Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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Après une nuit de convulsions d’une violence croissante, Jacques, épuisé, le front en sueur, cédant à une impulsion rageuse, marcha droit sur son frère, et lui saisissant le bras, l’entraîna au fond de la chambre.

— « Antoine ! Ça ne peut pas continuer, voyons ! » Son ton vibrait de reproche. Antoine tourna la tête, avec un mouvement d’épaules impuissant.

— « Mais cherche ! » reprit Jacques en secouant le bras de son frère. « Il faut le soulager ! On doit trouver quelque chose ! Il le faut ! »

Antoine dressait les sourcils d’un air méprisant, et il regardait le malade qui poussait de longs hurlements. Que tenter ? Un bain ? Évidemment, l’idée lui en était déjà venue, plusieurs fois. Était-elle réalisable ? La salle de bains se trouvait à l’autre extrémité de l’appartement, près de la cuisine, tout au bout d’un couloir resserré qui tournait à angle droit. Redoutable entreprise… Pourtant…

En quelques secondes, il eut pesé le pour et le contre, sa décision était prise, et, dans sa tête, un plan s’échafaudait déjà. Il fallait profiter de ces périodes d’affaiblissement qui suivaient en général chaque crise et duraient trois ou quatre minutes. Pour cela, tout devait être combiné à l’avance.

Il releva la tête :

— « Ma sœur, laissez tout ça. Appelez-moi Léon. Et sœur Céline. Qu’elle m’apporte deux draps. Deux. Vous, Adrienne, allez faire couler un bain chaud. Trente-huit degrés. Compris ? Vous resterez là-bas, pour maintenir l’eau à trente-huit, jusqu’à ce que nous arrivions. Et puis, dites à Clotilde de mettre des serviettes dans le four. Et de remplir la bassinoire de braise. Allez vite. »

Sœur Céline et Léon, qui reposaient, arrivèrent juste à temps pour prendre auprès du lit la place d’Adrienne. Une nouvelle crise commençait. Elle fut très forte, mais assez brève.

Dès qu’elle fut terminée et qu’une respiration courte mais assagie eut succédé au râle qui accompagnait maintenant les périodes de gesticulation, Antoine enveloppa ses aides d’un rapide coup d’œil.

— « Voilà le moment », dit-il. Et il ajouta, pour Jacques : « Ne nous pressons pas : il n’y a pas une seconde à perdre. »

Les deux religieuses débordaient déjà le lit. Un nuage de poudre s’éleva des draps et l’odeur des chairs mortifiées se répandit dans la chambre.

— « Déshabillons-le vite », dit Antoine. « Léon, deux bûches au feu, pour tout à l’heure. »

— « Oh là là… », gémissait le malade. « Oh là là… » Chaque jour, ses escarres s’étendaient et se creusaient davantage : les omoplates, le siège, les talons, n’étaient que plaies noirâtres qui collaient aux linges malgré le talc et les pansements.

— « Attendez », fit Antoine. Il prit son canif et fendit la chemise dans sa longueur. Au sifflement de la lame dans la toile, Jacques ne put retenir un frisson.

Le corps apparut, en entier.

Il était énorme, flasque, blanchâtre ; il donnait l’impression d’être à la fois boursouflé et très maigre. Les mains pendaient comme des gants de boxe au bout des bras squelettiques. Les jambes, démesurément longues, semblaient des os velus. Une plaque de crin gris s’étalait entre les mamelles ; une autre dissimulait à demi le sexe.

Jacques détourna les yeux. Bien des fois, dans la suite, il devait se souvenir de cet instant et de l’étrange pensée qui l’avait assailli, en regardant pour la première fois dans sa nudité cet homme dont il était issu. Puis, dans un éclair, il se revit à Tunis, son carnet de reportage à la main, devant un autre corps, pareillement nu, pareillement gonflé et grisonnant, celui d’un vieil Italien, un colosse obscène, qu’on venait de trouver pendu et qu’on avait allongé dehors, en plein soleil. Toute la marmaille bigarrée des rues avoisinantes gambadait autour en piaillant. Et Jacques avait vu la fille du suicidé, presque une enfant, traverser en pleurant la cour, chasser les marmots à coups de pied, et répandre sur le cadavre une brassée d’herbe sèche. Par pudeur, peut-être ; ou bien à cause des mouches.

