Henry Murger - Scènes De La Vie De Jeunesse
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Au reste, ces ridicules n’étaient pas inhérents à la nature de Melchior. Ils lui avaient été inoculés par les amis au milieu desquels il vivait, et qui lui assuraient chaque jour qu’il était appelé à de hautes destinées poétiques. Si les personnes sensées qui s’intéressaient à lui essayaient de lui montrer dans quelle voie fausse il s’engageait aussi gratuitement, Melchior se récriait. Il répondait qu’il avait une mission à remplir, que les poètes sont les prêtres de l’humanité, et que, dût-il mourir en route, il ne renierait pas son culte, etc. Melchior avait d’ailleurs une idée fixe. Il voulait élever à la mémoire de son premier amour un superbe monument poétique au front duquel il placerait le nom de sa maîtresse, pour le faire passer à la postérité à côté des noms de Laure et de Béatrix. Depuis deux ans il travaillait à ce poème, et n’écrivait pas une strophe où il ne plantât deux saules et n’allumât une auréole. Chaque fois qu’il avait ajouté une centaine de nouveaux vers à son poème d’amour, il réunissait ses amis dans des soirées où l’on buvait de l’eau non filtrée, et il leur lisait ses nouvelles élégies qu’on applaudissait avec fureur.
Ces lectures étaient ordinairement accompagnées d’une mise en scène dont les ridicules étaient peut-être excusables à cause du sentiment profond et sincère où ils avaient leur source. Ainsi, Melchior lisait les fragments de son poème d’amour sur une table où il avait d’avance disposé symétriquement toutes les reliques qui lui étaient restées de cette grande passion. Des vieux gants blancs, des rubans sales, un masque de bal, des bouquets fanés, etc., tout cet attirail sentimental était ordinairement accroché au fond de son alcôve. Au milieu se détachait son masque à lui, moulé en plâtre et entouré d’un lambeau d’étoffe noire qui le mettait plus en saillie. Ces puérilités étaient du reste gravement acceptées par les amis de Melchior, qui, pendant plus de deux ans, pratiqua avec une scrupuleuse fidélité la religion du souvenir. Une des autres manies de ce singulier garçon était celle-ci: il achetait tous les volumes de vers à couvertures multicolores qui, deux fois l’an, au printemps et à l’automne, viennent s’abattre sur les rampes des quais. Il ne se publiait pas un seul hémistiche qu’il n’en eût connaissance; un de ses amis, garçon de bon sens, qui appelait ce genre de recueil les Punaises de la librairie, lui ayant demandé pourquoi il dépensait son argent à d’aussi bêtes acquisitions, Melchior lui répondit qu’il fallait bien se tenir au courant des progrès de l’art. Le fait est qu’il voulait simplement juger s’il était de la force des auteurs des Soupirs nocturnes, Matutina et autres Brises de mai. Chaque fois qu’il paraissait un de ces abominables recueils, Melchior se le procurait et assemblait tout le clan des poètereaux de sa connaissance pour leur donner lecture du poème nouveau, et lorsque de son avis et de celui de ses admirateurs la comparaison tournait à son avantage, il était content et acceptait sans conteste la supériorité qu’on lui accordait. C’était un spectacle vraiment bien curieux que ces réunions où un tas de gueux, paresseux comme des lazaroni, jouaient sans rire avec les plus graves questions d’art et se drapaient prétentieusement dans le manteau de leur sainte misère: ces soirées se terminaient ordinairement par une lecture à haute voix du Chatterton de M. Alfred de Vigny. C’est avec ce livre que Melchior avait achevé de se griser l’esprit; et combien de jeunes gens comme lui ont bu le poison de l’amour-propre dans ces pages brûlantes!
