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Antoine de Saint-Exupéry: Courrier Sud

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Antoine de Saint-Exupéry Courrier Sud

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À la hauteur de Gibraltar il fera nuit. Alors un virage à gauche vers Tanger détachera de Bernis l’Europe, banquise énorme, à la dérive…

Encore quelques villes nourries de terre brune puis l’Afrique. Encore quelques villes nourries de pâte noire puis le Sahara. Bernis assistera ce soir au déshabiller de la terre.

Bernis est las. Deux mois plus tôt, il montait vers Paris à la conquête de Geneviève. Il rentrait hier à la Compagnie, ayant mis de l’ordre dans sa défaite. Ces plaines, ces villes, ces lumières qui s’en vont, c’est bien lui qui les abandonne. Qui s’en dévêt. Dans une heure le phare de Tanger luira: Jacques Bernis, jusqu’au phare de Tanger, va se souvenir.

DEUXIÈME PARTIE

I

Je dois revenir en arrière, raconter ces deux mois passés, autrement qu’en resterait-il? Quand les événements que je vais dire auront peu à peu terminé leur faible remous, leurs cercles concentriques, sur ceux des personnages qu’ils ont simplement effacés, comme l’eau refermée d’un lac, quand seront amorties les émotions poignantes, puis moins poignantes, puis douces que je leur dois, le monde de nouveau me paraîtra sûr. Ne puis-je pas me promener déjà, là où devrait m’être cruel le souvenir de Geneviève et de Bernis, sans qu’à peine le regret me touche?

* * * * *

Deux mois plus tôt il montait vers Paris, mais, après tant d’absence, on ne retrouve plus sa place: on encombre une ville. Il n’était plus que Jacques Bernis habillé d’un veston qui sentait le camphre. Il se mouvait dans un corps engourdi, maladroit, et demandait à ses cantines, trop bien rangées dans un coin de la chambre, tout ce qu’elles révélaient d’instable, de provisoire: cette chambre n’était pas conquise encore par du linge blanc, par des livres.

«Allo… C’est toi?» Il recense les amitiés. On s’exclame, on le félicite:

– Un revenant! Bravo!

– Eh oui! Quand te verrai-je?

On n’est justement pas libre aujourd’hui. Demain? Demain on joue au golf, mais qu’il vienne aussi. Il ne veut pas? Alors après-demain. Dîner. Huit heures précises.

Il entre, pesant, dans un dancing, garde, parmi les gigolos, son manteau comme un vêtement d’explorateur. Ils vivent leur nuit dans cette enceinte comme des goujons dans un aquarium, tournent un madrigal, dansent, reviennent boire. Bernis dans ce milieu flou, où seul il garde sa raison, se sent lourd comme un portefaix, pèse droit sur ses jambes. Ses pensées n’ont point de halo. Il avance, parmi les tables, vers une place libre. Les yeux des femmes qu’il touche des siens se dérobent, semblent s’éteindre. Les jeunes gens s’écartent flexibles pour qu’il passe. Ainsi, la nuit, les cigarettes des sentinelles, à mesure que l’officier de ronde avance, tombent des doigts.

Ce monde, nous le retrouvions chaque fois, comme les matelots bretons retrouvent leur village de carte postale et leur fiancée trop fidèle, à leur retour à peine vieillie. Toujours pareille, la gravure d’un livre d’enfance. À reconnaître tout si bien en place, si bien réglé par le destin, nous avions peur de quelque chose d’obscur. Bernis s’informait d’un ami: «Mais oui. Le même. Ses affaires ne vont pas bien fort. Enfin tu sais… la vie.» Tous étaient prisonniers d’eux-mêmes, limités par ce frein obscur et non comme lui, ce fugitif, cet enfant pauvre, ce magicien.

Les visages de ses amis à peine usés, à peine amincis par deux hivers, par deux étés. Cette femme dans un coin du bar: il la reconnaissait. Le visage à peine fatigué d’avoir servi tant de sourires. Ce barman: le même. Il eut peur d’en être reconnu, comme si cette voix en l’interpellant devait ressusciter en lui un Bernis mort, un Bernis sans ailes, un Bernis qui ne s’était pas évadé.

