Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge

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Les Cahiers De Malte Laurids Brigge: краткое содержание, описание и аннотация

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Tel que tu étais, révélateur, poète tragique et sans époque, tu devais d’un seul coup transposer ces mouvements capillaires en les gestes les plus évidents, en les objets les mieux présents. Et tu entamas alors cet acte de violence sans exemple: ton œuvre, vouée de plus en plus impatiemment, de plus en plus désespérément, à découvrir parmi les choses visibles les équivalents de tes visions intérieures. Il y avait là un lapin, un grenier, une salle où quelqu’un allait et venait; il y avait un bruit de vitres dans la chambre voisine, un incendie devant les fenêtres, il y avait le soleil. Il y avait une église et un vallon rocheux qui ressemblait à une église. Mais cela ne suffisait pas, les tours finirent par entrer et des montagnes entières; et les avalanches qui ensevelissent les paysages comblèrent la scène chargée de choses tangibles, pour l’amour de l’insaisissable. Et alors il arriva que tu fus à bout de ressource. Les deux extrémités que tu avais pliées jusqu’à les joindre, rebondirent et se séparèrent. Ta force démente s’échappa du jonc flexible, et ce fut comme si ton œuvre n’avait jamais été.

Qui, autrement, comprendrait qu’à la fin tu n’eusses plus voulu quitter la fenêtre, têtu comme tu l’as toujours été. Tu voulais voir les passants; car la pensée t’était venue que l’on pourrait peut-être un jour faire quelque chose d’eux, si l’on se décidait à commencer.

*

C’est alors seulement que je m’aperçus qu’on ne pouvait rien dire d’une femme; je remarquai, quand ils parlaient d’elle, combien ils la laissaient en blanc, qu’ils nommaient et décrivaient les autres, les environs, les lieux, les objets, jusqu’à un certain endroit où tout s’arrêtait, s’arrêtait, doucement et pour ainsi dire prudemment, au contour léger qui l’enveloppait et qui n’était jamais retracé. «Comment était-elle?» demandais-je alors. «Blonde, à peu près comme toi», disaient-ils, puis ils énuméraient toute sorte de détails qu’ils connaissaient encore; mais aussitôt son image en redevenait plus imprécise, et je ne pouvais plus rien me représenter d’elle. Je ne la voyais distinctement que lorsque maman me racontait l’histoire que je réclamais toujours de nouveau.

… Et chaque fois qu’elle en arrivait à la scène du chien, elle avait coutume de fermer les yeux et de tenir sa figure, toute close et cependant partout transparente, avec une sorte de ferveur entre ses deux mains dont le froid touchait ses tempes. «Je l’ai vu, Malte, me conjurait-elle: je l’ai vu.» C’est durant ses dernières années déjà que j’entendis ce récit de sa bouche; au temps qu’elle ne voulait plus voir personne et qu’elle avait toujours avec elle, même en voyage, le fin petit tamis d’argent, par lequel elle filtrait toutes ses boissons. D’aliments solides, elle n’en prenait plus jamais, sauf un peu de biscuit ou de pain qu’elle émiettait lorsqu’elle était seule, et qu’elle mangeait brin par brin, comme les enfants font la mie. Elle était alors toute dominée par sa crainte des aiguilles. Pour s’excuser elle disait aux autres: «Je ne supporte vraiment plus rien, mais il ne faut pas que cela vous dérange; je m’en trouve fort bien». Il arrivait cependant qu’elle se tournât subitement vers moi (qui n’étais déjà plus tout à fait un enfant), et qu’elle me dît, avec un sourire qui était pour elle un grand effort: «Comme il y a beaucoup d’aiguilles, Malte, comme elles traînent partout, et quand on pense combien facilement elles pourraient tomber…» Elle tenait à dire cela avec beaucoup d’enjouement; mais la terreur la secouait à la pensée de toutes ces aiguilles mal fixées qui à chaque instant pouvaient tomber de partout.

*

Mais, dès qu’elle me parlait d’Ingeborg, elle était soudain à l’abri de tous les dangers; alors elle ne se ménageait pas; elle parlait plus fort, riait au souvenir du rire d’Ingeborg, et l’on voyait bien alors combien Ingeborg avait été belle.

