Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge
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Mais j’avais eu peur auparavant déjà. Par exemple lorsque mon chien mourut. Celui qui m’accusa une fois pour toutes. Il était très malade. Toute la journée déjà j’étais agenouillé près de lui, lorsque soudain un aboiement bref et saccadé, tel qu’il en poussait lorsqu’un étranger entrait dans la chambre, le dressa. Un tel aboiement avait été en quelque sorte convenu entre nous pour ces cas-là, et machinalement je me retournai vers la porte. Mais c’était déjà en lui. Inquiet, je cherchai son regard, et lui aussi chercha le mien. Non pas pour prendre congé de moi. Il me regardait avec une surprise étrange et dure. Il me reprochait d’avoir laissé entrer. Il était persuadé que j’eusse pu empêcher cela. À présent il apparaissait qu’il avait trop présumé de mon pouvoir. Et il n’était plus temps de le désabuser. Il me regarda avec un étonnement douloureux et un air de solitude jusqu’à ce que tout fût fini.
Ou bien j’avais peur, lorsqu’en automne, après les premières nuits de gelée, les mouches venaient dans les chambres et se ranimaient encore une fois à la chaleur. Elles étaient singulièrement desséchées et s’effrayaient de leur propre bourdonnement; on voyait qu’elles-mêmes ne savaient plus trop ce qu’elles faisaient. Elles restaient immobiles durant des heures et se laissaient aller jusqu’à ce qu’elles se souvinssent de nouveau qu’elles vivaient encore; alors elles se jetaient à l’aveuglette n’importe où, et ne comprenaient pas ce qu’elles y voulaient, et on les entendait retomber, plus loin, ici, là, ou ailleurs. Et enfin elles se traînaient partout et couvraient peu à peu toute la chambre de leur mort.
Et même lorsque j’étais seul il arrivait que j’eusse peur. Pourquoi devrais-je feindre que ces nuits n’aient pas été, durant lesquelles la peur de la mort me dressait et me faisait m’accrocher à cette pensée, que se mettre sur son séant était du moins encore de la vie: que les morts, eux, n’étaient pas assis.
C’était toujours dans ces chambres de hasard qui m’abandonnaient aussitôt que je me trouvais mal, comme si elles avaient craint d’être compromises et mêlées à mes méchantes histoires. J’étais assis, et sans doute mon aspect était-il si effrayant que rien n’avait le courage de fraterniser avec moi. La lumière même à qui je venais de rendre le service de l’allumer ne voulait rien savoir de moi. Elle brûlait pour elle seule, comme dans une chambre vide. Mon dernier espoir était alors toujours de nouveau la fenêtre. Je me figurais qu’il pourrait y avoir encore, là dehors, quelque chose qui m’appartînt, même à présent, à l’heure de cette pauvreté de mourir. Mais à peine avais-je regardé dans cette direction que je souhaitais que la fenêtre eût été barricadée, fermée comme le mur. Car à présent je savais que tout se continuait là-bas avec la même indifférence, que dehors aussi il n’existait rien d’autre que ma solitude. La solitude que j’avais faite autour de moi, et dont la grandeur n’était pas proportionnée à mon cœur. Je me rappelais des hommes que j’avais une fois quittés et je ne comprenais pas que l’on pût jamais quitter des hommes.
Mon Dieu, mon Dieu, si de telles nuits encore m’attendent, laissez-moi du moins une de ces pensées que parfois je pouvais poursuivre. Ce n’est pas trop déraisonnable d’implorer cela; car je sais qu’elles naissaient précisément de la peur, parce que ma peur était trop grande. Lorsque j’étais encore un enfant ils me frappèrent au visage et me dirent que j’étais lâche. C’était parce que ma peur n’avait encore aucune valeur. Mais depuis lors j’ai appris à avoir peur d’une peur véritable, qui ne grandit que comme grandit la force qui la produit. Nous ne pouvons mesurer cette force que par notre peur. Car elle est si inintelligible, si entièrement dirigée contre nous que notre cerveau se décompose à l’endroit où nous nous efforçons de la penser. Et cependant depuis quelque temps je crois que c’est notre force à nous, toute notre force qui est encore trop grande pour nous. Il est vrai que nous ne la connaissons pas, mais n’est-ce pas ce qui nous appartient le plus dont nous savons le moins? Quelquefois je songe comment le ciel est devenu, et comment la mort: nous avons éloigné de nous nos biens les plus précieux, parce que nous avions encore tant d’autres choses à faire auparavant, et parce qu’ils n’étaient pas en sécurité chez nous, gens trop absorbés. À présent des temps sont révolus et nous nous sommes habitués à des biens moindres, nous ne connaissons plus notre bien, et nous nous effrayons de son extrême grandeur. N’est-ce pas possible?
