Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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Alors les gémissements recommencèrent :

— « Oh là là… Oh là là… »

Jacques reposa sur le lit le bras qu’il tenait et il s’aperçut que ses doigts y avaient imprimé des marques. Le poignet de la chemise s’était déchiré. Un bouton du col manquait. Jacques ne pouvait détacher les yeux de ces lèvres molles et mouillées d’où s’échappait obstinément la même plainte : « Oh là là… Oh là là… » Et, tout à coup, l’émotion, le déjeuner interrompu, ces vapeurs d’éther… Le cœur lui tourna. Il voulut se ressaisir, se redresser : il se sentait devenir livide. À peine s’il eut la force de regagner la porte en chancelant.

Sœur Céline, qui, aidée de la vieille religieuse, commençait à refaire le lit, se tourna brusquement vers Antoine. Elle tenait le drap soulevé : à l’endroit où le malade s’était débattu, une large tache s’étalait, légèrement teintée de sang.

Antoine ne fit pas un geste. Mais, peu après, il s’écarta du lit et vint s’appuyer à la cheminée. Le rein, en reprenant ses fondions, suspendait — pour combien de temps ? — les effets de l’empoisonnement. Évidemment, l’échéance restait fatale. Mais elle se trouvait reculée. De plusieurs jours peut-être… Il se redressa. Il n’acceptait pas de s’attarder aux constatations décourageantes. Eh bien, la lutte serait plus longue qu’il ne l’avait prévu. Qu’y pouvait-on ? Et, plus elle serait longue, plus il importait de s’organiser au mieux. Avant tout, ménager les forces disponibles. Établir auprès du moribond un roulement régulier de deux équipes qui se reposeraient à tour de rôle. Comme renfort, faire monter Léon. Lui, Antoine, il serait des deux équipes ; il ne voulait pas s’éloigner de la chambre. Par bonheur, avant de partir pour la Suisse, il s’était rendu libre quelques jours. Si quelque cas urgent se présentait dans sa clientèle, il enverrait Thérivier. — Quoi encore ? — Prévenir Philip. Téléphoner aussi à l’hôpital. — Et puis ? — Il sentait qu’il oubliait quelque chose d’important. (Signe de fatigue ; faire préparer du thé froid.) Ah, Gise, parbleu ! Écrire à Gise avant ce soir. Une chance, que la vieille Mademoiselle n’ait pas encore parlé de faire revenir sa nièce !

Il demeurait debout devant la cheminée, les mains sur le rebord du marbre, offrant machinalement un pied, puis l’autre, au feu. Organiser, c’était déjà agir. Il avait retrouvé son aplomb.

Au fond de la chambre, M. Thibault, livré à sa souffrance, geignait de plus en plus fort. Les deux religieuses s’étaient assises. Profiter de ce répit pour donner quelques coups de téléphone… Il allait sortir, lorsqu’il se ravisa et vint de plus près examiner le malade. Cet essoufflement, cette rougeur progressive du visage… Une nouvelle crise, déjà ? Où était Jacques ?

Presque aussitôt il y eut un murmure de voix dans le couloir. La porte s’ouvrit. L’abbé Vécard entra, accompagné par Jacques. Antoine remarqua l’air buté de son frère, tandis que dans le visage impassible du prêtre les yeux brillaient. Mais les gémissements de M. Thibault se précipitaient ; brusquement, il allongea les bras devant lui, et ses doigts se contractèrent avec un bruit de noix qu’on écrase.

— « Jacques », fit Antoine, en tendant la main vers le flacon d’éther.

L’abbé hésita, fit un signe de croix discret, et s’éclipsa sans bruit.

IV

Toute la soirée, toute la nuit, toute la matinée du lendemain, les deux équipes constituées par Antoine se relayèrent sans relâche, de trois heures en trois heures, au chevet de M. Thibault. La première se composait de Jacques, avec la femme de chambre et la vieille religieuse ; la seconde, de sœur Céline, avec Léon et Clotilde, la cuisinière. Antoine n’avait encore pris aucun repos.

