[110]Lointaine annonce du personnage de Gavroche.
[111]On croirait entendre Juliette, inspiratrice d'une bonne part du discours féminin chez Hugo. Ainsi cette lettre du 13 juillet 1835: «Homme! prenez garde à vous d'abord. Avec cela que mes nombreux couteaux sont aiguisés à frais, il pourrait bien y avoir un carnage atroce de votre chère petite personne si je découvrais la moindre infraction à la fidélité que vous me devez.» (ouv. cit., p. 23.)
La dernière phrase fait rêver quand on songe au «flagrant délit» de 1845.
[112]«Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.» Pour la suite: Isaac signifie «qui rit» et son père, Abraham, fut pris de rire en entendant Dieu lui annoncer cette naissance; le nom du héros batailleur de la tragédie Les Sept contre Thèbes est pris par Eschyle au sens étymologique: «qui a beaucoup de querelles»; Cléopâtre répond à Antoine inquiet de voir Octave à Toryne que le nom de cette ville («cuillère à pot») montre un ennemi inoffensif.
[113]Devin argien qui combattit et mourut lors de l'expédition des «Sept contre Thèbes». Le temple élevé à sa mémoire était célèbre pour la qualité des oracles qui y étaient rendus.
[114]«Il faut de la mesure en toutes choses», disait, en fait, Horace ( Satires , I. 1).
[115] Gula : la gueule; gulax signifierait «le glouton» au prix d'un barbarisme.
[116]Le questeur du parricide est le juge d'instruction dans les affaires d'homicides. Quant à Munatius Demens, jusqu'à preuve du contraire, comprenons Munatius «déraillé», comme le sera Javert.
[117]Sylla renonça au pouvoir et Origène, en se faisant émasculer, à l'amour. Tholomyès choisit d'imiter Origène plutôt que Sylla.
[118]Le père de Cosette, homme «prospère», est le seul personnage, avec Marius, à bénéficier d'un prénom romain, – comme Victor.
[119]«Et maintenant c'est toi, Bacchus [Dieu du vin] que je vais chanter»: début d'une «géorgique» de Virgile (II, 2) proche du « Nunc est bibendum »: «Maintenant, il faut boire», d'Horace.
[120]L'aphorisme latin dit: « Errare humanum est, perseverare diabolicum »: «L'erreur est humaine, y persister vient du diable.»
[121]Ce terme «franglais» de Guernesey est attesté dans les carnets de l'exil (scrober, scrobeuse, scrobage) où Hugo notait les journées de travail des servantes venues récurer et frotter escaliers et parquets.
[122]Peintre grec; mais peut-être s'appelait-il plutôt Euphronios.
[123]Voir la note 95 de ce livre. Tholomyès connaît sans doute aussi l'expression latine: « margaritas ante porcos »: «donner des perles aux cochons».
[124]Comme Léonie Biard.
[125]Épisode scolairement très connu de la légende romaine. Guillaume: le Conquérant.
[126]Jeu de mots: le Digeste est le code de l'empereur Justinien.
[127]Chanteur d'opéra comique renommé et très cher – d'où le «gratis» -, qui venait alors de se retirer.
[128]Voir, dans Les Contemplations , «Melancholia» (III, 2), mais aussi l'histoire comparable de la charrette Fauchelevent (I, 5, 6). Par image et par solidarité symbolique, cette mort d'une jument anticipe l'exécution de Fantine, seule à plaindre ce cheval mourant et assimilée à lui par Dahlia: «fichue bête».
[129]Hugo, encore adolescent, y avait participé avec Abel et Eugène à des «dîners littéraires» en 1818. Il y lut la nouvelle Bug-Jargal . Voir le Victor Hugo raconté .,, p. 311 et suiv.
[130]Dans les premières pages de L'Ane d'or , Apulée décrit un certain nombre d'auberges.
[131]«Il n'y a rien de nouveau sous le soleil.» (L'Ecclésiaste.)