*
D’ailleurs je comprends parfaitement que l’on conserve au fond de son portefeuille le récit d’une heure d’agonie, tant d’années durant. Il ne serait même pas nécessaire qu’elle fût particulièrement choisie. Elles ont toutes quelque chose de presque rare. Ne peut-on par exemple se représenter quelqu’un qui copierait un récit de la mort de Félix Arvers? Il était à l’hôpital. Il mourut doucement et paisiblement, et la religieuse le croyait peut-être plus avancé qu’il n’était en réalité. Elle cria très fort un ordre quelconque vers le dehors en indiquant où se trouvait tel ou tel objet. C’était une nonne illettrée et assez simple; elle n’avait jamais vu écrit le mot «corridor» qu’à cet instant elle ne put éviter; il arriva ainsi qu’elle dit «collidor» parce qu’elle croyait qu’il fallait prononcer ainsi. Alors Arvers repoussa la mort. Il lui semblait nécessaire d’éclaircir d’abord ceci. Il devint tout à fait lucide et lui expliqua qu’il fallait dire «corridor». Puis il mourut. C’était un poète, et il haïssait l’à peu près; ou, peut-être, la vérité lui importait-elle seule; ou encore il était fâché de devoir remporter comme dernière impression que le monde continuait à vivre si négligemment. Il ne sera sans doute plus possible de trancher ces questions. Mais qu’on ne croie pas surtout qu’il agît ainsi par pédanterie. Sinon, le même reproche atteindrait aussi Saint Jean-de-Dieu qui sursauta en pleine agonie et arriva juste à temps pour détacher au jardin l’homme qui venait de se pendre et dont l’acte avait pénétré d’étrange façon dans la tension intérieure de son agonie. À lui aussi la vérité seule importait.
*
Il existe un être qui est tout à fait inoffensif. Lorsqu’il passe sous tes yeux, tu l’aperçois à peine et tu l’as aussitôt oublié. Mais qu’invisible, il atteigne en quelque façon tes oreilles, aussitôt il s’y développe, il éclôt pour ainsi dire, et l’on a vu des cas où il s’introduisait jusque dans le cerveau, et croissait dans cet organe en le ravageant, semblable aux pneumocoques du chien qui pénètrent par le nez.
Cet être, c’est le voisin.
Eh bien, depuis que, tout seul, je vais ainsi d’un endroit à l’autre, j’ai eu d’innombrables voisins. Voisins d’en haut et voisins d’en bas, voisins de droite et voisins de gauche. Quelquefois les quatre espèces en même temps. Je pourrais tout simplement écrire l’histoire de mes voisins: ce serait là une œuvre qui remplirait une vie entière. Il est vrai que ce serait plutôt l’histoire des symptômes de maladies qu’ils ont déterminés en moi. Mais ils partagent avec tous les êtres de leur espèce cette particularité, qu’on ne peut faire la preuve de leur présence que par les troubles qu’ils causent dans certains tissus.
J’ai connu des voisins dont les actes étaient imprévisibles et d’autres qui étaient très réguliers. Je suis resté assis longtemps pour essayer de trouver la loi des premiers; car il était évident qu’eux aussi avaient une loi. Et lorsque les voisins ponctuels manquaient à leurs habitudes et ne rentraient pas, j’imaginais ce qui avait pu leur arriver et je laissais brûler ma lumière, et je m’inquiétais comme une jeune femme. J’ai eu des voisins qui éprouvaient justement de la haine, et des voisins qui étaient en proie à un grand amour; ou bien je vivais l’instant où l’une se changeait brusquement en l’autre, au beau milieu de la nuit, et naturellement il ne fallait plus alors songer à dormir. D’une façon générale on pouvait observer que le sommeil est, en fait, beaucoup moins fréquent que l’on n’admet communément. Mes deux voisins de Saint-Pétersbourg par exemple faisaient très peu de cas du sommeil. L’un était debout et jouait du violon, et je suis sûr qu’en même temps il regardait dans les maisons d’en face, trop éveillées, qui ne cessaient d’être claires durant ces invraisemblables nuits d’août. Quant à mon voisin de droite il est vrai qu’il était couché. De mon temps il ne se levait plus du tout. Il avait même fermé les yeux, mais l’on n’aurait pu dire qu’il dormait. Il était couché et déclamait de longs poèmes: des poèmes de Pouchkine et de Nékrassov, sur le ton de mélopée sur lequel les enfants récitent des poésies lorsqu’on le leur demande. Et malgré la musique de mon voisin de gauche, c’était celui-ci qui dans ma tête se métamorphosait, et Dieu sait ce qui serait éclos de cette chrysalide, si l’étudiant qui lui rendait visite parfois ne s’était un jour trompé de porte. Il me raconta l’histoire de son ami, et il advint qu’elle était en quelque sorte rassurante. Tout au moins était-ce une histoire littérale, à sens unique, qui fit périr la nombreuse vermine de mes suppositions.
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