Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge

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Les Cahiers De Malte Laurids Brigge: краткое содержание, описание и аннотация

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Mais comment? Je fis un effort indescriptible sur moi-même, mais il n’était pas possible d’exprimer cela de façon que l’on comprît. S’il existait des mots pour un tel événement j’étais trop petit pour les trouver. Et soudain me saisit l’angoisse: que ces mots, bien qu’au-dessus de mon âge, pussent cependant m’apparaître tout à coup, et que je fusse alors obligé de les dire, cela me parut plus terrible que tout. Cette chose, là-bas, si réelle, la vivre encore une fois, conjuguée, depuis le commencement; m’entendre l’admettre, – de cela, vraiment, je n’avais plus la force.

C’est de l’imagination bien entendu d’aller prétendre à présent que, en ce temps-là déjà, j’aurais pu sentir que quelque chose venait d’entrer dans ma vie, justement dans la mienne, quelque chose avec quoi j’allais devoir m’en aller seul, toujours et toujours. Je me revois couché dans mon petit lit-cage, ne dormant pas, pressentant confusément qu’ainsi serait la vie: pleine de choses tout étranges, destinées à un seul et qui ne se laissent pas dire. Il est certain que peu à peu un triste et lourd orgueil grandit en moi. J’imaginais que l’on pourrait aller et venir, plein de secret et silencieux. Je ressentais une fougueuse sympathie pour les grandes personnes; je les admirais et me proposai de le leur dire. Je me proposai de le dire à Mademoiselle à la prochaine occasion.

*

Et c’est alors que survint une de ces maladies qui tentaient de me prouver que ce n’était pas là ma première aventure personnelle. La fièvre fouillait en moi et tirait du plus profond des expériences, des images, des faits que j’avais ignorés jusque-là; j’étais écrasé par moi-même, et j’attendais l’instant où l’on me commanderait de ranger de nouveau tout cela en moi, soigneusement et dans l’ordre. Je commençais, mais cela grandissait dans mes mains, se raidissait; il y en avait trop. Alors la colère s’emparait de moi et j’enfouissais tout, pêle-mêle, et le comprimais; mais je ne pouvais pas me refermer par-dessus. Et je criais alors, à moitié ouvert, je criais et criais. Et quand je commençais à regarder hors de moi-même, ils étaient depuis longtemps debout autour de mon lit et me tenaient les mains, et une bougie était là, et leurs grandes ombres remuaient derrière eux. Et mon père m’ordonna de dire ce qu’il y avait. C’était un ordre amical, donné à mi-voix, mais c’était un ordre quand même. Et il s’impatientait parce que je ne répondais pas.

Maman ne venait jamais la nuit…, ou bien si, pourtant, elle vint une fois. J’avais crié et crié, et Mademoiselle était venue, et Sieversen, la femme de charge, et Georg, le cocher; mais tout cela n’avait servi à rien. Et ils avaient alors enfin envoyé la voiture pour ramener mes parents qui étaient à un grand bal, je crois chez le prince héritier. Et tout à coup, j’entendis un roulement dans la cour, et je me tus, me mis sur mon séant et regardai vers la porte. Et il y eut un léger bruissement dans les chambres voisines et maman entra dans sa grande robe d’atour dont elle ne prenait même plus soin et elle courait presque et laissa tomber derrière elle sa fourrure blanche et me prit dans ses bras nus. Et je tâtai, étonné et ravi comme jamais, ses cheveux et sa petite figure lisse, et les pierres froides à ses oreilles et la soie au bord de ses épaules qui sentaient les fleurs. Et nous restâmes ainsi et pleurâmes tendrement et nous embrassâmes, jusqu’à ce que nous sentîmes que mon père était là et qu’il fallait nous séparer. «Il a beaucoup de fièvre», dit maman timidement et mon père me prit la main et compta les battements du pouls. Il était en uniforme de capitaine des chasses avec le large et beau ruban bleu onde de l’ordre de l’Éléphant. «Quelle stupidité de nous avoir fait appeler», dit-il tourné vers la chambre sans me regarder. Ils avaient promis de revenir si le cas n’avait rien de grave. Et en effet il n’était pas bien grave. Sur ma couverture je trouvai le carnet de bal de maman et des camélias blancs comme je n’en avais jamais vu et que je posai sur mes yeux, lorsque je sentis combien ils étaient frais.