— « À toi, Jacques », souffla Antoine.

Il s’agissait de passer la main sous le malade pour saisir un bout du drap qu’Antoine et la sœur avaient réussi à lui glisser par-dessous les reins.

Jacques obéit. Et, soudain, le contact de cette moiteur le bouleversa au point de provoquer en lui un mouvement inattendu — une émotion physique, un sentiment brut, qui dépassait de beaucoup la pitié ou l’affection : l’égoïste tendresse de l’homme pour l’homme.

— « Au milieu du drap », commanda Antoine. « Bien. Pas si fort. Léon, tirez par ici. Enlevez l’oreiller maintenant. Vous, ma sœur, soulevez les jambes. Encore un peu. Attention aux escarres. Jacques, empoigne un coin du drap, à la tête ; moi, je prendrai l’autre. Sœur Céline et Léon vont tenir les coins des jambes. Y sommes-nous ? Bien. Essayons d’abord, pour voir. Une, deux ! »

Le drap, vigoureusement tiré aux quatre angles, se tendit, soulevant, mais à grand-peine, le corps au-dessus du matelas.

— « Ça va », fit Antoine, presque joyeusement. Et tous éprouvaient cette même joie d’agir.

Antoine s’adressa à la vieille religieuse :

— « Ma sœur, mettez sur lui la couverture de laine. Et puis passez devant : vous ouvrirez les portes… Nous y sommes ? Allons-y. »

Pesamment le cortège s’ébranla, s’engagea dans l’étroit couloir. Le patient hurlait. La face de M. Chasle s’encadra un instant dans l’embrasure de l’office.

— « Baissez un peu, aux pieds », reprit Antoine d’une voix oppressée. « Là… Faut-il faire halte ? Non ? Alors, en avant… Prends garde, tu vas accrocher la clef du placard… Courage. On y est presque. Gare au tournant. » Il aperçut de loin Mademoiselle et les deux bonnes qui encombraient la salle de bains. « Allez, allez-vous-en », cria-t-il. « On est assez de cinq. Vous, Adrienne et Clotilde, profitez-en pour refaire le lit. Et bassinez-le… À nous, maintenant. En biais, pour passer la porte. Ça va… Ne le posez pas sur le carrelage, nom de Dieu ! Soulevez, soulevez ! Encore ! Il faut arriver au-dessus de la baignoire. Après, on le plongera progressivement. Dans son drap, bien sûr ! Tenez bon. Doucement. Lâchez un peu. Encore. Là… Zut, elle a mis trop d’eau, ça va déborder partout. Laissez descendre… »

La pesante masse, au creux du drap, s’immergea lentement, expulsant hors de la baignoire l’équivalent de son volume d’eau, qui jaillit de tous les côtés, trempant les porteurs, inondant le sol jusqu’au couloir.

— « Voilà qui est fait », déclara Antoine, en s’ébrouant. « Dix minutes pour souffler. »

M. Thibault, saisi sans doute par la chaleur du bain, avait un instant cessé de crier, mais pour reprendre aussitôt de plus belle. Il essaya de se débattre ; par bonheur, ses bras et ses jambes s’empêtraient dans les plis du drap, et tous ses mouvements se trouvaient paralysés.

Peu à peu, d’ailleurs, son agitation céda. Il ne criait plus, il geignait : — « Oh là là… Oh là là… » Bientôt même, il cessa de gémir. Il éprouvait, visiblement, un grand bien-être. Ses « Oh là là » ressemblaient à de petits soupirs satisfaits.

Ils demeuraient tous les cinq autour de la baignoire, debout, les pieds dans l’eau, songeant non sans anxiété à ce qui restait à faire.

Brusquement, M. Thibault éleva la voix et ouvrit les yeux :

— « Ah, c’est toi ?… Pas aujourd’hui… » Il promenait son regard autour de lui, mais il ne reconnaissait évidemment rien de ce qui l’entourait. — « Laissez-moi », ajouta-t-il. (C’était, depuis deux jours, les premières paroles intelligibles qu’il prononçait.) Il se tut, mais ses lèvres remuaient comme s’il eût marmonné une prière ; et l’on percevait un bredouillement. Antoine qui tendait l’oreille parvint à saisir plusieurs mots :

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