Alexandre Jardin - Des gens très bien
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La tombe des Jardin
Depuis l'âge de quinze ans, je ne suis retourné qu'une seule fois sur la tombe du Nain Jaune et celle de mon père, voisines dans le cimetière bucolique de Vevey ; à l'exception des enterrements où je ne pouvais pas me défiler. Mes propres enfants n'en connaissent pas l'emplacement. Ils ne se sont jamais inclinés devant nos ascendants communs.
Nulle négligence dans cette dérobade au long cours.
Je n'ai jamais pu déposer de fleurs sur leurs mensonges.
La douleur de m'être glorifié d'une honte - porter le nom de Jean - s'est trop longtemps ajoutée chez moi à la terreur d'être démasqué.
Ce boycott sourd doit tout à ma colère inapaisée. Honorer sans réticence le Nain Jaune constituait pour moi une insulte supplémentaire aux familles juives mutilées par Vichy. Me recueillir - même seul - sur la sépulture du Zubial eût été souscrire à ses dénis, aux affabulations charmantes par lesquelles il avait cru se - et me - protéger. Me retrouver la nuque baissée face à leurs restes me semblait contraire à l'esprit de réparation qui m'habitait.
Une seule fois je me suis rendu au cimetière de Vevey, au bras de ma seconde femme. L'âme lourde. C'était il y a dix ans. J'avais osé ce pèlerinage car, depuis que nous sommes deux, le souffle de L. m'a toujours porté aux désenlisements. Sa bouche avait déjà un parfum d'aventure. Sous un mauvais soleil qui tombait des interstices du ciel, engourdi de peine, je n'ai pas su les présenter. Je suis resté là, malheureux d'être moi, au bras de cette femme sans déguisements qui rallie dans son sang italo-français tant de contraires : les gènes d'une grand-mère dont les papiers d'identité affichaient le tampon rouge JUIF et ceux d'un père prénommé Philippe (comme Pétain), né en mars 42 à... Vichy. Ça ne s'invente pas. J'ai alors fleuri la pierre tombale du Zubial, avec malaise et un brin de fragilité. Mais impossible de déposer la moindre rose sur la stèle du Nain Jaune. Même une petite fleur m'aurait semblé un outrage aux enfants du Vél d'Hiv.
Je n'allais pas réciter le kaddish (même si nous avions été dix hommes), la prière juive pour les disparus, devant la croix minérale du directeur de cabinet de Pierre Laval.
Résigné, j'ai fermé mes paupières pour éclipser leurs tombes ; et nous sommes partis. Le cœur à plat et le front triste.
Suis-je prêt à leur pardonner leurs actes ? Peut-être un jour, mais je ne pardonne toujours pas au Zubial et au Nain Jaune d'avoir fait de moi l'héritier d'une respectabilité douteuse. Ni le parfum de frivolité que le Zubial crut nécessaire d'accrocher à notre nom. Comment papa a-t-il osé métamorphoser l'un des moteurs de Vichy en un Nain Jaune étincelant, entortiller le pire dans sa piété filiale ? Et nous inventer sur papier broché une honorabilité de contrefaçon ? D'aucuns y verront une insolente marque de talent. Ce génie-là fascine ma plume ; mais appliqué à la plus indécente des falsifications, il me fait horreur. Et parfois me fait désespérer de la littérature.
L'un de mes oncles que j'aime s'est longtemps occupé de l'entretien des deux tombes. Désormais, je m'acquitte de factures libellées en francs suisses, celles du Zubial ; la monnaie de l'exil éternel. Le montant, à chaque fois, m'écœure par sa modicité.
Ils m'ont coûté si cher, ces deux-là.
Les fils de
Avant Jörg Hoppe, il y eut un autre homme - qui sans doute ne me connaît pas - que j'ai scruté à distance. J'épiais secrètement ses prises de position crispées et surtout sa fascinante fidélité à son père : Guy Bousquet, l'enfant de René. Il est le fils unique de celui qui, le matin du 16 juillet 1942, avait très probablement fini par téléphoner au directeur de cabinet de Laval, à Vichy, pour rendre compte de l'avancement de la rafle du Vél d'Hiv. Oui, au Nain Jaune, dont le métier était de tout savoir. Et s'ils ne se sont pas parlé directement ce jour-là - ils avaient tant à faire, les bougres ! - on voit mal comment ils ne s'en entretinrent pas par la suite, ne serait-ce que pour y faire allusion, dans les couloirs ouatés de l'hôtel du Parc.