[132]«L'amour est le même pour tous.» ( Géorgiques , III, 244.)
[133]L'équarisseur abattait les animaux impropres à la consommation et en tirait tout ce qui pouvait être employé: os, peau, graisse, corne.
[134]Parodie du texte de Malherbe, Consolation à M. du Perier , qui peut s'appliquer aussi à Fantine:
Elle était de ce monde où les plus belles choses
Ont le pire destin
Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.
[135]En septembre 1845, Hugo y était passé, peut-être en compagnie de Léonie Biard, lors d'une brève et mystérieuse excursion à l'est de Paris. Dès 1827, Paul de Kock y avait situé l'action de son roman, La Laitière de Montfermeil.
[136]La source probable de la présence étrange du fardier est une chose vue, un souvenir du retour d'Espagne, l'un de très rares conservés par V. Hugo. Supprimé du Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie publié en 1863, il est connu seulement par le manuscrit de Mme Hugo: «Des auberges où il passa alors, il ne se souvient que d'une, ou, du moins, d'une cour où était une immense voiture de roulier dételée, avec des chaînes qui pendaient. Pourquoi, dans un voyage long, accidenté, où à coup sûr il se trouvait des choses curieuses et frappantes, se souvenir de cette insignifiance? N'est-ce pas là un mystère?» ( Victor Hugo raconté par Adèle Hugo , ouv. cit., p. 243.)
[137]Romance genre troubadour Imogine et Alonzo en dix couplets, dont le premier dit:
Il le faut disait un guerrier
A la belle et tendre Imogine
Il le faut, je suis chevalier
Et je pars pour la Palestine.
Tu me pleures en ce moment,
Que ces pleurs ont pour moi de charmes!
Mais il viendra quelque autre amant
Et sa main essuiera tes larmes
Cette chanson n'est pas sans analogie avec une autre romance troubadour devenue hymne du Second Empire, Partant pour la Syrie.
[138]Hugo avait songé, et sagement renoncé à faire réapparaître le personnage. A la cérémonie de ses noces, une petite fille s'avançait – Cosette – et lui disait: «Papa!» Voir le dossier des Misérables au tome Océan-Chantier .
[139]Inventé dès la première rédaction, ce nom a peut-être été construit par dérivation sur celui de Mlle Thénard qui tenait un second rôle à la création d' Hernani . Mais voir aussi V, 9 et la note 1.
[140]Cette Pépita est un souvenir du palais Masserano, en Espagne, évoqué dans le Victor Hugo raconté … (p. 216): «Il se trouvait là une nommée Pépita, encore petite fille […]. Il y eut des idylles, me disait mon mari, dans ces grandes pièces […]». Cette jeune fille réapparaîtra dans Le Dernier Jour d'un condamné (chap. XXXIII) et dans L'Art d'être grand-père (IX, 1, Les Fredaines du grand-père enfant ):
Et c'était presque une femme
Que Pépita mes amours,
L'indolente avait mon âme
Sous son coude de velours.
[141]La Thénardier dévore ce que Hugo enfant savourait chez le libraire Royol – voir III, 5, note 3.
[142]Jusqu'en 1860, elles s'appelaient Palmyre et Malvina. Plusieurs réminiscences ont pu concourir à l'adoption d'Éponine: le titre d'un livre de Delisle de Sales, Éponine ou la République , un vers des Petites Vieilles de Baudelaire évoquant la déchéance des courtisanes: «Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, / Éponine ou Laîs…», l'histoire héroïque de cette gauloise qui – comme le demande Dona Sol – partagea le sort de son mari, Julius Sabinus, traqué par les Romains après l'échec d'une révolte, et que désigne un titre noté, par Hugo en 1860: «Éponine et Sabinus ou la généreuse épouse, roman héroïde». Ajoutons que la rime et le sens apparentent Eponine à Fantine, deux noms qui font écho à celui de Léopoldine.
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