Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge
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Le comte Brahe vivait très à l’écart de ses filles. Il tenait pour illusion qu’on prétendît partager la vie de quelqu’un. («Oui, oui, partager», disait-il.) Mais il ne lui déplaisait pas que les gens lui parlassent de temps en temps de ses filles. Il écoutait avec attention, comme si elles avaient habité une autre ville.
On fut donc très surpris qu’un jour, après le petit déjeuner, il fît signe à Abelone d’approcher.
«Nous avons les mêmes habitudes, il me semble. J’écris aussi de très bonne heure. Tu peux m’aider…»
Abelone s’en souvenait encore comme si c’était de hier.
Dès le lendemain matin elle fut introduite dans le cabinet de travail de son père dont on croyait l’accès interdit. Elle n’eut pas le temps de poser son regard sur tout ce qui l’entourait, car on l’assit aussitôt en face du comte, devant le bureau qui lui apparut comme une vaste plaine, où les livres et les dossiers figuraient des villages.
Le comte dicta. Ceux qui affirmaient que le comte Brahe écrivait ses mémoires n’avaient pas tout à fait tort. Mais il ne s’agissait ni des souvenirs politiques, ni des souvenirs militaires qu’on attendait de lui avec impatience. «J’oublie ces choses-là», répondait brièvement le vieillard lorsqu’on l’interrogeait sur de tels faits. Ce qu’il ne voulait pas oublier, c’était son enfance. Il y était particulièrement attaché. Il lui semblait normal que ces temps très éloignés prissent à présent le dessus en lui, et que, lorsqu’il dirigeait son regard en dedans de soi, ils fussent là, comme dans une claire nuit d’été des pays du nord, extasiée et sans sommeil.
Quelquefois il sursautait et parlait contre les chandelles dont les flammes vacillaient. Ou bien il fallait de nouveau biffer des phrases entières, et ensuite il allait et venait avec véhémence dans la pièce, et les pans de sa grande robe de chambre en soie vert Nil flottaient dans son sillage. Pendant que tout cela se déroulait, une autre personne était encore présente: Sten, le vieux valet de chambre jutlandais du comte, dont le devoir était, lorsque mon grand-père se levait en sursaut, de vite poser ses mains sur les feuillets détachés, qui couverts de notes, étaient répandus sur la table. Son Altesse se figurait que le papier d’aujourd’hui ne valait plus rien, qu’il était trop léger et s’envolait au moindre souffle. Et Sten, qu’on ne voyait qu’à mi-corps, partageait cette méfiance, et semblait en quelque sorte, accroupi sur les paumes de ses mains, aveugle au jour et grave comme un oiseau de nuit.
Ce Sten passait ses après-midi de dimanche à lire Swedenborg, et personne de la domesticité n’osait entrer dans sa chambre parce qu’on prétendait qu’il évoquait des esprits. La famille de Sten avait toujours entretenu des rapports avec les esprits, et Sten paraissait tout particulièrement prédestiné à cultiver ce genre de relations. Une vision était apparue à sa mère, la nuit qu’elle accoucha de lui. Il avait de grands yeux ronds, et l’autre extrémité de son regard semblait se fixer toujours derrière la personne qu’il considérait. Le père d’Abelone s’informait souvent des esprits, de même qu’on a coutume d’interroger quelqu’un sur la santé de ses familiers: «Viennent-ils au moins, Sten? demandait-il avec bienveillance, allons tant mieux, tant mieux!»
La dictée se poursuivit ainsi quelques matins… jusqu’à ce que Abelone, un jour, ne sût pas écrire le mot «Eckernforde». C’était un nom propre, et elle ne l’avait jamais entendu. Le comte qui, à la vérité, cherchait depuis longtemps un prétexte pour renoncer à écrire, parce que la plume allait moins vite que ses souvenirs, se montra irrité.
«Elle ne sait pas l’écrire, dit-il sur un ton coupant, et d’autres ne sauront pas le lire. Et verront-ils seulement ce que je veux dire?» poursuivit-il de plus en plus colère, sans quitter des yeux Abelone.
