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Fédor Dostoïevski: La Femme D’Un Autre Et Un Mari Sous Le Lit

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Fédor Dostoïevski La Femme D’Un Autre Et Un Mari Sous Le Lit

La Femme D’Un Autre Et Un Mari Sous Le Lit: краткое содержание, описание и аннотация

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L'écrivain renoue ici avec la veine comique, mais dans un genre légèrement scabreux qui était alors en vogue. Dans le premier récit, nous voyons le mari jaloux attendre sa femme à l'issue d'un rendez-vous: il entre en conversation avec un jeune amant de celle-ci qui l'attend lui aussi. Enfin l'épouse infidèle sort, accompagnée d'un homme. Elle a trompé et son mari et son premier amant… Dans le second chapitre, le même mari jaloux voudrait surprendre en flagrant délit sa femme, mais il se trompe d'étage et, ayant pénétré dans un logement inconnu, il se cache sous le lit où se trouve déjà un jeune homme qui s'est, lui aussi, trompé d'étage…

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Événement étrange, fâcheux – le fait est indiscutable, mais, avouez-le, encore plus désagréable pour Ivan Andreievitch.

Prédestiné! murmura-t-il, trempé par une sueur froide et froissant le billet dans ses paumes. Prédestiné! La balle trouve toujours le coupable! Non, il ne s’agit pas de cela. En quoi suis-je coupable? Il est vrai qu’un autre dicton… «Sur le pauvre Makar…, etc…».

Que de pensées diverses, contraires, roulent et se chevauchent dans pareille et soudaine aventure! Ivan Andreievitch restait cloué sur place, pétrifié, ni vif ni mort, comme on dit, il était convaincu que la salle entière connaissait son malheur, alors qu’à cette minute même, l’enthousiasme pour la cantatrice que l’on rappelait, allait jusqu’au délire. Ivan Andreievitch n’osait lever les yeux et son visage était pourpre de confusion.

– Elle a fort agréablement chanté, observa-t-il, se tournant vers un gandin assis à sa gauche.

Le gandin qui, fou d’enthousiasme, battait des mains et trépignait, jeta un regard fugace sur Ivan Andreievitch, puis, les mains en porte-voix, hurla le nom de la chanteuse. Ivan Andreievitch, qui n’avait jamais encore entendu pareil beuglement, se sentit ravi: «Il n’a rien remarqué», se dit-il, regardant derrière lui. Il vit un gros spectateur, qui était assis derrière lui, se lever, lui tourner le dos et lorgner les loges.

– Décidément, tout va bien! pensa Ivan.

Devant lui, personne, évidemment, ne s’était aperçu de rien. Il jeta un regard de biais, timide et plein d’espérance sur la baignoire la plus proche de son fauteuil. Une dame très élégante, le mouchoir sur la bouche, renversée sur le dossier de son siège, riait aux éclats.

– Oh! ces femmes! marmotta Ivan Andreievitch. Et il se précipita vers la sortie, marchant sur les pieds des spectateurs.

Je laisse maintenant aux lecteurs eux-mêmes, le soin de juger Ivan Andreievitch. Avait-il vraiment raison, à ce moment? Le Grand Théâtre comprend, on le sait, quatre étages de balcons et une galerie. Pourquoi admettre avec certitude que ce billet était précisément tombé d’une loge et indubitablement de celle-ci et non d’une autre? N’y a-t-il pas de dames aussi au cinquième étage? Mais la passion est exclusive et la jalousie est la passion la plus exclusive du monde.

Ivan Andreievitch courut au foyer, s’arrêta devant une lampe, brisa le cachet et lut:

«Tout à l’heure, immédiatement après le spectacle, rue G***, au coin de l’impasse -ski, maison K*** au deuxième étage, à droite dans l’escalier. Entrée par le perron. Viens sans faute, au nom du ciel!»

Ivan Andreievitch ne reconnut pas l’écriture, mais le doute était impossible: on fixait un rendez-vous! «Surprendre, pincer et saper le mal à la racine», telle fut la première idée d’Ivan Andreievitch. Il pensa même les prendre sur le fait ici-même, sur-le-champ, dans leur loge. Mais comment agir? Ivan Andreievitch monta au deuxième étage, cependant la sagesse le fit redescendre. Ne sachant vraiment que faire de sa personne, il se précipita vers le côté opposé et regarda à travers la porte ouverte d’une loge vide les loges d’en face. Eh quoi! À chacun des cinq étages les balcons entiers étaient remplis de jeunes dames et de jeunes gens. Le billet avait aussi bien pu tomber de chacun des étages. Au demeurant, Ivan Andreievitch accusait les cinq balcons de comploter contre lui. Cependant, aucune évidence n’aurait pu le faire changer d’avis. Il ne cessa de courir de couloir en couloir, durant tout le deuxième acte, sans pouvoir retrouver le calme de l’esprit. Il pensa même s’adresser au caissier du théâtre, dans l’espoir d’apprendre de cet homme les noms des personnes occupant les loges des quatre étages; mais la caisse était déjà fermée. Enfin, ce furent à nouveau des vociférations et des applaudissements frénétiques. La représentation était terminée. On rappelait la cantatrice et on entendait deux voix dans la galerie – celles des chefs des deux partis. Mais Ivan Andreievitch avait vraiment d’autres chats à fouetter. Sa décision était prise quant à la conduite à tenir. Il mit son pardessus et vola du côté de la rue G***. Il y découvrirait, prendrait en flagrant délit les personnes en question et agirait, de toute manière, plus énergiquement que la veille.