Peu à peu, pendant le retour, un paysage se bâtissait déjà autour de lui, comme une prison. Les sables du Sahara, les rochers d’Espagne, étaient peu à peu retirés, comme des vêtements de théâtre, du paysage vrai qui allait transparaître. Enfin, dès la frontière franchie, Perpignan servie par sa plaine. Cette plaine où traînait encore le soleil, en coulées obliques, allongées, à chaque minute plus élimées, ces vêtements d’or, çà et là sur l’herbe, à chaque minute plus fragiles, plus transparents et qui ne s’éteignent pas mais s’évaporent. Alors ce limon vert, sombre et doux sous l’air bleu. Ce fond tranquille. Moteur au ralenti, cette plongée vers ce fond de mers où tout repose, où tout prend l’évidence et la durée d’un mur.

Ce trajet en voiture de l’aéroport vers la gare. Ces visages en face du sien fermés, durcis. Ces mains qui portaient leur destin gravé et reposaient à plat sur les genoux, si lourdes. Ces paysans frôlés qui revenaient des champs. Cette jeune fille devant sa porte qui guettait un homme entre cent mille, qui avait renoncé à cent mille espérances. Cette mère qui berçait un enfant, qui en était déjà prisonnière, qui ne pouvait fuir.

Bernis directement posé au secret des choses revenait au pays par le sentier le plus intime, les mains dans les poches, sans valise, pilote de ligne. Dans le monde le plus immuable où, pour toucher un mur, pour allonger un champ, il fallait vingt ans de procès.

Après deux ans d’Afrique et de paysages mouvants et toujours changeants comme la face de la mer, mais qui, un à un dérobés, laissaient nu ce vieux paysage, le seul, l’éternel, celui dont il était sorti, il prenait pied sur un vrai sol, archange triste.

«Et voilà tout pareil…»

Il avait craint de trouver les choses différentes et voici qu’il souffrait de les découvrir si semblables. Il n’attendait plus des rencontres, des amitiés qu’un ennui vague. De loin on imagine. Les tendresses, au départ, on les abandonne derrière soi avec une morsure au cœur, mais aussi avec un étrange sentiment de trésor enfoui sous terre. Ces fuites quelquefois témoignent de tant d’amour avare. Une nuit dans le Sahara peuplé d’étoiles, comme il rêvait à ces tendresses lointaines, chaudes et couvertes par la nuit, par le temps, comme des semences, il eut ce brusque sentiment: s’être écarté un peu pour regarder dormir. Appuyé à l’avion en panne, devant cette courbe du sable, ce fléchissement de l’horizon, il veillait ses amours comme un berger…

«Et voici ce que je retrouve!»

Et Bernis m’écrivit un jour:

… Je ne te parle pas de mon retour: je me crois le maître des choses quand les émotions me répondent. Mais aucune ne s’est réveillé. J’étais pareil à ce pèlerin qui arrive une minute trop tard à Jérusalem. Son désir, sa foi venaient de mourir: il trouve des pierres. Cette ville ici: un mur. Je veux repartir. Te souviens-tu de ce premier départ? Nous l’avons fait ensemble. Murcie, Grenade couchées comme des bibelots dans leur vitrine et, car nous n’atterrissions pas, ensevelies dans le passé. Déposées là par les siècles qui se retirent. Le moteur faisait ce bruit dense qui existe seul et derrière lequel le paysage passe en silence comme un film. Et ce froid, car nous volions haut: ces villes prises dans la glace. Tu te souviens?

J’ai gardé les papiers que tu me passais:

«Surveille ce cliquetis bizarre… ne t’engage pas sur le détroit si ça augmente.»

Deux heures après, à Gibraltar: «Attends Tarifa pour traverser: meilleur.»

À Tanger: «Ne te pose pas trop long: terrain mou.»

Simplement. Avec ces phrases-là, on gagne le monde. J’avais la révélation d’une stratégie que ces ordres brefs rendaient si forte. Tanger, cette petite ville de rien du tout, c’était ma première conquête. C’était, vois-tu, c’était mon premier cambriolage. Oui. À la verticale, d’abord, mais si loin. Puis, pendant la descente, cette éclosion des prés, des fleurs, des maisons. Je ramenais au jour une ville engloutie et qui devenait vivante. Et tout à coup cette découverte merveilleuse: à cinq cents mètres du terrain cet Arabe qui labourait, que je tirais à moi, dont je faisais un homme à mon échelle, qui était vraiment mon butin de guerre ou ma création ou mon jeu. J’avais pris un otage et l’Afrique m’appartenait.

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