon père n'appartenait qu'à ses songes, et qu'il ne sut jamais se mélanger au réel. Fils d'une mère en lévitation morale, et d'un anticonformisme ahurissant, le Zubial avait été à bonne école.

Elle fut son premier professeur de cécité ; celle qui lui apprit à toujours convoquer le romanesque pour éloigner la médiocrité, à faire provision d'illusions. En récusant ce qu'elle et lui appelaient la froide réalité ; dans laquelle il ne fait pas bon se baigner.

Un soir que je l'interrogeais sur son pire souvenir de la Seconde Guerre mondiale, elle me répondit d'une voix pâle :

- Un jour, à Charmeil (leur petit château près de Vichy), ton père avait commis avec Simon quelque chose d'odieux, d'indicible, d'impardonnable : ils avaient trouvé une scie et coupé les branches des arbres fruitiers ! Le verger était en deuil.

Horrifié, je me suis mis à tousser.

Ma grand-mère avait vécu aux premières loges du pouvoir collaborateur, trinqué avec les suppôts de la Solution finale, côtoyé des haines bottées, frôlé des destinées étoilées de jaune, humé mille sorts en miettes, traversé un étripage mondialisé et elle ne trouvait rien de plus impardonnable qu'une taille excessive de pruniers et de pommiers dans son verger. Barbie torturait à Lyon ; elle se torturait à Charmeil que son mari fût si peu disponible pour lui réciter des vers de Rainer Maria Rilke. A-t-on idée d'être aussi préoccupé par l'occupant ? Les crématoires rougeoyaient en Pologne ; elle s'inquiétait au bord de l'Ailier de la cuisson de ses rôtis aux pruneaux.

Longtemps, j'ai raconté ce souvenir réellement odieux de ma grand-mère - pas au sens où elle l'entendait - sur le ton de la comédie. Autant en rire et en faire rire, me disais-je.

Il me donnait envie de pleurer. Et de lui botter le train jusqu'à lui dévisser le coccyx. Malgré l'amour total que j'éprouvais pour elle et qu'elle me rendait avec excès.

Comme s'il résumait l'aptitude exceptionnelle des Jardin à ne pas voir l'évidence, à toujours placer un prisme déformant entre le regard et la chose regardée. Et lorsqu'un soir je poussai plus loin le questionnement sur ses impressions en face de Pierre Laval, elle me répondit à voix basse (de crainte d'être entendue par ses fils) avec une moue dégoûtée :

- Un plouc... qui ne lisait rien. Totalement insensible à Rilke. Un homme d'un ennui, mais d'un ennui dont tu n'as pas idée ! Rien à voir avec Giraudoux, ah ça non ! Quelque chose de mal dégrossi, de sous-préfectoral...

- Et les Allemands que tu recevais à Charmeil ? Le Dr Rahn[7], Ernst Achenbach[8], Krug von Nidda, le représentant d'Hitler auprès de Pétain...

- Beaucoup plus cultivés ! Comme si la question était là.

Comme si son mari ne participait pas en coulisse à l'un des pires régimes de l'Histoire de France.

Sa réponse m'a refroidi d'un coup.

Jamais il ne lui était venu à l'esprit que le mépris du réel pouvait être une offense de plus aux victimes. Aux enfants livrés. Une forme d'indécence ultime, sans appel. Celle d'une égarée dans le siècle qui, non contente de regarder à côté des souffrances d'autrui ou de les recouvrir d'un voile de fantasmagorie, recruta pour mon père, en 1947, un autre professeur de cécité, encore plus compétent qu'elle : le philosophe Raymond Abellio. Un ex-membre de l'aile gauche de la SFIO (très incisive), ex-cagoulard (variété de facho conspirateur très friand de terrorisme), ex-idéologue en titre du Mouvement social-révolutionnaire (ultra-collaborationniste) financé par le Nain Jaune sur la caisse noire de Vichy ; bref ex-pratiquant d'à peu près tous les extrémismes de l'époque, ceux qui en crabe ou de manière directe menèrent à l'assassinat. Le type même du précepteur apaisant dont on rêve pour son enfant. Pour y voir un tuteur, une étoile du berger, il fallait avoir perdu la boule. Philosophe gnostique, en quête fébrile de la structure absolue des choses, instinctivement méfiant devant les placides manifestations du bon sens, ce dingue remarquable présentait aux yeux des Jardin l'avantage de se désintéresser du monde banal. Et de bâiller devant les évidences. Ma grand-mère le vénérait ; ce qui est en soi le signe que ce monsieur débloquait à l'année pleine. Que sa vie fût saccagée d'échecs ne la troublait pas.

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