[62]Jeu de mots, fort gracieux dans la bouche de Sancho, sur le nom de Julio, qui veut dire Jules et juillet, et d’ Augusto, Auguste, qui, avec un léger changement, agosto, signifie août. Ce jeu de mots passerait fort bien en français, si l’on eût suivi l’exemple de Voltaire, et que le mois d’août fût devenu le mois d’Auguste.
[63]C’est l’obélisque égyptien, placé au centre de la colonnade de Saint-Pierre, par ordre de Sixte-Quint, en 1586. Cervantes, qui avait vu cet obélisque à la place qu’il occupait auparavant, suppose à tort qu’il fut destiné à recevoir les cendres de César. Il avait été amené à Rome sous l’empereur Caligula. (Pline, livre XVI, chap. XI.)
[64]Cervantes avait pu voir, à l’âge de dix-huit ans, la pompeuse réception que fit le roi Philippe II, en novembre 1565, aux ossements de saint Eugène, que Charles IX lui avait donnés en cadeau.
[65]Sans doute saint Diego de Alcala, canonisé par Sixte-Quint, en 1588, et saint Pierre de Alcantara, mort en 1562.
[66] Media noche era por filo , etc. C’est le premier vers d’un vieux romance, celui du comte Claros de Montalvan, qui se trouve dans la collection d’Anvers.
[67]Nom des palais arabes (al-kasr). Ce mot a, dans l’espagnol, une signification encore plus relevée que celui de palacio.
[68] Mala la hovistes, Franceses,
La caza de Roncesvalles, etc.
Commencement d’un romance très-populaire et très-ancien, qui se trouve dans le Cancionero d’Anvers.
[69] Romance du même temps et recueilli dans la même collection. Ce romance du More Calaïnos servait à dire proverbialement ce qu’exprime notre mot: «C’est comme si vous chantiez.»
[70] Mensagero sois, amigo,
Non mereceis culpa, non.
Vers d’un ancien romance de Bernard del Carpio, répétés depuis dans plusieurs autres romances, et devenus très-populaires.
[71] 0 diem laetum notandumque mihi candidissimo calculo? (Plin., lib. VI, ep. XI.)
[72] Xo, que te estrego, burra de mi suegro, expression proverbiale très ancienne, et en jargon villageois.
[73]Il y a, dans cette phrase, plusieurs hémistiches pris à Garcilaso de la Vega, que don Quichotte se piquait de savoir par cœur.
[74]«Les physionomistes, dit Covarrubias (Tesoro de la lengua castellana, au mot lunar), jugent de ces signes, et principalement de ceux du visage, en leur donnant correspondance aux autres parties du corps. Tout cela est de l’enfantillage…»
[75]Dans l’original, le jeu de mots roule sur lunares (signes, taches de naissance), et lunas (lunes).
[76] Silla a la gineta. C’est la selle arabe, avec deux hauts montants ou arçons, l’un devant, l’autre derrière.
[77]Cervantes voulait en effet conduire son héros aux joutes de Saragosse; mais quand il vit que le plagiaire Avellaneda l’avait fait assister à ces joutes, il changea d’avis, comme on le verra au chapitre LIX.
[78] Angulo el Malo. Cet Angulo, né à Tolède, vers 1550, fut célèbre parmi ces directeurs de troupes ambulantes qui composaient les farces de leur répertoire, et qu’on appelait autores. Cervantes parle également de lui dans le Dialogue des chiens: «De porte en porte, dit Berganza, nous arrivâmes chez un auteur de comédies, qui s’appelait, à ce que je me rappelle, Angulo el Malo, pour le distinguer d’un autre Angulo, non point autor, mais comédien, le plus gracieux qu’aient eu les théâtres.»
[79]C’était sans doute une de ces comédies religieuses, appelées autos sacramentales, qu’on jouait principalement pendant la semaine de la Fête-Dieu. On élevait alors dans les rues des espèces de théâtres en planches, et les comédiens, traînés dans des chars avec leurs costumes, allaient jouer de l’un à l’autre. C’est ce qu’ils appelaient dans le jargon des coulisses du temps, faire les chars (hacer los carros).
