— Je n’ai pas besoin de ton aide, répondit-elle froidement.
Elle crut un instant qu’il allait l’embrasser. Au-dessus de leurs tètes, la porte-fenêtre s’ouvrit :
— Qui est là ? fit une voix furieuse.
— Tu ne peux pas nier que je t’ai rendu un fier service, Murmura Damon. La prochaine fois, je viendrai chercher mon dû.
Elena ne pouvait toujours pas détacher son regard du sien. S’il l’avait embrassée, elle l’aurait laissé faire.
Soudain, l’étau de ses bras se desserra, et le visage de Damon se brouilla, englouti par l’obscurité. Des ailes noires se déployèrent sinistrement, et un immense corbeau disparut dans la nuit. Un projectile provenant du balcon le manqua de peu.
— Sales bestioles ! grommela M Forbes. Ils ont dû faire leur nid sur le toit.
Elena se tapit dans un coin, les bras serrés autour d’elle, et attendit de le voir rentrer.
Elle retrouva Bonnie et Meredith près du portail, où elles s’étaient cachées.
— Qu’est-ce qui t’est arrivé ? chuchota Bonnie. On a cru que tu t’étais fait prendre !
— Ça a failli. J’ai dû rester cachée jusqu’à ce que la voie soit libre, répondit Elena. Allez, on rentre !
Les mensonges lui venaient tout naturellement à présent Elle avait tellement pris l’habitude…
— On n’a plus que deux semaines avant la commémoration, fit remarquer Meredith au moment de se séparer.
— Je sais, répliqua Elena.
La proposition de Damon effleura son esprit. Mais elle la chassa aussitôt.
— Je vais trouver quelque chose, affirma-t-elle d’un ton faussement assuré.
Le lendemain, elle n’avait toujours pas de plan. Le seul point positif, c’était que l’attitude de Caroline n’avait pas changé ! Apparemment, elle n’avait rien remarqué d’anormal dans sa chambre. Tout le reste était déprimant. Le matin, le proviseur, avait annoncé à l’ensemble du lycée qu’Elena avait été choisit pour représenter « l’esprit de Fell’s Church », Caroline avait arboré un sourire mauvais tout au long du discours. Elena avait fait de son mieux pour l’ignorer, de même que les remarques désobligeantes qui avait fusé juste après. Elle mourait d’envie de se jeter sur tout ces abrutis pour leurs faire rentrer leurs sarcasmes dans la gorge.
Cet après-midi la, alors qu’elle attendait devant la salle d’histoire, Tyler et son ami Dick firent leur apparition. Son agresseur lui avait à peine adressé la parole depuis son retour au lycée. Elena avait remarqué son air triomphant pendant le discours du proviseur. Voyant la jeune fille seule, il poussa Dick du coude.
— Qu’est-ce qu’elle fait la tu crois ? Le trottoir ?
Elena jeta des coups d’œil désespéré autour d’elle. Stefan ne devait pas encore être sorti de son cours d’astronomie, de l’autre côté de l’établissement.
Mais la réplique de Dick se figea dans sa gorge : son regard fixait quelque chose derrière Elena. Elle se retourna et découvrit Vickie.
Dick et elle avait commencé à sortir ensemble avant le bal lycée. Elena supposait que c’était toujours le cas. Pourtant le garçon n’avait l’air très à l’aise. Il faut dire que l’attitude de Vickie avait de quoi le déconcerter : les yeux perdus dans le vague, elle donnait l’impression d’avancer sur un nuage.
— Salut fit Dick d’un air timide.
Vickie passa devant oui sans lui se dirigea droit sur Tyler. Elena aurait du se réjouir de la scène. Pourtant, elle y assista avec un malaise croissant. Vickie posa une main sur le torse de Tyler, qui essayait de se donner une contenance en souriant bêtement. Quand elle glissa sa paume dans son blouson, son air joyeux disparut. Et lorsqu’elle y ajouta l’autre main, il lança un regard désemparé à Dick.
— Eh, Vickie, du calme ! tenta celui-ci sans grande conviction.
