Memorable Encounters
Reduced version of Encounters
Author: Roberto Badenas
Project development: Editorial Safeliz, S. L.
Design and layout: Avatar Estudio
Cover design: Bezalel&Aoliabe design
Translation: Annette D. Melgosa
Edited by Penny Wheeler and copyedited by James Cavil
Copyright © Editorial Safeliz, S. L.
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September 2016: 1st edition in English language
ISBN: 978-84-7208-245-8
Printed in THAILAND
IMP01
Index
1 - Dans le désert 6
2 - Dans la nuit 18
3 - Au bord d’un puits 32
4 - Sur la plage 42
5 - À la place 54
6 - Au pied de la montagne 64
7 - Le disciple 78
8 - En voyage 92
9 - En tête à tête 104
10 - En chemin 114
11 - Sous un arbre 126
12 - Lors d’une fête 138
13 - Au tour d’une table 148
14 - Sous le portique 156
15 - Au soir 176
16 - Entre amis 188
Dans le désert
À la recherche de l’Autre
La vallée du Jourdain est une gorge creusée dans le désert ; un défilé qui s’enfonce à près de trois cents mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée, pour déboucher dans les eaux fétides de la mer Morte. Le lieu le plus bas de la planète, et l’un des plus chargés d’histoire...
Cette terre, torturée par l’érosion et calcinée par le feu du ciel, est sans doute tout ce qui reste de la vallée fertile de Sodome : des montagnes déchiquetées, des ravins sinistres et des roches maudites. Même l’oasis de Jéricho, avec le vert sombre de ses palmeraies, ne parvient pas à rompre l’âpreté de cette désolation.
Seuls quelques voyageurs apportent une note de vie au milieu de ce désert lorsqu’ils traversent le gué à Béthabara, passage obligé sur la route des caravanes.
En remontant un peu le faible courant, les visiteurs parviennent à leur destination : une nappe d’eau dormante étalée paisiblement entre un large banc de sable et un mur abrupt qui sert de sentinelle aux montagnes de Moab. Un véritable auditorium naturel parsemé de roseaux, de bouquets de joncs, de lauriers roses et de caroubiers tordus, parmi lesquels les nouveaux arrivants s’installent.
La descente vers la rivière fait oublier la solitude accidentée du désert. Le ravin bouche l’horizon. Le paysage est réduit à deux plans : la terre et le ciel. Et au milieu, l’eau limpide, bleue, resplendissante.
Tel est le lieu choisi par celui que la foule vient voir. Ici se trouvent sa demeure, son forum et son sanctuaire. Cette grande école des hommes supérieurs a trempé son esprit ferme et austère dans la solitude. Ces voyageurs sont venus écouter Jean le Baptiste...
Paysans des lointains villages de montagne, pêcheurs de Galilée, artisans de Judée et commerçants de Jérusalem, ils arrivent par petits groupes au terme d’un voyage pénible. Depuis quelques mois, le message du précurseur ébranle tout Israël. Dieu a gardé le silence pendant des siècles pour parler maintenant par la bouche d’un prophète, et ils désirent l’entendre...
Parmi les arrivants, divers groupes se constituent. À une distance respectable et dominant les autres, se détachent quelques personnalités de l’aristocratie politique et sacerdotale. Élégants, hautains, haïs et enviés de tous à cause de leurs fonctions gouvernementales et de leur richesse opulente, ils sont venus à la fois pour se distraire et pour mesurer le danger. Ce sont les sadducéens, les porte-parole du Sanhédrin, les complices d’Hérode et les espions de Pilate. Pour eux, Jean pourrait apparaître comme un agitateur politique.
À l’écart du reste de la foule se tiennent aussi les pharisiens. Si les sadducéens représentent la fortune et le pouvoir, les pharisiens, eux, incarnent le savoir et l’influence : scribes, lettrés, rabbins, docteurs, maîtres, avocats, théologiens, juges et manipulateurs de l’opinion publique, ce sont eux qui détiennent la connaissance, eux qui écrivent. Leur suffisance arrogante constitue la force la plus hostile et la plus réfractaire à la prédication du Baptiste. Que peut leur enseigner ce pauvre ignorant ? Sûrs d’eux, drapés dans leur impressionnante culture et dans leur respectabilité religieuse, ils se soucient cependant de sauvegarder leur influence auprès de l’opinion publique. Ils sont venus épier les déclarations inquiétantes du nouveau prédicateur, préserver l’orthodoxie et défendre la tradition. Jean leur apparaît comme un dangereux fanatique.
Un peu partout nous voyons briller les armures des soldats. Quelques-uns sont en service et patrouillent dans le secteur pour éviter les troubles éventuels ; mais d’autres sont venus là de leur propre initiative. Étant trop éloignés de leur domicile, ils meublent comme ils le peuvent le vide de la trêve. Ils cherchent à oublier le sang versé, à faire taire la voix qui perturbe leur conscience. Peut-être même tentent-ils d’échapper au cercle infernal de la violence légalisée dans lequel ils sont engagés. Ils sont à la recherche d’une meilleure raison de vivre. L’argent ne leur semble plus être une motivation suffisante pour continuer à se battre.
Fuyant les soldats, plusieurs zélotes se cachent parmi la foule. On peut les reconnaître à l’ombre de révolte qui voile leur regard et aux dagues que l’on devine sous leurs capes. Ils luttent pour l’indépendance du pays, contre l’oppression romaine. Pour défendre leur cause aussi idéaliste que cruelle, ils sont prêts à tout : au soulèvement, à la guérilla, au meurtre, à donner leur vie ou à la perdre. Le gouvernement les appelle terroristes. Le peuple les craint, les admire et les protège.: ils incarnent la conscience nationale face à l’occupation militaire. Mais ils confondent la religion avec la voix de la race. Ils sont venus jusqu’au Jourdain, poussés par leur soif de liberté et de justice. Ils sont venus parce que Jean dénonce comme eux les abus des puissants, la corruption de la cour et la connivence du clergé. Et parce qu’ils espèrent un chef, un Messie qui libérera son peuple et le sauvera enfin de tous ses maux.
Près de l’eau, dans un petit groupe dont les autres s’écartent sans dissimuler leur mépris, les publicains conversent : ces hommes sont douaniers, trésoriers, collecteurs d’impôts, employés des finances. Collaborateurs et bénéficiaires de l’occupation romaine, les publicains représentent la bureaucratie et le fisc : les bourreaux et les vautours du joug impérial.
Ils sont accompagnés de quelques femmes à la beauté provocante et aux rires frivoles, couvertes de bijoux voyants et laissant derrière elles un sillage de parfums entêtants. Méprisées par les uns, exploitées et désirées par les autres, elles partagent avec les publicains la solidarité des marginaux : un peu d’argent pour un peu de compagnie. À mi-chemin entre la pègre et la bourgeoisie, les uns et les autres sont venus jusqu’au Jourdain parce que la solitude leur pèse. Peut-être aussi parce que leur vie ne les satisfait pas et qu’ils rêvent d’une autre existence où le respect et la compréhension seraient aussi pour eux.
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