[80] Autor. Ce mot ne vient pas du latin auctor, mais de l’espagnol auto, acte, représentation.
[81]Il y a dans l’original la Caràtula et la Farandula , deux troupes de comédiens du temps de Cervantes.
[82]Philippe III avait ordonné, à cause des excès commis par ces troupes ambulantes, qu’elles eussent à se pourvoir d’une licence délivrée par le conseil de Castille. C’est cette licence qu’elles appelaient leur titre (titulo), comme si c’eût été une charte de noblesse.
[83] No hay amigo para amigo,
Las cañas se vuelven lanzas.
Ces vers sont extraits du romance des Abencerrages et des Zégris, dans le roman de Ginès Perez de Hita, intitulé Histoire des guerres civiles de Grenade.
[84]Il y a dans l’original: «De l’ami à l’ami, la punaise dans l’œil.» Ce proverbe n’aurait pas été compris, et j’ai préféré y substituer une expression française qui offrît le même sens avec plus de clarté.
[85]Dans tout ce passage, Cervantes ne fait autre chose que copier Pline le naturaliste. Celui-ci, en effet, dit expressément que les hommes ont appris des grues la vigilance (lib. X, cap. XXIII), des fourmis la prévoyance (lib. XI, cap. XXX), des éléphants la pudeur (lib. VIII, cap. V), du cheval la loyauté (lib. VIII, cap. XL), du chien le vomissement (lib. XXIX. cap. IV) et la reconnaissance (lib. VIII, cap. XL). Seulement l’invention que Cervantes donne à la cigogne, Pline l’attribue à l’ibis d’Égypte (lib. VIII, cap. XXVII). Il dit encore que la saignée et bien d’autres remèdes nous ont été enseignés par les animaux. Sur la foi du naturaliste romain, on a longtemps répété ces billevesées dans les écoles.
[86]Saint Matthieu, cap. XII, vers. 34.
[87] In sudore vultus tui vesceris pane. (Genes., cap. III.)
[88]On avait vu en Espagne, du douzième au seizième siècle, une foule de prélats à la tête des armées, tels que le célèbre Rodrigo Ximenez de Rada, archevêque, général et historien. Dans la guerre des Comuneros, en 1520, il s’était formé un bataillon de prêtres, commandé par l’évêque de Zamora.
[89]Il y a dans l’original une expression qu’on ne peut plus écrire depuis Rabelais, et de laquelle on faisait alors un si fréquent usage en Espagne, qu’elle y était devenue une simple exclamation.
[90]Cette phrase contient un jeu de mots sur l’adjectif cruda, qui veut dire crue et cruelle, puis une allusion assez peu claire, du moins en français, sur le déguisement et la feinte histoire de son chevalier.
[91]Saint Matthieu, cap. XV, vers. 14.
[92]Dans la nouvelle du Licencié Vidriéra, Cervantes cite également, parmi les vins les plus fameux, celui de la ville plus impériale que royale (Real Ciudad), salon du dieu de la gaieté.
[93]Cette histoire plaisait à Cervantes, car il l’avait déjà contée dans son intermède la Elecion de los Alcaldes de Daganzo, où le régidor Alonzo Algarroba en fait le titre du candidat Juan Barrocal au choix des électeurs municipaux:
En mi casa probó, los dias pasados,
Una tinaja, etc.
[94]La Vandalie est l’Andalousie. L’ancienne Bétique prit ce nom lorsque les Vandales s’y établirent dans le cinquième siècle; et de Vandalie ou Vandalicie, les Arabes, qui n’ont point de v dans leur langue, firent Andalousie.
[95]La Giralda est une grande statue de bronze qui représente, d’après les uns la Foi, d’après les autres la Victoire, et qui sert de girouette à la haute tour arabe de la cathédrale de Séville. Son nom vient de girar, tourner. Cette statue a quatorze pieds de haut et pèse trente-six quintaux. Elle tient dans la main gauche une palme triomphale, et dans la droite un drapeau qui indique la direction du vent. C’est en 1568 qu’elle fut élevée au sommet de la tour, ancien observatoire des Arabes, devenu clocher de la cathédrale lors de la conquête de saint Ferdinand, en 1248.
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