Elle repoussa brusquement le blouson des épaules de Tyler, dont les bras encombrés de livres l’empêchaient de se défendre. Vickie en profita pour le plaquer contre le mur et glisser ses doigts sous sa chemise.
— Qu’est-ce qu’il lui prend, à cette tarée ? Arrête-la ! lança-t-il à Dick.
— Vickie, lâche-le.
Dick resta néanmoins à une distance respectable de Tyler et le foudroya du regard. Lorsqu’il essaya de repousser Vickie, un bruit étrange retentit. Un grognement sourd qui allait en s’amplifiant. Les yeux de Tyler s’écarquillèrent. Quant à Elena, elle en avait la chair de poule. Elle comprit très vite de quoi il s’agissait. C’était Vickie qui grondait.
Soudain tout se précipita : Tyler se retrouva à terre, essayant d’échapper aux mâchoires de Vickie, qui tentait d’atteindre sa gorge. Oubliant tout ses griefs, Elena se précipita avec Dick pour tenter de les séparer. Alaric alarmé les hurlements de la victime, sortit en toute hâte de la salle.
— Surtout ne lui faites pas de mal ! C’est une crise d’épilepsie. Il faut l’allonger !
Il avait plongé dans la mêlée. Les dents de Vickie manquèrent de peu sa main. Toute menue qu’elle était, elle se débattait avec une rage féroce : ils ne pourraient pas la maîtriser bien longtemps. Heureusement, une voix familière retentit :
— Vickie, calme-toi. Détends-toi, ça va aller.
Stefan avait saisit le bras de la jeune fille tout en la berçant de paroles rassurantes. Sa stratégie semblait marcher : les doigts de celle-ci se détendirent, et Elena prit le risque de la lâcher. Enfin, ils purent libérer Tyler de son étreinte. Vickie se laissa aller, les yeux fermés, au son de la voix de Stefan.
— C’est bien. Maintenant, tu vas dormir. Tu en as besoin.
Contrairement à ses attentes, Vickie ouvrit soudain les paupières. Ses yeux de démente lançaient des éclairs, et elle se remit à grogner en se débattant de plus belle. Ils durent se mettre à six pour la maîtriser tandis qu’un autre appelait la police. Elena tenta en vain de faire entendre raison à Vickie.
Lorsque les gendarmes arrivèrent, elle prit enfin conscience de la foule qui s’était attroupée autour d’eux : Bonnie et Caroline se trouvaient au premier rang.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda son amie pendant qu’on emmenait Vickie.
— Je ne sais pas répondit Elena en remettant de l’ordre dans ses cheveux. Elle est devenue hystérique et à cherché à déshabiller Tyler.
— Effectivement elle doit-être complètement folle pour vouloir faire un truc pareil, fit remarquer Bonnie avec un sourire moqueur en direction de Caroline.
Elena avait les jambes en coton et les mains tremblantes. Elle sentit un bras lui entourer les épaules et se laissa aller avec soulagement contre Stefan.
— M’étonnerait que ce soit une crise d’épilepsie, lui confia-t-elle à mi-voix.
Stefan suivait des yeux le petit groupe qui emmenait Vickie. Apparemment, Alaric avait décidé de les accompagner pour leur faire profiter de ses recommandations.
— J’en conclus qu’on n’a pas cours d’histoire, déclara Stefan. Viens, on s’en va.
Le trajet jusqu’à la pension fut silencieux. Elena ne se décida à parler qu’une fois dans sa chambre.
— Stefan, qu’est-ce qui arrive à Vickie ?
— Je me posais la même question. À mon avis, quelqu’un la manipule.
— Tu veux dire que Damon… Oh non ! j’aurais du lui donner de la verveine !
Elle se dirigeait déjà vers l’escalier, prête à aider Vickie.
— Ça n’aurait rien changé, crois-moi, lui assura Stefan, en lui attrapant le poignet.
— Certaines personnes sont plus influençables que d’autres, et Vickie en fait partie. Elle lui appartient maintenant On n’y peut rien.
Elena se rassit, abasourdie.
— Alors, elle va devenir comme Damon et toi ?
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