Automne 1993, j'ai vingt-huit ans. Je suis posté devant un immeuble de l'avenue Marceau, à Paris. Le bâtiment abrite le cabinet d'avocat de M eGuy Bousquet dont j'ai déniché l'adresse dans un bottin usé. Une idée folle m'a traversé l'esprit : l'intercepter à la sortie de son boulot pour lui demander comment nous, les fils et petits-fils de, nous pourrions prendre une initiative pour réparer les actes de nos parents et grands-parents. Au motif que - même si nous portons des regards très différents sur leur passé - l'Histoire et la morale ne nous permettent plus de nous dérober. Dans mon angélisme, j'ai soudain assez de foi pour penser qu'une forme de dépassement de nos sensibilités blessées est possible, compte tenu de la gravité de nos antécédents. Un instant, j'avais songé prendre rendez-vous avec M eGuy Bousquet, classiquement, mais y avais finalement renoncé. Je ne me voyais pas lancer à sa secrétaire au téléphone :
- Monsieur Jardin... je voudrais parler à monsieur Bousquet.
Il sort de l'immeuble. Mal à l'aise, je le prends en filature sur le trottoir de l'avenue Marceau, avec l'espoir de le persuader et de l'interroger sur sa capacité à réhabiliter sans cesse son père. Au bout d'une centaine de mètres, il remarque mes pas rapprochés et se retourne.
Bousquet regarde Jardin.
J'ai rebroussé chemin. Il avait l'air soucieux. Je n'ai pas osé aborder cet homme pudique à la soixantaine passée. Je me suis enfui, par chagrin rentré sans doute. Et en prenant conscience qu'on ne demande pas des comptes à rebours à un fils de. Ma proposition de réparation collective, soudain, m'est apparue totalement farfelue. Sans doute étais-je seul sur ce trottoir à vouloir m'engager sur ce chemin...
Devenir juif
Mes plus tendres amis ont presque tous l'humour d'être juifs ; bien que je n'aie jamais recherché consciemment cette qualité. Je leur dois d'avoir remmaillé avec moi un fil tranché en 1942. Si j'ai toujours craint de franchir la frontière d'Israël, entrer dans leur cœur a fini par réchauffer le mien. Mais l'un d'entre eux, Antoine S., fit plus encore pour me réparer : photographe de grand calibre, résolu à diviser la vie en rectangles, il m'ouvrit les portes d'une synagogue.
C'était à Copernic, en 1994, lieu symbole de l'antisémitisme plastiqueur. Antoine m'y invite un soir. Un rabbin poilant, pétri d'érudition souriante, s'est mis en veine de décortiquer en chaire l'un de mes romans ; en appliquant à ma prose un traitement de choc talmudique. Intrigué, je m'équipe d'une kippa qui me fait une auréole textile et me faufile rue Copernic pour assister à un dîner-Talmud du très remuant Marc-Alain Ouaknin.
Première joie troublante : personne ne voit en moi le représentant d'une famille de vichystes ou le légataire, malgré moi, d'une débâcle morale. On me prend même pour quelqu'un de normal. Pas un regard alentour n'a l'air de soupçonner les occupations de mon grand-père le matin du 16 juillet 1942. Pour un peu, les grands-mères marieuses, étoilées à l'époque par le régime du Nain Jaune, me trouveraient l'air casher. Je me fais l'effet d'une toile de Boudin. Je suis visible mais non reconnu. Mais moi je ne peux pas m'empêcher de songer aux pleurs des quatre mille enfants du Vél d'Hiv, au mot terrible prononcé par Soko qui reste logé dans mes tympans (« grillés »). Tout en ayant envie de hurler à tout le monde que je n'y suis pour rien, et que je me sens gaulliste d'âme au point de croire que les Français ne sont pas toujours la France.
Ouaknin monte à la tribune et se lance alors dans une période oratoire acrobatique dont la portée résonne encore en moi. Il s'empare de mon texte, passe gaillardement sur le corps de mes certitudes, les culbute, dégomme mes points finaux pour en faire des points d'interrogation. Et dynamite ses propres questionnements ! Ce rabbin a la texture d'un éclat de rire, l'odeur de la joie et le sourire d'un nouveau-né ; ou plutôt d'un type occupé à naître. Et non à se perpétuer ou à ruminer des croyances. Le zigzag semble sa spontanéité, le looping intellectuel son habitude. Dans son cerveau fiévreusement juif, le temps n'existe plus. Il gifle le XVII esiècle, apostrophe les vivants, interpelle les pas encore nés, rit de bon cœur avec les déjà morts. En interprétant sans répit mes pauvres paragraphes en charpie, pulvérisés en un feu d'artifice de questions qui en amorcent d'autres.
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