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Antoine de Saint-Exupéry: Courrier Sud

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Antoine de Saint-Exupéry Courrier Sud

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Deux minutes plus tard, debout sur l’herbe, j’étais jeune, comme posé dans quelque étoile où la vie recommence. Dans ce climat neuf. Je me sentais dans ce sol, dans ce ciel, comme un jeune arbre. Et je m’étirais du voyage avec cette adorable faim. Je faisais des pas allongés, flexibles, pour me délasser du pilotage et je riais d’avoir rejoint mon ombre: l’atterrissage.

Et ce printemps! Te souviens-tu de ce printemps après la pluie grise de Toulouse? Cet air si neuf qui circulait entre les choses. Chaque femme contenait un secret: un accent, un geste, un silence. Et toutes étaient désirables. Et puis, tu me connais, cette hâte de repartir, de chercher plus loin ce que je pressentais et ne comprenais pas, car j’étais ce sourcier dont le coudrier tremble et qu’il promène sur le monde jusqu’au trésor.

Mais dis-moi donc ce que je cherche et pourquoi contre ma fenêtre, appuyé à la ville de mes amis, de mes désirs, de mes souvenirs, je désespère? Pourquoi, pour la première fois, je ne découvre pas de source et me sens si loin du trésor? Quelle est cette promesse obscure que l’on m’a faite et qu’un dieu obscur ne tient pas?

* * * * *

J’ai retrouvé la source. T’en souviens-tu? C’est Geneviève…

* * * * *

En lisant ce mot de Bernis, Geneviève, j’ai fermé les yeux et vous ai revue petite fille. Quinze ans quand nous en avions treize. Comment auriez-vous vieilli dans nos souvenirs? Vous étiez restée cette enfant fragile, et c’est elle, quand nous entendions parler de vous, que nous hasardions, surpris, dans la vie.

Tandis que d’autres poussaient devant l’Autel une femme déjà faite, c’est une petite fille que Bernis et moi, du fond de l’Afrique, avons fiancée. Vous avez été, enfant de quinze ans, le plus jeune des mères. À l’âge où l’on écorche aux branches des mollets nus, vous exigiez un vrai berceau, jouet royal. Et tandis que parmi les vôtres, qui ne devinaient pas le prodige, vous faisiez dans la vie d’humbles gestes de femme, vous viviez pour nous un conte enchanté et vous entriez dans le monde par la porte magique – comme dans un bal costumé, un bal d’enfants – déguisée en épouse, en mère, en fée…

Car vous étiez fée. Je me souviens. Vous habitiez sous l’épaisseur des murs une vieille maison. Je vous revois vous accoudant à la fenêtre, percée en meurtrière, et guettant la lune. Elle montait. Et la plaine commençait à bruire et secouait aux ailes des cigales ses crécelles, au ventre des grenouilles ses grelots, au cou des bœufs qui rentraient ses cloches. La lune montait. Parfois du village un glas s’élevait, portant aux grillons, aux blés, aux cigales, l’inexplicable mort. Et vous vous penchiez en avant, inquiète pour les fiancés seulement, car rien n’est aussi menacé que l’espérance. Mais la lune montait. Alors couvrant le glas, les chats-huants s’appelaient l’un l’autre pour l’amour. Les chiens errants l’assiégeaient en cercle et criaient vers elle. Et chaque arbre, chaque herbe, chaque roseau était vivant. Et la lune montait.

Alors vous nous preniez les mains et vous nous disiez d’écouter parce que c’étaient les bruits de la terre et qu’ils rassuraient et qu’ils étaient bons.

Vous étiez si bien abritée par cette maison et, autour d’elle, par cette robe vivante de la terre. Vous aviez conclu tant de pactes avec les tilleuls, avec les chênes, avec les troupeaux que nous vous nommions leur princesse. Votre visage s’apaisait par degrés quand, le soir, on rangeait le monde pour la nuit. «Le fermier a rentré ses bêtes.» Vous le lisiez aux lumières lointaines des étables. Un bruit sourd: «On ferme l’écluse.» Tout était en ordre. Enfin le rapide de sept heures du soir faisait son orage, doublait la province et s’évadait, nettoyant enfin votre monde de ce qui est inquiet, mobile, incertain comme un visage aux vitres des sleepings. Et c’était le dîner dans une salle à manger trop grande, mal éclairée, où tu devenais la reine de la nuit car nous te surveillons sans relâche comme des espions. Tu t’asseyais silencieuse parmi de vieilles gens, au centre de ces boiseries et penchée en avant, n’offrant que ta seule chevelure à l’enclos doré des abat-jour, couronnée de lumière, tu régnais. Tu nous paraissais éternelle d’être si bien liée aux choses, si sûre des choses, de tes pensées, de ton avenir. Tu régnais…

