Сигизмунд Кржижановский - Le club des tueurs de lettres

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Le club des tueurs de lettres: краткое содержание, описание и аннотация

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Je me suis déshabillé et couché dans l’espoir que le sommeil chasserait la dépression. Eh bien non, après un bref répit, la même sensation m’a réveillé. J’étais couché le visage tourné vers les rayonnages et je voyais un reflet de lune tressauter le long des planches dénudées, comme si une vie à peine perceptible était en train de naître – à touches timides – là-bas, dans l’absence des livres. Bien sûr, tout cela n’était que coup d’archet sur des nerfs trop tendus, et quand le jour les eut relâchés, j’ai tranquillement examiné la béance des planches baignées de soleil et je me suis installé à mon bureau pour reprendre ma besogne habituelle. J’eus besoin d’un renseignement et ma main gauche, d’un geste quasi automatique, alla vers les rangées de livres pour ne rencontrer que le vide. Et puis encore une fois, et encore. Dépité, j’ai scruté la non-bibliothèque envahie d’un essaim de poussières de soleil, en faisant un effort de mémoire pour revoir la page et la ligne requises. Mais les lettres imaginaires que renfermait la reliure imaginaire bondissaient dans tous les sens, et au lieu de la ligne que je cherchais, j’obtenais un papillotement bigarré de mots, les lignes se brisaient et formaient des dizaines de combinaisons nouvelles. J’en ai choisi une que j’ai précautionneusement insérée dans mon texte.

En fin d’après-midi, pour me délasser, j’aimais bien m’allonger sur mon lit avec un épais volume de Cervantès et caracoler d’un épisode à l’autre. Le livre n’était plus là ; je me rappelle fort bien qu’il avait sa place au fond à gauche sur la planche du bas, son cuir noir à coins jaunes jouxtait le maroquin rouge des autos de Calderón. Les yeux fermés, j’ai essayé de l’imaginer ici, près de moi, entre main et œil (ainsi les amants délaissés demeurent-ils en compagnie de l’être aimé par la grâce des yeux clos et d’une concentration de la volonté). Et j’y suis parvenu. En pensée j’ai tourné une page, puis une autre, et ma mémoire a laissé choir des lettres qui se sont mélangées et ont fui. J’ai essayé de les rappeler : certains mots revenaient, d’autres pas ; alors j’ai décidé de combler les blancs en y insérant des mots à moi. Fatigué de ce jeu, j’ai ouvert les yeux : la nuit emplissait la chambre, et son noir épais avait envahi tous les coins de la pièce et des rayonnages.

Disposant en ce temps-là d’abondants loisirs, j’ai renouvelé de plus en plus fréquemment mes jeux avec les planches dé-livrées. Jour après jour, elles se garnissaient de fantasmes confectionnés avec des lettres. Je n’avais ni les moyens ni l’envie d’aller pêcher des lettres aux étalages des bouquinistes ou dans les boutiques des libraires. J’extrayais désormais lettres, mots et phrases, à pleine poignées, de moi-même ; je prenais mes idées, je les imprimais en pensée, je les illustrais, je les habillais de reliures soignées et je les alignais, idée contre idée, fantasme contre fantasme, comblant le vide docile qui absorbait, au-dedans de ses planches noires, tout ce que je lui offrais. Et un beau jour, au visiteur venu me rendre un livre emprunté et qui prétendait le replacer sur l’étagère, j’ai dit :

— Occupé.

Mon hôte était, comme moi, un pauvre hère, il savait que l’unique droit concédé aux poètes miséreux est celui d’être un farfelu… Il me considéra sereinement, posa le livre sur le bureau et me demanda si j’accepterais d’entendre un poème de son cru.

Ayant refermé la porte sur lui et son poème, j’exilai ledit volume le plus loin possible : les caractères vulgairement dorés de son dos renflé perturbaient le jeu des idées qui commençait tout juste à prendre tournure.

Parallèlement, je continuais de travailler sur mes manuscrits. À mon très sincère étonnement, une nouvelle liasse, adressée aux mêmes destinataires ne m’était pas revenue : les manuscrits avaient été acceptés et furent publiés. Ce que des livres faits de papier et d’encre n’avaient pu m’apprendre avait été réalisé au moyen de trois mètres cubes d’air. Je savais désormais comment procéder : je les retirais l’un après l’autre, mes livres fantasmatiques qui remplissaient les vides entre les planches noires de la vieille étagère, et je trempais leurs caractères invisibles dans l’encre la plus banale, ce qui avait pour effet de les transformer en livres, et les livres en argent. Peu à peu, année après année, mon nom grossissait, les rentrées d’argent augmentaient, mais ma bibliothèque de fantasmes tarissait : je gaspillais trop hâtivement le vide de mes planches, vide qui, si je peux m’exprimer ainsi, s’exacerbait et se muait en air ordinaire.

