Fedor Dostoievski - Crime et châtiment (Tome 1 et 2)

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Crime et châtiment (Tome 1 et 2): краткое содержание, описание и аннотация

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Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski dépeint l'assassinat d'une vieille prêteuse sur gage et de sa sœur par un étudiant de Saint-Pétersbourg, et ses conséquences émotionnelles, mentales et physiques sur le meurtrier. Un roman intense et dérangeant autant par sa thématique que par son abord presque uniquement psychologique.
Fédor Dostoïevski est considéré comme l'un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux écrivains et philosophes.

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Il ne répondit pas. Nastassia toujours penchée sur lui continuait à le regarder attentivement et ne s’en allait point.

« Donne-moi à boire, Nastassiouchka 3. »

Elle descendit et revint deux minutes plus tard, rapportant de l’eau dans une petite cruche de terre ; mais là s’arrêtaient les souvenirs de Raskolnikov. Plus tard, il se souvint seulement avoir lampé une gorgée d’eau fraîche et laissé tomber un filet d’eau sur sa poitrine. Ensuite il perdit connaissance.

1 Radichtchev : Écrivain de la fin du XVIIIème siècle. Auteur du célèbre Voyage de Pétersbourg à Moscou où il s’élève violemment contre les abus du servage et du système judiciaire russe. Exilé en Sibérie par Catherine II.

2 La cathédrale Saint-Isaac : La plus grande église de Saint-Pétersbourg, bâtie par Montferrand, surmontée d’un dôme majestueux qui rappelle ceux de Saint-Pierre de Rome et du Panthéon.

3Forme caressante de « Nastassia » – Anastasie.

III

Il ne demeura pourtant point tout à fait inconscient, pendant toute la durée de sa maladie ; c’était un état fiévreux et à demi lucide entremêlé de délire. Plus tard, il se rappela bien des détails de cette période. Tantôt, il lui semblait voir plusieurs individus réunis autour de lui et qui voulaient l’emporter. Ils discutaient à son sujet, se querellaient bruyamment. Puis il était seul, tout le monde l’avait quitté, il inspirait l’effroi. À peine, de temps en temps, osait-on entrouvrir la porte pour le regarder et le menacer ; on complotait contre lui, on riait, on le narguait... Il reconnaissait souvent Nastassia et encore une autre personne qu’il savait connaître parfaitement, mais sans pouvoir l’identifier, ce qui le remplissait d’angoisse et surtout le faisait pleurer. Parfois, il lui semblait être alité depuis un mois ; d’autres fois, c’était une seule journée qui achevait de s’écouler. Mais le fait, il l’avait complètement oublié. Il est vrai qu’il se disait, à tout instant, qu’il avait oublié une chose essentielle, dont il aurait dû se souvenir, et il se tourmentait, faisait de pénibles efforts de mémoire. Il était pris d’accès de rage, puis de terreur affreuse. Alors, il se dressait sur son lit, tentait de s’enfuir, mais quelqu’un était toujours là pour le maintenir de force, et il retombait épuisé, inconscient. Enfin, il revint à lui.

Il était dix heures du matin. Quand il faisait beau, le soleil entrait dans sa chambre à cette heure, y formait une longue raie lumineuse sur le mur de droite et éclairait le coin voisin de la porte. Nastassia était à son chevet ; près d’elle, un individu qu’il ne connaissait pas et qui l’examinait curieusement. C’était un jeune homme en blouse qui ressemblait à un garçon de recette. La logeuse jetait un coup d’œil dans la pièce par la porte entrebâillée. Raskolnikov se souleva.

« Qui est-ce, Nastassia ? demanda-il, en désignant le jeune homme.

– Tiens, il est revenu à lui, fit la servante.

– Oui, il est revenu à lui », reprit le commis.

À ces mots, la logeuse ferma la porte et s’éclipsa. Sa timidité lui rendait pénibles les entretiens et les explications. Elle avait une quarantaine d’années, était forte et grasse, avec des yeux bruns, des sourcils noirs, au demeurant assez agréable et bonne de cette bonté qui vient de la paresse et de l’embonpoint ; elle était en outre d’une pudibonderie quelque peu exagérée.

« Qui êtes-vous ? » continua Raskolnikov, en s’adressant, cette fois, au garçon de recette.

Mais, à ce moment, la porte se rouvrit toute grande et livra passage à Rasoumikhine qui entra dans la pièce en se baissant un peu, à cause de sa haute taille.

« Hé ! une vraie cabine de bateau, s’écria-t-il ; je me cogne toujours la tête contre ce plafond ; on appelle cela un logement. Eh bien, frère, tu es enfin revenu à toi, à ce que vient de m’apprendre Pachenka ?

