Alexandre Jardin - Des gens très bien
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S'ensuivent des souvenirs attendrissants mêlant le Nain Jaune et toute la faune littéraire ou cinématographique française qui, en ce lieu même, dînait avec une certaine Allemagne ; évocation désuète, empreinte de nostalgie pétillante. Tout de même, c'était bien. Ravi de sa surprise, le souriant critique du Figaro n'a pas l'air de s'apercevoir qu'il m'a crucifié. J'ai vingt-trois ans, peu d'assurance encore. Je ne dis rien, attends glacé aux moelles et finirai pas sortir dans la rue en ayant envie de prendre une douche ; de me désouiller d'un passé qui n'est pas le mien. Tout à coup, j'ai honte de cette familiarité tribale qui m'a totalement dérouté. Et sur le trottoir, je tousse à m'en arracher la glotte. Par la vitre, j'aperçois une dernière image : d'autres très vieux convives - bavarois, indique leur costume traditionnel - se joignent à la table brillante des Chambrun. Chez Maxim's, ce petit monde retrouve l'un des décors chatoyants de leur jeunesse commune ; et une hôtesse toujours aussi exquise qui s'ébroue dans la mondanité de haute volée. Rien n'a changé.
Moi si. Je souhaite ne plus jamais frayer avec ces gens si bien sous tout rapport.
Ne plus jamais me souvenir d'un hier qui ne doit pas être le mien, d'une complexité et de contradictions qui m'asphyxient.
Le soir même, j'écrivis trois chapitres de Fanfan.
Pour m'aérer, me réchauffer le cœur ; et rêver ailleurs.
Sous ma plume, soudain, il ne fut plus question que de petites extases bleutées. Je ne voulais plus goûter aux breuvages à hauts risques. Plus jamais entendre parler de mémoire incorrecte. Me défaire à toute allure de l'ignominie accrochée à mon nom. Et ne plus respirer que des valses de bons sentiments, ne plus connaître que des blessures à fleuret moucheté, des étourdissements aériens. Des baisers volés ou retenus, des entrechats sentimentaux.
Un ami m'a dit
Désemparé, je me tourne vers un autre ami inquiet de tout, lucide jusqu'au désespoir et dont la famille est un peu plus juive que la mienne :
- Le Nain Jaune a tout de même joué double jeu, rendu des services à la Résistance. En tout cas sur la fin.
- Sur la fin, plein de gens ont joué double jeu.
- A qui penses-tu ?
- Himmler aussi a été ambigu lorsqu'il a interrompu l'extermination fin 44 et commencé à négocier son avenir avec les Alliés.
- Jean n'a pas été qu'un supplétif du pire. Il a sauvé des Juifs avec sincérité ! Il a fait prévenir x fois son ami Jacques Helbronner, le président du consistoire israélite, le fils du grand rabbin, pour éviter son arrestation...
- ... qui a finalement eu lieu en octobre 43.
Mon ami tousse, comme s'il était gêné de me ramener sur terre :
- Tu sais qui a contribué à sauver mon grand-père, Gaston ? Un peu Juif à ses heures...
- Le Nain Jaune ? ai-je blêmi.
Un instant, j'ai cru que le destin - si souvent jardinesque dans ses détours - me jouait un nouveau tour.
- Non, pire : Xavier Vallat, me répond-il. Soulagé mais tout de même éberlué par cette nouvelle parfaitement inattendue, je réplique d'une voix de fausset :
- Le Vallat?
- Le Commissaire Général aux Questions Juives ! Le dingue antisémite, le patriote qui fichait, le mutilé de Vichy qui discriminait, traquait et marquait. Le berger allemand du système. Oui, l'homme qui a inspiré les grandes lois antijuives ! Et dont j'ai même publié la biographie...
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Mon grand-père et Vallat s'étaient connus en 16, dans le 114 ebataillon de chasseurs alpins. Et lorsque Vallat a été grièvement blessé, en mars 18, c'est Gaston, brancardier, qui est venu le récupérer sous la mitraille. « Papé » l'a sauvé. Quand, en 42, les grandes rafles ont démarré, Vallat a fait prévenir à temps son sauveur. Gaston à son tour a payé sa dette en 47 lors du procès de Vallat devant la Haute Cour. Ce témoignage d'un Juif a peut-être contribué à sauver sa tête, mais dans la communauté, c'est plutôt mal passé...
- Vallat ! ai-je répété, aphone, comme si j'avais nommé le diable.
- Avoir sauvé des Juifs ne signifie rien, ou plutôt pas grand-chose, sur le plan moral mon vieil Alexandre. Ceux qui n'ont rien vécu n'ont pas droit au confort du jugement...
Cette fois, c'est lui qui est désemparé.
Dans le regard du petit-fils de ce Gaston, je lis qu'il aurait bien voulu venir en aide au petit-fils du Nain Jaune ; mais la vie, mauvaise fille, ne le permet pas.