Mon misérable galetas, comme vous pouvez le constater, s’était transformé en un appartement confortablement meublé. Ces belles bibliothèques vitrées avaient pris place de part et d’autre de ma vieille étagère dont j’avais regarni de livres le vide usé. La force de l’inertie jouait en ma faveur : mon nom suffisait à drainer des droits d’auteur toujours plus substantiels. Mais je savais trop bien que tôt ou tard, je devrais payer pour le vide vendu. Au fond, les écrivains sont des dresseurs de mots professionnels, et les mots qui font les funambules sur les lignes, s’ils étaient des êtres vivants, redouteraient et haïraient à coup sûr le bec fendu de la plume comme les animaux savants haïssent le fouet qui les menace. Ou mieux encore : savez-vous comment on confectionne la fourrure appelée breitschwantz ? Les pelletiers spécialisés ont un vocabulaire à eux : ils détectent par des procédés sophistiqués le décor et la bouclure de la peau d’un agneau non encore né, puis, ils guettent l’apparition d’un décor approprié et tuent l’agneau avant sa naissance, cela s’appelle dans leur jargon « fixer le décor ». Nous en usons de même avec les idées – nous sommes des industriels et des tueurs.

Bien entendu, je n’étais pas naïf et je n’ignorais pas que je me transformais en un tueur d’idées professionnel. Mais qu’y pouvais-je ? Autour de moi des mains se tendaient. Je leur jetais des poignées de lettres. Elles en redemandaient. Abreuvé d’encre jusqu’à l’ivresse, j’étais prêt à conquérir de nouveaux thèmes, et cela à n’importe quel prix. Mais mon imagination épuisée ne m’en fournissait plus un seul. C’est alors que je me suis décidé à la stimuler artificiellement en usant d’un moyen depuis longtemps éprouvé. J’ai fait vider une des pièces de l’appartement… mais venez donc, il vaut mieux que je vous fasse voir.

Il s’est levé, je lui ai emboîté le pas à travers une enfilade de pièces. Un seuil, encore un seuil, un corridor, il m’a amené devant une porte verrouillée, dissimulée derrière une portière de la même couleur que les murs. Une clef tinta dans la serrure, un interrupteur fit son déclic. Je me suis retrouvé dans une pièce carrée ; au fond, face à la porte, une cheminée ; devant la cheminée, en demi-cercle, sept lourds fauteuils de bois sculpté ; le long des murs, tapissés de drap sombre, des rangées de rayonnages noirs parfaitement vides, appuyées contre la grille de la cheminée des pincettes de fonte. Et c’était tout. Foulant un tapis sans motifs qui étouffait le bruit de nos pas, nous nous sommes approchés du demi-cercle de fauteuils. Le maître de céans a fait un geste d’invite :

— Asseyez-vous. Vous vous demandez pourquoi il y a sept fauteuils ? Au début, il n’y en avait qu’un. Je venais ici pour converser avec le vide des rayonnages. À ces cavernes de bois noir je demandais des idées. Patiemment, tous les soirs, je m’enfermais ici en compagnie du silence et du vide et j’attendais. Luisant d’un éclat noir, mortes et hostiles, elles refusaient de me répondre. Et moi, qui avais fini par devenir un dresseur professionnel de mots, je m’en retournais à mon écritoire. Le moment était proche où je devais honorer deux ou trois contrats littéraires et je n’avais rien à écrire. Ô, comme je les haïssais, en ce temps-là, ces gens qui éventraient avec un coupe-papier la livraison fraîchement parue d’une revue littéraire, qui encerclaient de dizaines de milliers d’yeux mon nom martyrisé et traqué ! Un fait insignifiant me revient à l’esprit : dans la rue, par un froid sibérien, un gamin vend à la criée des lettres dorées pour marquer les bottillons de caoutchouc. Et voilà que l’idée s’impose, ses lettres et les miennes sont vouées au même sort : orner des semelles.

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