Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge

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Les Cahiers De Malte Laurids Brigge: краткое содержание, описание и аннотация

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Et à présent (oui, comment dois-je décrire cela?) à présent il y eut un silence. Un silence comme lorsqu’une douleur cesse. Un silence singulièrement sensible, et qui vous démangeait comme une blessure qui guérit. J’aurais pu m’endormir aussitôt; j’aurais pu prendre haleine et m’endormir. Ma surprise seule me tint éveillé. Quelqu’un parlait à côté, mais cela aussi faisait partie du silence. Il faut avoir vécu cette paix, car on ne saurait la reproduire. Dehors aussi tout était comme aplani. Je me mis sur mon séant, j’écoutai, c’était comme à la campagne. Mon Dieu, songeai-je, sa mère est là. Elle était assise à côté de la lampe, elle lui parlait, peut-être avait-il appuyé légèrement la tête sur son épaule. Dans un instant elle allait le mettre au lit. À présent je comprenais cette démarche si légère, tout à l’heure, dans le couloir. Ah, qu’il y eût cela, qu’il y eût un tel être devant lequel les portes s’effacent, tout autrement que devant nous!… Oui, à présent nous pouvions dormir.

*

J’avais presque de nouveau oublié mon voisin. Je vois bien que je n’avais pas pour lui une sympathie véritable. En bas je demande de temps à autre en passant si l’on a reçu des nouvelles de lui, et lesquelles. Et je me réjouis lorsqu’elles sont bonnes. Mais j’exagère. En réalité je n’ai pas besoin de savoir. Et cela ne le concerne pas du tout, quand parfois j’éprouve un soudain chatouillement d’envie d’entrer à côté. Il n’y a qu’un pas, de ma porte à la sienne, et la chambre n’est pas fermée. Je serais curieux de savoir comment est faite cette pièce. On peut se représenter facilement une chambre quelconque, et souvent votre pensée correspond à peu près à la réalité. Mais seule la chambre que l’on a à côté de soi, est toujours toute différente de ce que l’on pensait.

Je me dis qu’elle me tente pour cette raison. Mais je sais parfaitement que c’est certain objet en fer-blanc qui m’y attend. J’ai supposé qu’il s’agissait vraiment d’un couvercle de boîte, bien que je puisse naturellement me tromper. Cela ne m’inquiète pas. Ma disposition d’esprit est telle que je suis tenté de tout attribuer à un couvercle de boîte. On pense bien qu’il ne l’a pas emporté. Sans doute a-t-on rangé la chambre, et a-t-on placé le couvercle sur sa boîte comme il convient. Et ils forment à présent ensemble le concept: boîte, boîte ronde plus exactement, un concept simple et très répandu. Il me semble me rappeler qu’elles doivent être sur la cheminée ces deux parties qui composent la boîte. Oui, elle sont même devant la glace, de sorte qu’il se forme une seconde boîte qui ressemble à s’y méprendre à la première, mais qui est imaginaire. Une boîte à laquelle nous n’attribuons aucune valeur, mais dont un singe par exemple voudrait se saisir. C’est vrai: ce seraient même deux singes, car le singe aussi serait double, aussitôt qu’il serait arrivé au rebord de la cheminée. Eh bien donc, c’est le couvercle de cette boîte qui m’en veut.

Mettons-nous d’accord sur ce point: le couvercle d’une boîte saine dont le bord ne serait pas bosselé, un tel couvercle ne devrait pas avoir d’autre désir que de se trouver sur sa boîte. Cela serait la situation la plus lointaine qu’il serait capable d’imaginer, et qui impliquerait une satisfaction insurpassable, le contentement de tous ses désirs. N’est-ce pas presque un idéal de reposer ainsi, également, patiemment et doucement coiffé sur un petit renflement et de sentir en soi la carne qui s’avance, élastique et non moins aiguë que n’est votre propre bord lorsque vous êtes détachés l’un de l’autre. Mais hélas, combien peu de couvercles savent apprécier cela! Il apparaît clairement ici combien les rapports des hommes avec les objets ont provoqué chez ces derniers de troubles. Car les hommes, lorsqu’il est permis en passant de les comparer à de tels couvercles, ne restent assis près de leurs occupations que contre leur gré et de méchante humeur. Soit que dans leur hâte ils n’aient pas trouvé la bonne fonction, soit que dans la colère on les ait posés de travers, soit parce que les rebords qui devraient s’appuyer les uns sur les autres, sont déformés, chacun d’une autre manière. Disons-le donc en toute franchise: au fond d’eux-mêmes ils ne cessent de penser, toutes les fois que l’occasion s’en présente, à rouler et à sonner creux. D’où sans cela proviendraient les prétendues distractions, et le bruit qu’ils font?

