Alexandre Jardin - L'île des gauchers

Здесь есть возможность читать онлайн «Alexandre Jardin - L'île des gauchers» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

L'île des gauchers: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «L'île des gauchers»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Dans un archipel du Pacific Sud, ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite peu de droitiers. Cette minuscule société fondée par des utopistes français en 1885, s'est donnée pour but de répondre à une question d'importance: comment fait-on pour aimer? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. Voilà ce que vient chercher dans l'île des Gauchers lord Jeremy Cigogne. À trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. À trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux...

L'île des gauchers — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «L'île des gauchers», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

La réponse qu'il se fit était honnête, jusque dans sa rouerie : oui, il n'était guère élégant de voler à sa femme ces instants de vérité. Mais l'amour porté à un certain degré a des droits qui se moquent de la morale commune ! Le sien quittait les territoires balisés par les mœurs ordinaires. Il y avait dans sa conduite quelque chose d'extrême qui ne pouvait s'accommoder de réflexions étroites. Cette idée acheva de l'embraser.

Avec discrétion, il pénétra à son tour dans la maison pleine d'obscurité de Debussy, par une fenêtre, en soulevant une moustiquaire. Sur l'île des Gauchers, nombreux étaient ceux qui ne prenaient pas la peine de mettre des vitres à leurs fenêtres ; sous ces latitudes, les brises n'étaient jamais vraiment fraîches et l'on n'était pas venu sur cette terre nouvelle pour nettoyer des carreaux. À tâtons, Cigogne se dirigea dans un couloir, guidé par des notes de piano. Hadrien Debussy jouait le morceau composé pour Emily. Une porte était entrebâillée et donnait sur une pièce éclairée par des bougies. Jeremy jeta un œil, fouilla la chambre du regard et aperçut, derrière un paravent, Debussy qui était assis devant son piano à queue, une pièce extraordinaire conçue pour les musiciens gauchers. L'ordre des touches était inversé, tout comme la découpe de la lourde queue.

Emily entra dans la chambre. Le piano gaucher se tut et, sans un mot, elle commença à se déshabiller avec des lenteurs propres à agacer les sens de Debussy. Lord Cigogne en suffoquait, de rage mais aussi de stupeur. Elle, lady Cigogne, qui dans leurs étreintes ne se montrait habituellement qu'avec une extrême réserve - sauf lors du Carême gaucher -, se livrait avec un plaisir manifeste à l'émerveillement de cet Hadrien de rencontre, éveillait sa lubricité sans vergogne ! Le musicien ne bougeait pas. Ils avaient l'air de jouir du silence qui les enveloppait, comme s'ils eussent instinctivement souhaité renouer avec la magie de l'île sur laquelle ils s'étaient connus. Avec l'envie de frapper Debussy, et comme pour mieux s'assurer que ce spectacle effarant avait quelque réalité, Cigogne s'approcha sur la pointe des pieds jusqu'au paravent, derrière lequel il se posta. Allait-il étrangler les deux amants ?

Nue, Emily se dirigea vers Debussy, descendit le long de son corps et, avec une gourmandise que Jeremy ne lui connaissait pas, se livra sur le jeune homme à certaines privautés qu'elle ne lui avait accordées que rarement et avec répugnance, affaiblissant ainsi tout le plaisir qu'il eût pu en retirer. Emily manifestait un goût stupéfiant, quittait d'un coup sa peur ancienne du corps et du sexe des hommes. C'était à la fois insoutenable pour Cigogne et bouleversant de la voir sortir de ses terreurs de petite fille. Si elle se fût contentée d'improviser cette faveur avec réticence, afin de se montrer complaisante, Jeremy eût sans doute mis un terme à tout cela ; mais, dans son amour fou, il eut assez de tendresse pour respecter cette libération qu'elle était en train de connaître, cette occasion qui lui était donnée d'apprivoiser ses instincts, dans la semi-inconscience que permet l'adultère. Loin d'être excité, Jeremy pleurait ; il mordit un foulard pour ne pas trahir sa présence et, alors qu'il voulut se replier, fuir cet enfer, il n'en eut pas la possibilité.

Les impatiences du corps d'Emily précipitèrent les événements. Elle entraîna brusquement Debussy vers l'alcôve. Jeremy eut tout juste le temps de se dissimuler sous le lit, sur lequel les deux amants s'abattirent avec hâte. Pendant toute la nuit, il dut subir le calvaire d'entendre sa femme accorder de bonne grâce à un autre tout ce qu'elle lui refusait, dans des hennissements de volupté, et de voir la trace mouvante de leurs ébats qui s'imprimait sur le matelas, à quelques centimètres de ses yeux. Le malheureux asphyxiait de désespoir, de chaleur, et plus son affliction l'anéantissait, moins il lui devenait envisageable de sortir de la cachette dont il était prisonnier. Comment eût-il pu justifier les heures passées sous eux ?