*

Mais ce qui durant de telles maladies ne prenait jamais fin c’étaient les après-midi. Le matin, après la nuit mauvaise, on tombait toujours de sommeil et lorsqu’on s’éveillait et qu’on croyait qu’il allait de nouveau faire matin, c’était l’après-midi et restait l’après-midi et ne cessait pas d’être l’après-midi. Et l’on était étendu dans son lit rafraîchi et l’on grandissait peut-être un peu dans les articulations et l’on était beaucoup trop fatigué pour imaginer quoi que ce fût. Le goût de la compote de pomme durait longtemps, et c’était déjà beaucoup que de l’interpréter involontairement et de laisser circuler en soi, au lieu de pensées, cette sensation de propreté acidulée. Plus tard, quand les forces revenaient, des coussins étaient échafaudés derrière vous, et l’on pouvait s’asseoir et jouer aux soldats; mais ils tombaient si facilement sur la table de lit penchée, et toujours aussitôt la file entière à la fois; et l’on n’était cependant pas encore assez complètement rentré dans la vie pour qu’on eût les forces de tout reprendre depuis le commencement. Subitement c’était trop et l’on priait qu’on vous enlevât tout cela bien vite, et il était bon de ne revoir de nouveau que les deux mains, un peu plus loin, sur la couverture vide.

Quand parfois maman passait à mon chevet une demi-heure à lire des contes (mais la lectrice habituelle et véritable était Sieversen), ce n’était pas pour l’amour des contes. Car nous étions d’accord sur ce point que nous n’aimions pas les contes. Nous avions une autre conception du merveilleux. Nous trouvions que lorsque tout se passait naturellement les choses étaient encore beaucoup plus étranges. Nous aurions volontiers renoncé à être transportés à travers les airs; les fées nous décevaient et nous n’attendions des métamorphoses qu’une variation très superficielle. Mais nous lisions pourtant un peu, pour paraître occupés; il ne nous était pas agréable de devoir, lorsque quelqu’un entrait, expliquer d’abord ce que nous étions en train de faire. À l’égard de mon père surtout nous affichions nos occupations avec une évidence presque exagérée.

Et seulement quand nous étions tout à fait certains de n’être pas dérangés, et que, au dehors, la nuit tombait, il pouvait arriver que nous nous abandonnassions à des souvenirs, à des souvenirs communs qui nous paraissaient à tous deux très anciens et dont nous sourions; car depuis lors nous avions tous deux grandi. Nous nous rappelâmes qu’il y avait eu un temps où maman désirait que je fusse une petite fille et non pas ce garçon que, mon Dieu, oui, il fallait bien que je fusse. J’avais deviné cela, je ne sais plus comment, et j’avais eu la pensée de frapper quelquefois l’après-midi à la porte de maman. Quand elle demandait alors qui était là, j’étais tout heureux de répondre du dehors: «Sophie», d’une voix que j’amenuisais si bien qu’elle me chatouillait la gorge. Et lorsque j’entrais ensuite (dans mon petit vêtement d’intérieur aux manches relevées qui semblait presque un déshabillé de fillette), j’étais tout simplement Sophie, la petite Sophie de maman qui s’occupait dans le ménage et à laquelle sa maman devait tresser une natte pour qu’il n’y eût pas surtout de confusion avec le vilain Malte, si jamais il revenait. Ce n’était du reste nullement désirable; il plaisait autant à maman qu’à Sophie que Malte fût absent, et leurs conversations – que Sophie poursuivait toujours de la même voix aiguë – consistaient surtout en énumérations des méfaits de Malte dont ils se plaignaient. «Ah oui, ce Malte», soupirait maman. Et Sophie ne tarissait pas sur la méchanceté du gamin, comme si elle en avait su encore beaucoup plus long.

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