En revanche, elle me permit de réparer. A ma façon.
Pour supporter mon intolérable ressemblance avec le Nain Jaune.
II
SE REFAIRE
Le Nain Jaune et moi
Comment pardonner à qui vous ressemble ?
Si nous avions été moins frères, le Nain Jaune et moi, sans doute aurais-je mieux toléré l'omerta dont il me fit le dépositaire. Et le bénéficiaire honteux. Peut-être même serais-je parvenu à lui trouver des circonstances atténuantes ; assez pour honorer sa trouble mémoire. Et l'aimer. Qui sait ?
Mais je n'ai découvert que tardivement notre gémellité.
Pourtant aussi flagrante qu'était visible le grand Boudin des parents de Zac.
C'était il y a deux ans, alors que je fouillais le destin concassé d'un fils d'exécuteur nazi ; l'un de ces damnés, prisonniers d'un legs infâme, que j'ai toujours scrutés. Bien qu'on discerne difficilement ces broyés, au hasard des enquêtes sur leur père ; quand ils ne se sont pas carapatés loin d'Europe comme les deux mouflets du commandant d'Auschwitz, Rudolf Hoess. L'un avait filé se fondre dans le melting-pot américain, l'autre était parti s'oublier en Australie. En allant directement au pire, à la source de l'horreur héréditaire, j'espérais percer le mystère de l'absence de culpabilité des complices de la Shoah. Comment ces parents-là avaient-ils pu, après-guerre, défoncer leurs propres enfants en leur assenant un silence pareil ? La dureté de ce temps avait-elle fait de ces fugitifs des obsédés du moi ? Des experts en stricte fidélité à soi-même ? Des forteresses de mensonges aptes à tous les cynismes ?
Cette année-là, j'écrivais un roman gai et léger - Quinze ans après, la suite de Fanfan - tout en examinant de près, à travers des documents européens et américains, le sort d'un certain Jörg Hoppe. Ce garçon se trouve être le fils unique du commandant du Stutthof. Un camp de petit format, au débit moins industriel qu'Auschwitz mais où quatre-vingt mille personnes furent tout de même détruites, aux portes de Dantzig. L'histoire désespérante du fils Hoppe, tout en dérobades réitérées de son père, entrait curieusement en écho avec mes angoisses de garçon mal souché ; bien que je fisse la très nette distinction entre un commandant de camp de concentration allemand et un directeur de cabinet de Pierre Laval à Vichy. Sur l'échelle de Richter de la grande transgression, il y a des différences de degré qui restent des écarts de nature.
Après la guerre, Jörg Hoppe avait grandi dans le mutisme de son père. Un jour impossible, il avait soudainement appris en pleine classe de son école primaire, par la bouche d'un professeur sadique et sans doute bien-pensant, les responsabilités atroces de son géniteur. La honte d'exister, et d'être issu d'un mariage SS à visée raciale, lui avait alors brisé la nuque. Et lorsque le jeune Jôrg avait osé, bien plus tard, retourner au Stutthof transformé en mémorial polonais, il avait vu dans une vitrine, exposées aux yeux de tous, des photographies de son père à la parade en uniforme de colonel SS. Ces clichés étaient si ressemblants avec son propre profil que Jörg avait paniqué et fui ; terrorisé à l'idée que les gamins polonais en visite scolaire, autour de lui, puissent le reconnaître. Lors de son retour à Bochum, sa bourgade allemande natale, il avait tout tenté pour faire parler son père afin de comprendre, en se gardant de juger trop vite, et savoir quoi dire plus tard à ses propres bambins quand ils se découvriraient avilis de perpétuer le nom des Hoppe. Mais le commandant Paul Werner Hoppe (dont le beau-père avait dirigé un autre camp de concentration ; une affaire de famille) était resté emmuré, tout comme sa femme, refusant d'établir un contact humain avec leur rejeton fêlé à l'os. Paul Werner avait même menti effrontément à Jörg (« c'est de la propagande communiste, les Polonais ont apporté ces instruments de torture dans le camp après la guerre ! »), marmonnant qu'il n'avait fait que son devoir et qu'il avait été, lors de son jugement en 1949, victime d'une immense injustice, repoussant ses fameuses explications complètes au jour de clarté où il rédigerait un livre - où il dirait tout, ça on pouvait l'en croire ; mais ce jour-là, libératoire, n'était jamais venu. Jörg Hoppe avait cherché en vain le manuscrit de cette confession dans les affaires de son père, au lendemain de sa mort, à l'été 1974. Deux ans tout juste avant la disparition du Nain Jaune. Jörg Hoppe - comme la plupart des fils et filles de francs bourreaux - n'avait jamais obtenu cette fameuse conversation loyale qui aurait pu, espérait-il, apaiser sa filiation.
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