Alexandre Jardin - Des gens très bien

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"Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois: plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera... Tu feras un livre, le nain jaune, pour le camoufler. Au même âge que toi, j'en ferai un, des gens très bien, pour l'exposer. Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne. Dors mon petit papa, dors... Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire". C'est le carnet de bord de ma lente lucidité". (A.J.).

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Lorsque le Zubial publia en 1971 La Guerre à neuf ans - ses souvenirs iconoclastes de vichyste junior, - il prit soin de raconter à tout Paris que son éditeur, le très énigmatique Bernard de Fallois, avait divorcé de sa relation avec le Nain Jaune pour que fleurisse leur affection. Au motif exquis et romanesque que l'amitié ne se partage pas. Puis, sur le ton de l'amusement, le Zubial avait expliqué à son entourage que le Nain Jaune, saisi d'une rage de père moliéresque, avait tenté d'en racheter le manuscrit ; histoire d'asphyxier le talent de son fils qui osait frapper ainsi à la porte de la littérature. Goguenard, papa s'était targué d'avoir fait louer par le groupe Hachette un petit avion à hélice tirant une bande publicitaire saluant la parution de La Guerre à neuf ans ; bande qui fut, paraît-il, déployée dans le ciel de Deauville pour survoler la plage, sous le nez du Nain Jaune en vacances, asphyxié d'exaspération devant sa cabine de bain. L'aéroplane vengeur aurait alors effectué assez d'allers et retours au-dessus de l'hôtel Royal, où séjournait Jean Jardin, en traînant sa bande - Lisez la Guerre à neuf ans de Pascal Jardin - pour que le vieil homme, soudainement bilieux, ait piqué une colère jardinesque et rapatrié séance tenante dans ses pénates helvétiques sa femme, sa maîtresse, ses chiens aboyant à la défaite, Soko, Couve et un ou deux ministres solidaires de l'atrabilaire.

Jolies scènes ? On passe de Molière aux Marx Brothers en vacances à Deauville.

La réalité est plus sèche.

Cela faisait vingt-six ans que le Nain Jaune s'appliquait à ne pas être vu, à exercer un pouvoir non officiel, un quart de siècle qu'il pratiquait une opiniâtre discrétion protectrice et qu'il refusait les sollicitations d'éditeurs parisiens qui guettaient ses mémoires ; et soudain Pascal, le plus tonitruant de ses fils, la nitroglycérine faite encre, se permettait d'écrire à pleine fantaisie sur leur passé à Vichy ! En zoomant sans retenue sur la zone obscure de son parcours politique ! Celle qui pouvait lui coûter sa tranquillité, voire son scalp d'homme libre ; en tout cas son honorabilité.

Lorsque Jean avait eu vent du projet de ce livre par Fallois - qui s'était alors bien gardé de l'informer de son contenu réel, - sans doute avait-il senti les vrais ennuis le frôler ; et le risque judiciaire se rapprocher de sa quiétude helvétique. Nerveux, le Nain Jaune ignorait alors que le Zubial avait commencé à entreprendre, en crabe, sa sidérante réhabilitation. Leurs rapports n'étaient pas simples et, pour le moins, éruptifs. Avec charme, le Nain Jaune avait d'abord tenté d'obtenir du directeur du livre chez Hachette l'annulation pure et simple de la parution de La Guerre à neuf ans ; puis, devant le refus courtois mais très ferme de Fallois, il avait commencé la ronde de ses pressions diverses, celles que ce fin politique avait depuis toujours l'habitude d'exercer dans le Paris des leviers. Vichy devait rester dans le placard. Enfin, à bout de munitions et incapable d'obtenir la reddition d'Hachette, Jean en serait venu à de plus sérieuses propositions monétaires[15]. Restées sans effet.

Rien de Molière dans tout cela ; tout respirait la vraie peur.

Une terreur très légitime vivait en lui. Elle datait de l'épuration, de cette époque sanglante où son ami Laval fut fusillé et où le connétable de France avait refusé la grâce de l'Auvergnat. Même lorsque le Nain Jaune avait pris connaissance de la réalité du livre de son fils - qui ne le menaçait guère, - il avait dû trembler : la sortie d'un ouvrage pareil, mêlant cocasserie nerveuse et perception émue de Vichy par un ex-bambin habitué de l'hôtel du Parc, ne pouvait qu'occasionner du tapage. Son nom - dont les Français n'avaient jamais entendu parler - commencerait à circuler dans les rédactions. Des questions seraient posées, troussées, aiguisées. Des justifications réclamées. La tourbe de la haine vengeresse n'était pas loin. Pour avoir trop couché avec l'Allemagne, aurait-on l'idée de tondre sa réputation ?

Pourquoi diable avait-il enfanté un écrivain ?