Dans son désarroi, Cigogne s'attachait à se consoler en se répétant que tout se déroulait tel qu'il l'avait, d'une certaine façon, espéré. Emily paraissait voyager de l'autre côté de ses appréhensions, dans un abandon qui l'affranchissait toujours plus de ses trouilles d'antan. Mais chaque fois que Jeremy parvenait à tempérer sa souffrance morale, les halètements reprenaient avec plus de vigueur au-dessus de sa tête, jusqu'à lui ôter la raison. Tout, tout, les deux amants explorèrent tous les vertiges qu'il est concevable de goûter dans un lit. S'il ne voyait rien directement, Cigogne pouvait hélas contempler les ombres portées de leurs plaisirs sur le mur opposé à la lampe de chevet ; et il avait beau essayer de diriger son regard sur autre chose, ce spectacle d'ombres sonores obsédait ses nerfs malmenés. Si encore ses sens et son imagination y avaient trouvé leur compte ! Mais non, son sexe demeurait au point mort, comateux, dans une léthargie qui n'appelait pas les délices du poignet. Le compliqué lord Cigogne nourrissait pour sa femme un amour simple.

Au lever du jour, sans qu'ils eussent prononcé un seul mot, Emily avait vaincu ses peurs, les avait converties en de nouveaux appétits, par la grâce de son époux et non par celle de son amant, comme elle le pensait. Aucune parole n'avait été nécessaire ; l'accord de leurs peaux, l'assortiment des désirs, les caresses des regards avaient suffi. Emily se sentait belle d'avoir été aimée ainsi, ronde d'assouvissement ; sa peau retenait encore les tendresses, les divines brusqueries et les odeurs de la nuit, comme si elle eût été hâlée par les plaisirs. Alors, au réveil, les deux amants se mirent à causer ; ils rirent ensemble d'avoir perdu tous deux leurs défis de libertins.

Mais peu à peu les mots les séparèrent, d'abord insensiblement, puis plus nettement. Ceux de l'autre recouvraient mal ce qu'ils éprouvaient chacun de son côté au sortir de ces voluptés ; plus ils parlaient, plus l'incompréhension naturelle qui règne entre les hommes et les femmes reprenait ses droits. De menus quiproquos en micro-agaceries, leurs paroles dissipèrent, malgré eux, l'accord parfait de la nuit. Debussy commit la faute de rappeler avec quelque précision des complaisances qu'elle avait eues et qui, décrites à froid, déparaient la féerie qui enveloppe certains abandons, dans l'instant où on les vit. La pudeur d'Emily s'en trouva froissée, et elle lui découvrit soudain une pointe de vulgarité qui lui déplut. Craignant de décharmer davantage leur aventure, elle voulut se retirer, non sans lui avoir donné rendez-vous, ici même, pour le prochain soir.

Mais, avant de partir, elle précisa ses désirs :

- Hadrien, ne parlons plus, plus jamais. J'aime ce que ton corps, ton visage, tes yeux et tes mains me disent.

- Et ma musique ?

- Oui, ta musique aussi, fit-elle en souriant.

Et elle s'en alla, heureuse d'avoir établi une liaison sans mots.

Sous le lit, Jeremy n'en avait pas perdu un.

27

Lorsque Emily reparut dans la chambre, le soir même, Hadrien Debussy avait éteint la lampe de chevet. Des bougies parfumées éclairaient le masque de chat qu'il portait. Il se trouvait près du piano, occupé à goûter un vin rouge d'Australie. Suivant le rite qu'elle avait inauguré la nuit précédente, Emily se dévêtit en des lenteurs qui soulignaient le prix de ce qu'elle offrait à ses regards puis, avec une liberté qu'elle ressentit comme une effronterie, lady Cigogne s'accouda au piano et offrit ses fesses, en imprimant à son dos une cambrure qui disait ce qu'elle attendait de son amant.

Cette posture était pour Emily une manière de victoire sur elle-même, un écart qui ne lui eût pas même paru concevable une année auparavant quand, dans ses cercles de Kensington, elle était encore corsetée par un puritanisme inquiet. Jamais peut-être cette fille de pasteur ne s'était sentie aussi maîtresse d'elle-même, de son sort, de sa conduite, de ses pensées, qu'en cet instant qui semblera bien sage en cette fin de XX esiècle mais qui, en 1933, relevait du songe érotique, d'une transgression qu'aucune femme de l'aristocratie britannique n'eût pu s'accorder sans déchoir, aux yeux de son mari, et aux siens propres. Ivre du sentiment de se gouverner, en rupture avec toutes les convenances, Emily poussa les choses jusqu'à se présenter d'une façon peu orthodoxe lorsque Debussy voulut entrer en elle. À Londres, en ce temps-là, seules les prostituées reconnaissaient se livrer ainsi. Cette ultime audace marquait dans son esprit une volonté de divorcer d'avec son éducation, d'ouvrir à jamais la cage de ses terreurs. Emily prit ensuite toutes les initiatives ; elle était décidée à se posséder elle-même, avec une frénésie sans bornes.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «L'île des gauchers»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «L'île des gauchers» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Robert Jordan - Herr des Chaos
Robert Jordan
Alexandre Jardin - Mademoiselle Liberté
Alexandre Jardin
Alexandre Jardin - Des gens très bien
Alexandre Jardin
Николя Д’Этьен Д’Орв - Тайна Jardin des Plantes
Николя Д’Этьен Д’Орв
Alexandre Jardin - Le Zubial
Alexandre Jardin
Alexandre Dumas d.Ä. - Eine Tochter des Regenten
Alexandre Dumas d.Ä.
Alexandre Dumas d.Ä. - Die Abenteuer des John Davys
Alexandre Dumas d.Ä.
Alexandre Dumas - Die Wege des Herrn
Alexandre Dumas
PENNY JORDAN - Unspoken Desire
PENNY JORDAN
Отзывы о книге «L'île des gauchers»

Обсуждение, отзывы о книге «L'île des gauchers» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x