Guy de Maupassant - Contes divers (1884)

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C’était un homme de quarante ans, haut, maigre, un peu voûté, avec des yeux d’halluciné, des yeux noirs, si noirs qu’on ne distinguait pas la pupille, des yeux mobiles, rôdeurs, malades, hantés. Quel être singulier, troublant qui apportait, qui jetait un malaise autour de lui, un malaise vague, de l’âme, du corps, un de ces énervements incompréhensibles qui font croire à des influences surnaturelles.

Il avait un tic gênant : la manie de cacher ses mains. Presque jamais il ne les laissait errer, comme nous faisons tous sur les objets, sur les tables. Jamais il ne maniait les choses traînantes avec ce geste familier qu’ont presque tous les hommes. Jamais il ne les laissait nues, ses longues mains osseuses, fines, un peu fébriles.

Il les enfonçait dans ses poches, sous les revers de ses aisselles en croisant les bras. On eût dit qu’il avait peur qu’elles ne fissent, malgré lui, quelque besogne défendue, qu’elles n’accomplissent quelque action honteuse ou ridicule s’il les laissait libres et maîtresses de leurs mouvements.

Quand il était obligé de s’en servir pour tous les usages ordinaires de la vie, il le faisait par saccades brusques, par élans rapides du bras comme s’il n’eût pas voulu leur laisser le temps d’agir par elles-mêmes, de se refuser à sa volonté, d’exécuter autre chose. A table, il saisissait son verre, sa fourchette ou son couteau si vivement qu’on n’avait jamais le temps de prévoir ce qu’il voulait faire avant qu’il ne l’eût accompli.

Or, j’eus un soir l’explication de la surprenante maladie de son âme.

II venait passer de temps en temps quelques jours chez moi, à la campagne, et ce soir-là il me paraissait particulièrement agité.

Un orage montait dans le ciel, étouffant et noir, après une journée d’atroce chaleur. Aucun souffle d’air ne remuait les feuilles. Une vapeur chaude de four passait sur les visages, faisait haleter les poitrines. Je me sentais mal à l’aise, agité, et je voulus gagner mon lit.

Quand il me vit me lever pour partir, Jacques Parent me saisit le bras d’un geste effaré.

— Oh ! Non, reste encore un peu, me dit-il.

Je le regardai avec surprise en murmurant :

— C’est que cet orage me secoue les nerfs.

Il gémit, ou plutôt il cria :

— Et moi donc ! Oh ! Reste, je te prie ! Je ne voudrais pas demeurer seul.

Il avait l’air affolé.

Je prononçai :

Qu’est-ce que tu as ? Perds-tu la tête ?

Et il balbutia :

— Oui, par moments, dans les soirs comme celui-ci, dans les soirs d’électricité... j’ai... j’ai... j’ai peur... j’ai peur de moi... tu ne me comprends pas ? C’est que je suis doué d’un pouvoir... non... d’une puissance... non... d’une force... Enfin je ne sais pas dire ce que c’est, mais j’ai en moi une action magnétique si extraordinaire que j’ai peur, oui, j’ai peur de moi, comme je te le disais tout à l’heure !

Et il cachait, avec des frissons éperdus, ses mains vibrantes sous les revers de sa jaquette. Et moi-même je me sentis soudain tout tremblant d’une crainte confuse, puissante, horrible. J’avais envie de partir, de me sauver, de ne plus le voir, de ne plus voir son œil errant passer sur moi, puis s’enfuir, tourner autour du plafond, chercher quelque coin sombre de la pièce pour s’y fixer, comme s’il eût voulu cacher aussi son regard redoutable.

Je balbutiai :

— Tu ne m’avais jamais dit ça ?

Il reprit :

— Est-ce que j’en parle à personne ? Tiens, écoute, ce soir je ne puis me taire. Et j’aime mieux que tu saches tout ; d’ailleurs, tu pourras me secourir.

Le magnétisme. Sais-tu ce que c’est ? Non. Personne ne sait. On le constate pourtant. On le reconnaît, les médecins eux-mêmes le pratiquent ; un des plus illustres, M. Charcot, le professe ; donc, pas de doute, cela existe.