Or les objets assistent à ce spectacle depuis des siècles. Rien d’étonnant qu’ils soient corrompus, qu’ils perdent le goût de leur but naturel et simple, qu’ils veuillent profiter de l’existence comme on en profite autour d’eux. Ils essaient de se dérober à leurs emplois, ils se font mécontents et négligents. Et l’on ne s’étonne pas du tout de les prendre en flagrant délit de fugue. Les hommes eux-mêmes ne se connaissent-ils pas sous ce jour? Ils se fâchent parce qu’ils sont les plus forts, parce qu’ils estiment avoir plus de droit au changement, parce qu’ils se sentent imités; mais ils laissent faire comme eux-mêmes se sont laissés aller. Aussi lorsque quelqu’un rassemble ses forces, un solitaire par exemple qui voudrait en toute rondeur reposer sur soi, jour et nuit, il provoque véritablement la contradiction, les railleries et la haine des objets dégénérés qui, conscients qu’ils sont de leur déchéance, ne peuvent plus supporter que l’on se contienne et que l’on recherche son propre sens. Alors ils s’allient pour vous troubler, pour vous effrayer, pour vous égarer, et ils savent que c’est en leur pouvoir. Alors, en se faisant des signes malicieux, ils commencent leur séduction, qui croît peu à peu jusque dans l’infini et entraîne avec elle tous les êtres, et Dieu lui-même, contre le solitaire qui peut-être en triomphera: le Saint.

*

Je comprends à présent ces images étranges dans lesquelles des objets d’usages limités et réguliers s’étendent et s’essayent, curieux et cupides, les uns sur les autres, tressautant dans la luxure vague de la distraction. Ces marmites qui tournent et bouillonnent, ces fioles qui se mettent à penser, et les entonnoirs inutiles qui s’enfoncent dans un trou pour leur plaisir. Et voici déjà, soulevés par le néant jaloux, et parmi eux, des membres et des visages qui vomissent leurs jets chauds, et des croupes complaisantes.

Et le Saint se tord et se contracte, mais dans ses yeux il y avait encore un regard qui tenait cela pour possible: il l’a entrevu. Et déjà ses sens forment un précipité dans la solution claire de son âme. Déjà sa prière s’effeuille et se dresse hors de sa bouche comme un arbrisseau mort. Son cœur s’est renversé et s’est écoulé vers le trouble. Son fouet le touche à peine comme une queue qui chasse les mouches. Son sexe n’est de nouveau qu’à une seule place, et, lorsqu’une femme s’avance droite à travers ce grouillement, la poitrine ouverte pleine de seins, il la désigne comme un doigt levé.

Il fut un temps que je trouvais ces images vieillies. Non pas que je doutasse de leur réalité. J’imaginais fort bien que ceci pût arriver aux Saints, à ces hommes pleins de zèle et trop pressés, qui voulaient tout de suite et à tout prix aborder Dieu. Nous nous assignons aujourd’hui une tâche plus modeste. Nous devinons qu’il serait trop difficile pour nous, que nous devons Le remettre pour faire peu à peu le long travail qui nous sépare de Lui. Mais à présent, je sais que ce travail mène à des luttes aussi dangereuses que la sainteté; que ceci arrive autour de tous ceux qui sont solitaires pour l’amour de cette œuvre, comme cela se formait autour des solitaires de Dieu, dans leurs grottes et dans leurs gîtes, autrefois.

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