Le drame de Chatterton est certainement une belle œuvre, mais son succès a dû souvent peser lourd comme un remords sur la conscience de son auteur, qui aurait pourtant dû prévoir la dangereuse influence que ce drame pourrait exercer sur les esprits faibles et les vanités ambitieuses. Chatterton est une de ces créations qui ont tout l’attrait de l’abîme, et cette pièce, qui n’est après tout, sous forme dramatique, que l’apothéose de l’orgueil et de la médiocrité, avec le suicide pour conclusion, a peut-être ouvert bien des tombes. Mais à coup sûr les représentations de Chatterton ont créé cette lamentable école de poètes pleurards et fatalistes, contre laquelle la critique n’a pas sévi avec assez de violence. Je l’ai dit déjà, Melchior et ses amis faisaient partie de cette bande, et ils avaient inventé pour leur usage cette maxime singulière «que la misère est l’engrais du talent.» Bien que plusieurs occasions se fussent présentées qui auraient aidé Melchior à sortir de sa mauvaise situation, il s’obstinait à y demeurer; cette misère, disait-il, était une ombre où rayonnaient mieux ces deux pures étoiles: la poésie et le souvenir de son premier amour. Et puis la misère! la misère, cela prête si bien à l’élégie et au dithyrambe! cela fournit naturellement de si glorieux parallèles! Melchior, lui, ne trouvait même pas la sienne assez complète. Martyr, à sa couronne il manquait une épine, comme il le chantait quelquefois, en implorant la fatalité qui se montrait si clémente à son égard, après avoir été si rigoureuse pour ses frères. Enfin, le croirait-on, Melchior ambitionnait l’hôpital, et ne désirait rien tant qu’une bonne maladie qui lui permettrait d’aller à son tour chanter un hymne à la douleur sur un grabat de l’Hôtel-Dieu. Mais cette satisfaction lui était refusée par le sort, et malgré les privations de toute nature qu’il subissait, et s’imposait même parfois, sa robuste santé donnait un rubicond démenti à ses allures de poète élégiaque. Mais Melchior était obstiné, et voyant que le sort lui refusait la gloire d’aller souffrir dans le lit de Gilbert, il imagina une combinaison aussi ridicule que périlleuse pour s’ouvrir la porte de l’asile des douleurs. Il se mit pendant quinze jours à un régime qui aurait rendu Atlas pulmonique. Et ayant pris un livre de médecine, il étudia, pour les simuler autant que possible, les symptômes d’une maladie qui, à son début, ne se manifeste que par un affaiblissement général accompagné d’une toux légère et fréquente. Lorsqu’il crut savoir assez convenablement son rôle de phtisique pour affronter l’examen de la science, Melchior résolut d’aller se présenter à la consultation de l’Hôtel-Dieu. La veille du jour qu’il avait choisi, il fit par un temps affreux une course d’environ dix lieues dans les environs de Paris, et lorsqu’il arriva à l’hôpital, la fatigue l’avait si bien grimé et le froid l’avait si bien enrhumé, qu’il avait l’air d’un poitrinaire authentique… Quand son tour fut venu de passer à la visite, Melchior aurait bien donné cent de ses plus beaux vers pour cracher un peu le sang. Mais il avait une mine si épouvantable, et la peur de voir sa ruse découverte lui avait procuré une si belle fièvre, que le médecin lui signa sur-le-champ un bulletin d’admission.
– Quelle est votre profession? lui demanda-t-il à titre de renseignement.
– Je suis poète, monsieur, répondit Melchior en prenant une pose fatale; c’est-à-dire un de ces malheureux que la brutalité du siècle abandonne sans pitié à toutes les misères, et que…
– C’est bon! C’est bon! Allez vous coucher, mon ami; vous n’en mourrez pas cette fois-ci.
Un candidat académique qui vient d’être élu n’est pas plus heureux, en s’asseyant pour la première fois dans son fauteuil, que ne le fut Melchior lorsqu’il entra dans la salle de l’hôpital.
– Enfin, se disait-il en se couchant dans un lit bien blanc, me voilà donc sur cet affreux grabat des misères humaines, et sur-le-champ il commença une ode À l’hôpital. Voici quel était son but: une fois cette ode achevée, et il était bien convenu qu’elle serait sublime, Melchior la datait du Lieu des douleurs, et il l’adressait à la Revue des Deux-Mondes, qui s’empressait de l’imprimer, cela était encore convenu. L’ode imprimée excitait l’admiration générale. La presse, le public, tout le monde s’inquiétait de ce poète martyr, de cet autre Gilbert, de ce frère de Moreau, qui agonisait sur un infâme grabat, etc., etc. Et alors, cela était toujours bien convenu, on venait voir Melchior sur son lit de souffrance. Les femmes du monde arrivaient en équipage et voulaient jeter sur les blessures de son âme le baume de leurs consolations. La chambre des députés elle-même s’émouvait; le ministre était interpellé et donnait une pension à Melchior pour faire taire les criailleries des journaux libéraux qui hurleraient: Encore un grand poète qui se meurt de misère! Les éditeurs accouraient en foule et se disputaient l’honneur d’imprimer les vers de Melchior. La célébrité chantait son nom dans tous les carrefours de l’univers, et il faisait renchérir le laurier. Tel était sérieusement le plan combiné par Melchior. Pendant huit jours il travailla donc à son ode, qui, lorsqu’elle fut terminée ne comptait pas moins de trois cents vers. C’était un ramassis de vulgarités et de prétentions, une élégie dithyrambique encadrée dans une forme poncive et écrite dans un style médiocre. Le poète l’adressa à une grande revue, et s’endormit, sûr de son affaire.
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