Les crises étaient devenues de plus en plus fréquentes ; elles se déchaînaient avec tant de brutalité que, après chacune de ces attaques, ceux qui veillaient le malade s’asseyaient, à bout de souffle comme lui, et, passivement, le regardaient souffrir. Rien à faire. Dans l’intervalle des convulsions, les névralgies reprenaient de plus belle ; presque chaque point du corps devenait le siège d’une douleur, et ce n’était, d’une crise à l’autre, qu’un long hurlement. Le cerveau du malheureux était trop affaibli pour qu’il prît conscience de ce qui se passait ; par moments, même, il délirait franchement ; mais sa sensibilité restait vive, et il ne cessait, par des gestes, d’indiquer les endroits où se portait la souffrance. Antoine s’étonnait de la vigueur dont témoignait encore ce vieillard alité depuis des mois. Les religieuses elles-mêmes, si rompues qu’elles fussent à tous les spectacles de la maladie, en demeuraient confondues. Plusieurs fois par heure, persuadées que, seule, l’urémie aurait raison de cette résistance anormale, elles venaient s’assurer que le lit était sec, que le rein, depuis vingt-quatre heures, n’avait pas repris ses fonctions.

Dès le premier jour, la concierge était venue demander s’il n’était pas possible que l’on fermât non seulement les fenêtres mais encore les volets, afin d’étouffer le bruit des gémissements qui résonnaient dans la cour et remplissaient la maison d’effroi. La locataire du troisième, une jeune femme enceinte, dont la chambre était au-dessus de celle du moribond, bouleversée par ces cris, avait dû, en pleine nuit, aller chercher refuge chez ses parents. Aussi gardait-on toutes les ouvertures closes. La pièce n’était éclairée que par la lampe de chevet. Les relents qui traînaient dans la chambre étaient devenus pénibles à respirer, malgré le feu de bois qu’on activait sans cesse pour l’aération. Souvent, Jacques, engourdi par cet air vicié, par cette pénombre, et brisé par les émotions qui depuis trois jours le tenaient haletant, s’endormait un quart de minute, debout, la main levée, puis s’éveillait en sursaut et achevait le geste interrompu.

Aux heures où il pouvait s’échapper, il descendait dans l’appartement d’Antoine, dont il avait repris la clé, et où il était sûr d’être seul. Il courait se terrer dans son ancienne chambre, se jetait tout habillé sur son canapé-lit ; mais sans pouvoir y trouver le repos. À travers le tulle de la croisée, il voyait tourbillonner les flocons de neige qui lui cachaient les façades des maisons et feutraient les échos de la rue. Alors il revoyait Lausanne, la ruelle des Escaliers, la pension Cammerzinn, Sophia, les amis. Tout se confondait : présent et souvenirs, la neige de Paris et les hivers de là-bas, la chaleur de cette chambre et celle de son petit poêle suisse, les effluves d’éther qui demeuraient dans ses vêtements et le parfum résineux de son parquet de sapin blond… Il se levait pour changer de retraite ; il se traînait jusque dans le cabinet d’Antoine, et, saoulé de fatigue, il se laissait tomber au fond d’un fauteuil, écœuré comme s’il avait trop longtemps attendu en vain, avec une sensation de désir stérile et d’insatiabilité, avec le sentiment que tout, partout, lui était irrémédiablement étranger.

À partir de midi, les crises commencèrent à se succéder presque sans trêve, et l’aggravation fut manifeste. Lorsque Jacques vint, avec son équipe, prendre son tour de garde, il fut saisi par le changement survenu depuis le matin : la perpétuelle contorsion des muscles de la face, et surtout la bouffissure causée par l’empoisonnement, avaient déplacé tous les traits et rendaient à peine reconnaissable le visage du moribond.

Jacques aurait voulu questionner son frère, mais des soins continuels requéraient leur double attention. D’ailleurs, dans l’état de torpeur qu’entretenait sa lassitude, traduire ses pensées en phrases intelligibles constituait pour lui un véritable effort. Par moments, entre deux crises, éperdu de pitié devant cette douleur qui ne cessait pas, il levait vers son frère un regard plein d’interrogation ; mais Antoine serrait les dents et détournait les yeux.

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