«Elle nous rendait tous joyeux, disait-elle, ton père aussi, Malte, oui, littéralement joyeux. Mais ensuite, lorsqu’on dit qu’elle allait mourir, bien qu’elle ne parût cependant qu’un peu malade, – et nous tournions tous autour d’elle et le lui cachions, – elle se mit un jour sur son séant et dit droit devant elle, comme quelqu’un qui voudrait se rendre compte du son de sa pensée: «Pourquoi vous tenir ainsi sur vos gardes? Nous le savons tous, et je peux vous tranquilliser; les choses sont bien telles qu’elles viennent: j’ai mon content.» Songe un peu, elle dit: «J’ai mon content», elle qui nous rendait tous joyeux. Comprendras-tu jamais cela, Malte, lorsque tu seras grand? Réfléchis-y plus tard. Peut-être comprendras-tu un jour. Il serait bon d’avoir quelqu’un qui comprenne de telles choses.»

«De telles choses» occupaient maman quand elle était seule, et elle resta toujours seule durant ces dernières années.

«C’est vrai que je ne trouverai jamais Malte», disait-elle quelquefois avec son sourire si étrangement téméraire qui ne voulait être vu de personne et se suffisait à lui-même dans son accomplissement. «Mais que personne ne soit tenté de tirer cela au clair; si j’étais un homme oui, justement si j’étais un homme, j’y réfléchirais dans l’ordre, du commencement à la fin. Car il doit y avoir un commencement, et si seulement on pouvait le saisir, ce serait déjà quelque chose. Ah! Malte, nous allons ainsi à la dérive, et il me semble que tous sont distraits et préoccupés et ne prennent pas garde quand nous passons. Comme si une étoile filante tombait et que personne ne la vît et que personne n’eût fait de vœu. N’oublie jamais de faire ton vœu, Malte. Car il ne faut jamais cesser de désirer. Je crois qu’il n’y a pas d’accomplissement, mais il y a des vœux à longue échéance, qui durent toute la vie, de sorte qu’on ne pourrait même pas attendre leur accomplissement.»

Maman avait fait monter le petit secrétaire d’Ingeborg dans sa chambre; je l’y trouvais souvent, car on m’avait permis d’entrer chez elle à ma guise. Mon pas s’étouffait complètement dans le tapis, mais elle me sentait et me tendait une main par-dessus l’autre épaule. Cette main n’avait aucun poids et je la baisais presque comme le crucifix d’ivoire qu’on me tendait le soir avant que je m’endorme. Devant le secrétaire dont le volet se rabattait, maman était assise comme devant un instrument de musique. «Il y a tant de soleil là-dedans», disait-elle, et en effet l’intérieur en était singulièrement clair, de vieille laque jaune, avec des fleurs peintes, toujours une rouge, puis une bleue. Et là où trois fleurs se suivaient, une violette séparait les deux autres. Les couleurs et le vert de l’étroite bordure horizontale étaient aussi obscurcis que le fond était lumineux, sans être vraiment clair. Il en résultait un accord singulièrement assourdi de tons qui ne révélaient pas au dehors leur mutuelle dépendance intime.

Maman amenait les petits tiroirs qui tous étaient vides.

«Ah, des roses», disait-elle et se penchait un peu vers la trouble odeur qui ne s’épuisait pas. Elle se figurait toujours que quelque chose encore pouvait tout à coup se retrouver dans un casier secret auquel personne n’avait pensé et qui ne s’ouvrait qu’à une pression sur quelque ressort caché. «Cela va se déclencher tout à coup, tu verras», disait-elle, grave et inquiète, et ouvrait en hâte tous les tiroirs. Mais tout ce que réellement elle avait trouvé de papiers dans les casiers, elle l’avait soigneusement plié et enfermé sans le lire. «Je n’y comprendrais quand même rien, Malte; sûrement, ce serait trop difficile pour moi.» Elle était convaincue que tout était trop difficile pour elle. «Dans la vie, il n’y a pas de classes pour les débutants; c’est tout de suite le plus difficile qu’on exige de vous.» On m’affirmait qu’elle n’était ainsi que depuis la mort terrible de sa sœur la comtesse Ollegaard Skeel qui brûla vive, un soir de bal, comme elle redressait les fleurs de sa coiffure devant une glace à candélabres. Mais dans les derniers temps Ingeborg lui paraissait de toutes choses la plus difficile à comprendre.

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