Jean-Claude Carrière - N'espérez pas vous débarrasser des livres
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U.E. : Dans ce cas précis, le filtrage a du bon. Il est préférable de ne pas se souvenir de ces « poètes » dont vous parlez.
J.-C.C. : Oui, ce fut un filtrage implacable et juste, cette fois. Tous au gouffre d'oubli. Il semble que le talent, que la nouveauté, l'audace, étaient passés du côté des philosophes, des prosateurs comme Laclos, Lesage ou Diderot et chez deux auteurs de théâtre, Marivaux et Beaumarchais. Avant que ne s'ouvre notre grand siècle du roman, le XIX e.
U.E. : Tandis que la grande époque du roman anglais est déjà le XVIII e siècle avec Samuel Richardson, Daniel Defoe… Les trois grandes civilisations du roman sont incontestablement la France, l'Angleterre et la Russie.
J.-C.C. : Il est toujours frappant de constater qu'une inspiration artistique peut soudain disparaître. Si vous prenez l'histoire de la poésie française, mettons de François Villon aux Surréalistes, vous citerez des écoles poétiques qui tour à tour ont régné sur les lettres, comme la Pléiade, les Classiques, les Romantiques, les Symbolistes, les Surréalistes, etc. Mais vous ne trouverez aucun vestige poétique, aucune inspiration nouvelle dans la période qui va de 1676, la date de Phèdre, à un auteur comme André Chénier.
U.E. : Silence de la poésie qui correspond à une des époques les plus glorieuses de la France.
J.-C.C. : Où le français était la langue diplomatique de toute l'Europe. Et je peux vous dire que j'ai cherché ! Même dans la littérature populaire, un peu partout. Rien à sauver.
U.E. : Les genres littéraires ou picturaux se créent par imitation et influence. Prenons un exemple. Un écrivain commence, le premier, à composer un bon roman historique qui connaît un certain succès : il se trouve immédiatement plagié. Si je découvre qu'en écrivant un roman d'amour il est possible de gagner de l'argent, je ne vais pas me priver d'essayer à mon tour. De la même façon que dans la latinité s'est formé le cénacle des poètes qui parlaient d'amour, comme Catulle, Properce. Le roman moderne, dit « bourgeois », naît en Angleterre dans des circonstances économiques bien particulières. Les auteurs vont écrire des romans pour les femmes des commerçants ou des marins, qui sont par définition toujours en voyage, des femmes qui savent lire et qui ont du temps pour ça. Mais également pour leurs femmes de chambre, les unes et les autres disposant de chandelles pour lire la nuit. Le roman bourgeois est né dans le contexte d'une économie marchande et s'adresse essentiellement à des femmes. Et lorsqu'on découvre que monsieur Richardson racontant l'histoire d'une femme de chambre gagne de l'argent, il y a aussitôt d'autres prétendants au trône qui se présentent.
J.-C.C. : Les courants créatifs sont souvent nés de petits groupes de gens qui se connaissaient et qui partageaient, au même moment, les mêmes désirs. Presque des copains. Tous les surréalistes que j'ai pu fréquenter m'ont dit qu'ils s'étaient sentis appelés vers Paris, peu de temps après la fin de la Première Guerre mondiale. Man Ray venait des Etats-Unis, Max Ernst d'Allemagne, Buñuel et Dalí d'Espagne, Benjamin Péret de Toulouse, pour rencontrer à Paris leurs semblables, ceux avec lesquels ils allaient inventer des images, des langages nouveaux. C'est le même phénomène avec la « Beat generation », la Nouvelle Vague, les cinéastes italiens qui se rassemblent à Rome, etc. Même avec les poètes iraniens du XII eet du XIII e siècle, qui surgissent au milieu de rien. J'ai envie de les citer, ces poètes admirables qui ont pour nom Attar, Roumi, Saadi, Hafez, Omar Khayyam. Tous se connaissaient et tous ont avoué ce que vous pointiez, c'est-à-dire l'influence décisive du prédécesseur. Puis soudain les conditions changent, l'inspiration se dessèche, les groupes se déchirent quelquefois, se dispersent toujours, et l'aventure tourne court. Dans le cas de l'Iran, les terribles invasions mongoles ont joué leur rôle.
