Аристофан - Aristophane; Traduction nouvelle, tome second
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Aristophanes
Aristophane; Traduction nouvelle, tome second
LES OISEAUX
Deux citoyens, Pisthétéros (Fidèle ami) et Evelpide (Bon espoir), dégoûtés de la vie que l'on mène à Athènes, se déterminent à bâtir une ville aérienne, Néphélocokkygia (Nuéecoucouville). Tous les hommes veulent y venir habiter, mais le poète, enlevant le sceptre aux dieux qui ne savent plus maintenir l'ordre sur la terre, chasse impitoyablement de la cité nouvelle les prêtres, les devins, les philosophes, les poètes, les législateurs, les avocats. On crée des divinités à l'image des oiseaux, à qui appartient désormais l'empire du monde, et les anciens dieux, bloqués dans l'Olympe, où n'arrive plus l'odeur des offrandes, sont forcés d'entrer en composition avec Pisthétéros.
PERSONNAGES DU DRAME
EVELPIDÈS.
PISTHÉTÆROS.
LE ROITELET, serviteur de la huppe.
LA HUPPE.
CHOEUR D'OISEAUX.
LE PHOENIKOPTÈRE.
HÉRAUTS.
UN PRÊTRE.
UN POÈTE.
UN DISEUR D'ORACLES.
LE ROSSIGNOL.
PROKNÈ.
MÉTÔN, géomètre.
UN INSPECTEUR.
UN VENDEUR DE DÉCRETS.
MESSAGERS.
IRIS.
UN PARRICIDE.
KINÉSIAS, poète dithyrambique.
UN SYKOPHANTE.
PROMÈTHEUS.
POSÉIDÔN.
UN TRIBALLE.
HÈRAKLÈS.
UN ESCLAVE DE PISTHÉTÆROS.
XANTHIAS. }esclaves,
MANODOROS ou MANÈS } personnages muets.
La scène se passe dans un endroit sauvage, rocailleux, au fond d'une forêt.
LES OISEAUX
Est-ce tout droit que tu me dis d'aller, du côté où l'on voit cet arbre?
La peste te crève! La voilà qui me croasse de revenir en arrière!
Pourquoi, malheureux, sautillons-nous de haut en bas? Nous nous tuons à chercher ainsi notre route de côté et d'autre.
Je me suis fié, pour mon malheur, à cette corneille, qui m'a fait parcourir deux mille stades de chemin.
Et moi je me suis fié, pour mon infortune, à ce geai, qui m'a rongé les ongles des doigts.
En quel endroit de la terre sommes-nous? je n'en sais rien.
D'ici, retrouverais-tu ta patrie, toi?
Non, de par Zeus! pas plus qu'Exèkestidès.
Malheur!
Allons, mon ami, suis cette route.
Certes, il nous a joué un vilain tour, cet oiseleur du marché à la volaille, ce fou de Philokratès, en me disant que ces deux guides seuls, parmi les oiseaux, nous diraient où est Tèreus, la huppe, changé en oiseau. Il nous a vendu une obole ce geai, fils de Tharrélidès, et trois oboles cette corneille qui, l'un et l'autre, ne savent rien que mordre. Eh bien! qu'as-tu, maintenant, à ouvrir le bec? Est-ce que tu vas encore nous mener de façon à tomber des rochers? Ici, il n'y a pas de route.
Et ici, de par Zeus! pas le moindre sentier.
La corneille ne dit donc rien au sujet de la route? Pas de croassements?
Pas plus maintenant que tout à l'heure.
Enfin, que dit-elle de la route?
Que veux-tu qu'elle dise, sinon qu'en les rongeant, elle me mangera les doigts?
N'est-il pas étrange, assurément, que, avec notre désir d'aller aux corbeaux et nos préparatifs achevés, nous ne puissions ensuite trouver la route? En effet, ô vous, hommes qui assistez à cet entretien, nous sommes malades du mal contraire à celui de Sakas. N'étant pas citoyen, il veut l'être à toute force, et nous qui sommes d'une tribu et d'une famille honorables, citoyens comme nos concitoyens, sans en être chassés par personne, nous prenons des deux pieds notre vol loin de notre patrie, non point par haine pour cette ville qui n'est pas seulement grande et heureusement douée par la nature, mais ouverte à tous pour y dépenser leur avoir. En effet, les cigales ne chantent qu'un ou deux mois sur les jeunes figuiers, tandis que les Athéniens chantent toute leur vie l'air des procès. Voilà pourquoi nous avons entrepris ce voyage, et comment, pourvus d'une corbeille, d'une cruche et de myrte, nous errons tous deux à la recherche d'un lieu tranquille, où nous puissions nous établir et séjourner. Nous nous dirigeons du côté de Tèreus la huppe, pour le prier de nous dire si, dans la région où il a porté son vol, il a vu quelque part cette sorte de ville.
Holà! hé!
Qu'est-ce donc?
Depuis longtemps la corneille m'indique quelque chose là-haut.
Et ce geai aussi ouvre le bec comme pour me montrer quelque chose. Il n'est pas possible qu'il n'y ait pas par là des oiseaux. Nous le saurons tout de suite en faisant du bruit.
Alors, sais-tu ce qu'il faut faire? Heurte ta jambe contre cette roche.
Et toi ta tête; ce sera un double bruit.
Alors, toi, une pierre; prends et frappe.
Très bien, si cela te plaît. Esclave, esclave!
Que dis-tu? Au lieu de la Huppe, tu appelles: «Esclave!» En place d'«Esclave!» il te fallait crier: «Epopoï!»
Epopoï! Veux-tu que je frappe encore une fois? Epopoï!
Quels sont ces gens? Qui est-ce qui crie en appelant mon maître?
Apollôn sauveur, quelle ouverture de bec!
Malheur à moi! ce sont deux oiseleurs!
Voilà un être affreux et d'une vilaine conversation!
Allez tous deux à la malheure!
Mais nous ne sommes pas des hommes!
Qu'êtes-vous donc?
Je suis le Peureux, oiseau de Libyè.
Des contes!
Regarde plutôt à mes pieds.
Et l'autre? Quel oiseau est-ce? Tu ne parles pas?
Je suis l'Emmerdé, oiseau du Phasis.
Et toi, quel animal es-tu, au nom des dieux?
Je suis un oiseau esclave.
Tu as été vaincu par quelque coq?
Non pas; mais lorsque mon maître est devenu huppe, il demanda que, moi aussi, je devinsse oiseau, afin d'avoir un compagnon et un serviteur.
Est-ce qu'un oiseau a besoin d'un serviteur?
Lui, du moins, je le crois, parce que jadis il était homme. Tantôt il veut manger des anchois de Phalèron; je cours lui chercher des anchois dans une écuelle; tantôt il désire de la purée: il lui faut une cuillère et une marmite; je cours chercher la cuillère.
C'est un coureur que cet oiseau. Sais-tu ce qu'il te faut faire, Roitelet? Appelle-nous ton maître.
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