Un homme, un être a le pouvoir, effrayant et incompréhensible, d’endormir, par la force de sa volonté, un autre être, et, pendant qu’il dort, de lui voler sa pensée comme on volerait une bourse. Il lui vole sa pensée, c’est-à-dire son âme, l’âme, ce sanctuaire, ce secret du Moi, l’âme, ce fond de l’homme qu’on croyait impénétrable, l’âme, cet asile des inavouables idées, de tout ce qu’on cache, de tout ce qu’on aime, de tout ce qu’on veut celer à tous les humains, il l’ouvre, la viole, l’étale, la jette au public ! N’est-ce pas atroce, criminel, infâme ?

Pourquoi, comment cela se fait-il ? Le sait-on ? Mais que sait-on ?

Tout est mystère. Nous ne communiquons avec les choses que par nos misérables sens, incomplets, infirmes, si faibles qu’ils ont à peine la puissance de constater ce qui nous entoure. Tout est mystère. Songe à la musique, cet art divin, cet art qui bouleverse l’âme, l’emporte, la grise, l’affole, qu’est-ce donc ! Rien.

Tu ne me comprends pas ? Ecoute. Deux corps se heurtent. L’air vibre. Ces vibrations sont plus ou moins nombreuses, plus ou moins rapides, plus ou moins fortes, selon la nature du choc. Or nous avons dans l’oreille une petite peau qui reçoit ces vibrations de l’air et les transmet au cerveau sous forme de son. Imagine qu’un verre d’eau se change en vin dans ta bouche. Le tympan accomplit cette incroyable métamorphose, ce surprenant miracle de changer le mouvement en son. Voilà.

La musique, cet art complexe et mystérieux, précis comme l’algèbre et vague comme un rêve, cet art fait de mathématiques et de brise, ne vient donc que de la propriété étrange d’une petite peau. Elle n’existerait point, cette peau, que le son non plus n’existerait pas, puisque par lui-même il n’est qu’une vibration. Sans l’oreille, devinerait-on la musique ? Non. Eh bien ; nous sommes entourés de choses que nous ne soupçonnerons jamais, parce que les organes nous manquent qui nous les révéleraient.

Le magnétisme est de celles-là peut-être. Nous ne pouvons que pressentir cette puissance, que tenter en tremblant ce voisinage des esprits, qu’entrevoir ce nouveau secret de la nature, parce que nous n’avons point en nous l’instrument révélateur.

Quant à moi... Quant à moi, je suis doué d’une puissance affreuse. On dirait un autre être enfermé en moi, qui veut sans cesse s’échapper, agir malgré moi, qui s’agite, me ronge, m’épuise. Quel est-il ? Je ne sais pas, mais nous sommes deux dans mon pauvre corps, et c’est lui, l’autre, qui est souvent le plus fort, comme ce soir.

Je n’ai qu’à regarder les gens pour les engourdir comme si je leur avais versé de l’opium. Je n’ai qu’à étendre les mains pour produire des choses... des choses... terribles. Si tu savais ! Oui. Si tu savais ! Mon pouvoir ne s’étend pas seulement sur les hommes, mais aussi sur les animaux et même... sur les objets...

Cela me torture et m’épouvante. J’ai eu envie souvent de me crever les yeux et de me couper les poignets.

Mais je vais... je veux que tu saches tout. Tiens. Je vais te montrer cela... non pas sur des créatures humaines, c’est ce qu’on fait partout, mais sur... sur... des bêtes.

Appelle Mirza.

Il marchait à grands pas avec des airs d’halluciné, et il sortit ses mains cachées dans sa poitrine. Elles me semblèrent effrayantes comme s’il eût mis à nu deux épées.

Et je lui obéis machinalement, subjugué, vibrant de terreur et dévoré d’une sorte de désir impétueux de voir. J’ouvris la porte et je sifflai ma chienne qui couchait dans le vestibule. J’entendis aussitôt le bruit précipité de ses ongles sur les marches de l’escalier, et elle apparut, joyeuse, remuant la queue.

Puis je lui fis signe de se coucher sur un fauteuil ; elle y sauta, et Jacques se mit à la caresser en la regardant.

D’abord, elle sembla inquiète ; elle frissonnait, tournait la tête pour éviter l’œil fixe de l’homme, semblait agitée d’une crainte grandissante. Tout à coup, elle commença à trembler, comme tremblent les chiens. Tout son corps palpitait, secoué de longs frissons, et elle voulut s’enfuir. Mais il posa sa main sur le crâne de l’animal qui poussa, sous ce toucher, un de ces longs hurlements qu’on entend, la nuit, dans la campagne.

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