Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge

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Les Cahiers De Malte Laurids Brigge: краткое содержание, описание и аннотация

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Derrière les hommes les grands objets de la vieille maison se poussaient beaucoup trop près. La lourde argenterie de famille brillait et se bombait comme si on l’avait vue à travers une loupe. Mon père se retourna, surpris:

«Maman sent une odeur, dit Wjera Schulin derrière lui, taisons-nous bien tous, elle sent avec ses oreilles.» Elle-même cependant arquait ses sourcils, attentive, et n’était plus que nez.

Les Schulin à cet égard étaient devenus un peu bizarres depuis l’incendie. Dans les chambres étroites et surchauffées quelque odeur pouvait s’élever à tout moment, et alors on l’analysait et chacun donnait son avis. Zoé s’occupait du poêle, pratique et consciencieuse; le comte allait et venait, s’arrêtait un instant dans chaque angle de la chambre et attendait. «Ce n’est pas ici», disait-il ensuite. La comtesse s’était levée et ne savait pas où elle devait chercher. Mon père tourna lentement sur lui-même, comme s’il avait eu l’odeur dans le dos. La marquise, qui avait aussitôt supposé que ce devait être une mauvaise odeur, tenait son mouchoir sur la bouche et regardait de l’un à l’autre pour savoir si c’était passé. «Ici, ici», s’écriait Wjera, de temps à autre, comme si elle la tenait. Et autour de chaque mot se faisait un étrange silence. En ce qui me touche, j’avais de concert avec les autres bravement exercé mon odorat. Mais tout à coup (était-ce la chaleur des chambres ou tant de lumière si proche?) je me sentis pris, pour la première fois de ma vie, d’un sentiment qui devait ressembler à la peur des fantômes. Il m’apparut clairement que tous ces grands hommes si évidents, qui un instant plus tôt parlaient et riaient encore, marchaient courbés et étaient occupés de je ne sais quoi d’invisible; qu’ils admettaient qu’il dût y avoir là quelque chose qu’ils ne voyaient pas. Et il était affreux de penser que cette chose était plus forte qu’eux tous.

Ma peur grandissait. Il me semblait que ce qu’ils cherchaient pourrait éclater soudain hors de moi comme une éruption, et alors il le verraient et tendraient le doigt vers moi. Tout désespéré, je dirigeai mon regard vers maman. Elle s’était assise singulièrement droite, il me sembla qu’elle devait attendre. À peine étais-je près d’elle et eus-je senti qu’elle tremblait intérieurement, que je sus que la maison, à présent, commençait de nouveau à fondre.

«Malte, froussard», riait-on quelque part. C’était la voix de Wjera. Mais nous ne nous abandonnâmes pas et nous souffrîmes ensemble le même mal, et nous demeurâmes ainsi, maman et moi, jusqu’à ce que la maison se fût de nouveau évanouie.

*

Mais les jours les plus riches en expériences presque insaisissables étaient encore les jours d’anniversaires. Sans doute savait-on déjà que la vie se plaisait à ne pas faire de différences; pour ce jour-là cependant on se levait avec la conscience d’avoir droit à la joie, un droit qui ne pouvait plus être remis en question. Sans doute le sentiment de ce droit s’était-il développé très tôt en nous, dans le temps où l’on touche à tout, où l’on reçoit vraiment tout, où l’on hausse les objets que l’on se trouve avoir en mains, avec une force d’imagination que rien ne saurait faire dériver, jusqu’à l’intensité et à la couleur fondamentale du désir qui justement domine en nous.