Lequel en enfanterait un autre...

Soudain, j'en suis

Le sentiment d'en être fut longtemps pour moi une source d'horreur indélébile. Je voyais bien dans l'œil de certaines personnes bouffies de gentillesse, et percluses d'amabilités au seul énoncé de mon patronyme, que mon lignage supposait certaines compréhensions ; pour ne pas dire un accord implicite avec une forme d'antisémitisme supposément culturel ou de bon aloi. Le plus pernicieux peut-être ; car, sous ses dehors bonhommes, suintant l'entre-soi inoffensif, il légitime l'assassin. Et permet à une nation sans nerfs de fermer les yeux.

Lors d'une signature chic à l'Opéra de Paris, en 1986, une jeune femme sensuelle - étourdissante de blondeur polaire - se pencha vers moi. Manifestement, elle n'en voulait pas qu'à mon cerveau. Engageante, elle vrilla ses pupilles bleues dans les miennes, gonfla son corsage magnifique et me susurra d'un air entendu :

- Vous savez, nos familles sont très liées... par nos grands-pères. Ils se sont bien connus... à Vichy, en 42-43 !

- Vous vous appelez comment ?

- Ma mère est née (...), un nom qui résonne bien de chez nous, n'est-ce pas ?

La créature débordait d'attraits et d'arguments charnus.

Glacé, je me suis aussitôt rétracté.

Ces malaises réfrigérants s'accentuèrent et prirent un tour vraiment récurrent lorsque mes romans commencèrent à connaître une réelle diffusion.

Paris, novembre 1988. J'ai vingt-trois ans. Ecrivaillon fêté depuis la parution de mon roman Le Zèbre, tout le monde cherche à se frotter à mon succès que j'imagine éphémère. J.C., un critique littéraire de renom, épanoui de gaieté, collectionneur de mondanités mythiques et lustré de culture - à qui le triomphe du Zèbre doit beaucoup - veut me faire une surprise :

- Mets une veste et une cravate, je t'emmène dans un endroit très spécial. Tu verras, ce sera une jolie rencontre avec de vrais amis de ta famille... Ne t'inquiète pas !

Amusé autant qu'intrigué, je noue une cravate, me glisse dans mon unique veste et suis le critique pimpant - que j'apprécie fort au demeurant - qui m'escorte... chez Maxim's, rue Royale. Sur la droite en entrant dans la salle, une table est dressée ; y trônent une vieille dame volubile et son antique mari, moins frais. D'autres invités sont là, attablés, dont un très vieux monsieur à l'accent aussi aristocratique que germanique. Son esprit fuse. On rit, on pétille, on m'accueille. La vieille dame paraît si connue de tous qu'on ne prend même pas la peine de me la présenter ; ni son mari d'ailleurs. Ce serait inconvenant. Elle me serre dans ses bras avec une effusion marquée, déclare que « nous sommes en famille », m'apprend qu'elle est la marraine de l'un de mes oncles et se répand en souvenirs affectueux concernant le Nain Jaune (« il était tout pour nous, tout... ») ; puis elle évoque les heures étincelantes qu'ils ont traversées ici, avec lui, il y a si longtemps déjà. Parmi les aficionados du III eReich mondain ; Cocteau, Yvonne Printemps, Mademoiselle Chanel et tant d'autres égarés. Le vieux monsieur allemand opine du bonnet, nostalgique. Tout un monde estompé revit dans les lumières ambrées de Maxim's.

Soudain, le froid monte en moi.

Je comprends que la vieille dame s'appelle Josée de Chambrun. Elle est la fille de Laval et son mari fléchissant est bien l'un des anciens avocats de Pierre Laval devant la Haute Cour en 1945. Une coupe à la main, je me trouve donc en train de frayer avec l'une des nombreuses égéries de la vie collaborationniste parisienne sous l'Occupation, l'un de ces noms phares qui fédéraient alors les baladins en vogue. Ce qui n'était pas rien : la vie mondaine traduit bien la capacité d'un pouvoir à trinquer avec les élites d'un pays, même piétiné. Et là, soudain, on est entre soi, en famille. N'est-elle pas la marraine de mon oncle ? Les mots d'esprit fusent ; le ricanement aristocratique est de rigueur. Mal à l'aise, je ris au milieu de ces gens décidément très bien. On me sert une eau minérale pétillante - de la Châteldon - propriété, me dit-on, du Président (Laval). J'avale de travers mais fais bonne figure. Que dire devant une telle déferlante de gentillesses qui me fige d'épouvante ? Que répondre à cette très vieille mondaine écroulée, encore éprise de son père, et à son époux fourbu d'Histoire qui fut l'une des voix de la fidélité à Pierre Laval, son beau-père ?

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