Ivan n’eut aucune peine à trouver la maison. Et, déjà, il gravissait le perron lorsque, soudain, s’élança un individu, un gandin vêtu d’un pardessus qui le dépassa et monta quatre à quatre l’escalier jusqu’au troisième étage. Ivan Andreievitch crut reconnaître le civil de la loge, bien qu’il eût été dans l’impossibilité de distinguer, au théâtre, le visage de cet élégant personnage. Son cœur se serra. Le gandin atteignait déjà le deuxième palier. Ivan Andreievitch entendit enfin s’ouvrir la porte du deuxième; l’homme n’avait pas sonné, on devait l’attendre. Le gandin disparut dans l’appartement. Ivan Andreievitch arriva à ce troisième palier avant qu’on eût fermé la porte. Il pensa tout d’abord rester sur le seuil, méditer sur ce qu’il devait entreprendre, bien réfléchir et se résoudre à quelque action décisive. Mais, à ce moment même, il entendit le roulement d’une voiture près du perron! La grande porte s’ouvrit avec fracas et il y eut des pas lourds. La personne toussait, respirait avec peine. Ivan Andreievitch n’hésita plus; il poussa la porte et se trouva dans l’appartement avec l’air très solennel d’un époux offensé. Une servante, très émue, se précipita à sa rencontre, puis ce fut un domestique qui se montra. Mais arrêter Ivan Andreievitch s’avéra parfaitement impossible… Il volait comme une bombe d’une chambre à une autre. Ayant traversé deux pièces obscures, il entra brusquement dans la chambre à coucher et s’arrêta devant une très belle jeune femme qui le fixa terrifiée. Elle semblait ne plus comprendre ce qui se passait autour d’elle. Déjà on percevait des pas lourds dans le vestibule contigu. Quelqu’un se dirigeait droit vers la chambre à coucher.

– Seigneur! c’est mon mari! s’écria la dame en levant les bras. Elle pâlit, devint plus blanche que son peignoir.

Ivan Andreievitch comprit qu’il avait fait fausse route. Il s’était conduit comme un enfant, comme un imbécile! Il aurait dû réfléchir davantage dans l’escalier. Mais il n’y avait plus qu’à subir. La porte s’ouvrait et le mari, un gros homme, à en juger d’après son pas lourd, entrait… Je ne sais ce qu’Ivan Andreievitch pensa de lui-même à cette minute. J’ignore ce qui l’empêcha d’aller droit vers le mari, d’avouer son erreur, de s’excuser et de fuir. Ce n’eût pas été, certes, avec honneur ni gloire, mais il serait parti tout au moins de façon noble et franche. Loin de là! Ivan Andreievitch, de nouveau se conduisit en gamin, comme s’il se prenait pour un Don Juan ou un Lovelace! Il se cacha tout d’abord derrière le rideau du lit, puis lorsqu’il se sentit étreint par l’angoisse, il se laissa tomber à terre et, comme un serin, rampa sous le lit. La terreur agit sur lui avec plus de force que la raison et Ivan Andreievitch, lui-même époux trompé ou tout au moins se considérant comme tel, ne put supporter cette rencontre avec un autre mari. Il se trouva sous le lit, ne comprenant absolument pas comment la chose s’était faite. Mais le plus étonnant est que la dame ne fit aucune opposition. Elle n’eut pas un cri en voyant ce personnage étrange, d’un certain âge, déjà, chercher refuge dans sa chambre à coucher. En fait, elle était si étonnée qu’elle n’en retrouvait plus l’usage de la parole.

Le mari entra, poussant des interjections et reniflant, dit bonsoir à sa femme d’une voix languissante et s’affaissa dans un fauteuil comme s’il venait de porter un sac de bois. Puis il toussa longuement, sourdement. Ivan Andreievitch qui, de tigre enragé s’était transformé en agneau, timide et calme comme une petite souris devant un chat, osait à peine respirer, dans son effroi. Il aurait pu savoir, pourtant, de par sa propre expérience, que tous les maris offensés ne mordent pas. Mais il n’y pensa point, soit par défaut d’imagination, soit pour toute autre carence. Avec douceur et prudence, à tâtons, il essaya de s’installer le plus commodément possible sous le lit. Et quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu’il toucha un objet qui, à sa grande surprise, s’agita et le saisit à son tour par le bras. Un autre homme était caché sous le lit!…

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