U.E. : Je me souviens d'un beau livre d'Allan Chapman où on montrait comment à Oxford au XVII e siècle, autour de la Royal Society, il y avait eu un essor extraordinaire des sciences physiques à cause de la présence d'une série de savants de premier rang qui s'influençaient les uns les autres. Trente ans plus tard, c'était fini. Même expérience à Cambridge pour les mathématiques, au début du XX e siècle.
J.-C.C. : En ce sens, le génie isolé paraît inconcevable. Les poètes de la Pléiade, Ronsard, du Bellay, Marot, sont des amis. Même chose pour les classiques français. Molière, Racine, Corneille, Boileau se connaissent tous, au point qu'on a pu raconter – non sans absurdité – que Corneille avait écrit les pièces de Molière. Les grands romanciers russes entretiennent une correspondance, et même avec leurs homologues en France : Tourgueniev et Flaubert, par exemple. Si un auteur veut éviter d'être victime d'un filtrage, il lui est conseillé de s'allier, d'adhérer à un groupe, de ne pas rester isolé.
U.E. : Le mystère Shakespeare vient du fait qu'on ne comprend pas comment un simple acteur a pu accoucher de cette œuvre géniale. On en arrive à imaginer que le théâtre de Shakespeare a pu être écrit par Francis Bacon. Mais non. Shakespeare n'était pas isolé. Il vivait au milieu d'une société savante, et parmi les autres poètes élisabéthains.
J.-C.C. : Maintenant, une question à laquelle je ne connais pas de réponse. Pourquoi une époque semble-t-elle élire un langage artistique à l'exclusion de tous les autres ? La peinture et l'architecture en Italie, à la Renaissance ; la poésie en Angleterre au XVI e siècle ; le théâtre en France au XVII e siècle ; la philosophie ensuite ; le roman en Russie et en France au siècle suivant, etc. Je me suis toujours demandé, par exemple, ce qu'aurait pu faire Buñuel de sa vie si le cinéma n'avait pas existé. Je me souviens aussi des jugements définitifs de François Truffaut : « Il n'y a pas de cinéma anglais, il n'y a pas de théâtre français. » Comme si le théâtre était anglais et le cinéma français. Ce qui est évidemment trop abrupt.
U.E. : Vous avez raison de dire qu'il nous est impossible de résoudre pareille énigme. Cela nous amènerait à prendre en compte une infinité de facteurs. A peu près comme prévoir la position d'une balle de tennis dans l'océan, à un moment donné. Pourquoi pas de grande peinture en Angleterre au temps de Shakespeare, tandis qu'en Italie au temps de Dante il y avait Giotto et, à l'époque de l'Arioste, Raphaël ? Comment naît l'Ecole française ? Vous pouvez toujours expliquer que François I erfait venir Vinci en France et que celui-ci semble ensemencer ce qui va devenir l'Ecole française. Mais qu'aurez-vous expliqué ?
J.-C.C. : Je m'attarde un instant, non sans nostalgie, sur la naissance du grand cinéma italien. Pourquoi est-il apparu en Italie, et juste à la fin de la guerre ? Influences de siècles de peinture venant à la rencontre d'une extraordinaire passion de jeunes cinéastes pour la vie d'un peuple ? C'est vite dit. Nous pouvons analyser les circonstances, les vraies raisons nous échapperont toujours. Surtout si nous nous demandons : et pourquoi a-t-il si soudainement disparu ?
Il m'est arrivé souvent de comparer Cinecittà à un grand atelier où travailleraient en même temps Titien, Véronèse, le Tintoret et tous leurs élèves. Vous savez sans doute que lorsque le pape a fait venir Titien à Rome, on raconte que le cortège qui l'accompagnait était long de sept kilomètres. C'était comme un grand studio qui aurait déménagé. Mais cela suffit-il à expliquer la naissance du néoréalisme et de la comédie italienne ? Et l'apparition de Visconti, d'Antonioni, de Fellini ?
J.-P. de T. : Est-il concevable d'imaginer une culture qui n'aurait enfanté aucune forme d'art ?
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