Mais ensuite viennent tout à coup ces singuliers jours d’anniversaires où, dans la sûre et pleine conscience de ce droit acquis, l’on voit les autres devenir incertains. On voudrait se laisser habiller encore comme autrefois, et puis accueillir le reste. Mais à peine est-on éveillé que quelqu’un crie dehors que la tarte n’est pas encore arrivée; ou bien l’on entend qu’un objet se brise, tandis que dans la chambre contiguë ils apprêtaient la table garnie de cadeaux; ou bien quelqu’un entre et laisse la porte ouverte et l’on voit tout, avant que l’on eût dû le voir. C’est l’instant où s’accomplit en vous comme une opération. Un toucher bref et atrocement douloureux. Mais la main qui l’exécute est ferme et exercée. C’est tout de suite fini. Et à peine l’a-t-on surmonté que l’on ne pense déjà plus à soi-même; il s’agit de sauver l’anniversaire, d’observer les autres, de prévenir leurs fautes, de les confirmer dans leur illusion qu’ils s’acquittent de tout admirablement. Ils ne vous rendent pas votre tâche facile. Il apparaît qu’ils sont d’une maladresse sans exemple, presque stupides. Ils trouvent moyen d’entrer avec des paquets quelconques, destinés à d’autres gens. On court à leur rencontre, et l’on doit ensuite faire semblant de tourner simplement dans la chambre, pour se donner du mouvement et sans but précis. Ils veulent vous surprendre et, avec une curiosité et une attente qui ne sont que superficiellement feintes, ils soulèvent la couche intérieure des boîtes de jouets qui ne contenaient que des copeaux; alors il faut les aider à surmonter leur gêne. Ou encore, si c’était un jouet mécanique, ils brisent eux-mêmes le ressort de leur cadeau en le remontant trop. Il est donc bon de s’exercer à temps à pousser au besoin du pied, sans qu’il y paraisse, une souris dont le cran d’arrêt a été dépassé: on réussit souvent ainsi à les tromper et à leur épargner la honte.

Cela d’ailleurs, on y parvenait à souhait, même sans dons particuliers. Du talent, il n’en fallait vraiment que lorsque quelqu’un s’était donné du mal et apportait, débordant d’impatience et de bonhomie joviale, un plaisir – et de loin déjà l’on voyait que ce plaisir n’était bon que pour tout autre que pour vous, que c’était un plaisir tout à fait étranger; on ne savait même pas à qui il aurait pu convenir, tant il était étranger.

*

Que l’on racontât, que l’on racontât vraiment, cela n’a dû arriver que bien avant mon temps. Je n’ai jamais entendu raconter personne. Autrefois, lorsque Abelone me parlait de la jeunesse de maman, il apparut qu’elle ne savait pas raconter. On prétendait que l’ancien comte Brahe avait encore su raconter. Je veux écrire ici ce qu’elle m’en a dit.

Abelone, comme très jeune fille, devait avoir été d’une ample et particulière sensibilité. Les Brahe habitaient alors la ville, dans la Bretgade, et menaient une vie assez mondaine. Lorsque, le soir tard, elle montait dans sa chambre, elle croyait être fatiguée comme les autres. Mais alors, tout à coup, elle sentait la fenêtre, et, si j’ai bien compris, elle pouvait rester debout devant la nuit, des heures durant, en songeant: ceci me regarde. «J’étais là pareille à un prisonnier, disait-elle, et les étoiles étaient la liberté.» Elle ne pouvait s’endormir sans d’abord se faire lourde. L’expression «tomber de sommeil» ne convient pas à cette année de jeune fille. Le sommeil était je ne sais quoi qui montait avec vous, et de temps en temps on avait les yeux ouverts, et l’on était étendu sur une nouvelle surface qui n’était pas encore la plus élevée. Et puis l’on était debout avant le jour; même en hiver, lorsque les autres arrivaient endormis et en retard au petit déjeuner déjà tardif. Le soir, lorsque la nuit tombait, il n’y avait jamais que des lumières pour tous, des lumières communes. Mais ces deux chandelles allumées de très bonne heure dans une obscurité toute nouvelle, avec quoi tout recommençait, celles-ci vous appartenaient. Elles étaient plantées dans le chandelier bas à deux branches et semblaient brûler tranquillement, paraissant à travers les petits abat-jour de tulle ovales, où des roses étaient peintes et qu’il fallait de temps à autre faire glisser plus bas. Cette nécessité n’avait rien de gênant. D’abord on n’était nullement pressé, et puis il arrivait toujours de nouveau qu’on dût lever les yeux et réfléchir tandis qu’on écrivait une lettre, ou quelque page de ce journal qui avait commencé jadis avec une écriture tout autre, appliquée et belle.

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