«Le verront-ils, ce Saint-Germain? s’écria-t-il, tourné vers elle. Avons-nous dit Saint-Germain? Biffez! Écrivez: le marquis de Belmare.»
Abelone biffa et écrivit. Mais le comte poursuivit en parlant si vite qu’il devenait impossible de le suivre.
«Il ne pouvait supporter les enfants, cet excellent Belmare, mais, tout petit que j’étais alors, il me prit sur ses genoux, et j’eus l’idée de mordre ses boutons de diamant. Cela lui fit plaisir. Il rit et me leva le menton jusqu’à ce que nous regardassions l’un dans les yeux de l’autre: «Tu as d’excellentes dents, dit-il, tu as des dents vraiment entreprenantes…» Je tâchais cependant de garder le souvenir de ses yeux. J’ai traîné un peu partout depuis lors. J’ai vu toutes sortes d’yeux, tu peux m’en croire; mais je n’en ai pas revu de pareils. Pour ces yeux-là il eût mieux valu que rien n’existât. Ils contenaient tout. As-tu entendu parler de Venise? Bien. Sache donc que ces yeux eussent projeté Venise dans cette chambre, et qu’elle eût été là comme cette table? J’étais assis un jour dans un angle de la pièce et je l’écoutais parler à mon père de la Perse: quelquefois il me semble encore que mes mains en ont gardé l’odeur. Mon père l’estimait, et Son Altesse le landgrave était un peu son élève. Mais il y avait naturellement beaucoup de gens qui lui reprochaient de ne croire au passé que lorsque le passé était en lui. Ils ne pouvaient pas comprendre que ce frusquin n’a de signification que lorsqu’on l’a eu de naissance.
»Les livres sont vides, s’écriait le comte, avec un geste furieux vers les murs, le sang, c’est là ce qui importe, et c’est là ce qu’il faut savoir lire. Le sang de Belmare contenait des histoires singulières et d’étranges images. Il pouvait ouvrir où il voulait, il trouvait partout quelque chose. Aucune page de son sang n’avait été laissée en blanc. Et lorsqu’il s’enfermait de temps en temps pour le feuilleter seul, il arrivait par exemple aux passages sur l’alchimie, sur les pierres et sur les couleurs. Pourquoi toutes ces choses n’y auraient-elles pas figuré? Il faut bien qu’elles figurent quelque part.
»Il eût aisément pu vivre avec une seule vérité, cet homme, s’il avait été seul. Mais il n’était pas facile de vivre seul avec un être tel que sa vérité. D’autre part il n’était pas assez dépourvu de goût pour inviter les gens à l’aller voir lorsqu’il était en compagnie d’elle. Il ne voulait pas qu’elle prêtât à d’inutiles discours. Il était trop oriental pour cela. «Adieu Madame, disait-il très sincèrement, à bientôt. Peut-être dans mille années serons-nous plus forts et moins troublés. Votre beauté s’épanouira encore», disait-il et ce n’était pas là une simple politesse. Puis il s’en allait et créait dehors pour les gens une sorte de jardin des plantes où il acclimatait des espèces de mensonges encore inconnues dans nos parages, et une palmeraie d’exagérations, et une petite figueraie de faux secrets. Alors ils vinrent de toutes parts, et il allait et venait, les chaussures ornées de boucles de diamants, et il n’était là que pour ses invités.
»Une existence superficielle, quoi! Au fond il témoigna quand même d’un cœur chevaleresque à l’égard de sa femme, et il s’est assez bien conservé à mener cette vie-là.»
Depuis quelque temps déjà le vieillard ne s’adressait plus à Abelone qu’il avait oubliée. Il allait et venait comme un fou et jetait des regards provocants à Sten, comme si Sten allait d’un instant à l’autre être transformé en l’objet de sa pensée. Mais Sten ne se transformait pas encore.
«Il faudrait le voir, poursuivait le comte Brahe avec acharnement. Il fut un temps qu’il était très visible bien que dans beaucoup de villes les lettres qu’il recevait ne fussent adressées à personne: l’enveloppe ne portait que le nom de la ville, rien de plus. Et cependant je l’ai vu.
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