Elsa Triolet - Roses à crédit

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Martine est belle, elle a le rare don d'aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue su monde dans des conditions de l'âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d'un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d'êtres, car moins on possède de i choses n et plus le désir en est grand. Ainsi est né le crédit malin, l'enchantement des a facilités » qui comble les désirs.
Daniel Donelle, l'amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électro-ménager. Rosiériste, touché par l'aile de la science, il rêve à une rose nouvelle. La belle Martine, jadis perdue dans les bois, l'avait attiré dans leurs mystérieuses profondeurs, mais le coq a chanté, et Daniel, stupéfait, trouve sa femme installée dans un petit appartement moderne acheté à crédit.
Un jour, Daniel créera la rose parfumée
, mais elle ne sera plus un hommage qu'à la souffrance.

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À LA DISCRÉTION DE VOS DÉSIRS

Ce fut le jour le plus terrible de sa vie. Jusqu’ici, elle était parfois désespérée de ne pas avoir ce qu’elle désirait ; ce jour-là, elle avait perdu ce qu’elle avait eu : le bonheur. Parce que, malgré tout, elle avait été heureuse. Elle travaillait comme une brute, c’est vrai, et à l’Institut et chez des clientes à domicile, pour couvrir les traites. Et elle vivait dans l’inquiétude : si jamais, à l’Institut de beauté, cela se savait, si on y apprenait qu’elle détournait des clientes pour se faire une clientèle particulière !.. Mais elle ne pouvait pas non plus laisser mettre saisie-arrêt sur son salaire, laisser éclater le scandale du papier bleu… Tous ces soucis, elle s’en arrangeait. Elle était heureuse quand même, fatiguée, inquiète et heureuse. Elle supportait tout, courageusement, même de ne plus voir les siens, porte d’Orléans, tant elle se sentait fautive d’avoir obligé M’man Donzert à porter sa chaîne d’or au clou. M’man Donzert, qui ne savait pas que Martine le savait, ne s’expliquait pas ses absences, était malheureuse de ne pas la voir, s’inquiétait, et pleurait souvent, ce que M. Georges, parfaitement au courant, pardonnait mal à Martine. Bien que M’man Donzert s’en fît encore plus pour Cécile que pour Martine : oui ou non, allait-elle se marier avec M. Genesc ?

Mais fallait-il que M. Georges eût choisi pour faire une visite à Martine juste ce soir-là où Daniel venait de partir…

— Je passais… dit M. Georges, sans s’occuper de l’invraisemblance. Tu n’as pas bonne mine, fillette ! Tu n’es pas malade ?

— Fatiguée… Je vais me mettre du rouge à lèvres, et ça n’y paraîtra plus. Il n’y a rien de cassé à la maison ?

— Tout le monde est en bonne santé. Je ne vais pas m’attarder, ni y aller par quatre chemins… C’est de toi qu’il s’agit, Martine.

Martine se mettait du rouge à lèvres devant la glace au-dessus du bahut à vaisselle. Sa coiffure était correcte.

— Je vous écoute, monsieur Georges… Vous ne voulez pas boire quelque chose ?… Un café ?

— Martine, je ne veux rien… Je suis venu te parler.

Ils étaient maintenant l’un devant l’autre, sur des chaises droites et inconfortables.

— Je te disais dans le temps, fillette, que tu avais de la chance dans la vie, que tu avais déjà gagné deux manches… La première quand M’man Donzert t’a recueillie, la deuxième quand M’man Donzert t’a amenée à Paris… Tu es en train de rater la troisième : ton mariage, ton avenir…

— Comment ça ? dit Martine. La gêne que lui causait cette visite inhabituelle, et cela après le départ de Daniel, le terrible bouleversement, l’amollissait, elle était dans un étrange état de faiblesse, n’aurait pas pu serrer le poing, avait du mal à ne pas laisser tomber les paupières.

— Je vais te raconter une histoire… Il y avait une fois un pêcheur qui vivait avec sa femme au bord de la mer. Ils étaient très pauvres et misérables, un peu comme les tiens dans la cabane, au village. Un jour, le pêcheur a pris dans ses filets un petit poisson d’or qui lui dit d’une voix humaine : « Pêcheur, rends-moi la liberté et je te la revaudrai ! — Et comment me la revaudras-tu ? — Je te donnerai par trois fois tout ce que tu souhaiteras. » Le pêcheur sortit le petit poisson d’or du filet, et le vit disparaître dans les flots…

Martine, appuyée au dossier droit de la chaise, les mains dans les genoux, écoutait M. Georges. Il lui faudrait écouter jusqu’au bout et tirer la morale de l’histoire. M. Georges était le meilleur des hommes, mais il avait ses façons à lui… Ce soir, elle avait du mal à les supporter. M. Georges racontait son histoire de poisson d’or, alors qu’elle se sentait partir…