– Il vient de reprendre ses sens, dit la servante.

– Il vient de reprendre ses sens, reprit en écho le commis avec un sourire.

– Mais vous, qui êtes-vous ? lui demanda brusquement Rasoumikhine. Moi, je m’appelle Vrasoumikhine (non pas Rasoumikhine comme tout le monde m’appelle). Je suis étudiant, fils de gentilhomme, et monsieur est mon ami. Et vous, qui êtes-vous ?

– Moi, je suis employé chez le marchand Chélopaïev et je viens ici pour affaire.

– Asseyez-vous donc sur cette chaise. » Ce disant, Rasoumikhine prit une autre chaise et s’assit de l’autre côté de la table. Il continua :

« Tu as bien fait de revenir à toi, frère. Voilà le quatrième jour que tu ne prends rien, sauf un peu de thé à la cuiller. Je t’ai amené Zossimov deux fois. Tu te souviens de Zossimov ? Il t’a examiné attentivement et il a déclaré que tu n’avais rien de grave, un simple ébranlement nerveux, résultat d’une mauvaise alimentation ; manque de soupe, a-t-il dit ; voilà la cause de la maladie, tout s’arrangera ! Un fameux gaillard, ce Zossimov ! C’est déjà un excellent médecin. Allons, je ne veux pas abuser de votre temps, fit-il en s’adressant de nouveau au garçon de recette. Veuillez me faire connaître le motif de votre visite. Remarque bien, Rodia, que c’est la seconde fois que l’on vient de chez eux. Seulement, la dernière fois, c’en était un autre. Qui est-ce qui est venu ici avant vous ?

– Vous voulez sans doute parler de celui qui est venu avant-hier ? C’est Alexis Simionovitch. Il est également employé chez nous.

– Celui-là avait la langue mieux pendue que vous, hein ? Qu’en pensez-vous ?

– Oui, oui ! On peut dire que c’est un homme plus capable.

– Modestie digne d’éloges ; eh bien, continuez.

– Voici. À la demande de votre maman, Athanase Ivanovitch Vakhrouchine, dont vous avez sans doute entendu parler plus d’une fois, vous a envoyé de l’argent que notre bureau est chargé de vous remettre, fit l’homme en s’adressant directement à Raskolnikov. Si vous avez votre pleine connaissance, veuillez recevoir ces trente-cinq roubles que Simion Simionovitch a reçu d’Athanase Ivanovitch, sur la demande de votre maman. On a dû vous informer de cet envoi.

– Oui... je me souviens... Vakhrouchine, fit Raskolnikov, d’un air pensif.

– Vous entendez ? Il connaît le marchand Vakhrouchine, s’exclama Rasoumikhine. Comment serait-il inconscient ? Je remarque d’ailleurs que vous aussi vous êtes un homme capable. Continuez, on a plaisir à écouter les paroles sensées...

– Oui, c’est ce même Vakhrouchine Athanase Ivanovitch, et sur la demande de votre maman, qui vous a déjà envoyé de l’argent de cette façon. Athanase Ivanovitch n’a pas refusé de lui rendre ce service et il en a informé Simion Simionovitch, en le priant de vous transmettre trente-cinq roubles ; les voilà, en attendant mieux.

– Hé, cette phrase : « en attendant mieux », est particulièrement réussie. J’aime aussi « votre maman ». Mais, d’après vous, a-t-il sa pleine connaissance ou non, dites ?

– D’après moi ? Qu’est-ce que ça peut me faire ? Seulement, il y a une signature à donner, voilà !

– Il vous griffonnera cela. Vous avez un registre ?

– Un registre, tenez.

– Donnez. Allons, Rodia, un petit effort ! Soulève-toi ; je vais te soutenir, prends la plume et signe ton nom ; l’argent de nos jours est plus doux que le miel.

– Inutile, fit Raskolnikov, en repoussant la plume.

– Qu’est-ce qui est inutile ?

– Je ne veux pas signer.

– Ah ! diable, on ne peut pas se passer de signature, pourtant.

– Je n’ai pas... besoin d’argent !

– Pas besoin d’argent, toi ? Allons, frère, en voilà un joli mensonge. J’en suis témoin. Ne vous inquiétez pas, je vous prie, ce n’est rien ; il recommence à divaguer ; il faut dire que cela lui arrive même quand il se porte bien... Vous êtes un homme de bon sens et nous allons le guider, c’est-à-dire tout simplement diriger sa main et il signera. Allons-y.

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