Mais nous voulions savoir s’il était possible de te faire souffrir, de te serrer dans les bras jusqu’à t’étouffer, car nous sentions en toi une présence humaine que nous désirions amener au jour. Une tendresse, une détresse que nous désirions amener aux yeux. Et Bernis te prenait dans les bras et tu rougissais. Et Bernis te serrait plus fort et tes yeux devenaient brillants de larmes sans que tes lèvres se soient enlaidies, comme aux vieilles qui pleurent, et Bernis me disait que ces larmes venaient du cœur soudain rempli, plus précieuses que des diamants, et que celui qui les boirait serait immortel. Il me disait aussi que tu habitais ton corps, comme cette fée sous les eaux, et qu’il connaissait mille sortilèges pour te ramener à la surface, dont le plus sûr était de te faire pleurer. C’est ainsi que nous te volions de l’amour. Mais, quand nous te lâchions, tu riais et ce rire nous remplissait de confusion. Ainsi un oiseau, moins serré, s’envole.

«Geneviève, lis-nous des vers.»

Tu lisais peu et nous pensions que déjà tu connaissais tout. Nous ne t’avons jamais vue étonnée.

«Lis-nous des vers…»

Tu lisais, et, pour nous, c’étaient des enseignements sur le monde, sur la vie, qui nous venaient non du poète, mais de ta sagesse. Et les détresses des amants et les pleurs des reines devenaient de grandes choses tranquilles. On mourait d’amour avec tant de calme dans ta voix…

«Geneviève, est-ce vrai que l’on meurt d’amour?»

Tu suspendais les vers, tu réfléchissais gravement. Tu cherchais sans doute la réponse chez les fougères, les grillons, les abeilles et tu répondais «oui» puisque les abeilles en meurent. C’était nécessaire et paisible.

«Geneviève, qu’est-ce qu’un amant?»

Nous désirions te faire rougir. Tu ne rougissais pas. À peine moins légère tu regardais de face l’étang tremblant de lune. Nous pensions qu’un amant, c’était pour toi cette lumière.

«Geneviève, as-tu un amant?»

Cette fois-ci tu rougirais! Mais non. Tu souriais sans gêne. Tu secouais la tête. Dans ton royaume, une saison apporte les fleurs, l’automne les fruits, une saison apporte l’amour: la vie est simple.

«Geneviève, sais-tu ce que nous ferons plus tard?» Nous voulions t’éblouir et nous t’appelions: faible femme. «Nous serons, faible femme, des conquérants.» Nous t’expliquions la vie. Les conquérants qui reviennent chargés de gloire et prennent pour maîtresse celle qu’ils aimaient.

«Alors nous serons tes amants. Esclave, lis-nous des vers…»

Mais tu ne lisais plus. Tu repoussais le livre. Tu sentais soudain ta vie si certaine, comme un jeune arbre se sentirait croître et développer la graine au jour. Il n’était plus rien que de nécessaire. Nous étions des conquérants de fable, mais toi tu t’appuyais sur tes fougères, tes abeilles, tes chèvres, tes étoiles, tu écoutais les voix de tes grenouilles, tu tirais ta confiance de toute cette vie qui montait et autour de toi dans la paix nocturne et en toi-même de tes chevilles vers ta nuque pour ce destin inexprimable et pourtant sûr.

Et comme la lune était haute et qu’il était temps de dormir, tu fermais la fenêtre et la lune brillait derrière la vitre. Et nous te disions que tu avais fermé le ciel comme une vitrine et que la lune y était prise et une poignée d’étoiles, car nous cherchions par tous les symboles, par tous les pièges, à t’entraîner, sous les apparences, dans ce fond des mers où nous appelait notre inquiétude.

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