— Le pêcheur rentra à la maison et raconta l’histoire à sa femme qui était en train de bouillir son linge dans une vieille lessiveuse rouillée. « Conteur d’histoires ! cria-t-elle. Imbécile ! Tu as cru à des bobards et maintenant on n’a même pas de quoi manger ce soir ! — Essayons voir, répondit le pêcheur. Souhaite quelque chose à haute et intelligible voix. » La femme du pêcheur haussa les épaules, mais cria pour se moquer de son mari : « Je veux que ma vieille lessiveuse devienne neuve, et les loques que j’y fais bouillir, du beau linge !.. » À peine avait-elle prononcé ces paroles qu’il se fit un grand bruit, et une machine à laver « Mer bleue », pleine d’un linge magnifique, apparut à la place de la vieille lessiveuse rouillée. La femme du pêcheur en fut très heureuse pendant vingt-quatre heures. Puis elle se mit à gronder son mari : « Pourquoi m’as-tu laissé souhaiter si peu de choses ? — Eh bien, dit le pêcheur, fais un deuxième souhait, puisque tu y as droit. Mais j’imagine que ces souhaits sont comme un pari à discrétion : lorsqu’on a gagné, il faut savoir être discret ! — Oh toi ! dit la femme du pêcheur… Cette fois j’ai bien réfléchi, et je souhaite avoir une belle maison, à la place de cette vieille cabane, toute meublée, avec tout le confort, et des voitures, et des bijoux ! » Et cette fois, comme la précédente, il se fit un grand bruit, les planches de la cabane craquaient et finalement disparurent. Le pêcheur et sa femme, magnifiquement habillés, se trouvaient dans un palais, orné de dorures, de tapis, avec tout le confort moderne, vide-ordures et ascenseurs dans tous les coins, et devant la porte la plus grosse des voitures américaines. À chaque pas, des domestiques bien stylés les saluaient et leur servaient ce qu’ils voulaient, à boire et à manger. Le pêcheur et sa femme passèrent une très bonne nuit dans un lit de duvet. La deuxième nuit, la femme s’endormit tard, et la troisième elle s’agita si fort que le pêcheur finit par lui demander : « Femme, qu’est-ce que tu as ? — Vieil imbécile, répondit-elle, pourquoi m’as-tu laissé souhaiter si peu de choses ? »

« Nous en sommes à la troisième fois, pensait Martine, ça touche à la fin… Sainte Vierge, je n’en peux plus, je n’en peux plus… »

— « Tu trouves cela peu de choses ? répondit son mari. Qu’est-ce qui te manque donc ? Si tu as oublié une vétille qui te ferait plaisir, demande-la, je suis d’accord, mais songe qu’après cela sera fini. Tu n’auras plus de poire pour la soif, quoi qu’il t’arrive, une maladie, un malheur… En plus, tu risques de passer pour indiscrète et effrontée. — J’ai réfléchi à tout cela, dit la femme, c’est pourquoi je souhaite que le poisson d’or vienne nous servir en personne… » À peine avait-elle prononcé ces mots qu’un énorme bruit, avec éclairs et tonnerre, se fit autour d’eux, dans un ciel devenu noir ! Le monde se trouva plongé dans un état de catastrophe, les murs du palais s’écroulèrent, on aurait cru que le ciel allait tomber sur la tête des hommes… La bombe atomique n’aurait pas fait mieux… Quand le pêcheur et sa femme ont pu se relever, une fois les éléments calmés, le silence revenu, ils se sont retrouvés devant leur cabane en planches et la lessiveuse rouillée remplie de vieilles loques.

M. Georges passa une main soignée sur sa calvitie et se leva :

— Là-dessus, fillette, je te dis bonsoir… Un enquêteur est venu nous voir. Il parait que tu as acheté une cuisinière électrique et que les traites reviennent non payées. C’est M me Denise qui a eu l’idée de donner notre adresse… Daniel n’est pas à Paris, par hasard ?

— Non, il n’est, pas là. Par hasard…

— Alors, je te dis bonsoir, répéta M. Georges, prenant ses gants et son chapeau dans la petite entrée. Martine ferma la porte derrière lui.

Des jours et des nuits… Des heures, des minutes, des secondes. Le printemps. Daniel n’avait écrit qu’une seule fois. Une lettre d’une méchanceté… Il la prévenait bien à l’avance qu’il comptait passer ses vacances à la ferme. Son père avait besoin de lui. Martine pouvait se payer des vacances à crédit. Cela se faisait maintenant. Il lui conseillait aussi une autre forme moderne de tranquillité, que déjà vous donnait le crédit par l’accomplissement des désirs : c’était l’Assurance. On pouvait s’assurer contre tout ce qu’on voulait : la pluie… les morsures de serpents… la perte de la beauté, de la jeunesse. -Contre l’amour malheureux.

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